Le sujet de la transition écologique et énergétique est aujourd’hui au cœur des débats internationaux.
Mais si de nombreuses solutions environnementales ont émergé, il n’a jamais été aussi urgent de trouver des fonds pour les financer. Or, mettre en place ces solutions a un coût pour les Etats. C’est donc au cours des années 2000 qu’une question s’enracine dans les négociations internationales, les réflexions d’économistes, et celles des ONG environnementales : comment financer transition énergétique ?
Quand le green bond a germé
Dès 2007, des organismes bancaires internationaux tels que la Banque Européenne d’Investissement ont voulu mettre en place un mécanisme financier à même de pouvoir réorienter les flux vers le “vert”. L’enjeu était de taille : inciter les acteurs économiques (entreprises, collectivités locales, Etats), maillons centraux de la transition énergétique, à financer des projets environnementaux. Et pourquoi pas une obligation “verte” ? Une nouvelle variété d’obligation est émise par la BEI en juillet 2007, permettant aux entreprises, collectivités ou États de financer un “projet vert” : le green bond a germé.
Et il pousse vite. Après la sphère étatique, les collectivités et les entreprises n’hésitent pas à en planter dans leurs champs d’actifs pour diversifier leurs sources de financement. Le green bond a le vent en poupe : sur les six premiers mois de l’année 2017, plus de 32,2 milliards d’euros de green bonds ont été levés dans le monde.
Notre démarche : explorer les racines du green bond
Mais un green bond, qu’est-ce que c’est ? Ce terme est obscur pour les novices de la finance que nous étions au début de l’enquête. Et si on vous présentait cette variété d’obligation non-identifiée telle que nous l’avons nous-mêmes découverte ? Face à cet inconnue, nous nous sommes d’abord demandés à quoi il pouvait bien servir, quelle était son utilité. Puis, comme c’est un outil financier malgré tout, nous nous sommes plongés dans la littérature financière pour savoir si le green bond était rentable pour l’émetteur et pour l’investisseur. Enfin, nous sommes parvenus au cœur du débat en nous posant la question de la légitimité de l’obligation verte : est-ce un véritable levier d’action pour la transition énergétique ? Bonne découverte !
Le green bond qu’est-ce que c’est ?
Nous sommes en 2014. GDF-Suez, géant français de l’énergie, veut construire un barrage hydraulique à Jirau, au Brésil. Mais l’opération est coûteuse : que faire ?
Alors, GDF Suez a l’idée d’émettre un green bond. Elle émet un emprunt sur le marché, s’adressant à des investisseurs qui financeront cette obligation, en échange d’un taux d’intérêt fixe ou variable, appliqué sur toute la durée de vie de l’obligation. Et elle n’a pas choisi cette variété d’obligation au hasard. Spécifiquement utilisée pour un projet à vocation environnementale, financer un barrage qui doit produire de l’énergie renouvelable par une obligation verte tombait sous le sens.
Quelle différence par rapport à une obligation classique ?
Le green bond fait deux promesses. La première, c’est d’allouer les fonds levés pour des projets environnementaux (énergies propres, transports durables, gestion des déchets, réduction de la consommation en eau etc). Ensuite, pour en attester, il promet des informations supplémentaires : l’émetteur se doit d’opérer un reporting, c’est-à-dire de prouver la réalisation effective du projet, et de faire appel à l’expertise d’une “second party opinion”. Ces experts - le plus souvent des cabinets d’audit tels que EY et KPMG - sont chargés de confirmer le respect de la taxonomie des labels tels que le Climate Bonds Initiative (CBI) - qui indique les aspects financiers et environnementaux à respecter, ainsi qu’une obligation de reporting, pour ensuite certifier le “projet vert” d’une entreprise - ou du label Transition Énergétique et Écologique pour le Climat de l’Etat français. Créés en 2014, les Green Bonds Principles fixent, quant à eux, les règles que les émetteurs doivent respecter pour que son obligation soit effectivement “verte”.
Mais qu’est-ce qui pousse des acteurs tels que GDF-Suez à émettre un green bond, et les investisseurs à les financer ? Car oui, comme dans tout projet, il faut que ce soit rentable pour l’investisseur et pour l’émetteur. Pour GDF-Suez, il s’agit de répondre à des exigences de Responsabilité Sociale d’Entreprise et d’atteindre des investisseurs de qualité qui conservent les titres (“buy and hold”). Pour les investisseurs, le green bond permet de verdir leurs portefeuilles d’actifs.
C’est ici qu’un premier problème se pose. Qu’est-ce qui assure les investisseurs que leurs capitaux sont bien alloués au financement de projets réellement verts ?
Le nœud des débats est celui du manque de définition standardisée des critères qualifiant un projet de “vert” et le rendant éligible au financement par un green bond.
Un opportunisme caché ?
Contre ce qui apparaît comme un dysfonctionnement majeur, des voix s’élèvent.
Les premières sont celles des associations environnementales. Elles révèlent sur la scène publique la face cachée du green bond : le risque du greenwashing. Mais qu’est-ce que c’est greenwasher ? Si une définition exacte n’existe pas, ce peut être le fait d’émettre un green bond dans le but de “verdir” l’image de l’émetteur, sans permettre l’accès à l’information sur le caractère environnemental du projet. N’ayant pas publié d’informations claires, GDF Suez s’est ainsi vue décernée le “Prix Pinocchio” de l’association Les Amis de la Terre qui a découvert que son projet vert était trop peu “vert”...
Mais ce sont aussi les économistes spécialistes de la finance qui s’emparent du débat. Ils pointent les failles du marché obligataire vert et le besoin de l’encadrer.
Certification des green bonds : un standard avec des règles partagées ?
Des labels ont vu le jour afin de réguler le marché et produisent une taxonomie des critères de définition des projets verts. Les principaux labels sont le CBI et le TEEC, et les GBP listent également servent également les bonnes pratiques à appliquer. Cependant, ces critères sont-ils suffisamment contraignants ? Les associations telles que Attac France accusent les labels de mettre en place un système bien plus volontariste que réglementaire pour certifier les projets. Entre le vert et le greenwashing, la limite est floue.
Remontons à la surface …
Le green bond est donc une véritable révolution en termes de transparence dans le milieu de la finance. Cependant, le cas de GDF Suez démontre bien la difficulté de légitimer l’émission d’une obligation “verte”. Tout l’enjeu est donc d’allier utilité environnementale et rentabilité, de cultiver la transparence tout en récoltant les fruits du green bond.
