Un écoquartier est synonyme d’éco-quartier, de quartier durable, et du concept de “eco-neighborhood”. Quand nous utilisons le terme EcoQuartier, nous parlons du label du ministère. Nous étudions plus en avant cette construction linguistique dans la partie de construction du label.
Les premières expériences d’écoquartiers trouvent leur origine dans des initiatives communautaires et militantes d’Europe du Nord. A travers ces initiatives, il y a donc une première mise en forme de ce que peut signifier la durabilité à l’échelle d’un quartier.
En France, la mobilisation du concept de durabilité en matière d’urbanisme vise à proposer un modèle générique de fabrique urbaine. On s’éloigne donc d’une logique militante pour entrer dans une logique de massification des préceptes durables à l’échelle de la ville.
Cela est lié, d’une part, à une évolution de la conscience globale en matière de changement climatique, donc à une adhésion croissante au principe flou de durabilité. Malgré l’imprécision du concept, le rapport Bruntland (1987) articule cette notion autour de trois piliers: la dimension économique, sociale et environnementale. D’autre part, des obligations réglementaires à l’échelle internationale (comme le protocole de Kyoto en 1997), européenne, et nationale, imposent de revoir la façon dont on construit la ville, et à travers elle toutes les échelles qu’elle englobe (le quartier, le bâtiment).
En ce sens, les écoquartiers constituent donc “un outil prometteur dans une perspective de durabilité urbaine” (Tribout, Manola, Ardila, Charre, 2008). Ce sont donc les “laboratoires de la ville durable” (Bonnard, 2010).
Par quels mécanismes la construction des écoquartiers en France participent-ils à la définition du concept de durabilité ?
Ce travail de définition de la durabilité au travers des écoquartiers se réalise dans la controverse. A une vision de la durabilité centrée autour des innovations techniques s’oppose la réalité de la construction et de la vie des écoquartiers français. A une volonté de labellisation pour “encourager les bonnes pratiques” (Franck Faucheux) s’oppose des critiques quant à son utilité. Au label gouvernemental EcoQuartier s’oppose des exemples d’initiatives alternatives qui définissent différemment la construction de quartiers durables. Enfin, étudier un projet clivant quant aux visions de ce que signifie la durabilité, comme le projet Grand Large à Dunkerque, nous permettra de comprendre, en pratique, comment s’orchestre ce travail de définition de la durabilité dans le cadre des écoquartiers français.