La collecte des statistiques ethniques

L’auto-déclaration

L’auto-déclaration a pour caractéristique majeure d'être une déclaration identitaire. Elle est par conséquent subjective et reflète à la fois la façon dont l'individu se définit mais également son intériorisation des représentations le concernant. Elle peut s’effectuer à partir d'une liste fermée, semi-ouverte (s’achevant sur une catégorie destinée à une réponse libre) ou totalement ouverte (aucune liste préétablie). Une question ouverte peut s’assortir ou non d’exemples susceptibles de guider le répondant. On trouve ce type de question dans les recensements américain ou canadien par exemple avec des catégories comme " chinois "," africain-américain ", etc.

Avantage : il est possible d'éviter le cantonnement à des catégories fixes qui ne correspondent pas forcément au ressenti de chacun: il peut y avoir autant de catégories que d'individus.

Inconvénient : les exemples peuvent influencer le répondant. L'information peut être difficile à traiter du fait de la multiplicité des réponses possibles.

La perception directe par autrui

La perception par autrui — ou hétéro-perception — est plus rarement utilisée. Il existe deux méthodes. La première s’opère à vue sur la base du phénotype ou de l’apparence : C’est le cas de certaines enquêtes américaines menées face à face, où l’enquêteur assigne une catégorie ethno-raciale à la personne interrogée. La seconde se base sur la consonance ethnique présumée des patronymes. A chaque fois, le chercheur tente de se mettre à la place du « catégorisant » pour reproduire la logique d’un classement d’après la perception.

Avantage : la méthode donne des informations sur l'essence des discriminations, lesquelles se logent dans le regard d'autrui.

Inconvénient : l'enquêteur recrée une subjectivité artificielle en se mettant à la place du "catégorisant".

Le reclassement a posteriori

Le reclassement a posteriori mobilise des informations d’état civil – comme le pays d’origine ou la nationalité à la naissance- dites « objectives » car elles sont sensées ne pas dépendre des perceptions individuelles. Deux niveaux sont à distinguer : le premier prend en compte l’état civil du répondant et identifie donc les immigrés. Tandis que le deuxième remonte à la génération des parents et permet d’identifier les descendants directs d’immigrés.

Avantage : les renseignements existent déjà et sont plus facilement disponibles.

Inconvénient : l'information demeure moins fiable lorsqu'il s'agit des parents du répondant. Surtout, la nature "ethnique" de ces données est sujette à controverse.

L’affiliation attestée par les pairs

L’affiliation à une communauté attestée par ses représentants officiels est marginale. Elle est pratiquée aux Etats-Unis dans le cas des " tribus indiennes ", qui délivrent des certificats d’appartenance et aussi en Australie dans le cas de l’appartenance aux groupes aborigènes.

L’auto-hétéro-perception

L’auto-hétéro-perception est une technique qui suscite de plus en plus d'intérêt car elle apparaît comme une réponse efficace aux lacunes assignées à l'auto-identification ethno-raciale. Cette méthode consiste à déclarer comment l'on pense être perçu par autrui. La question posée mise donc sur la capacité des personnes interrogées à témoigner des catégorisations qui leur sont infligées dans la vie quotidienne. Elle peut prendre une forme ouverte, à condition d'être formulée clairement et d'être nourrie d'exemples. Elle peut également être fermée et, dans ce cas, la même question est posée successivement sur les origines les plus exposées aux discriminations. D'autre part, la question gagne en pertinence car elle systématiquement circonstanciée (en famille, au travail, devant des agents de l'administration, etc.) et graduée (souvent, parfois, jamais).

Avantage : la méthode offre une nouvelle perspective sur la perception des discriminations.

Inconvénient : faire de la victime l’interprète des représentations qui la visent risque de redoubler son stigmate. Par ailleurs, la qualité de l’information recueillie est discutable puisqu’il existe beaucoup de biais psychologiques. Les informations ne sont pas pour autant erronées mais auront une autre signification que celle a priori attendue.