Une action est une part du capital d’une entreprise. Détenir des actions signifie être propriétaire d’une partie de la société, et donc bénéficier de droits, tels que le droit de recevoir des dividendes si la société en distribue, ainsi que de participer et de donner sa voix aux assemblées générales d’actionnaires. Le risque est de perdre tout ou partie d’un investissements dans une entreprise en cas de faillite ou selon les variations du cours de l’action.
Les obligations, dont le rendement peut paraître insignifiant comparé à celui des actions, conservent un avantage : la sécurité et la stabilité. De nombreux investisseurs investissent donc une partie de leur portefeuille dans ces obligations.
Les obligations sont des titres de créance. Il s’agit pour les entreprises et les gouvernements d’emprunter de l’argent pour financer leur projet. Les obligations permettent de lever de l’argent les émettant sur le marché financier, et ainsi d’avoir de nombreux investisseurs différents pour réunir la somme nécessaire au financement de ces projets.
Des intérêts sont fixés à un taux déterminé. Une date d’échéance est également fixée, date à laquelle l’émetteur doit rembourser la somme empruntée à l’investisseur.
Contrairement aux actions, le créancier n’a pas de droit sur les bénéfices de l’entreprise. Toutefois, en cas de faillite, il est remboursé avant l’actionnaire. Ainsi, l’obligation est moins risquée, mais ses rendements sont souvent moindres.
Les fonds d’investissement, aussi connus sous le nom de private equity, investissent dans des sociétés qu’ils sélectionnent selon leurs opportunités d’évolution. Généralement, les fonds se spécialisent et définissent une stratégie d’investissement en fonction des objectifs recherchés.
Leur fond est constitué par plusieurs investisseurs, notamment des petits investisseurs qui bénéficient ainsi de l’effet de levier de cette mise en commun. Les montants sont ensuite placés dans différents produits, comme des actions ou des obligations.
L’investissement Socialement Responsable (ISR) consiste à prendre en compte les critères environnementaux, sociaux, et de gouvernance (ESG) dans la gestion financière. Ces critères extra-financiers ont pour but d’appliquer la notion de développement durable au domaine de l’investissement, afin de favoriser une économie responsable.
Plusieurs méthodes existent dans le domaine de l’ISR: la sélection ESG favorise les entreprises qui ont les meilleures notes extra-financières, il est aussi possible d’exclure les entreprises ne respectant pas les normes internationales ou l’exclusion sectorielle pour certains domaines d’activité, ou encore favoriser les investissements dans les entreprises qui œuvrent dans le domaine du développement durable.
Le greenwashing, qui peut être traduit par “éco-blanchiment”, est une technique marketing qui consiste à construire une image écologique de l’entreprise par le biais de la communication. Bien que le greenwashing ait souvent été évoqué pour des spots publicitaires, il peut être retrouvé dans d’autres pratiques. La limite entre greenwashing et positionnement légitime peut parfois être flou. Ainsi, ce terme peut se retrouver appliqué au milieu de la finance, et notamment dans le marché des obligations vertes.
Opérer un reporting, pour un émetteur, c’est le fait de faire un rapport de son activité sur une période donnée afin de communiquer un ensemble de et d’informations. Dans le cas de l’émission d’une obligation verte, l’émetteur se doit d’opérer un reporting détaillant les investissements qu’il fait pour le “projet vert”, c’est-à-dire à quoi il alloue les fonds soulevés. Le but est de prouver que ces fonds sont bien utilisés à des fins environnementales, promesse constitutive de l’émission d’une obligation verte.
Cette note est attribuée par des analystes financiers qui évaluent les actions qu’ils suivent dans le but de donner un conseil pour l’achat et la conservation de ces dernières.
Cette note permet d’évaluer la qualité de la signature de l’emprunteur. Elle permet à l’investisseur de se baser sur une information fiable concernant le risque de ces créances.
Nées il y a une quinzaine d’années, ces agences ont pour rôle d’évaluer et de noter les émetteurs (entreprises, Etats, collectivités) en fonction de leurs pratiques ESG. Elles apportent un autre regard sur les acteurs économiques car ces critères ne sont généralement pas pris en compte par des agences de notation financière classiques. Cependant, les agences ont chacune leurs critères d’évaluation car aucun standard n’existe au sujet du développement durable. Elles s’appuient généralement sur les conventions internationales pour développer leurs méthodologies de notation. Les plus connues en France sont : Vigeo, BMJ CoreRating, Innovest et Ethifinance.
Dans le processus de certification d’un green bond, les second party opinion sont des institutions (des cabinets d’audit le plus souvent) ayant une expertise reconnue en durabilité environnementale qui vont opérer une revue externe du projet, vérifier s’il est conforme à l’ambition initiale, s’il présente effectivement un caractère vert, et si les fonds soulevés par l’obligation ont bien été alloués à ce projet. Leurs examens et leurs rapports sont privés et peuvent être rendus publics uniquement à la discrétion de l'émetteur.
Ce site est le fruit du travail acharné de six élèves du Master Communication, Médias et Industries créatives de Sciences Po. Et ces six novices de la finance en ont fait bien du chemin depuis le début de cette étude ! Du désarroi total face à un sujet méconnu de tous mais qui leur rappelait le douloureux souvenir des cours de finance au premier semestre, au premières approches des green bonds qui les ont perdu dans les limbes des mécaniques financières, en passant par l’épluchage de rapports à n’en plus finir … On était perdu dans l’arborescence.
La carto, c’était des réunions en salle com le vendredi matin, beaucoup de remises en question, apprendre à utiliser Zotero (non, ce n’est pas donné à tout le monde), des conversations Facebook à n’en plus finir, un drive bien rempli, des amis aussi.
Au fil des recherches et des entretiens, incidemment, nous avons pu saisir l'entièreté des débats. Nous ne sommes toujours pas, loin de là, des experts de la finance ! Mais en matière de green bond, ça, on a fini par s’y connaître.
S’y connaître et, à force d’en apprendre davantage, avoir un avis aussi. Alors si un jour vous croisez un de ces petits green bonds, demandez-leur ce qu’ils pensent de la finance verte, ils auront toujours de quoi vous surprendre.
Tiphaine de Geyer d’Orth - tiphaine.degeyerdorth@sciencespo.fr
Arnaud Falaise - arnaud.falaise@sciencespo.fr
Joséphine Lassarat - josephine.lassarat@sciencespo.fr
Juliette Lebourg - juliette.lebourg@sciencespo.fr
Camille Girard - camille.girard@sciencespo.fr
Claire Mariani - claire.mariani@sciencespo.fr
Mais cette aventure dans la finance verte n’aurait pu aboutir sans l’aide de quelques bienfaiteurs.
