`

La controverse sur les neutrinos supraluminiques a, malgré son caractère très fortement scientifique, été relayée par différentes « arènes». Ainsi, la grande presse, les supports de vulgarisation scientifique, et la société elle-même sont des relais pour la controverse. Cependant, la plate-forme stratégique pour la discussion du sujet par les scientifiques est bien le site ArXiv. Tout physicien peut y publier des articles sans passer par un comité de relecture. Le site est donc un véritable lieu d'échanges et de communication entre scientifiques qui y partagent très rapidement leurs idées via des papers.

Nous avons décidé de nous porter pour l'analyse de cette controverse sur l'étude approfondie d'un corpus constitué de papers scientifiques. L'entretien avec François Vannucci, son livre La vitesse de la lumière et les neutrinos, 50 questions-réponses pour comprendre les expériences en cours, ainsi que l'étude approfondie des publications de papers scientifiques nous ont permis de distinguer quatre sous-controverses. Les papers étudient et discutent des points très précis de l'expérience, ou d'une théorie liée à la question. En conséquence, il nous a semblé plus approprié d'étudier cette controverse sous l'angle de la production scientifique vue ici comme objet sociologique.

Le site internet «The Net Advance of Physics : Superluminal Neutrinos» hébergé par le Massachusettes Institute of Technology (MIT) constitue notre source primaire de corpus. Il recense tous les papers scientifiques produits sur le sujet des neutrinos supraluminiques. Ainsi, cette base nous donne accès aux plus de 350 papers parus en pré-publication sur le sujet. Pour émincer ce corpus trop bien fourni, nous avons sélectionné onze papers parmi l'ensemble, en prenant ceux ayant le plus grand nombre de citations ADS. Ils se distinguent, sur le graphe ci-contre, par l'épaisseur de leur bande, croissante en fonction du nombre de citations.

Cependant, ces onze papers n'illustraient pas toutes les sous-controverses. Ainsi, nous réalisons bien que les sous-controverses sont loin d'avoir eu des échos semblables. Pour une étude complète de la controverse, nous avons par conséquent décidé de sélectionner directement sur ArXiv des papers illustrant les autres sous-controverses, bien qu'ils ne distinguent pas par leur nombre de citations. Le corpus final est ainsi composé de 18 articles, relayés entre eux par des liens de cocitations qui permettent de suivre l'évolution des idées au sein d'un niveau de controverse.

Il restait donc à comprendre pourquoi tous les papers n'ont pas été également relayé. Pourquoi certaines sous-controverses bien réelles ne trouvaient pas d'illustration parmi les articles fortement cités ? Pourquoi les sous-controverses ont eu des échos d'intensité inégale et cela est-il susceptible de changer au fil du temps ?

The Rise and Fall of Social Problems : A Public Arenas Model, Stephen Hilgartner et Charles Bosk
entretien Gourgoulhon
Voir notre section les réactions à chaud

Redington Harvard

Le nombre de citations de chaque article met en évidence l'inégal relais obtenu par chacun d'eux et par chacune des sous-controverses dans la communauté scientifique. La sous-controverse concernant la mesure de t0, par exemple, semble avoir eu un écho quasiment nul. Comment cela s'explique-t-il ?

Il y a un intérêt manifeste des chercheurs pour les questions d'interprétation, plus nobles que celles qui concernent la discussion de l'expérience. Celle-ci, par ailleurs, n'est pas accessible à tous puisqu'il faut avoir participé à l'expérimentation pour pouvoir la réfuter.

Ensuite, au sein même d'une sous-controverse, un article peut avoir plus ou moins d'écho même s'il traite la même question. C'est ce que relève Luis Gonzales-Mestres sur son blog son article sur les pertes d'énergie a été publié sur arXiv avant celui de Cohen et Glashow qui font une analyse identique à la sienne. Son paper reste cependant bien moins relayé que celui des seconds.
Nous avons, pour comprendre cela, dressé une analyse « en amont » de la publication. Etant donné qu'il nous était impossible de déterminer objectivement la qualité d'un paper, nous avons retenus les critères suivants : la réputation du chercheur et celle de la revue, mesurées selon différents méthodes statistiques (une fiche est associée à chaque article). Enfin, les relais type grande presse, blogs et sites de vulgarisation permettent, en aval, d'observer l'écho effectif d'un article dans la société.

LES NOUVELLES THEORIES
DE LA PHYSIQUE

Au vu de l'anomalie présente dans les résultats des deux expériences OPERA, c'est-à-dire la vitesse supraluminique des neutrinos, les chercheurs ont émis de nombreuses hypothèses pour dépasser la théorie de la relativité. François Vannucci remarque que « la théorie de Newton était aussi une vérité dont on croyait qu'elle tiendrait jusqu'à la fin des temps, et puis on est tombé sur un os, la vitesse de la lumière justement, et il a fallu aller au-delà de la théorie de Newton et la relativité inclut parfaitement la théorie de Newton. […] Donc dans ce cas, on pouvait espérer qu'on venait de voir la limite de la théorie de la relativité, et qu'il y avait autre chose qui s'ouvrait au-delà.» En effet, puisque la relativité a déjà parachevé la théorie de Newton, les chercheurs s'autorisent à penser que la théorie de la relativité peut être également surmontée, et poursuivent leurs recherches dans cette perspective en imaginant des nouvelles théories de la physique. C'est probablement cette sous-controverse qui a donné lieu a la plus grande production de «papiers» scientifiques. Plusieurs des chercheurs rencontrés nous ont expliqué que les scientifiques ont eu le désir de participer à ce qui pouvait possiblement être une révolution pour le monde de la science. Or, cette sous-controverse a été privilégiée parce qu'elle permet d'aborder la question des résultats d'OPERA sans avoir connaissance de tous les détails de l'expérience difficilement accessibles.

Des raccourcis espace-temps ?

Interprétation décoiffante et peu consensuelle, l'idée du raccourci espace-temps provient des spéculations de certains théoriciens qui imaginent de nouveaux modèles pour expliquer les phénomènes physiques. Par exemple, ils proposent d'abandonner le cadre des quatre dimensions (x, y, z, t) pour un monde représenté par davantage de dimensions, certains modèles en proposent même jusqu'à onze. Selon cette hypothèse, les neutrinos pourraient alors passer dans certaines dimensions qui leur permettraient de prendre des raccourcis d'espace-temps. Ceci expliquerait par conséquent qu'ils voyagent plus vite que la lumière qui devrait elle se contenter d'une propagation dans les quatre dimensions x, y, z, t du modèle actuel.

Mécanique quantique

Des effets particuliers de mécaniques quantiques ont été mis en avant pour expliquer les résultats d'OPERA. La propagation des neutrinos aurait pu être influencée par leurs interactions avec la matière qui pourraient expliquer le résultat d'OPERA sans pour autant remette en cause les théories relativistes. Plus précisément, la mécanique quantique distingue l'onde de neutrinos du groupe de neutrinos. Les résultats produits par OPERA pourraient se comprendre comme une conséquence de l'interaction entre l'onde de neutrinos et la roche traversée. Cette interaction induirait une « vitesse de phase » pour l'onde. La vitesse de phase, qui ne comporte pas d'informations, constituerait la vitesse d'oscillation du faisceau ayant ainsi la capacité de dépasser la vitesse de la lumière. Cette vitesse est différente de la «vitesse de groupe» (qui représente en réalité la vitesse individuelle des particules) qui demeure elle inférieure à «c» la vitesse de la lumière. Ce phénomène de «vitesse de phase» qui se produit communément en optique permettrait par conséquent d'expliquer la vitesse supraluminique des neutrinos sans totalement remettre en cause la physique d'Einstein.

Principes de Lorentz

S'inscrire dans cette sous-sous-controverse, c'est adopter une certaine démarche : admettre les résultats de l'équipe OPERA quant à la vitesse supraluminique des neutrinos et y apporter un cadre théorique. Cela semble légitime lorsque l'on conçoit que ces résultats bousculent les fondamentaux de la physique. Ainsi plusieurs chercheurs ont choisi de poser la violation des principes de Lorentz comme source de l'anomalie de la vitesse des neutrinos enregistrée par l'équipe OPERA. En effet, les transformations de Lorentz permettent de relier les coordonnées d'espace-temps. Le principe d'invariance de Lorentz découle du principe de relativité d'Einstein et de l'homogénéité de l'espace. Il intègre «c» (la vitesse de la lumière) comme une constante. Cette violation permet de penser des phénomènes nouveaux, dans la limite des résultats d'OPERA. Ainsi cette sous controverse est alimentée par la création de multiples modèles théoriques concernant la violation de la loi d'invariance de Lorentz et visant à expliquer ou réfuter la vitesse supraluminique des neutrinos.

DES INTERPRETATIONS EN TERMES DE PERTE D'ENERGIE

Le Prix Nobel Sheldon L. Glashow et son collègue Andrew G. Cohen ont construit un modèle qui rejette la vitesse supraluminique des neutrinos. Ils ont supposé que les neutrinos subissent un effet « Cherenkov », phénomène qui autorise une particule à se déplacer plus rapidement que la lumière dans un milieu transparent tout en émettant un rayonnement qui lui fait perdre de l'énergie. En introduisant la vitesse mesurée des neutrinos dans leur modèle, les deux chercheurs ont finalement trouvé que les neutrinos auraient dû perdre toute leur énergie avant d'arriver au point final. D'autres chercheurs ont tenté de falsifier ce modèle en montrant que le nombre d'électrons-positrons, c'est-à-dire les particules issues du rayonnement, qu'ils auraient comptés dans leur propre détecteur ne correspond pas à celui énoncé dans le modèle des deux chercheurs britanniques.
Après avoir eu de forts échos, ce débat perd peu à peu de son ampleur, surtout parce la méthode de Cohen et Glashow s'appuie sur les théories relativistes alors que les résultats de l'expérience OPERA semble les remettre en question. Comme écrit F. Vannucci dans son livre, « toutes ces considérations pêchent par un vice de principe : on tente des calculs dans le cadre relativiste, quand l'effet discuté est supposé s'en affranchir. »

LES CORRECTIONS
RELATIVISTES
DE L'EXPERIENCE

Les corrections relativistes de l'expérience

Cette sous-controverse se concentre autour de la prise en compte des corrections relativistes dans la mesure du temps. Il s'agit de déterminer si la mesure de la vitesse a pu être influencée par le réglage des horloges de l'expérience. En effet, ces horloges couplées à des GPS sont utilisées pour mesurer le temps d'arrivée des neutrinos, mais elles sont fixes et situées à la surface de la Terre pour pouvoir être détectées par des satellites qui se situent dans l'espace ; or le trajet s'effectue à quelques 10 kilomètres sous la montagne et le temps en s'écoule pas de la même façon sous Terre et dans l'espace. Il y a donc de nombreux paramètres à prendre en compte dans le mesure du temps de vol des neutrinos. Un premier article a mis en avant ce problème de synchronisation des horloges, mais OPERA a fait appel à des méthodes de métrologie apparemment fiables. Le 23 février, le communiqué du CERN mettait en avant la possibilité d'un problème de synchronisation.

Effet Sagnac

La responsabilité de l'effet Sagnac dans cette mesure de la vitesse des neutrinos a suscité le débat. Cet effet désigne un léger décalage de vitesse entre deux signaux qui seraient envoyés autour d'un élément tournant. Ainsi, la Terre tournant sur elle-même provoquerait une sorte d'effet « d'entraînement du temps ». Les satellites GPS utilisés lors de la mesure se situent à une certaine altitude, à laquelle le temps ne s'écoule pas exactement de la même façon qu'à la surface de la Terre. Cet effet aurait pu avoir été mal comptabilisé dans l'expérience réalisée par OPERA. Une partie de la controverse a donc concerné la justesse des corrections de l'effet Sagnac même si elle n'a eu que peu d'échos.

