Aucune loi ne contraint à supprimer un compte numérique après la mort du propriétaire des comptes. Facebook reste donc le dernier décisionnaire de l’avenir du profil d’un défunt. Si vous décidez de ne rien faire du compte de Julie (ayant été désigné légataire ou non), celui-ci restera en ligne et deviendra rapidement un fantôme de la toile.
Afin d’éviter toute complication du deuil, notamment en raison des notifications “souvenirs” mises en place par le réseau social, mieux vaut ne pas laisser vivre la page Facebook d’une personne décédée si vous ne souhaitez pas être confronté au rappel de sa mort de manière malencontreuse, ce qui risque d’entacher votre travail d’acceptation de sa mort.
Daniel Bougnoux nous le disait:“Le deuil a cette injonction contradictoire de dire “Oublie moi, quitte moi, ne te laisse pas happer par la mort comme moi, il y a une vie au-delà de ma mort, ne sois pas persécuté par mon fantôme, continue de mener ta vie”.
Magali Montu, membre de l’association d’accompagnement du deuil Dialogues et Solidarité insiste sur l’importance de distinguer le souvenir, nécessaire au deuil, et la négation de la disparition :“Il y a deux éléments : il y a la question de continuer à faire vivre un souvenir, mais ça, pour nous, c'est une pratique de deuil, quelque soit la modalité, qui a toujours existé à notre connaissance et qui continue à exister avec ces modalités là. Par contre, il la faut distinguer avec le fait de continuer à croire, continuer à faire vivre quelque chose qui n'est plus de l'ordre du souvenir mais d'une forme de déni de la disparition”.
Ainsi, on peut résumer le fragile équilibre du deuil par cette phrase de Daniel Bougnoux :“Le deuil est une négociation entre ces deux impératifs contradictoires, c’est l’injonction paradoxale du deuil : oublie moi sans m’oublier, ne m’oublie pas tout en m’oubliant.”