Nous vous remercions tous et toutes, chers professeurs, pour ce cours de Cartographie des controverses scientifiques. Nous remercions tout particulièrement Nicolas BENVEGNU et Margaret ORAN pour avoir su nous remettre dans le droit chemin lorsque nous étions perdus dans l’enquête, et nous avoir toujours poussé à mieux faire.
Nous remercions très chaleureusement les personnes qui ont accepté nos interviews :
Guillaume HINTZY - Directeur Financements et Trésorerie - SNCF Réseau
Tanguy CLAQUIN - Head of Sustainable Banking - CACIB
Jérôme GUILLET - Managing Director - Green Giraffe
Marc BRIAND - Responsable Fixed Income - Mirova
Jean-Marc TURCHINI - Head of Finance - Engie
Pierre DUCRET - Président de la I4CE, Contrôleur général et Conseiller climat COP 21 pour le groupe Caisse des Dépôts. Avec Maria SCOLAN - Conseillère du Président de la I4CE
Grégoire LUNVEN - Étudiant en deuxième année de Master à Sciences Po Paris
Vos témoignages ont été d’une grande richesse pour notre étude.
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La notion de green bonds étant encore très récente sur les marchés financiers, il n’existe donc quasiment pas de littérature axée sur ce thème très spécifique. Néanmoins, nous avons pu lire des ouvrages analysant de façon plus globale la finance au service de la transition énergétique. Grâce au développement d’une réflexion au long cours, les livres nous ont permis de prendre du recul et de parvenir à une vision approfondie sur la finance verte. Nous sommes ainsi à même de comprendre dans quel contexte les green bonds se sont fait une place sur les marchés financiers.
Alain Grandjean et Mireille Martini. Financer la transition énergétique. Les Éditions de l’Atelier. Ivry-Sur-Seine, 2016.
Novethic
http://www.novethic.fr/
Ce “média spécialiste de l’économie responsable” nous a servi pour les définitions de notions financières. Il contient un grand nombre d’articles abordant les thématiques centrales de notre controverse (les green bonds, la finance et le climat, la finance durable, l’ISR etc).
Site du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/
Ce site nous a été utile puisqu’il contient des articles sur les Green Bonds et la finance verte plus globalement, ainsi que des définitions.
Sites des Labels CBI et GBP et ICMA
https://www.climatebonds.net/
https://www.cbd.int/financial/greenbonds/icma-principles2016.pdf
https://www.icmagroup.org/green-social-and-sustainability-bonds/
Les sites des labels les plus connus et reconnus nous ont permis d’étudier précisément les critères de sélection et d’évaluation a posteriori des “projets verts” dans le cadre de l’une des problématiques centrales de notre controverse : la catégorisation des projets et la quantification de leurs impacts environnementaux.
Ayant désormais acquis des connaissances approfondie sur les green bonds, la presse nous a permis principalement de suivre les dernières actualités en matière de finance verte. Essentiellement sur internet, par essence instantané, les articles sont généralement moins fouillés que sur d’autres sources. Il s’agissait donc pour nous d’effectuer une veille au jour le jour et de repérer ainsi les nouveaux acteurs sur le marché des green bonds. Mais, la presse nous a également permis de cerner de façon simplifiée les différentes forces en présence autour de la finance verte et les critiques qui émanent des observateurs comme les économistes ou les associations.
- « Maxime Combes : « Un tout petit marché, par ailleurs bien pollué de l’intérieur » ». L’Humanité, 12 décembre 2017.
- « Sauvons les derniers tigres ». Avaaz. Consulté le 19 mars 2018.
- « Rampal Coal Power Plant ». Banktrack. Consulté le 19 mars 2018.
- « Pourquoi faut-il une finance durable et soutenable ? | Cairn.info ». Consulté le 23mars 2018.
- « Coal Dodgy Deals ». Coal Banks. Consulté le 19 mars 2018.
- « Dominique Plihon : «Seules 25 % des obligations vertes émises sont certifiées» », 11 décembre 2017.
- « A dull shade of green ». The Economist, 29 octobre 2011.
- S, E. « Les green bonds sont-ils aussi verts qu’ils en ont l’air ? », 3 octobre 2017.
- Pothering, Jessica. « Spanish oil company Repsol’s green bond has critics seeing red ». ImpactAlpha, 11 mai 2017.
- Petitjean, Olivier. « Quand la finance verte détruit l’Amazonie ». Observatoire des multinationales, 12 novembre 2014.
- Le Billon, Véronique. « La quête très incertaine d’un « charbon propre » », 30 octobre 2015.
- Katsomitros, Alex. « Green bonds: thinking strategically about climate change | World Finance ». World Finance, 27 octobre 2017.
- Guez, Hervé, et Mathilde Dufour. « Les Green bonds un lien direct entre financement et projets », s. d., 6.
- Darby, Megan. « Poland to Back UN Climate Deal - If It Can Burn More Coal ». Climate Home News, 6 septembre 2016.
- Cuny, Delphine. « Green bonds : « Il faut encadrer le marché pour éviter le “green washing” » (CACIB) ». La Tribune, 15 décembre 2017.
- Combes, Maxime. « Les « Obligations vertes » ne sont pas si vertes que cela ! » Club de Mediapart, 27 avril 2016.
- Brightwell, Ryan. « How Green Are Green Bonds? » Climate2020, 12 septembre 2016.
- Boyer, Floriane. « Les centrales thermiques au “charbon propre” : écologiques ou non ? » Eco Volontaire International (blog), 4 janvier 2018.
- Boissinot, Jean. « Mettre la finance au service de la société ? » Revue d’économie financière, no 117 (20 avril 2015): 237‑44.
- Whiley, Andrew. « An Oil & Gas Bond We Knew Would Come Eventually: Repsol: Good on GBPs, Not so Sure on Green Credentials ». Climate Bonds Initiative, 23 mai 2017.
- Aitken, Greig. « The Latest Rampal Scandal – Essential Coal Plant Infrastructure Is Tapping Green Bond Cash ». Banktrack, 14 septembre 2016.
- « The dark side of green bonds ». Financial Times, 8 mars 2018.
- « Le label transition énergétique et écologique pour le climat ». Ministère de la Transition écologique et solidaire. Consulté le 23 mars 2018.
- Tulman, Yves. « 2016, l’année de l’essor des obligations vertes - Le Temps ». Consulté le 23 mars 2018.
- « One Planet Summit : la finance au service de l’écologie ? » Consulté le 19 mars 2018.