Le problème de la synchronisation des horloges

La méthode utilisée par OPERA pour réaliser les mesures du temps de vol des neutrinos a été contestée. Pour réaliser avec précision une mesure de temps de vol extrêmement courte, de l'ordre de quelques nanosecondes, il est nécessaire que les horloges soient synchronisées. La prétendue absence d'information quant au mode de transport des horloges CERN au Gran Sasso entrainant des corrections relativistes particulières a été soulevée. En fait, OPERA a utilisé des méthodes de géodésie par GPS, une « méthode vue commune » avec une horloge fixe à chaque location et une synchronisation des deux horloges à travers deux récepteurs GPS grâce à un satellite unique. OPERA avait fait appel à des spécialistes en la matière et ces critiques ne semblaient pas tenir. Ainsi, cette sous-controverse est apparue, comme toutes les sous-controverses, dans les premiers temps suivant la première publication d'OPERA et a semblé n'avoir occupé l'espace que très brièvement. Cependant, c'est bien un problème de synchronisation des horloges qui occupe désormais la majeure partie de l'espace au détriment des autres sous-controverses.

MESURE DE TO

I - Quelle mesure de t=0 ?

La mesure du «t=0» ou «temps zéro» dans le jargon scientifique a fait un temps débat dans la communauté scientifique. En d'autres termes, l'expérience OPERA a été contesté parce qu'elle ne permettait pas de déterminer avec suffisamment de précision le moment à partir duquel les neutrinos commençaient leur course (t=0). En effet, si la distance parcourue par les neutrinos était sur-évaluée, cela pouvait expliquer que l'on trouve en définitive une vitesse anormale supérieure à la vitesse de la lumière. Ces critiques ont pointé du doigt le fait que l'impulsion des protons, envoyés sur la cible pour produire le neutrinos, s'étendait sur 10 microsecondes (µs) alors que le résultat final montrait une avance des neutrinos égale 60 nanosecondes (ns) par rapport à la vitesse de lumière. «Or 10 µs, c'est très grand devant 60 ns» nous a fait remarqué François Vannucci. Le modèle statistique qui permettait de déduire la distribution dans le temps des neutrinos et leur arrivée a ainsi été remis en cause parce que laissant une trop grande part d'imprécision.
Néanmoins, cette critique a cessé d'être mise en avant lorsque OPERA a rendu public le 17 novembre les résultats de l'expérience refaite avec des impulsions nettement plus courtes, égales à 3 ns, et confirmant les premiers résultats obtenus sur la vitesse supraluminique des neutrinos.

NB: L'épaisseur des rectangles de chaque article

Notre chronologie n'est pas uniforme pour des raisons techniques. Les jours n'apparaissant pas ne correspondent
pas à des dates de parution d'articles



COLEMAN et GLASHOW


Nom de l'article : Cosmic Ray and Neutrino Tests of Special Relativity
Auteur(s) : Sidney Coleman and Sheldon Lee Glashow
Date(s) : 5/03/1997 (1ère version) / 18/03/1997 (2ème version) / 30/04/1997 (3ème version) Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Physics Letters, Section B: Nuclear, Elementary Particle and High-Energy Physics Lien: Arvix

AMONT
1) auteur : Sheldon Lee Glashow
Page Wikipédia : Oui
Biographie : distinctions particulières  ? Oui, (Prix Nobel de physique en 1979 (travaux sur les interactions faibles et électromagnétiques pour les particules élémentaires), il a également reçu les récompenses Oppenheimer, le Richtmyer Lecture Award ainsi que le Erice Science for Peace Prize. Professeur à l'université de Boston, membre de l'American Physical Society, de l'Académie Américaine des Sciences.)
Informations de la base de données, depuis SCOPUS 1995 Indice h : plus de 25? Non (14, mais probablement sous-évalué car indice h depuis 95 alors que prix Nobel en 79) Auteur cité plus de 4000 fois? Oui (5670) Nombre de publications: plus de 170? Non (158)

2) revue : Physics Letters, Section B Impact factor en 2010 supérieur à 5,2 ? Oui (5,255)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui notresiecle.blogs blogs.mediapart nailulhasan scienceforums

Cité dans presse sérieuse ? Non (article trop ancien)

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui - Wikipédia: - Fortunecity : blogs.mediapart - Enotes: blogs.mediapart - Docmadhattan: blogs.mediapart - zamandayolculuk: blogs.mediapart - gicotan: blogs.mediapart
Intospeed
Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ?Non


GLASHOW

Nom de l'article : Comments on Neutrino Tests of Special Relativity (Publication dans Physical Review D sous le titre Remarks on Neutrino Tests of Special Relativity)
Auteur(s) : Sheldon Lee Glashow, Arthur Halprin, Plamen Krastev, Chung Ngoc Leung, Leung, James Pantaleone
Date(s) (1ère version/ 2ème version/ etc) : 30 mars 1997
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Physical Review D
Lien: Arvix

AMONT
1) auteur : Sheldon Lee Glashow
Page Wikipédia: Oui
Biographie : distinctions particulières  ? Oui, (Prix Nobel de physique en 1979 (travaux sur les interactions faibles et électromagnétiques pour les particules élémentaires), il a également reçu les récompenses Oppenheimer, le Richtmyer Lecture Award ainsi que le Erice Science for Peace Prize. Professeur à l'université de Boston, membre de l'American Physical Society, de l'Académie Américaine des Sciences.)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25? Non (14, mais probablement sous-évalué car indice h depuis 95 alors que prix Nobel en 79)
Auteur cité plus de 4000 fois? Oui (5670)
Nombre de publications: plus de 170? Non (158)

2) revue : Physical Review D Impact factor en 2010 supérieur à 5,2 ? Non (4.964)

AVAL Cité dans blogs/forums ? Non
Cité dans presse sérieuse ? Non
Cité dans sites de vulgarisation ? Non
Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Non

Nom de l'article : Measurement of the neutrino velocity with the OPERA detector in the CNGS beam
Auteur(s) : OPERA collaboration
Date(s) : 22/09/2011 (1ère version) /17/11/2011 (2ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Non publié
Lien: lien1 lien2


AMONT
1) auteur : Dario Autiero 
Page Wikipédia : Non
Biographie : distinctions particulières  ? Oui (Chercheur à l'Institut de Physique Nucléaire de Lyon, il travaille au CNRS. Il a été nommé personnalité de l'année 2011 par le journal Nature pour avoir conduit l'équipe OPERA.)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995 Indice h : plus de 25? Non (22)
Auteur cité plus de 4000 fois ? Non (1355)
Nombre de publications: plus de 170? Non (95)

2) revue : non publié

AVAL
Cité dans blogs / forums ? Oui
-Physics4me

- Scienceblogs :
Scienceblogs1
Scienceblogs2


Scienceblogs


Nextbigfuture


Astrojournalclub

(Quantumdiaries

(Physicsforum

Eskesthai

Up-ship

Kurzweilai

Reddit

dgleahy

Musings

Wordp relatividad Physorg

Youscribe

Universetoday

Unitarium

Cité dans presse sérieuse ? Oui

France Culture

- Le Monde
("Neutrinos : retour sur une annonce trop rapide"; " Neutrinos : une illusion d'optique?" ; "Des Neutrinos supraluminiques?")

- Le Figaro
( Relativité, et si Einstein s'était trompé ?; Toute la physique moderne pourrait être à revoir)

- The Guardian
("Neutrinos pass first "faster than light" retest")

- CBC News
(Outspoken B.C. microbiologist named top science newsmaker)

- The New-York Times
("After Report On Speed, A Rush of Scrutiny"; "Two technical Problems leave Neurinos' speed in question")

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui

Wikipedia 1

Wikipedia 2

- Sciences & Avenir (version papier)

- Science & Vie (version papier)

Scoop

ScienceDaily 1 ScienceDaily 2

Science20

Matinperl

Article mentionné dans la page WikipédiaOui

consacré à la controverse ?


CACCIAPAGLIA

Nom de l'article : Superluminal neutrinos in long baseline experiments and SN1987a
Auteur(s) : Giacomo Cacciapaglia, Aldo Deandrea, Luca Panizzi
Date(s): 23/09/2011 (1ère version), 13/01/2012 (2ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Journal of High Energy Physics
Lien: Arvix
AMONT 1) auteur : A. Deandrea
Page Wikipédia : Non
Biographie : distinctions particulières? Non, (Professeur à l'Université Claude Bernard de Lyon)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25? Non (17)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (1333)
Nombre de publications: plus de 170? Non (66)

2) revue : Journal of High Energy Physics
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2? Oui (6.049)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui
marcofrasca
roadbikereview
aholzner
nailulhasan
storify
ff3300
extrad.egloos
researchblogging
tieba.baidu

Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui
Scienceindex

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Non

AMELINO-CAMELIA

Nom de l'article: OPERA-reassessing data on the energy dependence of the speed of neutrinos
Auteurs: Giovanni Amelino-Camelia, Giulia Gubitosi, Niccolo Loret, Flavio Mercati, Giacomo Rosati, Paolo Lipari
Date: 23/09/2011 (1ère version)/ 27/09/2011 (2ème version)
Revue: International Journal of Modern Physics D
Lien: Arvix

AMONT
1) auteur : Giovanni Amelino-Camelia
Page Wikipédia : Oui
Biographie : distinctions particulières  ? Oui (Physicien italien, né en 1965, il étudie la gravité quantique. Il a introduit la théorie de « Doubly special relativity »)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25? Oui (29)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (2645)
Nombre de publications: plus de 170? Non (126)

2) revue : International Journal of Modern Physics D
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2 ? Non (1,414)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Non

Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui
discover-decouvrir
science20
Article mentionné dans la page Wikipédia


DVALI

Nom de l'article : Price for Environmental Neutrino-Superluminality
Auteur(s) : Gia Dvali et Alexander Vikman
Date(s) : 26/09/2011 (1ère version)/ 02/03/2012 (2ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Journal of High Energy Physics
Lien: Arvix
AMONT
1) auteur : Gia Dvali
Page Wikipédia: Oui
Biographie : distinctions particulières? Oui (Professeur de physique au centre de Cosmologie et des Particules physiques à NYU. Il a également travaillé au CERN ainsi que dans d'autres centres de recherche renommés. Il est récompensé en 2002 par le « New York City's Mayor's Award for Excellence in Science and Technology ».)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25? Oui (43)
Auteur cité plus de 4000 fois? Oui (8120)
Nombre de publications: plus de 170? Non (139)

2) revue : Journal of High Energy Physics
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2 ? Oui (6,049)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui
vallis
storify
nailulhasan
peppe-liberti
cpr-grqc
Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Non

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Non


GUIDICE

Nom de l'article : Interpreting OPERA results on superluminal neutrino
Auteur(s) : Gian F. Giudice, Sergey Sibiryakov, Alessandro Strumia
Date(s) (1ère version/ 2ème version/ etc) : 26/09/2011 (1ère version), 14/03/2012 (2ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Nuclear Physics B
Lien: http://arxiv.org/abs/1109.5682

AMONT
1) auteur : Gian F. Giudice
Page Wikipédia : Oui SCOPUS
Biographie : distinctions particulières? Non (Chercheur italien au CERN, il a publié en 2009 un livre sur le LHC du CERN, intitulé A Zeptospace Odyssey et qui a remporté un vrai succès.)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25 ? Oui (36)
Auteur cité plus de 4000 fois? Oui (8515)
Nombre de publications: plus de 170? Non (118)

2) revue: Nuclear Physics B
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2 ? Non (4,642)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui
scientificamerican
blog.vixa
blogs.mediapart
motls
glenmartin
Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui

Science20
Wikipédia
SCOPUSNature
Sciencenews
Scienceindex

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Non

AMELINO-CAMELIA 2EME VERSION

Nom de l'article: OPERA-reassessing data on the energy dependence of the speed of neutrinos
Auteurs: Giovanni Amelino-Camelia, Giulia Gubitosi, Niccolo Loret, Flavio Mercati, Giacomo Rosati, Paolo Lipari
Date: 23/09/2011 (1ère version)/ 27/09/2011 (2ème version)
Revue: International Journal of Modern Physics D
Lien: Arvix

