LE MONDE POLITIQUE

                                             
                                               

Le monde politique a lancé la controverse par la circulaire du 3 Janvier 2006 de Gilles de Robien. Dans cette circulaire, le ministre de l'Education Nationale déclare que la méthode globale ne doit plus être appliquée dans les écoles. Cela provoque des réactions au  sein du monde politique, notamment parce que  les programmes de 2002 affirmaient déjà que cette méthode n'était plus utilisée.


    Les Acteurs:

     - Gilles de Robien, alors ministre de l'Education Nationale


     - Jack Lang, son prédécesseur au poste de ministre de l'Education Nationale


     - Xavier Darcos, ancien ministre délégué à l’enseignement scolaire


    - Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur


    - l'ONL, l'Observatoire National de la Lecture créé en 1996 par le ministère de l'Education Nationale


     - Roland Goigoux, professeur des universités à l'IUFM d'Auvergne, formateur des cadres et inspecteurs de l'éducation nationale.


     - Les Inspecteurs de l'Education Nationale

 



La controverse cristallise des tensions entre des personnalités de familles politiques différentes ou parfois du même bord politique. Le politique est en effet le point de départ de la controverse avec la circulaire de Gilles de Robien de Janvier 2006.

Il ne faut pas oublier que quelques mois auparavant, les banlieues des grandes villes françaises s’embrasaient et qu'à cette occasion, l’école a été remise en cause parce qu’elle n’aurait pas réussi à éduquer ces jeunes. Or, si Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin étaient sur le devant de la scène pendant toute cette crise, Gilles De Robien est peu intervenu.

Ainsi, certaines personnalités politiques comme l’image de Roland Goigoux n’hésiteront pas à  dire que le ministre n’a fait sa circulaire sur les méthodes de lecture que pour recentrer l’attention sur lui et son ministère et tenter de faire une réforme positive pour faire oublier son effacement. Il n’y aurait ainsi aucun fondement à sa circulaire, telle qu’elle est écrite le 3 Janvier 2006 car les programmes de 2002 affirment déjà l’importance du déchiffrage dans l’apprentissage de la lecture.

Cependant, la position de Gilles de Robien va se radicaliser au cours de la controverse: de l’importance du déchiffrage dans l’apprentissage de la lecture, il passe à la défense du retour à la méthode syllabique pure. Il prend pour argument l’augmentation du taux d’illettrisme et de la dyslexie pour justifier la nécessité d’abandonner méthodes globales et mixtes.

Un arrêté du 24 mars 2006 impose l'abandon de la méthode globale au profit de la méthode syllabique dans l'apprentissage de la lecture. Les méthodes à départ global peuvent cependant coexister avec les méthodes syllabiques.

A partir de là, les soutiens scientifiques qu’avaient utilisé Gilles de Robien pour justifier sa circulaire s’expriment : dans « Un point de vue scientifique sur l’enseignement de la lecture », Franck Ramus et dix-huit autres universitaire affirment qu’aucune étude scientifique ne prouve véritablement la supériorité de la méthode syllabique.

De même, une partie des orthophonistes s’expriment pour rectifier certains éléments : la méthode globale n’est pas en cause dans l’augmentation de la dyslexie. D’ailleurs cette augmentation pourrait simplement s’expliquer par un meilleur dépistage de nos jours.

Gilles de Robien doit donc tenir sa position radicale seul.

Dans ce contexte, Roland Goigoux écrit avec Sylvie Cèbe « Apprendre à lire à l’école » : dans ce petit livre, il s’adresse directement aux parents parce qu’il estime que la circulaire et la position défendue par Gilles de Robien ne sont pas respectueuses de la loi et notamment des programmes de 2002.

Ainsi Roland Goigoux a été évincé par le ministre de l’éducation nationale de son poste de formateur à l’Ecole Supérieur de l’Education Nationale le 28 Septembre 2006. Le ministre réaffirme sa position à ce sujet : « C'est comme si un moniteur d'auto-école se comportait comme un chauffard dans une auto-école». Cette éviction à caractère politique a mobilisé de nombreux formateurs en IUFM pour défendre Roland Goigoux. Plus encore, les adversaires politiques de Gilles de Robien ont parlé d’un renvoi « pour non-conformité à la pensée d’Etat » : le parti communiste français n’a pas hésité à évoquer « les heures les plus noires des régimes autoritaires ». Roland Goigoux s’est défendu en affirmant que son livre était destiné à l’apaisement car pour lui la querelle entre méthode globale et syllabique est dépassée depuis longtemps.

Quelques semaines plus tard,  Pierre Frackowiak, inspecteur d'académie dans le Pas-de-Calais, est visé par une procédure disciplinaire de la même façon que Roland Goigoux.

Des personnalités politiques se sont beaucoup exprimées sur le sujet : ainsi, en réaction à Gilles De Robien qui s’était exprimé dans l’émission « Le téléphone sonne » sur France Inter, Nicolas Sarkozy a pris la défense des enseignants en affirmant que le ministre de l’éducation était trop dirigiste et qu’il devait préserver leur liberté pédagogique.

De même, Xavier Darcos a émit des doutes sur l’ingérence de Gilles de Robien dans la pratique des enseignants.

        La controverse est née pour certains parce que Gilles De Robien voulait qu’on parle de lui et de son ministère. Il s’est approprié des recherches scientifiques et des résultats mais les scientifiques ont réclamé une meilleure utilisation de leurs travaux.

Enfin, le tapage médiatique autour de la controverse a permis à des personnalités, à l’image de Nicolas Sarkozy de se positionner et de prendre la défense des enseignants bafoués par le ministre de l’Education.