- « One planet summit - Les 12 engagements #OnePlanet ». Consulté le 19 mars 2018.
- De Perthuis, Christian. « Le vrai bilan du One Planet Summit ». Les Echos, 18 décembre 2017.
- « World Bank Group Announcements at One Planet Summit ». World Bank, 12 décembre 2017
- Fouquet, Ivan, et Baptiste François. « Air de Paris : il faut décarboner la métropole ». Club de Mediapart, 19 mars 2018.
- Litzler, Jean-Bernard. « Selon cette étude, Paris est la ville la moins verte du monde ». Le Figaro, 24 janvier 2018.
- Cugny, Emmanuel. « Le brief éco. Le succès des obligations vertes au profit de la transition énergétique ». Franceinfo, 16 novembre 2017.
- Benoit, Guillaume. « Le marché des obligations vertes décolle enfin ». Les Echos, 16 novembre 2017.
- « 320 millions d’euros empruntés par la ville de Paris - Les Echos », 15 novembre 2017.
- Cuny, Delphine. « La Ville de Paris émet son 2e green bond ». La Tribune, 11 novembre 2017.
- « Paris 100 % renouvelable en 2050, le nouveau Plan Climat de la capitale ». Novethic, 8 novembre 2017.
- « COP21 : Paris, un jour capitale verte ? » Toute l’Europe.eu, 30 novembre 2015.
- « Ce que prévoit le nouveau plan climat de la Ville de Paris », 7 novembre 2017.
- Pecquerie, Marie. « Climat : Paris dévoile sa feuille de route pour réduire d’un ». Novethic, 13 novembre 2015
- “Paris : 800 M€ investis dans la transition énergétique”. Le Parisien, 12 novembre 2015.
- “Ville de Paris: emission sustainable inaugurale” Mairie de Paris, Novembre 2017
- “Comment la Commission européenne veut rendre la finance plus verte”. La Tribune, 8 mars 2018
- “L’Europe invitée à créer un label des actifs verts”. L’AGEFI, 31 janvier 2018
- “Un premier plan européen pour financer les projets climato-compatibles”. Actu-Environnement, 8 mars 2018
Les ouvrages et articles scientifiques nous ont permis de comprendre en profondeur les enjeux financiers et économiques à l’oeuvre derrière le débat sur les green bonds. Ils nous ont été utiles pour comprendre les concepts financiers à l’oeuvre et l’arrière-plan théorique qui sert l’argumentaire de chaque acteur. De même, ces sources comportent souvent des critiques assez fines sur le fonctionnement des green bonds ainsi que des recommandations pour combler leurs manques.
- Jeffers, Esther. « Pourquoi faut-il une finance durable et soutenable ? | Cairn.info ». Consulté le 23 mars 2018.
- Garcia Paret, Carlos. « Adapter les marchés financiers aux changements climatiques | Cairn.info ». Consulté le 23 mars 2018.
- Feix, Marc. « Pierre de Lauzun, La finance peut-elle être au service de l’homme ?. Paris, Desclée de Brouwer, 2015, 217 p. » Revue des sciences religieuses, no 90/3 (1 juillet 2016): 433.
- Gourmel-Rouger, Corinne. « Financement des collectivités locales par les émissions socialement responsables : quelles perspectives ? Cas des régions françaises ». Revue d’économie financière, no 118 (30 juillet 2015): 283‑96.
- Knight, Zoe. « Le développement d’une « finance 2 °C » et l’exemple des green bonds ». Revue d’économie financière, no 117 (20 avril 2015): 155‑74.
- Boissinot, Jean. « Mettre la finance au service de la société ? » Revue d’économie financière, no 117 (20 avril 2015): 237‑44.
- Tordjman, Hélène, et Valérie Boisvert. « L’idéologie marchande au service de la biodiversité ? » Mouvements, no 70 (25 juin 2012): 31‑42.
- « WWF calls for industry standards in the Green Bond market to bolster a sustainable economy | WWF ».Consulté le 23 mars 2018.
- « The New Universe of Green Finance: From Self-Regulation to Multi-Polar Governance by Oren Perez :: SSRN ». Consulté le 23 mars 2018.
- « Finance and the Good Society ». Princeton University Press. Consulté le 23 mars 2018.
- « Beyond carbon pricing: The role of banking and monetary policy in financing the transition to a low-carbon economy - ScienceDirect ». Consulté le 23 mars 2018.
- Berensmann, Kathrin, et Nannette Lindenberg. « Green Finance: Actors, Challenges and Policy Recommendations ». SSRN Scholarly Paper. Rochester, NY: Social Science Research Network, 1 novembre 2016.
- Mandel, James, Josh Donlan, Chris Wilcox, Richard Cudney-Bueno, Sean Pascoe, et Drew Tulchin. « Debt investment as a tool for value transfer in biodiversity conservation ». Conservation Letters 2, no 5 (2009): 233‑39.
- Labatt, Sonia, et Rodney R. White. Environmental Finance: A Guide to Environmental Risk Assessment and Financial Products. John Wiley & Sons, 2003.
- Study on the potential of green bond finance for
resource - efficient investments, Publications Office of the European Union, 2016
- UNEP FI Biodiversity and Ecosystem Service Work Stream (BESWS), Demystifying Materiality: Hardwiring biodiversity and ecosystem services into finance, October 2010
- Laufer, W.S. Journal of Business Ethics, 2003
Les rapports ont été des sources cruciales d’information pour notre controverse, puisqu’ils concentrent les différentes problématiques inhérentes au débat (efficacité, labellisation, greenwashing etc). Bien qu’il faille être vigilant sur les commanditaires de ces rapports, ces derniers nous ont beaucoup servi dans une démarche de théorisation des green bonds. Ils apportent des informations financières très précises sur leur fonctionnement (rapports des agences de notation et des banques) ou leur dysfonctionnement (rapports des ONG et associations).