AMONT
1) auteur : Giovanni Amelino-Camelia
Page Wikipédia : Oui
Biographie : distinctions particulières  ? Oui (Physicien italien, né en 1965, il étudie la gravité quantique. Il a introduit la théorie de « Doubly special relativity »)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25? Oui (29)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (2645)
Nombre de publications: plus de 170? Non (126)

2) revue : International Journal of Modern Physics D
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2 ? Non (1,414)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Non

Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui
discover-decouvrir
science20
Article mentionné dans la page Wikipédia


ELLIS

Nom de l'article : On the Possibility of Superluminal Neutrino Propagation
Auteur(s) : Jean Alexandre, John Ellis, Nick E. Mavromatos
Date(s) : 28/09/2011 (1ère version) / 22/11/2011 (dernière version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Physics Letters B
Lien: Arxiv
AMONT 1) auteur : John Ellis
Page Wikipédia : Oui
Biographie : distinctions particulières? Oui (Physicien théoricien, il a reçu les récompenses suivantes : Maxwell Medal and Prize en 1982, et Paul Dirac Medal and Prize en 2005).
Informations de la base de données SCOPUS
, depuis 1995 Indice h : plus de 25? Oui (58)
Auteur cité plus de 4000 fois? Oui (9974)
Nombre de publications: plus de 170? Oui (581)

2) revue : Physics Letters B
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2? Oui (5,255)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui
Collider Blog 
The Physics arXiv Blog
physicsforme

Cité dans presse sérieuse ? Oui
Winnipeg Free Press
The Economist
07/04/2012 ; The NY Time

Cité dans sites de vulgarisation ? Non

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Oui



CONTALDI

Nom de l'article : The OPERA neutrino velocity result and the synchronisation of clocks
Auteur(s) : Carlo R. Contaldi
Date(s) : 28/09/2011 (1ère version) / 29/09/2011 (2ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Non publié
Lien:Arvix

AMONT
1) auteur : Carlo R. Contaldi
Page Wikipédia : Non
Biographie : distinctions particulières  ? Non (Professeur en "Theoretical Physics Group" à l'Imperial College de Londres).
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25 ? Non (18)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (2124)
Nombre de publications: plus de 170? Non (75)

2) revue : non publié

AVAL

Cité dans blogs / forums ? Oui
technologyreview-
imposteurs
sciences.blogs.liberation

Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Non

Article mentionné dans la page Wikipédia
consacré à la controverse ? Non


BI

Nom de l'article : Constraints and tests of the OPERA superluminal neutrinos
Auteur(s) :  Xiao-Jun Bi, Peng-Fei Yin, Zhao-Huan Yu, Qiang Yuan
Date(s)  : 29/09/2011 (1ère version) /12/12/2011 (2ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Physical Review Letters
Lien  : arXiv

AMONT
1) auteur : Xiao-Jun Bi
Page Wikipédia: Non
Biographie : distinctions particulières? Non (Membre de l'Académie chinoise des Sciences et du Laboratoire des particules astrophysiques de Pékin)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25? Non (15)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (511)
Nombre de publications: plus de 170? Non (84)

2) revue : Physical Review Letters
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2? Oui (7,621)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui
aholzner
voxcharta blog.sciencenet.cn
dosen.narotama
Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui
sciencenews

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Non

COHEN et GLASHOW

Nom de l'article : New constraints on neutrinos velocity
Auteur(s) : Andrew G. Cohen et Sheldon L. Glashow
Date(s) (1ère version/ 2ème version/ etc) : 29/09/2011
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : non publié
Lien: Arivx

AMONT
1) auteur : Sheldon Lee Glashow
Page Wikipédia : Oui
Biographie : distinctions particulières? Oui (Prix Nobel de physique en 1979 (travaux sur les interactions faibles et électromagnétiques pour les particules élémentaires), il a également reçu les récompenses Oppenheimer, le Richtmyer Lecture Award ainsi que le Erice Science for Peace Prize. Professeur à l'université de Boston, membre de l'American Physical Society, de l'Académie Américaine des Sciences.)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25 ? Non (14, mais probablement sous-évalué car indice h depuis 95 alors que prix Nobel en 79)
Auteur cité plus de 4000 fois? Oui (5670)
Nombre de publications: plus de 170? Non (158)

2) revue : non publié

AVAL
Cité dans blog ? Oui
Collider Blog 1 Collider Blog 2
Musings 1 Musings 2
Of Particular Significance 1
Of Particular Significance 2
Sciences20 1 Sciences20 2
Azimuth 1 Azimuth 2
Quantum Diaries 1 Quantum Diaries 2
Uncertain Principles 1 Uncertain Principles 2
Physics Today News Picks 1
Physics Today News Picks 2
The Physics arXiv Blog 1
blogs.scientificamerican
Sciencesblogs 1 Sciencesblogs 2

Cité dans presse sérieuse ? Oui
NY Times
The Gardian
Indian express
The Economist
Lemonde.fr
The Independent
El Pais
ABC 1
ABC 2
CBC news

Cité dans sites de vulgarisation ?
Science News
Science News for Kid
Nature News
Newscientist
POPSCI
E ! Sciences News
Physics4me
Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Oui



CONTALDI 2EME VERSION

Nom de l'article : The OPERA neutrino velocity result and the synchronisation of clocks
Auteur(s) : Carlo R. Contaldi
Date(s) : 28/09/2011 (1ère version) / 29/09/2011 (2ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Non publié
Lien:Arvix

AMONT
1) auteur : Carlo R. Contaldi
Page Wikipédia : Non
Biographie : distinctions particulières  ? Non (Professeur en "Theoretical Physics Group" à l'Imperial College de Londres).
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25 ? Non (18)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (2124)
Nombre de publications: plus de 170? Non (75)

2) revue : non publié

AVAL

Cité dans blogs / forums ? Oui
technologyreview-
imposteurs
sciences.blogs.liberation

Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Non

Article mentionné dans la page Wikipédia
consacré à la controverse ? Non



BRUSTEIN

Nom de l'article : Apparent superluminal neutrino propagation caused by nonlinear coherent interactions in matter
Auteur(s) : Ram Brustein et Dmitri Semikoz
Date(s): 4/10/2011
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Scopus

AMONT
1) auteur : Ram Brustein
Page Wikipédia: Non
Biographie : distinctions particulières? Oui (Professeur à la Ben-Gurion University of the Negev (Israël) dans le département de physique. Il a obtenu de nombreux prix en Irsaël (Toman Academic Excellence Prize (BGU 1997), Excellent Researcher Award (BGU 2011)) et à l'étranger (Highly Cited Paper Award (Science Citation Index, 2005)).Il a dirigé des colloques dans plusieurs universités ainsi qu'au CERN en Suisse.)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25? Non (19)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (1215)
Nombre de publications: plus de 170? Non (85)

2) revue : Physics Letters, Section B
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2 ? Oui (5,255)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui (un seul)
Science20

Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui (un seul)
- verticalnews:

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Non


COLLABORATION ICARUS I

Nom de l'article : Measurement of the neutrino velocity with the ICARUS detector at the CNGS beam

Auteur(s) : collaboration ICARUS menée par Carlo Rubbia

Date(s) : 15/03/2012 (1ère version) / 16/03/2012 (2ème version) / 29/03/2012 (3ème version)

Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : / Non publié

Lien: Arvix

AMONT 1) auteur : Carlo Rubbia
Page Wikipédia : Oui
Page Wikipedia

Biographie : distinctions particulières  ? Oui (Ancien directeur général du CERN, prix Nobel de Physique en 1984 (pour la découverte des particules W et Z), professeur de physique à Harvard. Il mène actuellement la collaboration ICARUS.)

Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25 ? Non (21)

Auteur cité plus de 4000 fois ? Non (1972)

Nombre de publications: plus de 170? Oui (358)

2) revue : non publié

AVAL Cité dans blogs / forums ? Oui
unophilosophyphysics

- blogs : blog1
blog2

eufisica

network54

science21

physicsforums

centaur

Cité dans presse sérieuse ? Oui
actualités par Ministères des Affaires étrangères et européennes

- Le Monde
- La Presse Canadienne
- The New York Times
  - The Economist ('Neutrinos: Adagio, OPERA')
- AFP doc
- Asian news international
- The Lethbridge Herald 'Neutrino test disputes experiment findings
- Le Temps ('La vitesse de la lumière n'a pas été dépassée')
- AFP World News

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui

Questions-science

Wikipédia

- Science20:

pourla science

- Futura-sciences:

docmadhattan.fieldofscience

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Oui

docmadhattan.fieldofscience:


BESIDA

Nom de l'article : Three errors in the article: "The OPERA neutrino velocity result and the synchronisation of clocks"
Auteur(s) : Olivier Besida
Date(s): 13/10/2011
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : non publié
Lien: Arxiv

AMONT
1) auteur : Olivier Besida
Page Wikipédia : Non
Biographie : distinctions particulières? Non (Chercheur au CEA dans le Service de Physique des Particules)
Informations de la base de données SCOPUS
, depuis 1995 Indice h : plus de 25? Non (4)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (83)
Nombre de publications: plus de 170? Non (9)

2) revue : non publié

AVAL
Cité dans blogs / forums ? Oui
- Blogspot:
Blogspot 1
Blogspot 2

Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui
encyclo.voila
territorioscuola


Article mentionné dans la page Wikipedia
consacré à la controverse ? Non



KIRITSIS

Nom de l'article : Special and General Relativity corrections to the OPERA neutrino velocity measurement.
Auteur(s) :  Elias Kiritsis, Fransesco Nitti

Date(s)  : 19/10/2011

Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : non publié

Lien : Opera Web

AMONT
1) auteur : Elias Kiritsis
Page Wikipédia : Non
Biographie : distinctions particulières  ? Oui (Travaille pour le département de Physique à l'Université de Crète, également affilié aussi à Paris 7; il a reçu un « Prix d'Excellence Marie Curie » qui récompense 10 à 15 lauréats chaque année)
Informations de la base de données SCOPUS
, depuis 1995
Indice h : plus de 25 ? Oui (31)
Auteur cité plus de 4000 fois ? Non (1819)
Nombre de publications: plus de 170? Non (90)

2) revue : non publié

AVAL
Cité dans blogs / forums ? Non

Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Non

Article mentionné dans la page Wikipédia
consacré à la controverse ? Non


HENRI

Nom de l'article: A simple explanation of OPERA results without strange physics
Auteur: Gilles Henri
Date: 4/10/2011
Nom de la revue: non publié
Lien: arxiv

AMONT
1) auteur : Gilles H
enri
Page Wikipédia : Non Biographie : distinctions particulières? Non (Chercheur en astrophysique à l'université de Grenoble, spécialisé dans les hautes énergies et les noyaux actifs de galaxie)
Informations de la base de données SCOPUS
, depuis 1995 Indice h : plus de 25 ? Oui (38)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (2439)
Nombre de publications: plus de 170? Non (159)

2) revue : non publié

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui
network541
"network542
arunsmusings
glenmartin
gps-forums.net

Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui science20
Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Non



YAN

Nom de l'article : Superluminal Neutrinos from Special Relativity with de Sitter Space-time Symmetry
Auteur(s) : Mu-Lin Yan, Neng-Chao Xiao, Wei Huang, Sen Hu
Date(s) : 9/11/2011 (1ère version) / 16/12/2011 (2ème version)/ 28/01/2012 (3ème version)/ 22/03/2012 (4ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : non publié
Lien: Arxiv

AMONT
1) auteur : Mu-Lin Yan
Page Wikipédia : Non
Biographie : distinctions particulières? Non (Professeur à la University of Science and Technology of China au département de Physique moderne)
Informations de la base de données SCOPUS , depuis 1995
Indice h : plus de 25? Oui (28)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (3357)
Nombre de publications: plus de 170? Non (242)

