Introduction au REDD



La mis e en œuvre du mécanisme de Réduction des Emissions venant de la Déforestation et de la Dégradation : quelle comptabilisation de la déforestation ?

En 2005, le programme Réduction des Emissions venant de la Déforestation et de la Dégradation est proposé : il s’agit de réduire les émissions de carbone venant de la déforestation et de la dégradation, le but étant de stabiliser la concentration atmosphérique de CO2 au niveau aussi bas que possible. REDD +, qui inclut également le renouvellement des stocks de carbone au sein de la forêt, sera choisi lors de la conférence de Copenhague en décembre 2009. Il vise à récompenser la déforestation évitée. Bien que le principe de base de REDD soit assez simple (rémunérer les pays qui réduisent leur taux de déboisement par des crédits carbone ou l’équivalent en argent), de nombreux difficulté se présentent dans le processus de négociation, quant à la mesure de la déforestation, à l’échelle, au financement, mais surtout au niveau de référence ou Baseline, sujet le plus débattu parmi les points controversés, car c’est sur lui que repose l’efficacité du mécanisme ainsi que les récompenses attribuées aux pays. Nous pouvons résumer les questions en 3 points.

Une question technique tout d’abord : quelle est la méthode la plus fiable pour mesurer la déforestation ? De nombreux outils sont disponibles (compas, images satellite, questionnaires adressés aux acteurs…), mais on observe de fortes variations dans les résultats obtenus pour une même zone selon les études. De plus, les pays ne disposant pas tous des mêmes moyens techniques, on peut s’interroger sur la pertinence d’une méthode mise en place à l’échelle internationale sans prendre en compte ces spécificités.

Ensuite, quelles références choisir ? Il est nécessaire d’établir un scénario de référence, ou baseline, pour comparer selon le principe d’additionnalité cette déforestation évitée (ce principe renvoie à une situation sans aucunes politiques de réduction mises en place). Plusieurs possibilités s’affrontent : élaborer un scénario sur une base historique, de manière prédictive à partir de l’évolution anticipée d’un certain nombre de variables-clés, ou définir se baser sur une « crediting Baseline ». Cette question est particulièrement sensible, car elle a un écho financier : les objectifs définis à partir de ces scénarios vont conditionner les efforts que chaque pays devra fournir, et donc leur capacité à recevoir des crédits REDD. C’est ici que se pose une troisième grande question : comment mettre en place la récompense à partir de la baseline choisie ?

Selon les scénarios choisis, il y aura des gagnants et perdants. C’est ainsi que vont s’opposer les acteurs, principalement les pays et leur gouvernement, mais aussi les ONG et associations qui vont jouer un rôle majeur, les industriels qui vont acheter les crédits REDD… Les lobbys sont importants dans la mesure où ils ont déjà pesé sur la définition de la forêt dans le cadre du programme REDD. Les scientifiques, qui apportent les modèles, ont une place-clé. Les indigènes eux, sont acteurs car ils sont directement confrontés à la réalité de ces mesures, et demandent à y être associé; leur mauvaise compréhension par la population locale pourrait nuire à leur efficacité. Il ne faut pas oublier les acteurs non humains comme la forêt et les plantations.

Afin d’étudier cette controverse, nous nous appuierons sur les entretiens réalisés avec les différents acteurs ainsi que sur les papiers qu’ils ont écrit, car cette controverse se manifeste beaucoup à travers les écrits, notamment dans la presse scientifique, et les publications des ONG. Nous disposons aujourd’hui des interviews de Cyril Loisel, coordinateur des négociations, Valérie Merckx ainsi que Arild Angelsen, scientifique, puis d’un membre de l’IDDRI spécialiste des forêts Romain Pirard, de l’économiste Alain Karsenty, du scientifique Xavier Amelot, d’un membre de Good Planet Romuald Vaudry, d’un membre de Greenpeace. En comparant leur points de vue en ce qui concerne des points très précis de la controverse, comme la difficulté ou non de mesurer la déforestation, les scénarios préconisés, ou les autres solutions envisagées, nous obtiendront les différents arguments échangés par les acteurs : scientifiques, ONG, délégation française à Copenhague…