- WWF, Les obligations vertes doivent tenir leur promesses !, 2016
- Attac France, La « finance verte » est-elle vraiment verte ?, décembre 2017
- Novethic, Règlement du label fond vert, 2014
- Tanguy Claquin, Les obligations vertes: un marché prometteur pour le financement du climat, 2016
- Hervé Guez, Emmanuelle Ostiari, Marc Briand, Chris Wigley, Obligations environnementales et sociales: quels enjeux pour les investisseurs ?, septembre 2014
- Hervé Guez, Mathilde Dufour, Les green bonds, un lien direct entre financement et projets, novembre 2015
- Novethic, Les green bonds vus par leurs acheteurs, 2016
- Caisse des dépôts, Les engagements en matière de transition énergétique et écologique, 2017
- Europlace Paris, Green bonds: l’engagement et l’expertise des acteurs français, 2015
- ICMA, Green bond principles, 2 juin 2017
- Moody’s, Moody’s Green Bonds Assessment Overview, 2017
- Climate bond initiative, Scaling up green bond markets for sustainable developpment, 2015
- HSBC & Climate Bond initiatives, Bonds and Climate change, 2017
- Ministère de l’environnement de l’énergie et de la mer, Obligations vertes de la France, 2017
- Ministère de l’environnement de l’énergie et de la mer, Les obligations vertes au service de la transition énergétique et écologique, 2016
C’est difficile d’étudier le green bond quand on est en Master Communication et qu’on n’y connaît rien à la finance... Dans les premiers temps de notre enquête, nous nous sommes penchés sur la définition des green bonds stricto sensu, et sur l’étude de leur utilité à la fois pour les émetteurs, les investisseurs et pour la transition énergétique en générale, qu’ils sont censés servir.
Cela nous a amené à nous concentrer sur les sources d’information les plus accessibles : celles qui proviennent des acteurs de l’arène financière, notamment les banques et agences de notation. Ces acteurs ont en effet produit un grand nombre de rapports au sujet des green bonds apparaissant en tête dans les recherches sur internet. Or, ceci nous a conduit à écarter les voix discordantes. Celles-ci auraient pu nous aider à comprendre dès le départ que l’idée même d’une finance au service de l’environnement n’allait pas de soi pour beaucoup d’acteurs… Pas facile de faire l’enquête !
En parallèle, nous avons également beaucoup étudié la présence médiatique des obligations vertes, puisqu’ils sont très présents dans l’arène médiatique. Et oui, les green bonds font couler de l’encre ! Nous avons alors constitué plusieurs dossiers de presse autour de cas concrets comme l’émission d’un green bond par GDF-Suez en 2014 pour la construction d’un barrage en Amazonie ayant eu des conséquences néfastes pour l’environnement, ou encore les émissions de la Mairie de Paris en 2015 et 2017.
Après le premier rendu, nous avons compris qu’il fallait creuser davantage. Un nouveau chapitre s’est donc ouvert pour notre enquête. En effet, nous nous sommes alors penchés sur le discours, le rôle et les intérêts des experts (économistes, organismes d’expertise). Ils portent un regard plus critique sur les green bonds et formulent des recommandations pour en améliorer le fonctionnement. Leur regard nous a permis de réorienter notre problématique vers des enjeux plus larges alliant finance et environnement et dès lors mieux comprendre le rôle des green bonds comme outils au service de cette collaboration.
Étudier une controverse, c’est risquer de s’y perdre. Arrivés à un certain degré de précision sur la façon dont se nouaient les débats, et ayant amassé beaucoup d’informations, nous avons failli perdre le fil directeur de notre étude. Il fallait remonter à la surface. La dernière étape de notre enquête a été de replacer toutes nos études sous la problématique centrale de la controverse : les green bonds sont-ils des outils efficaces pour verdir la finance et servir la transition énergétique ? De là est née l’idée d’un titre questionnant la capacité de la finance à se mettre au vert.
Là, c’était l’étape difficile. Ce qu’on avait devant nous, c’était une masse énorme d’informations, de questionnements, de réponses aussi. On devait replacer les débats des acteurs, leurs liens, leurs propos, dans une forme qui semblaient être la plus fidèle à la nature même de la controverse, et à notre étude.
On est d’abord parti du côté paradoxal du sujet de la finance verte en général, des green bonds en particulier : à la fois crucial pour les changements sociétaux appelés par la transition énergétique, et confiné dans la sphère des experts, à la fois solution prometteuse pour mener à bien des projets environnementaux, et recouvrant une réalité beaucoup plus complexe en-dessous de cette image idyllique.
Nous avons donc décidé de cartographier les débats par ... un arbre ! Au-delà du côté champêtre, c’est aussi une manière de donner à voir notre étude de manière structurée.
On fait un petit tour ? À la surface, c’est le paradis, c’est la première impression que l’on a face aux green bonds : des outils financiers d’avenir pour réaliser la transition énergétique ! Puis, on creuse dans les débats, et on descend dans les racines de l’arbre, qui représentent l’arborescence complexe de la controverse, les acteurs et leurs liens. L’arbre, c’est donc un symbole du double visage du green bond : moyen idéal pour verdir la finance, mais aussi outil au service du verdissement d’image par manque de régulation sur le marché. Faire ce chemin vers les racines du débat sur les green bonds, c’était montrer que notre étude permet de passer sous la surface des évidences.
Mais il fallait mettre de l’ordre dans les racines - qui symbolisent les débats, les acteurs et leurs liens - les faire respirer. Alors, on s’est demandé comment nous avions fait nous-mêmes le chemin vers le cœur de la controverse. Nous avons donc cerné trois concepts qui permettent de faire le chemin sans se perdre dans les débats :
- L’utilité : c’est le premier concept qui nous est apparu, car la première question que l’on s’est posée face aux green bonds était de savoir à quoi ils pouvaient bien servir pour l’émetteur et l’investisseur, et s’ils étaient réellement utiles pour la transition énergétique.
- La rentabilité : après ce premier débroussaillage, il a fallu se plonger dans la finance à proprement parler. Car les green bonds restent des outils financiers. Il fallait comprendre en quoi ils étaient rentables aussi bien pour l’émetteur que l’investisseur, pour expliquer l’engouement qu’ils suscitent sur le marché.
- La légitimité : nous sommes enfin parvenus au cœur de la controverse en se demandant si, dans la masse qu’est la finance, les green bonds représentaient les outils adéquats pour la mettre au service de la transition énergétique.
Ces concepts sont ceux qui nous ont semblé traduire de manière la plus fidèle les débats autour des green bonds.
Le premier problème auquel nous avons dû faire face dans le cadre de notre recherche était notre méconnaissance vis-à-vis de la finance et de ses acteurs. Nous avons très vite compris que, comme dans toute étude de controverse, il fallait apprendre à parler un langage particulier, celui des acteurs, et à le comprendre.
Pour nous familiariser avec le sujet, nous avons donc dû, ensemble, faire de nombreuses recherches et les partager avec le groupe pour nous mettre à niveau et mieux comprendre le secteur financier que nous connaissions peu. Cette mise à niveau à été d’autant plus nécessaire lorsqu’il a fallu débuter le travail des entretiens avec les acteurs. Il est nécessaire de montrer une grande maîtrise du sujet lors de nos interactions avec les acteurs ; nous avons donc dû prendre du temps pour nous y préparer (écriture d’un glossaire, définitions etc).