2) revue : non publié

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Non

Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Non

Article mentionné dans la page consacré à la controverse ? Non


ELLIS 2EME VERSION

Nom de l'article : On the Possibility of Superluminal Neutrino Propagation
Auteur(s) : Jean Alexandre, John Ellis, Nick E. Mavromatos
Date(s) : 28/09/2011 (1ère version) / 22/11/2011 (dernière version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Physics Letters B
Lien: Arxiv
AMONT 1) auteur : John Ellis
Page Wikipédia : Oui
Biographie : distinctions particulières? Oui (Physicien théoricien, il a reçu les récompenses suivantes : Maxwell Medal and Prize en 1982, et Paul Dirac Medal and Prize en 2005).
Informations de la base de données SCOPUS
, depuis 1995 Indice h : plus de 25? Oui (58)
Auteur cité plus de 4000 fois? Oui (9974)
Nombre de publications: plus de 170? Oui (581)

2) revue : Physics Letters B
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2? Oui (5,255)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui
Collider Blog 
The Physics arXiv Blog
physicsforme

Cité dans presse sérieuse ? Oui
Winnipeg Free Press
The Economist
07/04/2012 ; The NY Time

Cité dans sites de vulgarisation ? Non

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Oui

Nom de l'article : Measurement of the neutrino velocity with the OPERA detector in the CNGS beam
Auteur(s) : OPERA collaboration
Date(s) : 22/09/2011 (1ère version) /17/11/2011 (2ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Non publié
Lien: lien1 lien2


AMONT
1) auteur : Dario Autiero 
Page Wikipédia : Non
Biographie : distinctions particulières  ? Oui (Chercheur à l'Institut de Physique Nucléaire de Lyon, il travaille au CNRS. Il a été nommé personnalité de l'année 2011 par le journal Nature pour avoir conduit l'équipe OPERA.)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995 Indice h : plus de 25? Non (22)
Auteur cité plus de 4000 fois ? Non (1355)
Nombre de publications: plus de 170? Non (95)

2) revue : non publié

AVAL
Cité dans blogs / forums ? Oui
-Physics4me

- Scienceblogs :
Scienceblogs1
Scienceblogs2


Scienceblogs


Nextbigfuture


Astrojournalclub

(Quantumdiaries

(Physicsforum

Eskesthai

Up-ship

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Reddit

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Musings

Wordp relatividad Physorg

Youscribe

Universetoday

Unitarium

Cité dans presse sérieuse ? Oui

France Culture

- Le Monde
("Neutrinos : retour sur une annonce trop rapide"; " Neutrinos : une illusion d'optique?" ; "Des Neutrinos supraluminiques?")

- Le Figaro
( Relativité, et si Einstein s'était trompé ?; Toute la physique moderne pourrait être à revoir)

- The Guardian
("Neutrinos pass first "faster than light" retest")

- CBC News
(Outspoken B.C. microbiologist named top science newsmaker)

- The New-York Times
("After Report On Speed, A Rush of Scrutiny"; "Two technical Problems leave Neurinos' speed in question")

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui

Wikipedia 1

Wikipedia 2

- Sciences & Avenir (version papier)

- Science & Vie (version papier)

Scoop

ScienceDaily 1 ScienceDaily 2

Science20

Matinperl

Article mentionné dans la page WikipédiaOui

consacré à la controverse ?



YAN 2EME VERSION

Nom de l'article : Superluminal Neutrinos from Special Relativity with de Sitter Space-time Symmetry
Auteur(s) : Mu-Lin Yan, Neng-Chao Xiao, Wei Huang, Sen Hu
Date(s) : 9/11/2011 (1ère version) / 16/12/2011 (2ème version)/ 28/01/2012 (3ème version)/ 22/03/2012 (4ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : non publié
Lien: Arxiv

AMONT
1) auteur : Mu-Lin Yan
Page Wikipédia : Non
Biographie : distinctions particulières? Non (Professeur à la University of Science and Technology of China au département de Physique moderne)
Informations de la base de données SCOPUS , depuis 1995
Indice h : plus de 25? Oui (28)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (3357)
Nombre de publications: plus de 170? Non (242)

2) revue : non publié

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Non

Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Non

Article mentionné dans la page consacré à la controverse ? Non


BI 2EME VERSION

Nom de l'article : Constraints and tests of the OPERA superluminal neutrinos
Auteur(s) :  Xiao-Jun Bi, Peng-Fei Yin, Zhao-Huan Yu, Qiang Yuan
Date(s)  : 29/09/2011 (1ère version) /12/12/2011 (2ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Physical Review Letters
Lien  : arXiv

AMONT
1) auteur : Xiao-Jun Bi
Page Wikipédia: Non
Biographie : distinctions particulières? Non (Membre de l'Académie chinoise des Sciences et du Laboratoire des particules astrophysiques de Pékin)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25? Non (15)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (511)
Nombre de publications: plus de 170? Non (84)

2) revue : Physical Review Letters
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2? Oui (7,621)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui
aholzner
voxcharta blog.sciencenet.cn
dosen.narotama
Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui
sciencenews

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Non<


CACCIAPAGLIA 2EME VERSION

Nom de l'article : Superluminal neutrinos in long baseline experiments and SN1987a
Auteur(s) : Giacomo Cacciapaglia, Aldo Deandrea, Luca Panizzi
Date(s): 23/09/2011 (1ère version), 13/01/2012 (2ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Journal of High Energy Physics
Lien: Arvix
AMONT 1) auteur : A. Deandrea
Page Wikipédia : Non
Biographie : distinctions particulières? Non, (Professeur à l'Université Claude Bernard de Lyon)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25? Non (17)
Auteur cité plus de 4000 fois? Non (1333)
Nombre de publications: plus de 170? Non (66)

2) revue : Journal of High Energy Physics
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2? Oui (6.049)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui
marcofrasca
roadbikereview
aholzner
nailulhasan
storify
ff3300
extrad.egloos
researchblogging
tieba.baidu

Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui
Scienceindex

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Non


DVALI 2EME VERSION

Nom de l'article : Price for Environmental Neutrino-Superluminality
Auteur(s) : Gia Dvali et Alexander Vikman
Date(s) : 26/09/2011 (1ère version)/ 02/03/2012 (2ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Journal of High Energy Physics
Lien: Arvix
AMONT
1) auteur : Gia Dvali
Page Wikipédia: Oui
Biographie : distinctions particulières? Oui (Professeur de physique au centre de Cosmologie et des Particules physiques à NYU. Il a également travaillé au CERN ainsi que dans d'autres centres de recherche renommés. Il est récompensé en 2002 par le « New York City's Mayor's Award for Excellence in Science and Technology ».)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25? Oui (43)
Auteur cité plus de 4000 fois? Oui (8120)
Nombre de publications: plus de 170? Non (139)

2) revue : Journal of High Energy Physics
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2 ? Oui (6,049)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui
vallis
storify
nailulhasan
peppe-liberti
cpr-grqc
Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Non

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Non


GUIDICE 2EME VERSION

Nom de l'article : Interpreting OPERA results on superluminal neutrino
Auteur(s) : Gian F. Giudice, Sergey Sibiryakov, Alessandro Strumia
Date(s) (1ère version/ 2ème version/ etc) : 26/09/2011 (1ère version), 14/03/2012 (2ème version)
Nom de la revue où il a été publié (s'il l'a été) : Nuclear Physics B
Lien: http://arxiv.org/abs/1109.5682

AMONT
1) auteur : Gian F. Giudice
Page Wikipédia : Oui SCOPUS
Biographie : distinctions particulières? Non (Chercheur italien au CERN, il a publié en 2009 un livre sur le LHC du CERN, intitulé A Zeptospace Odyssey et qui a remporté un vrai succès.)
Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25 ? Oui (36)
Auteur cité plus de 4000 fois? Oui (8515)
Nombre de publications: plus de 170? Non (118)

2) revue: Nuclear Physics B
Impact factor en 2010 supérieur à 5,2 ? Non (4,642)

AVAL
Cité dans blogs/forums ? Oui
scientificamerican
blog.vixa
blogs.mediapart
motls
glenmartin
Cité dans presse sérieuse ? Non

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui

Science20
Wikipédia
SCOPUSNature
Sciencenews
Scienceindex

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Non


COLLABORATION ICARUS II, 1ERE ET 2EME VERSIONS

Nom de l' Wikipédia : Oui
Page Wikipedia

Biographie : distinctions particulières  ? Oui (Ancien directeur général du CERN, prix Nobel de Physique en 1984 (pour la découverte des particules W et Z), professeur de physique à Harvard. Il mène actuellement la collaboration ICARUS.)

Informations de la base de données SCOPUS, depuis 1995
Indice h : plus de 25 ? Non (21)

Auteur cité plus de 4000 fois ? Non (1972)

Nombre de publications: plus de 170? Oui (358)

2) revue : non publié

AVAL Cité dans blogs / forums ? Oui
unophilosophyphysics

- blogs : blog1
blog2

eufisica

network54

science21

physicsforums

centaur

Cité dans presse sérieuse ? Oui
actualités par Ministères des Affaires étrangères et européennes

- Le Monde
- La Presse Canadienne
- The New York Times
  - The Economist ('Neutrinos: Adagio, OPERA')
- AFP doc
- Asian news international
- The Lethbridge Herald 'Neutrino test disputes experiment findings
- Le Temps ('La vitesse de la lumière n'a pas été dépassée')
- AFP World News

Cité dans sites de vulgarisation ? Oui

Questions-science

Wikipédia

- Science20:

pourla science

- Futura-sciences:

docmadhattan.fieldofscience

Article mentionné dans la page Wikipédia consacré à la controverse ? Oui

docmadhattan.fieldofscience:

Le 15 mars 2012, l'équipe ICARUS publie en preprint sur arXiv un article intitulé Measurement of the neutrino velocity with the ICARUS detector at the CNGS beam qui réfute les résultats d'OPERA concernant la vitesse supraluminique des neutrinos. Le programme de recherche ICARUS mené par le prix Nobel Carlo Rubbia réalise, comme OPERA, ses expériences au Gran Sasso, bien que les détecteurs utilisés par les deux équipes soient très différents. Ainsi, la seconde mesure d'OPERA (automne 2011) qui utilisait un temps plus court entre les paquets de neutrinos, a été doublée d'une mesure d'ICARUS : les deux détecteurs ont utilisé le même faisceaux. L'observation faite par cette seconde équipe est que les neutrinos vont à la même vitesse que la lumière.

Un des points de cette controverse dont il faut faire mention concerne le rôle qu'on joué les médias traditionnels dans le relais de cette controverse. La remise en question de la théorie de la relativité d'Einstein a largement été mise en avant dans les médias alors que Opéra a simplement présenté les résultats de son expérience sans faire d'interprétations et en appelant la communauté scientifique à la discuter. Force est de reconnaitre que ce cela semble justifié dès lors le papier signé par OPERA en novembre s'inscrivait dans cette démarche, même si la première annonce faite lors d'une conférence de presse a fait l'objet d'une polémique sur ce point. Jacques Marteau, François Vannucci et Eric Gourgoulhon ont mis en avant l'idée que les médias recherchaient du sensationnel au détriment de l'exactitude du contenu. Les médias selon Jacques Marteau sont «tapageurs, ils cherchent à faire de grandes annonces et prêtent une interprétation démesurée aux résultats». Eric Gourgoulhon estime ainsi lui aussi que la presse n'a pas été correcte en écrivant parfois qu'Einstein avait «tort». Pour lui, tous les scientifiques attendent que son modèle soit dépassé un jour comme celui de Newton, pour autant son modèle continuera à expliquer nombre de phénomènes physiques. François Vannucci rejoint également les avis de ces deux chercheurs en insistant sur le fait que dépasser un modèle comme celui de Newton ou d'Einstein ne les rendait pas «faux», ces derniers conservent un caractère explicatif dans beaucoup de cas de figure. Il nous confie même, l'entretien fini, en nous raccompagnant, que le gros titre d'un interview qu'il avait donné donné à l'Express a été modifié, sans le prévenir, pour faire plus sensationnel. Effectivement, en retrouvant cet article, le titre était sensationnel et ne correspondaient pas exactement au propos qu'il nous avait tenu lors de notre entretien : "Les révélations sur les neutrinos sont une bombe". Il mentionne un collègue a qui la même chose est arrivée pour un article dans Le Nouvel Observateur. En fait, il s'agit Eric Gourgoulhon qui nous avait lui-même rapporté l'anecdote lorsque nous l'avions rencontré.
Nous observons d'ailleurs que les médias n'ont véritablement relayé que certains moments de la controverse susceptible de faire sensation : lors des annonces des résultats par OPERA fin septembre et le 17 novembre, ainsi que lors des premières sérieuses remises en question des résultats avec l'annonce du GPS mal branché, le communiqué du CERN qui a suivi le 22 février et la deuxième expérience d'Icarus du 15 mars.
Cependant, tous les scientifiques interviewés ne sont pas d'accord sur le rôle joué par les médias. Selon Michel Gonin, le sujet a été bien traité car simple, il fait appel à des notions que l'individu lambda se représente bien, c'est-à-dire Einstein et la vitesse de lumière. François Vannucci avance aussi l'idée que la figure d'Einstein dans l'imaginaire collectif contribue à l'expliquer l'effervescence des médias à ce sujet.

Enfin, un tel relais médiatique a pu être attribué à la façon dont le CERN a communiqué les résultats. Enfin, l'annonce a été fait lors d'une conférence de presse précédant une conférence scientifique ce qui est particulièrement contraire aux usages. « Au lieu de se conformer à la déontologie scientifique, et d'annoncer les résultats lors d'une conférence, puis de publier un article dans une revue, et simultanément de convoquer la presse, la collaboration OPERA, a provoqué un buzz médiatique avant même d'en informer la communauté » nous a déclaré Thierry Stolarczyk. Ce dernier nous même affirmé début mai qu'il n'y avait jamais eu de controverse scientifique mais uniquement sur la façon dont la collaboration avait annoncé les résultats. Pour expliquer l'annonce prématurée peu orthodoxe d'OPERA, une pression part des organismes financiers à pu être avancée par Jacques Marteau, membre de la collaboration, mais aussi par Jean-Levy-Lebond dans un entretien au site Atlantico: «Il faut rajouter que depuis un bon demi-siècle, il y a une pression de production et d'amplification de l'échelle qui conduit la science à être de plus en plus dépendante des mécanismes du marché. L'effet médiatique actuel est lié à ça. Il y a une pression trop forte à la publication». La volonté de Dario Auterio de précipiter son obtention d'un prix Nobel a également pu être évoquée lors de nos entretiens.
De façon très radicale, pour expliquer le buzz médiatique, le Blog international du Collectif « Indépendance des Chercheurs » (France) fait mention d'une «opération publicitaire» du CERN. Ce blog incrimine «les responsables du CNRS chargés de la communication sur le résultat d'OPERA [qui] ont entretenu depuis septembre dernier une propagande très contestable». Néanmoins Thierry Stolarczyk nous a fait part de ses doutes quant à la légitimité de ce collectif. Dernièrement, ce dernier ainsi que François Vannucci nous ont fait par de leurs craintes que cet épisode puisse décrédibiliser aux yeux de la société la recherche sur les neutrinos. Jean Marc Levy-Lebond dans l'entretien au site Atlantico à propos de la controverse fait des remarques sur les vicissitudes du systèmes médiatiques et du fonctionnement de la science : « Ce ne sont pas les neutrinos qui vont trop vite, mais l'information ! Dans le système médiatique actuel, cette information a filtré tellement vite au dehors que les médias en ont rendu compte sans prendre les précautions d'usage. Cet emballement est celui de tout le système d'information dans le monde aujourd'hui. La leçon positive à retenir, c'est que cela permettra peut-être de montrer aux profanes que la science aujourd'hui, dans certains secteurs, est une entreprise extrêmement complexe, et donc qu'il convient de prendre toute annonce spectaculaire avec réserve et prudence.»

l'express
l'express
atlantico

LE RETOUR A
L'EXPERIENCE

LES NEUTRINOS
SUPRALUMINIQUES

Dynamique d'une contoroverse

Plan du site

Entre l'annonce de la découverte et les propositions de résolution du problème, voire les affirmations de solution, se sont écoulés à peine quelques mois. La fin de la controverse elle-même suscite le débat. Cette dynamique de la controverse permet non seulement de la considérer dans sa globalité, mais surtout d'étudier comment se forment les pôles autour des différentes questions soulevées, à quelle vitesse, combien de temps ils se maintiennent avant de renvoyer la controverse au rang des questions obsolètes.

La chronologie de la controverse apparaît découpée en trois temps : d'abord l'annonce du résultat et le remous provoqué au sein de la communauté scientifique ; ensuite une période plus longue de publications, de réactions ; enfin l'éventuelle « mort » de la controverse qu'a décrété la presse depuis la découverte d'un mauvais branchement.
Mais le sujet continue d'intéresser, tant qu'une preuve claire de la corrélation entre erreur technique et résultat n'aura pas été établie.

Qu'est-ce qu'un neutrino ?

C'est une particule élémentaire, une des plus petites de la physique moderne. En 2011, la collaboration scientifique internationale OPERA réalise des expériences utilisant un faisceau de neutrinos voyageant entre la Suisse et l'Italie. Le 23 septembre, OPERA annonçait un résultat qui promettait de bouleverser la physique moderne : sa mesure de la vitesse de neutrinos réalisée dans le laboratoire du Gran Sasso a produit un résultat supérieur à la vitesse de la lumière. La vitesse de la lumière, pilier posé par Einstein, certitude inébranlable qui fonde la physique et représente une sorte de référence absolue tant pour le chercheur que pour le lecteur de revues scientifiques. Alors, supercherie expérimentale ou fin de la théorie d'Einstein ?

Nous avons choisi de nous intéresser à la chronologie de cette controverse pour étudier sa dynamique, à travers d'abord la découverte et les premières réactions à chaud, puis les publications scientifiques à ce sujet, et enfin la fermeture possible de la controverse autour des anomalies techniques. L'intérêt sociologique se situe également dans le lien qui s'établit avec les textes étudiés en cours de Cartographie des controverses.

Approche sociologique

Les polémiques autour de la vitesse des neutrinos nous permettent de revenir aux notions de Cartographie des controverses.

Tout d'abord l'idée de régression de l'expérimentateur : l'expérience doit sortir du laboratoire, pour sortir d'un cercle vicieux en recherche scientifique qui fait qu'on ne peut pas juger d'une bonne expérience tant qu'on ne sait même pas si le résultat recherché existe.

Les neutrinos font également appel aux concepts de Callon sur l'état de la question (plusieurs aspects problématiques se sont recentrés autour de la question plus technique du GPS) et la séparation entre science, technologie et technique. En effet, OPERA a tenté de se détacher de la proposition d'une théorie, mais les acteurs de la controverse n'ont pas pu considérer ce résultat comme un élément isolé. De même, le « forum constituant » et le « forum officieux » apparaissent également : avec les réseaux, nous avons montré dans quels enjeux, stratégies, ressources, règles de jeu ils s'intègrent. Les acteurs sont les porte-paroles mentionnés par Latour ; la vitesse des neutrinos pose la question de l'acceptabilité.

De plus, le rôle des « profanes » théorisés par Epstein est quasiment réduit à néant, et l'autorité culturelle des scientifiques a été diminuée de par leurs désaccords.

Shapin et Shaffer ont, quant à eux, expliqué la mise en place de trois technologies, matérielle, sociale et littéraire dans la production d'un fait. Trois technologies qu'on retrouve chez OPERA ; pour autant, un consensus n'a pas été établi.

Enfin, on retrouve des analogies avec les notions proposées par Hilgartner :
les pics de la presse autour de la controverse montrent la capacité finie des « arènes publiques ». La carrying capacity représente la compétition entre les sous-controverses et en leur sein, et leur chute au moment où la concentration se fait autour du GPS. Les liens entre les arènes existent par le relais entre scientifiques et revues vulgarisées et médias. La vitesse supraluminique des neutrinos contient ainsi des concepts phares de la théorie des controverses.

Glossaire

EXPLICATIONS PREALABLES

- les neutrinos

Le neutrino est une particule élémentaire constitutive de l'univers, c'est-à-dire sans sous-structure et donc indivisible. La question de savoir s'il a une masse ou non a été très controversée, il s'avère finalement qu'il en possède une, mais pratiquement nulle. Ainsi, malgré le fait qu'ils soient présents partout en très grand nombre (1cm² de notre peau est traversée chaque seconde par 65 milliards de neutrinos), ils interagissent cependant très peu avec la matière ce qui les rend très difficilement détectables.

Dans la nature, cette particule est générée par des réactions nucléaires. Par exemple, le soleil produit des neutrinos dits de « basse énergie », tandis que des neutrinos de « haute énergie » sont produits par des phénomènes tels que les trous noirs, les supernovas (explosion d'une étoile) ou le Big Bang.

Artificiellement, les expérimentateurs produisent des neutrinos à l'aide d'un faisceau de protons et d'un accélérateur de particules, comme sur le schéma ci-dessous :

Protons accélérés → pions et kaons désorientés et accélérés → neutrinos

Il existe trois types de neutrinos qui correspondent à trois « saveurs » différentes : les neutrinos « électron » (notés νe), « muon » (notés νµ) et « tau » (ντ). Ils passent d'une saveur à l'autre grâce à un phénomène d'oscillation.


- Description de l'expérience OPERA

L'expérience OPERA a pour but d'observer le phénomène d'oscillation des neutrinos, émis à Genève sous la forme « muon » et détectés 730 km plus loin au Gran Sasso, sous la forme « tau ». La mesure de leur vitesse n'était donc pas l'objectif premier de la collaboration, mais l'expérience représentait une opportunité pour vérifier et mesurer de façon plus précise les mesures précédentes.



Source images : conférence de Dario Auterio, au nom de la collaboration OPERA, 23 Septembre 2011

-Background et autres expériences

La collaboration MINOS est basée près de Chicago et regroupe environ 110 chercheurs. Elle utilise le Fermilab pour produire les neutrinos et les détecte 735km plus loin. En 2007, elle a mesuré une anomalie dans la vitesse de propagation des neutrinos (qui seraient supraluminiques) et explique ses résultats dans l'article « Measurement of neutrino velocity with the MINOS detectors and NuMI neutrino beam ». Cependant, l'incertitude de l'expérience étant très grande, ce résultat a été relativisé par la communauté scientifique. Lors de l'annonce d'OPERA en septembre 2011, MINOS s'est portée très vite volontaire pour refaire l'expérience. Celle-ci n'a cependant pu être réalisée immédiatement, les instruments de Minos devant être améliorés pour garantir une meilleure précision.

L'expérience naturelle Supernova de 1987 dite « SN 1987A » est due à l'explosion d'une étoile en fin de vie, située à environ 160 000 années lumières de la Terre. Trois observatoires différents (Kamiokande II, IMB, Baksan) ont observé un éclat de neutrinos environ 3h avant que la lumière liée au phénomène ne soit captée. Toutefois, la distance de parcours était mal connue et à une échelle incomparable avec les expériences artificielles qui sont réalisées.