Le propre de ce sujet est qu’il est très confiné dans l’arène des experts. De plus, les green bonds étant des outils financiers nouveaux sur le marché, il est difficile de trouver des informations sur leur naissance. Beaucoup de chiffres sont données, mais peu de choses sont dites sur la manière dont ils ont germé, quand et pourquoi. Nous avons donc dû avancer dans la masse d’information pour établir une chronologie stable et sûre.
Les obligations vertes servant un but tant financier que environnemental, nous nous sommes vite rendus compte que nous avions plusieurs controverses à étudier, et de nombreuses questions à replacer dans les débats. Notre étude a donc dû être plus rigoureuse sur la forme. C’est pour cette raison que nous avons construit le site sur les trois concepts cités, qui rassemblent les parties importantes de notre enquête.
Les entretiens ont tous été préparés au préalable sous forme de tableaux, les questions ont été réparties en fonction des grandes thématiques liées à l’acteur interrogé. Nous avions chacun un rôle précis. Un.e étudiant.e en tant que leader chargé.e de poser les questions, un.e pour analyser avec un esprit critique les propos et poser les questions nécessaires qui n’étaient pas préparées, enfin il y avait un ou des rédacteurs sur le drive.
Les entretiens ont été cruciaux pour notre enquête, car le sujet des green bonds n’est pas encore très médiatisé. Par conséquent, peu d’acteurs se prononcent réellement sur la question. Être au plus près du discours des acteurs grâce aux entretiens nous a permis de passer sous la surface de l’image des green bonds, et en comprendre les enjeux profonds, mais aussi d’y voir beaucoup plus clair.
Bases de données :
Site de la bibliothèque de SciencesPo
Renouvaud
Jstor
Autres :
Zotero : organisation des sources
Google scholar : recherche d’articles scientifiques, de rapports financiers ou d’économistes.
Google actualité : étude de l’apparition régulière de la controverse dans l’arène médiatique, veille sur le sujet des Green Bonds et de la finance verte.
Google Alert : outil de veille sur les sujets des “Green Bonds” et de la “Finance verte/durable”
Vous retrouverez la liste exhaustive de nos sources dans la partie bibliographie.
- Arène médiatique
Information générale sur les green bonds, Interviews et dossiers sur des émissions (Libération, Le Monde, Mediapart etc). Presse spécialisés en économie et en finance (Les Echos, La Tribune etc)
- Arène financière
Rapports de banques (HSBC), de sociétés de gestion dédiées à l’investissement responsable (Mirova) ...
- Arène économique - théorique
Ouvrages d’économistes (Alain Grandjean et Mireille Martini, Financer la transition énergétique), articles scientifiques dans la revue Cairn (, interviews
- Arène associative
Rapports, prise de position médiatique.
- Arène publique
Rapports, prise de position médiatique.
Les green bonds, ou obligations vertes, sont de curieux spécimens. Des obligations, certes, mais ne vous y trompez pas ! Elles en ont sous la feuille.
Le green bond, c’est comme une plante, il a son propre cycle de vie.
Au départ, il y a un cultivateur : l’émetteur. Ce dernier peut être une entreprise, une collectivité locale, ou encore un Etat. Mais le cultivateur, face à l’enjeu de la transition énergétique et écologique, ne peut rester de marbre. Le monde change, il veut changer aussi. Alors, il décide de mener à bien un “projet vert” : développer des énergies renouvelables, construire des bâtiments verts, réduire sa consommation en eau, changer sa gestion des déchets, bâtir un réseau de transports propres …
Mais voilà, un projet de cette envergure, ça a coût. Alors, il a une idée : pourquoi ne pas émettre un green bond ? Il en a entendu parler, c’est une nouvelle variété d’obligation spécialement conçue pour financer des projets contribuant à la transition énergétique.
Mais le cultivateur ne veut pas faire les choses à moitié. Il ne voudrait pas qu’on l’accuse de faire du greenwashing. Alors il décide de faire certifier son projet par des organismes d’expertise : un label d’abord, qui va labelliser son émission comme étant effectivement “verte” au regard de multiples critères environnementaux et financiers, puis une second party opinion, un cabinet d’audit qui va vérifier que le projet vert est effectivement réalisé selon le cahier des charges conçu à l’origine, puis le cultivateur peut solliciter une agence de notation extra-financière qui va le noter en fonction de critères ESG.
Ca y est, le green bond a germé, et il est certifié “green”. Comme pour une obligation classique, il est émis sur le marché obligataire auprès d’investisseurs qui vont apporter des fonds pour financer le projet.
Un investisseur est intéressé par le green bond du cultivateur. Il est bien vert, bien mûr, et labellisé en plus. Il décide alors d’investir dans cette obligation, et passe un contrat avec le cultivateur, mentionnant notamment la date d’échéance de l’obligation, les modalités de remboursement, et les informations sur le projet vert que le cultivateur souhaite réaliser.
Mais c’est pas fini. Le green bond n’est pas un bond comme les autres. Ce qu’il promet, lui, c’est de financer le green, c’est-à-dire des projets environnementaux, et de le prouver à l'investisseur. Pour cela, le cultivateur se doit d’opérer un reporting (rapport d’activité) détaillé à intervalle régulier.
La boucle est bouclée !
“Les green bonds vus par les acheteurs”, Étude de Novethic, Septembre 2016
“Green bonds : vers un nouveau record avec plus de 200 milliards de dollars en 2018”, site de Novethic, 1 février 2018.
“Trimestre record pour les émissions de green bonds”. Les Echos, 1 août 2017.
Le green bond pousse bien, et très vite ! Il remporte en effet un franc succès auprès des émetteurs et des investisseurs depuis quelques années. En voici la preuve en chiffre :
2011 : 3,1 milliards de $ d’obligations vertes circulent sur le marché mondial
2014 : 37 milliards de $
2015 : 40 milliards de $
2016 : 120 milliards de $
2017 : 155 milliards de $ de green bonds.
En 2018, Standard & Poors estime que le marché mondial des green bonds devrait atteindre 200 milliards de $ (30% de plus qu’en 2017).
Au premier trimestre de 2017, la France est en tête des émissions (40% du total).
Au deuxième trimestre de 2017, les émetteurs chinois représentent 21% des fonds levés, les américains 17,9%, et la France est sixième.
En 2016, sur ces 120 milliards de $ de green bonds, 55% des émetteurs étaient des banques multilatérales et des agence gouvernementales, 27% des entreprises, et 18% des banques.