La collaboration japonaise T2K (Tokai to Kamioka) travaille sur la question de la masse des neutrinos et leur phénomène d'oscillation de la forme « muon » à « électron ». Elle regroupe environ 500 chercheurs, dont quelques Français. Parmi eux se trouvent notamment des membres d'OPERA (Jacques Marteau, Dario Auterio, Michel Gonin...). L'INP (IN2P3 Lyon), le LLR (Polytechnique et IN2P3/CNRS), l'IRFU (CEA Saclay) et le LPNHE (UPMC) en font également partie, les financements français étant apportés par le CEA et le CNRS.

La collaboration ICARUS (Imaging Cosmic and Rare Underground Signals) étudie aussi les oscillations du neutrino sur le site CERN - Gran Sasso. L'expérience est récente, son inauguration datant du 29 mars 2011. La collaboration est menée par Carlo Rubbia, prix Nobel de physique en 1984, qui rassemble autour de lui des instituts majoritairement italiens, ainsi que quelques instituts polonais, suisse, russe et américain. L'équipe ICARUS a, depuis la parution de l'article d'OPERA, publié deux articles (A search for the analogue to Cherenkov radiation by high energy neutrinos at superluminal speeds in ICARUS et Measurement of the neutrino velocity with the ICARUS detector at the CNGS beam, ce dernier datant de mars 2012) réfutant les résultats obtenus. Il est notable que le fils de Carlo Rubbia est un des signataires de l'article OPERA.

- Le mode de fonctionnement de la collaboration OPERA

Le groupe de recherche OPERA est une collaboration scientifique internationale, qui rassemble des chercheurs, laboratoires et institutions de 13 pays. Leurs expériences ont commencé en 2006 et se concentrent sur le phénomène d'oscillation des neutrinos de la saveur muon à la saveur tau. Une collaboration dépend de plusieurs instances, à la fois financières et scientifiques : elle doit décrire son programme dans un « proposal » détaillant estimations de coûts, résultats à trouver et conséquences potentielles sur la physique. Comme toute collaboration, OPERA a des contraintes budgétaires et doit être productive. Les plus grosses sources de financement ont également plus de poids dans les décisions et sont plus représentées dans les instances de la collaboration (Assemblée générale, Comité scientifique chargé de surveiller et d'accompagner l'équipe, etc).

- Théorie de la relativité : Einstein, Lorentz

La relativité restreinte, théorisée par Einstein en 1905, permet de qualifier le mouvement d'un objet du point de vue de différents référentiels en translation rectiligne uniforme entre eux. Elle élargit l'analyse des mouvements à des vitesses se rapprochant de celle de la lumière. Ces référentiels sont décrits à l'aide de quatre dimensions x, y, z et t, ce qui constitue une révolution puisque le temps et l'espace ne sont plus absolus.

La relativité générale étend cette théorie à des référentiels accélérés les uns par rapport aux autres. Par des effets complexes, l'écoulement du temps est alors plus lent en présence de masses. En conséquence, une horloge (comme celle d'OPERA) dans un satellite décompte 32ns supplémentaires chaque seconde qu'il faut donc prendre en compte dans les calculs. La relativité générale ne trouve d'application qu'en physique des particules et en astrophysique, domaines où les vitesses traitées s'approchent de celle de la lumière. Sur Terre, on se contente de la mécanique classique, les vitesses considérées étant bien plus modérées et permettant de négliger les effets relativistes.

Les transformation de Lorentz permettent de calculer le changement des coordonnées d'espace temps d'un référentiel à un autre : au moyen de quatre équations, on obtient x', y', z' et t' à partir de x, y, z et t. Tandis que pour Galilée, le temps et les longueurs ne varient pas d'un référentiel à l'autre, les transformations montrent que pour des vitesses proches de c (relativité générale), les durées et les longueurs ne sont plus absolus. De même, la simultanéité entre deux événements n'a plus de sens que dans un repère donné.

La vitesse de la lumière notée c, en revanche, est insensible à tout changement de repère. En effet, c est reliée par les équations de Maxwell à deux constantes caractéristiques du vide, la permittivité et la perméabilité, et est donc également une constante. D'après la relation E = mc², pour atteindre une vitesse égale à c, il faudrait fournir une énergie infinie et une masse nulle. c est donc une asymptote inatteignable pour tout objet de masse non nulle, et constitue une limite maximale pour les particules de masse nulle, à savoir les photons.

- Les bases de données et les outils

Le site de publications preprint arXiv .. viXra.. ArXiv est un site d'archives de prépublications scientifiques de différents domaines (physique, mathématiques, informatique, etc). Ce site est gratuit et permet l'accès aux articles dans leur intégralité. Toute personne ayant un grade scientifique reconnu (master, chercheur, ingénieur.. ) peut publier sur ArXiv sans passer par un comité de relecture. Le site est donc un véritable lieu d'échanges et de communication entre scientifiques, qui y partagent papers, conseils, opinions (1). (1) entretien avec Monsieur Eric Gourgoulhon La base de données SCOPUS recueille des informations quantitatives sur les chercheurs, les articles, les revues scientifiques. Elle propose ainsi des statistiques sur la popularité ou la visibilité de ces derniers, selon leurs nombres de citations, de publications, etc.

La base de données FACTIVA recense et donne accès à des articles publiés par la grande presse internationale, régionale, et par des blogs.

L'« impact factor » est une mesure de la visibilité d'une revue. Elle est donnée annuellement dans le Journal Citation Reports et se fonde sur le nombre d'articles publiés et le nombre de citations reçues.
L'indice h, ou « h index », mesure la productivité et l'impact scientifique d'un chercheur selon le nombre de publications et le nombre de citations de ses articles.

Entretiens

Michel Gonin, rencontré le 1er mars 2012 à Polytechnique
Ancien referee de l'équipe OPERA (membre extérieur qui appartient à un comité scientifique chargé de « surveiller » l'évolution du travail de la collaboration), directeur du concours de Polytechnique et membre de la collaboration internationale T2K.

Michel Gonin n'a jamais cru à la possibilité d'une vitesse supraluminique des neutrinos. « C'est trop incroyable pour être cru », dit-il sans hésitation. Ce serait le « troisième exemple de faux résultat scientifique du XXe siècle », avec la fusion froide et la mémoire de l'eau. Selon lui, une grande majorité de la communauté scientifique, y compris les membres d'OPERA, a également accueilli la découverte avec prudence. Après la publication, les débats et échanges de mails furent nombreux au sein de son équipe. L'idée d'une nouvelle expérience réalisée par T2K a été très discutée, étant donné son coût élevé. La décision prise fut finalement celle d'attendre de nouveaux résultats de la part OPERA et de suivre l'évolution du débat avant de se lancer dans l'acquisition du matériel nécessaire. Le dialogue existe également avec des physiciens extérieurs à l'équipe ou entre collaborations, de manière formelle, via les porte-paroles, ou informelle entre collègues et amis. Toutefois, l'échange d'informations entre personnes qui n'appartiennent pas à une même équipe diminue si une expérience donne des résultats "chauds". Ainsi, M. Gonin n'a pas été mis au courant des résultats d'OPERA avant l'annonce officielle, mais des rumeurs circulaient. Enfin, l'impact médiatique de la découverte doit selon lui être attribué à la simplicité de sa représentation conceptuelle. En effet, même si l'idée que l'on se fait de la théorie relativiste d'Einstein et de la vitesse de la lumière est parfois erronée, ces images sont présentes dans la culture générale de nombreux individus, ce qui expliquerait la forte réception du sujet par la société.

* *

Thierry Stolarczyk, rencontré le 5 mars 2012 au CEA à Saclay.
Physicien au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), responsable scientifique de l'expérience Antares, un télescope à neutrinos immergé en mer Méditerranée.

Il s'est montré très enthousiaste lors de l'entretien, car pour lui la communication et la vulgarisation de la Science sont primordiales. « C'est bien ça le but de la science, c'est d'éclairer les gens », dit-il.
Selon lui, l'élément déclencheur de la controverse n'est pas le résultat lui-même, car il existe souvent des découvertes qui s'avèrent être des anomalies. Cela n'a rien d'alarmant au sein de la communauté scientifique. Dans le cas de la vitesse supraluminique des neutrinos, le problème principal concerne la publication des résultats de l'expérience OPERA. Au lieu de se conformer à la déontologie scientifique, et d'annoncer les résultats lors d'une conférence, puis de publier un article dans une revue, et simultanément de convoquer la presse, la collaboration OPERA a provoqué un buzz médiatique avant même d'en informer la communauté. « Je l'ai su par les journaux d'abord. Au petit déjeuner, j'ai allumé mon PC, je suis allé dans les actualités et j'ai vu ça ! Et quelques minutes plus tard je recevais un message du CERN destiné à ses collaborateurs, évidemment beaucoup plus prudent que l'article du Point ». Selon Th. Stolarczyk, le risque d'éventuelles fuites a pu contribuer à accélérer les événements. Il existait d'autres expériences sur les neutrinos: « il fallait faire date. Ce résultat, s'il était avéré, relève du prix Nobel ».
Th. Stolarczyk fait remarquer que Dario Auterio a été cité dans Nature comme l'une des 10 personnalités qui ont marqué l'année 2011 (http://www.nature.com/news/365-days-nature-s-10-1.9678). Enfin, Th. Stolarczyk nous a expliqué que si certains scientifiques de la collaboration Opera avaient en première instance refusé de signer le papier, c'est que probablement ils n'étaient pas en mesure de juger d'une erreur éventuelle tant la mesure est complexe, et riche d'un point de vue technologique.

* *

Eric Gougoulhon, rencontré le 15 mars 2012 à l'observatoire de Paris, peu après l'annonce d'un GPS défectueux dans l'expérience OPERA.
Doctorant en Astrophysique (ENS Lyon), et chercheur au laboratoire LUTH (Laboratoire Univers et Théorie) du CNRS.

Il précise dès le début de l'entretien qu'il n'est pas « expérimentateur » et qu'il est donc capable d'émettre une opinion seulement au niveau théorique de la controverse. Sa position est «neutre» par rapport à l'annonce d'OPERA, mais il nous confie que «le neutrino serait un bon candidat» si une particule supraluminale devait exister. Si cette théorie n'avait pas été invalidée par la supernova de 1987, la théorie du « tachyon » aurait pu selon lui expliquer le phénomène mesuré par OPERA. Il distingue deux types de réactions de la part des chercheurs: la production massive de papiers théoriques parfois « hâtifs et réfutables », ainsi que de papers réfutant l'expérience. L'emballement des chercheurs s'explique selon ses mots par la possibilité de vivre une révolution scientifique, avec l'envie d'y laisser une trace. Pour lui, si OPERA « résiste » bien dans cette controverse, elle reste très critiquée dans sa façon qu'elle a eu d'annoncer ses résultats. Le communiqué de presse a en effet précédé les papers scientifiques, ce qu'OPERA justifiera par les grands risques de fuites à entreprendre la rédaction d'un paper à 180. M. Gourgoulhon ne leur en tient pas rigueur dans la mesure où les supports de la conférence fut très rapidement à disposition de tous sur internet. La presse, qui a aussi beaucoup relayé l'affaire, n'aurait pas été correcte en écrivant parfois qu'Einstein avait «tort». Comme Newton l'a été, Einstein sera dépassé un jour, mais pour autant son modèle continuera à expliquer nombre de phénomènes physiques.

* *

François Vannucci, rencontré le 27 mars 2012 à l'Université Paris VI.
Chercheur au CERN, professeur à Paris VI, il a construit sa carrière auteur de la recherche sur les neutrinos et dirigé plusieurs expérience. auteur des livres Les neutrinos vont-ils au paradis ? et La vitesse de la lumière et les neutrinos, 50 questions-réponses pour comprendre les expériences en cours.

Cet entretien a été déterminant pour approfondir notre compréhension de la controverse et riche d'un point de vue sociologique. F. Vannucci nous a confirmé que l'expérience OPERA n'avait pas été rejetée en bloc, cet entretien a permis de donner véritablement corps à nos « sous-controverses ». Les scientifiques discutent sur certains points, réalisent d'autres expériences afin de vérifier ou d'améliorer la précision de l'expérience. Il a également évoqué les hypothèses des théoriciens qui ont tenté de dépasser la théorie de la relativité en supposant vrais les résultats d'OPERA. A partir de ses explications, denses et claires, nous avons établi les sous-controverses et les sous-sous-controverses, qui ont servi de structure pour notre site : la mesure du temps zéro, les corrections relativistes de la mesure de temps par les GPS comprenant le problème des horloges, celui de leur synchronisation, et l'effet Sagnac, des réfutations d'ordre théorique d'une éventuelle vitesse supraluminique des neutrinos, les problèmes techniques, et les nouvelles théories de la physique. Ces problèmes ont remué la communauté scientifique tout au long de l'année et nous avons pris soin de les expliciter dans notre site. F. Vannucci nous a également parlé du traitement de la controverse par la presse, de l'attitude d'OPERA et de ses craintes par rapport à la crédibilité de la recherche sur les neutrinos. Lui aussi nous a raconté qu'il avait entendu la nouvelle de façon inhabituelle, tôt le matin à la radio en prenant son petit déjeuner et non pas par les canaux scientifiques habituels. Cet entretien a été très riche, nous n'avons pas eu besoin de poser beaucoup de questions. Etant donné que cet entretien avait été enregistré, au vu de sa richesse, nous avons décidé de le retranscrire intégralement afin d'en retirer le maximum d'informations. A la fin de l'entretien, il nous a indiqué qu'il avait écrit un livre au sujet de la controverse (La vitesse de la lumière et les neutrinos, 50 questions-réponses pour comprendre les expériences en cours). Ce livre nous a également été fort utile pour notre compréhension de la controverse.

* *

Jacques Marteau, lors d'un entretien téléphonique le 14 mars
Physicien expérimentateur et membre du comité OPERA

Jacques Marteau est membre de la collaboration OPERA. Il explique que les chercheurs peuvent se regrouper en deux catégories : ceux pour qui tout est potentiellement encore vérifiable, et ceux pour les théories fondatrices en physique sont acquises et n'ont pas à être reconsidérées. Pour les premiers, la preuve d'une erreur d'une erreur expérimentale ne serait pas une déception : c'est un challenge technique qui attend d'être vérifié. Le problème pourrait être d'origine instrumentale, mais il reste de nombreux éléments à valider. Par ailleurs, la publication du résultat devait servir à la fois à obtenir un regard critique et à susciter une mesure indépendante. Elle a eu lieu avant le séminaire présenté à la communauté scientifique sous pression des organismes de financement. Des fuites ont eu lieu dans la presse, qui n'a pas hésité à donner une interprétation trop rapide des résultats.

* *

Présentation de l'équipe

Notre équipe se compose de sept étudiants, dont six étudiants en deuxième année de double cursus Sciences et Sciences Sociales à Science Po et à l'Université Pierre et Marie Curie: Elias Benabadji, Eve El Chehaly, Diane Hequet, Elise Jost, Claire Lamotte et Eve Maurice; et un étudiant de l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, en 3ème année de design graphique/multimédia: Victor Lebeau.

Depuis le mois de septembre 2011, nous suivons un cours de cartographie de la controverse, créé par Bruno Latour, dans lequel nous avons été amenés à choisir une controverse actuelle, afin d'en identifier les acteurs humains et non humains et d'en réaliser la « cartographie ». Une controverse correspond à la naissance d'une arène de discussion car nous pouvons, parfois, être rassemblés par les objets qui nous divisent. Parce que les avis divergent, un parlement naît. Notre enquête, qui s'est donc déroulée sur plusieurs mois, a consisté en un travail de sociologie des sciences: nous avons rencontré certains des acteurs de notre controverse (chercheurs en physique des particules) ce qui nous a permis d'appréhender les logiques des réseaux des chercheurs, leurs motivations, d'identifier des sous-controverses et d'en ériger les frontières.

Notre travail d'enquête auprès des acteurs de la controverse s'est poursuivie inévitablement sur le web puisqu'en effet, les bases de données en ligne avec en tête arXiv sont aujourd'hui le réceptacle idéal pour tout avis scientifique. C'est en effet la publication de l'article de l'équipe OPERA sur ce site, accompagné d'une conférence de presse du porte parole de l'équipe, qui a conduit au « buzz » médiatique et à la naissance de la controverse que nous vous présentons ici.

Cependant, arXiv ne constitue pas en lui-même une « arène de discussion ». Ainsi, plus précisément, le travail de notre équipe a consisté à confronter différents avis sur la question de la vitesse supraluminique des neutrinos, dans l'objectif de les représenter au mieux sur notre site.

Nous souhaitons remercier tout particulièrement les enseignants qui nous ont accompagnés tout au long de ces deux semestres: Tommaso Venturini, Timothée Collignon, Benoît Montigné, Antoine Doré, Constance Rubini, Paul Girard, Jean-Noël Jouzel, Benjamin Lemoine, Vincent Gaullier, Mathieu Jacomy, Benoit Montigné et Audrey Baneyx.
Nous remercions également les chercheurs Michel Gonin, Eric Gourgoulhon, Jacques Marteau, Thierry Stolarczik et François Vannucci, qui ont accepté de nous rencontrer et de répondre à nos questions en nous proposant de nombreuses pistes de réflexion pour une meilleure compréhension de la controverse. Les résumés de ces interviews sont disponibles en annexe.

Le neutrino, la vitesse de la lumière et le GPS défectueux, Le Monde 23 février 2012

Einstein et les neutrinos : le suspense continue, Le Figaro, 23 février 2012

Neutrinos : retour sur une annonce trop rapide. Le Monde, 14 avril 2012

La taille des noeuds dépend du degré entrant du site (c'est-à-dire du nombre de liens hypertexte qui pointent vers le site en question). Les sites sont rangés en 5 catégories:

Les bases de données: violet
Les blogs et forums : rose
Les sites de vulgarisation (magazines scientifiques): vert clai
Les sites spécialisés en physique des particules: vert foncé
Les sites rattachés aux institutions (cern, opera..): bleu ciel

Ainsi l'on peut tout d'abord observer la taille du site arXiv.org (en violet), supérieure à celles des autres sites. Cela s'explique par le fait que, de façon générale, le cœur de notre controverse se situe au sein de la communauté scientifique, or les bases de données permettent la diffusion de leurs travaux. Pour cette raison, arXiv demeure le site le plus actuel en terme de mise à jour.

Cette base de données est citée par les blogs qui, pour la plupart, sont spécialisés en sciences « dures » et y trouvent un moyen d'appuyer leur propos, en proposant à l'internaute d'aller directement vérifier à la source.
C'est une démarche que n'adoptent pas les magazines de vulgarisation déjà forts d'une certaine légitimité en matière d'information.
En outre, on peut noter que les blogs occupent une place plus ou moins centrale sur la cartographie. Ils sont en effet en lien à la fois avec des sites institutionnels, d'autres blogs, des sites spécialisés en physique mais également des sites de vulgarisation. L'exemple du site « quantumdiaries » illustre cette idée, d'autant plus qu'il est l'un des blogs les plus actifs et les plus réguliers depuis la publication des résultats d'OPERA, le dernier article datant du 27 avril 2012. Cela témoigne de la place particulière qu'occupent les blogs dans la controverse. Ils sont une arène particulière de discussion, comme en témoigne le blog science20, dont le dernier sur notre controverse (« Quote of the week ») date du 20 avril 2012 et a généré plus d'une centaine de commentaires (104).
Cette régularité permet d'appréhender l'évolution de la controverse, de façon plus directe que sur les sites de vulgarisation ou de bases de données. Par ailleurs, en ce qui concerne notre controverse, les blogs mettent en relation les différents sphères : la presse par les sites de vulgarisation et la communauté scientifiques en citant les papers scientifiques.

- "Si ces résultats sont confirmés, si on trouve une particule qui va plus vite que la lumière, alors je suis prêt à manger mon caleçon ! » Jim Al-Khalili, théoricien à l'Université de Surrey (GB), interrogé par la BBC.

- "La physique est un science expérimentale, donc si un fait est scientifiquement établi, j'y crois" Pierre, Fayet, physicien théoricien, ENS, dans Libération.

- "Si les neutrinos vont plus vite que la lumière, alors, ni OPERA, ni les télescopes à neutrinos ne devraient les voir" Sheldon Lee Glashow, Prix Nobel de physique.

- la ministre italienne de l'Education nationale, de l'Université et de la Recherche, Mariastella Gelmini s'est félicitée de l'apport italien à la "construction d'un tunnel entre Genève et le laboratoire du Gran Sasso à travers lequel s'est déroulée l'expérience" (Les neutrinos n'ont pas emprunté un tunnel puisqu'ils peuvent traverser la matière).

- "I'm willing to bet money that it's not correct" Professeur George Smoot III, Prix Nobel de physique en 2006.

- "If you find some matter particle such as the neutrino going faster than light, this is something which immediately shocks everybody, including us," Antonio Ereditato, porte parole d'OPERA.

- "Si ces résultats sont confirmés, si on trouve une particule qui va plus vite que la lumière, alors je suis prêt à manger mon caleçon ! » Jim Al-Khalili, théoricien à l'Université de Surrey (GB), interrogé par la BBC.

- "La physique est un science expérimentale, donc si un fait est scientifiquement établi, j'y crois" Pierre, Fayet, physicien théoricien, ENS, dans Libération.

- "Si les neutrinos vont plus vite que la lumière, alors, ni OPERA, ni les télescopes à neutrinos ne devraient les voir" Sheldon Lee Glashow, Prix Nobel de physique.

- la ministre italienne de l'Education nationale, de l'Université et de la Recherche, Mariastella Gelmini s'est félicitée de l'apport italien à la "construction d'un tunnel entre Genève et le laboratoire du Gran Sasso à travers lequel s'est déroulée l'expérience" (Les neutrinos n'ont pas emprunté un tunnel puisqu'ils peuvent traverser la matière).

- "I'm willing to bet money that it's not correct" Professeur George Smoot III, Prix Nobel de physique en 2006.

- "If you find some matter particle such as the neutrino going faster than light, this is something which immediately shocks everybody, including us," Antonio Ereditato, porte parole d'OPERA.

« La vitesse de la lumière a-t-elle été dépassée par les neutrinos ? » Conférence d'Etienne Klein (physicien), à Centrale Paris, le 11 octobre 2011.

- "Neutrinos : des particules en ébulltion", exposition à la Cité des Sciences, Paris.

Eric Gourgoulhon, chercheur à l'Observatoire de Meudon : "Je ne fais pas partie des sceptiques spontanés". "S'il devait y avoir une particule qui aille plus vite que la lumière, le neutrino serait un bon candidat". (entretien le 15 mars 2012).

Thierry Stolarczyk parle de "résultats fumeux" (entretien 5 mars)

Michel Gonin : "c'est trop incroyable pour être cru, mais c'est plutôt une intime conviction qu'une attitude très scientifique" (entretien le 5 mars).

- Jacques Marteau "OPERA ne prend pas position" (entretien le 14 mars 2012).



Ce séminaire de Dario Auterio (au nom d'OPERA) eut lieu le 23 septembre 2011 au CERN pour annoncer la nouvelle à la communauté scientifique et dans le but de susciter des réaction pour que l'ensemble de la communauté scientifique puisse réagir.

Einstein s'est-il trompé ?, Marianne, 26 septembre 2011.

Excès de vitesse des neutrinos, Le Monde, 25 septembre 2011.

L'énigme du neutrino , 24 septembre, le Progrès.