Les green bonds sont au service de stratégies bas carbone, car sur une quinzaine d’investisseurs interrogés par Novethic en 2016, 65% répondent que l’objectif pour eux est de “contribuer à la stratégie environnementale”.
Ce que les investisseurs apprécient ? Pour 65% d’entre eux, c’est le fait qu’ils sont “Equivalents à des obligations classiques”
Les plus reconnus en 2016 sont les Green Bond Principles (65% des investisseurs les utilisent), puis les Climate Bonds Initiative (47%).
En 2016, ils sont 38% à répondre à Novethic qu’il souhaitent plus d’avantages fiscaux. 19% souhaitent que se mettent en place un processus de labellisation.
2007 : Premières émissions d’obligations vertes par la Banque Mondiale et la Banque Européenne d’Investissement
2009 : Conférence de Copenhague sur le Climat où les pays se sont engagés à prendre des mesures pour atteindre l’objectif “2°C” , à savoir, limiter l’augmentation de la température terrestre au-delà de 2°C. Les obligations vertes ont été mises en avant comme solution pour parvenir à cet objectif.
2013 - 2017 : Très forte croissance des émissions d’obligations vertes par les entreprises et les gouvernements. Nous sommes passés de 11 milliards de dollars en 2013 à 160 milliards en 2017.
2014 : Création de la première taxonomie des actifs verts ainsi qu’un ensemble de certification nécessaires à l'émission d’une obligation verte par la Climate Bond Initiative.
2014 : Création du label Green Bond Principles à l’initiative de 4 banques d’investissements (Bank of America Merrill Lynch, Citi, Crédit Agricole CIB, JPMorgan Chase & Co)
2015 : COP21 en France, les obligations vertes sont à nouveau promues et présentées comme des solutions pour lutter contre le changement climatique.
2015 : Suite à la COP 21, la France décide de créer son propre label TEEC garantissant des fonds d’investissements de produits financiers verts pour financer l’économie verte
2016 : Débat autour de la construction d’un barrage à Jirau au Brésil par GDF-Suez qui a été financé par une obligation verte émise en 2014. Ce débat a été rendu public après des accusations de violation de droits humains dans la zone du barrage par le MAB (Mouvement brésilien de personnes affectées par les barrages). GDF-Suez a alors reçu le prix “Pinocchio” par l’association Les Amis de la Terre.
2017 : La Chine devient première émettrice d’obligations vertes dans le monde, suivie de près par la France et les Etats-Unis. A eux trois, il totalisent 100 milliards de dollars d'émissions en 2017.
2018 : Projet de la Commission Européenne de création d’un Écolabel européen pour favoriser l'émission d’obligations vertes à l'échelle européenne
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Parler de l’utilité des green bonds est en effet la meilleure façon de commencer à creuser la surface des débats sur leur vocation environnementale. On apprend alors que c’est un type d’obligation permettant à un émetteur de financer un “projet vert” et qu’il doit assurer en retour aux investisseurs une information claire sur la réalisation effective de ce projet.
Émettre un green bond lui permet de financer un projet environnemental par de nouveaux investisseurs de « qualité », ce que l’on appelle Buy and hold, qu’il n’aurait pas pu atteindre avec une obligation classique. Plus tacitement, les green bonds sont utiles aux émetteurs au titre d’outil de communication leur permettant de verdir leur image.
Il peut avoir une préoccupation environnementale, mais financer les projets verts lui permet principalement de diversifier son portefeuille d’actifs et de le “verdir”. De plus, le green bond est une obligation particulière puisque les investisseurs obligent l’émetteur, à fournir une information claire sur l’allocation des fonds, lui permettant ainsi de contrôler l’utilisation de son argent.
Il est difficile d’évaluer l’impact concret du marché des green bonds sur la transition énergétique. Les associations telles que Attac France se posent notamment la question : est-ce principalement un outil de communication pour les entreprises, un placement rentable pour les investisseurs, ou bien une réelle solution pour réorienter les flux financiers mondiaux vers le “vert” ? C’est un des points de tension centraux du débat sur les green bonds.
Une fois que ces trois problématiques concernant l’utilité des green bonds sont cernées, une question plus épineuse se pose : si ce nouvel outil financier a été créé, il se doit de remplir une exigence de rentabilité. Si l’aspect environnemental du green bond apparaît clairement dans cette première strate de questionnement, il s’agit à présent de comprendre les aspects économiques qui peuvent motiver la finance à se mettre au vert.
Le noeud crucial autour duquel se forment les débats est en effet celui de la légitimité des green bonds comme outils financiers au service de la transition écologique et énergétique. Il existe un risque pour la crédibilité du green bond, pris par les émetteurs au moment de l’émission et pointé par les associations et les experts. La réputation dans cette sanction du marché touche tant les émetteurs, que les contrôleurs (labellisation) et les investisseurs.
Des cas d’émission de green bonds pour financer des projets verts trop peu “verts”, comme celui de GDF-Suez en 2014, ou encore celui du Mexique pour financer la construction d’un aéroport à Mexico City, ont nourri les premiers doutes sur les ambitions environnementales de ce type d’obligation. Les green bonds constituent-ils une solution légitime pour la TEE ou un simple instrument du greenwashing ? Comment définir la limite entre une émission crédible et un verdissement d’image ?
S’il est difficile de donner une définition exacte du greenwashing, il semble qu’il soit rendu possible par un manque de réglementation et de standardisation des critères de définition des projets verts. Experts et associations pointent du doigt ces manquements et amènent le problème sur la scène publique.
Pour pallier le manque de régulation mis en avant par les associations et les économistes, des labels ont vu le jour afin de pouvoir certifier les projets verts en fonction de plusieurs critères environnementaux et financiers.
Mais ces labels sont-ils suffisants pour garantir le “vert” de l’obligation ? Ayant chacun leurs critères de définition, aucune norme unique n’est partagée sur le marché des green bonds. De plus, des associations comme Attac France accusent ces labels d’être trop laxistes sur les exigences environnementales des projets.
Étudier les green bonds, c’est d’abord se confronter à une arborescence financière complexe. Puis, c’est tenter d’aller plus loin que la seule définition du green bond, plus loin que l’étude des ambitions environnementales qu’il a pour but de servir. En creusant, on trouve les racines de débats nombreux, formant un réseau de points de tension autour de ce nouvel outil financier.