Un mauvais branchement de câble soupconné d'être responsable de l'anomalie

Le 22 février 2012, la version en ligne de la revue américaine Science a annoncé un problème technique remettant en cause l'expérience OPERA: la fibre optique reliant le GPS à l'ordinateur était défectueuse ou mal branchée, ce qui semblerait avoir accéléré le temps de transmission des données mesurées par le GPS jusqu'à l'ordinateur. La vitesse des neutrinos mesurée au sein de l'expérience se retrouverait donc augmentée d'une dizaine de nanosecondes par rapport à la vitesse réelle, ce qui explique en partie l'anomalie trouvée dans la publication des résultats OPERA.

Un problème lors de la synchronisation des horloges

- Un communiqué du CERN du 23 février 2012 reprend le problème du branchement de GPS annoncé par Science et en annonce un deuxième. En effet, ce communiqué du CERN annonçait deux effets susceptibles d'expliquer les résultats «anormaux» d'OPERA dont un concernant les synchronisations : « le premier effet concerne un oscillateur utilisé pour les synchronisations GPS. Ce dispositif pourrait avoir conduit à surestimer le temps de vol des neutrinos » Pour mesurer le départ et l'arrivée du faisceau de neutrinos, des horloges atomiques sont utilisées; une est placée au Gran Sasso en Italie et l'autre au CERN à Genève. Ces dernières doivent être parfaitement synchronisées pour garantir une mesure exacte. Pour cela, un oscillateur est utilisé mais les scientifiques ont remarqué que ses vibrations plus rapides que prévu seraient à l'origine d'une surestimation du temps de vol des neutrinos. «Cela est dû à un vieillissement prématuré de cet instrument, non conforme aux spécifications» précise Marcos Dracos dans un article paru dans Le Monde le 14 avril 2012. Actuellement, la controverse se recentre autour de cette question, les futurs tests de vérification accordent ainsi une place centrale à la question de la synchronisation. Cependant, les chercheurs attendent encore la conférence internationale sur les neutrinos qui aura lieu en juin au Japon pour trancher sur cette question.


Les sous-controverses : distinction, perméabilité et concurrence

Ce graphe a été obtenu à partir du logiciel Actor Network Text Analyser développé par le médialab de Sciences Po ainsi que Gephi.

Il s'agit ici d'appréhender la perméabilité des sous-controverses entre elles ainsi que leur situation : quel espace est occupé par chacune d'elle ?

En haut à droite du graphe sont clairement situés les papers liés à la sous controverse «expérience et corrections relativistes». On retrouve groupés ensemble ceux de Contaldi et Besida, qui utilisent un vocabulaire très particulier lié à la synchronolisation de l'horloge. La publication de Kiritsis est légèrement isolée de cette sous controverse, il dispose aussi de son vocabulaire spécifique, à savoir la relativité, l'effet Sagnac... Autre paper isolé sur le graphe, celui d'Henri, intégré dans la controverse sur le temps t zéro. Cette publication a effectivement utilisé un vocabulaire non repris par les autres papers car la controverse qu'il représente a été coupée nette par la deuxième version de l'article d'OPERA, répondant aux éléments controversés et obtenant finalement le consensus. Ces articles alimentent la controverse expérimentale.

Les publications théoriques occupent les trois quarts du graphe : ce sont effectivement celles qui ont le plus frappé et occupé la communauté scientifique, voire la société. Ils sont reliés aux papers expérimentaux par les articles mélant expérience et théorie, comme l'a fait la collaboration ICARUS. Les articles théoriques laissent moins deviner les sous sous-controverses dans lesquels ils sont intégrés. Ainsi les trois papers (Amelino-Camelia; Cohen et Glashow; Ellis) constituant la sous controverse reliant l'énergie et la vitesse, sont encerclés par la sous controverse sur les théories allant au-delà des théories actuelles. Les grands noms de la science présents dans cette dernière sous-controverse colonisent l'espace. La sous sous-controverse intégrant la mécanique quantique et portée par Brustein reste en marge de la controverse, elle n'a effectivement pas eu beaucoup de relais. La controverse portant sur l'espace-temps représentée par Dvali et Yan est éclatée. Ainsi, ce graphe illustre d'abord une séparation plus nette entre les papers expérimentaux et papers théoriques qu'entre les sous sous-controverses. Certaines ont su se spécifier dans leurs approches (particulièrement les controverses expérimentales), tandis que les controverses théoriques ont eu tendance à se fondre dans les thèmes apportés par Glashow, Amelino-Camelia etc.


cf rubrique «Pourquoi les papers sont ils inégalement relayés?»


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Les sous-controverses : distinction, perméabilité et concurrence

Ce graphe a été obtenu à partir du logiciel Actor Network Text Analyser développé par le médialab de Sciences Po ainsi que Gephi. Il s'agit ici d'appréhender la perméabilité des sous-controverses entre elles ainsi que leur situation : quel espace est occupé par chacune d'elle ?
En haut à droite du graphe sont clairement situés les papers liés à la sous controverse «expérience et corrections relativistes». On retrouve groupés ensemble ceux de Contaldi et Besida, qui utilisent un vocabulaire très particulier lié à la synchronolisation de l'horloge. La publication de Kiritsis est légèrement isolée de cette sous controverse, il dispose aussi de son vocabulaire spécifique, à savoir la relativité, l'effet Sagnac... Autre paper isolé sur le graphe, celui d'Henri, intégré dans la controverse sur le temps t zéro. Cette publication a effectivement utilisé un vocabulaire non repris par les autres papers car la controverse qu'il représente a été coupée nette par la deuxième version de l'article d'OPERA, répondant aux éléments controversés et obtenant finalement le consensus. Ces articles alimentent la controverse expérimentale.
Les publications théoriques occupent les trois quarts du graphe : ce sont effectivement celles qui ont le plus frappé et occupé la communauté scientifique, voire la société. Ils sont reliés aux papers expérimentaux par les articles mélant expérience et théorie, comme l'a fait la collaboration ICARUS. Les articles théoriques laissent moins deviner les sous sous-controverses dans lesquels ils sont intégrés. Ainsi les trois papers (Amelino-Camelia; Cohen et Glashow; Ellis) constituant la sous controverse reliant l'énergie et la vitesse, sont encerclés par la sous controverse sur les théories allant au-delà des théories actuelles. Les grands noms de la science présents dans cette dernière sous-controverse colonisent l'espace. La sous sous-controverse intégrant la mécanique quantique et portée par Brustein reste en marge de la controverse, elle n'a effectivement pas eu beaucoup de relais. La controverse portant sur l'espace-temps représentée par Dvali et Yan est éclatée. Ainsi, ce graphe illustre d'abord une séparation plus nette entre les papers expérimentaux et papers théoriques qu'entre les sous sous-controverses. Certaines ont su se spécifier dans leurs approches (particulièrement les controverses expérimentales), tandis que les controverses théoriques ont eu tendance à se fondre dans les thèmes apportés par Glashow, Amelino-Camelia etc.
cf rubrique «Pourquoi les papers sont ils inégalement relayés?»

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Communiqué du CERN du 23 février

La collaboration OPERA a informé ses organismes de financement et les laboratoires hôtes qu'elle a identifié deux effets susceptibles d'avoir une influence sur la mesure du temps de parcours des neutrinos. Pour ces deux effets, de nouveaux tests, réalisés avec un faisceau à paquets courts, sont nécessaires. Si l'hypothèse est confirmée, l'un des effets accroîtrait l'ampleur du résultat mesuré, et l'autre le diminuerait.
Le premier effet possible concerne un oscillateur utilisé pour les synchronisations GPS. Ce dispositif pourrait avoir conduit à surestimer le temps de vol des neutrinos.
Le deuxième effet est lié au connecteur à fibres optiques qui achemine le signal GPS externe jusqu'à l'horloge maîtresse d'OPERA : ce connecteur pourrait ne pas avoir fonctionné correctement au moment où les mesures ont été prises. Si c'est le cas, cette défaillance pourrait avoir conduit à sous-estimer le temps de vol des neutrinos.
L'ampleur potentielle de ces deux effets est actuellement étudiée par la collaboration OPERA. De nouvelles mesures effectuées au moyen de faisceaux à paquets courts sont prévues pour le mois de mai.

L'évolution du nombre mensuel de publications scientifiques est beaucoup plus linéaire que celle de la production médiatique et sociétale. Cette dernière forme des grands pics concordant avec les annonces importantes, à savoir aux mois de septembre (première publication d'OPERA), de novembre (confirmation des résultats) et de février-mars (GPS mal branché). Il y a donc un décalage entre la controverse dans la société qui n'existe que par soubresauts, et celle dans la communauté scientifique qui se maintient en continu.

LA DECOUVERTE

LA PRODUCTION
SCIENTIFIQUE

Miroir d'une controverse à rebondissements

QUEL AVENIR POUR
LES NEUTRINOS
SUPRALUMINIQUES ?

CARTOGRAPHIE

La controverse aujourd'hui

Annonce de la découverte
de l'expérience OPERA

En mars 2011, OPERA trouve une vitesse des neutrinos supérieure à celle de la lumière dans son expérience entre le CERN et le Gran Sasso, visant à étudier des propriétés fondamentales de la matière. Avant d'annoncer le résultat, de nombreuses vérifications devaient être réalisées. La taille du protocole expérimental a nécessité de nombreux mois, et le 22 septembre, la collaboration annonçait sa mesure à la communauté scientifique. Le 23 septembre avait lieu le séminaire. Ainsi la procédure suivie par OPERA est originale, puisqu'elle déroge à l'habituel comité scientifique censé précéder la conférence de presse. Nombreuses ont été les critiques à ce sujet, se tournant vers la « rigueur scientifique » du groupe. Cela pourrait être du notamment à la pression des organismes financiers. Cette « fuite » dans la presse a ajouté encore au caractère spectaculaire de l'annonce, mais la publication servait d'abord à susciter les réactions et à provoquer des expériences concurrentes.

L'expérience conduite par OPERA n'a pas été réfutée ou soutenue comme un seul bloc, la discussion s'est installée autour de plusieurs points particuliers de l'expérience que nous avons nommés «sous-controverses». Dans certaines des quatre «sous-controverses» que nous avons distinguées, il y a en plus des «sous-sous-controverse». Bien qu'elles aient toutes commencé dans les premiers jours suivant la première publication d'OPERA du 22 septembre, les «sous-controverses» n'ont ensuite pas eu le même écho ni la même importance au fil du temps. C'est la question de la la synchronisation des horloges, qui après avoir été initialement marginalisée, est actuellement au centre des attentions.

Ainsi, à ce jour, la deuxième expérience menée par Icarus, et rendue publique en mars, porte un coup aux résultats. En outre, selon le communiqué du CERN du 23 février, il semblerait qu'une mauvaise estimation du temps de vol des neutrinos soit imputable à deux problèmes : le premier concerne un oscillateur utilisé pour les synchronisations GPS, le deuxième un branchement mal effectué d'un GPS à un ordinateur. Autrement dit, une partie de la controverse semble aujourd'hui se concentrer, à coté d'un aspect purement technique, autour de la «sous-sous-controverse» concernant la synchronisation des horloges. Notons bien que, paradoxalement, cet aspect de la controverse n'avait à présent eu que peu d'échos.

La presse a tôt fait de clamer que les neutrinos n'iraient pas plus vite que la lumière et d'acclamer un Einstein victorieux. Pour autant, de nombreuses questions demeurent sans réponse. En effet, il n'est pas encore prouvé que l'expérience, sans ces erreurs techniques, aurait donné un résultat conforme à la théorie d'Einstein ; l'ensemble du processus expérimental n'a pas encore été vérifié ; toutes les interprétations sont encore possibles. Il s'agit encore de trouver ce qui, dans les conditions expérimentales, a pu produire un tel résultat, avant d'affirmer définitivement son inexactitude. A cette fin, de nouvelles mesures réalisées par la collaboration OPERA devraient probablement sortir à la fin du mois de mai. Par ailleurs, une mesure similaire devrait également être réalisée par le comité de MINOS au Fermilab, dans la région de Chicago. Les résultats devraient nous rapprocher du verdict final concernant la vitesse supraluminique des neutrinos.