Les acteurs, tant de la sphère financière que celle de la transition énergétique, apportent chacun un savoir spécialisé sur un aspect de notre sujet. Cependant, les apports se répartissent selon trois strates de questionnements successifs. Tout d’abord, la partie “Utilité” comporte des avis d’émetteurs, d’investisseurs ainsi que d’intermédiaires. Puis, la partie “Rentabilité” est questionnée par les émetteurs, les investisseurs ainsi que les agences de notation. Et la troisième partie, qui découle des questionnements “Utilité” et “Rentabilité”, rassemble les contrôleurs, les Second Party Opinions, les experts et les associations, ONG. Tous les acteurs seront analysés dans les parties prévues à cet effet.
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Collectivités territoriales
Ministère de l'Environnement
Green Giraffe
CACIB
HSBC
BNP Paribas
SNCF Réseau
Engie
Mirova
Green Giraffe
Agence de notation financière
Agence de notation extra-financière
Second party opinion
CBI
GBP
TEEC
Label EU
Attac France
WWF France
Les Amis de la Terre
I4CE
RJ Schiller
A. Boissinot
A. Grandjean
Z. Knight
E. Jeffers
G. Giraud
OCDE
Mairie de Paris
Les régions Provence-Alpes Côte d’Azur, Nord Pas-de-Calais et Île-de-France (2012)
En France en 2012, pour pallier à un manque de financement, des régions pionnières telles que l'Île-de-France, le Nord-Pas-de-Calais ou Provence-Alpes-Côte d'Azur ont émis des obligations vertes pour financer des projets dans le domaine des transports ou de la rénovation énergétique des bâtiments. Cependant l'accès au marché obligataire n'est pas aisé car souvent réservé aux plus grandes d'entre elles (l'Île de France en a émis déjà 3).
Anciennement nommé Ministère de de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie depuis 2007, il est rebaptisé Ministère de l’environnement, de l'énergie et de la mer, en charge des relations internationales sur le climat en 2016 sous la présidence de François Hollande (2012-2017) avec à sa tête, Mme Ségolène Royal.
Après l’Accord de Paris, le gouvernement, par l’intermédiaire de Mme Royal alors Ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer, se fixe 3 objectifs. Le premier consiste à accroître les financements verts et de supprimer les freins aux investissements verts. Le deuxième est de restreindre progressivement les financements d’actifs fortement émetteur de CO2. Puis, de s’assurer de la compatibilité de tous les flux de financements avec les objectifs de la COP21. Pour concrétiser cette action, la France, en janvier 2017 émet sa première obligation verte souveraine. L’emprunt est de 7 milliards d’euros sur 22 ans. En devenant le premier pays à émettre une obligation verte souveraine, la France tente de confirmer son rôle de leader dans la mise en place des objectifs par l’Accord de Paris en 2015. Les dépenses financées par cette obligation reposent sur des lois votées, des règlements publiés, des dispositions fiscales dans un objectif de transition énergétique et écologique. Grâce à cette émission, le gouvernement français confirme la robustesse de la politique environnementale de la France et de sa position d’actrice majeure dans la finance verte mondiale.
Description
Entretien
Société spécialisée dans le conseil financier dans les énergies renouvelables, elle lève plusieurs milliards d’euros pour financer des projets en énergies renouvelables tels que l’éolien, l'hydrolien ou encore le solaire sans passer par l’utilisation d’obligations vertes.
Selon Jérôme Guillet, Managing Director, les obligations vertes ne sont pas utiles pour lever des fonds pour financer des projets verts. Green Giraffe, n’en utilise pas et réussit à lever des sommes d’argents relativement importantes. Toujours selon M. Guillet, les obligations vertes ne sont que des outils de marketing et de communication sans avoir de véritable enjeux pour la transition écologique et énergétique.
Que représentent pour vous les Green Bonds ?
Les Green Bonds ne servent pas à grand chose, c’est purement du déclaratif. Cela n’apporte pas des fonds, ce n’est qu’une relabellisation après-coup de financements qui ont déjà été faits.
Est-ce que vous trouvez que les labels se multiplient ?
Est-ce que les agences prétendent faire quelque chose alors qu’elles ne font rien ? Il ne faut pas juste dire que des obligations vertes ont été utilisés mais il faut dire si c’est vert ou pas.
Donc les Green Bonds sont du greenwashing ?
Il n’y a pas de secret, il faut vérifier soi-même. On sous-traite l’analyse du risque au lieu de le faire soi-même mais est-ce qu’on peut leur faire confiance ?
Qu’en est-il de Green Giraffe ?
“Nous on fait que des financements de projets solaires ou éoliens donc c’est pas très compliqué ...”
Que pensez-vous des pouvoirs publics dans la régulation ?
Il y a effectivement des avantages fiscaux mais tout ceci est juste pour faire de la publicité donc ce n’est pas efficace.
Le problème, ce n’est pas la finance c’est juste les prétextes. C’est facile de blâmer les banques. Il y a de l’argent pour financer les projets d’énergie. Le financement des énergies renouvelables est possible. Les obligations vertes ne sont pas un nouvel outil, ce sont des instruments financiers qui ne sont parfois même pas cotés en bourse.
Mais j’ai fait des obligations vertes. Ils donnent une bonne image mais ça ne change pas la réalité du fait qu’on a déjà levé l’argent, et ce n’est pas les obligations vertes qui ont aidé à lever de l’argent. Le green bond est juste une question de marketing. “On l’a appelé green bond pour faire un peu de pub”.
Quelle démarche avez-vous utilisé pour les Green Bonds dans vos projets ?
Ce n’est pas moi à proprement parler, ce sont nos clients. Mais on valide avec l’agence Vigeo. Vous pouvez voir la transaction éolienne NEPTUNE 2, du refinancement décembre dernier. Il faut donner des informations sur la transaction, ils acceptent puis ils donnent le label.
Description
Entretien
Née en Mai 2004, le CACIB est la banque de financement et d'investissement du Groupe Crédit Agricole. Depuis 2010, le CACIB a une équipe spécialement dédiée au sustainable banking. C’est cette équipe, avec à sa tête Tanguy Claquin, qui est chargée d’accompagner les clients du CACIB qui désirent investir dans les green bonds, et d’encadrer les transactions entre émetteurs et investisseurs.
L’équipe Sustainable Banking du CACIB est très impliquée dans le développement du marché des green bonds ; elle a notamment (aux côtés des banques internationales Citigroup, JP Morgan Chase et Bank of America) contribué activement à l’élaboration des Green Bonds Principles en 2013. Désireuse d’élargir le marché des obligations verts aux obligations à objectifs sociaux, le CACIB voit plus loin que les green bonds et travaille dores et déjà à étendre ce marché aux obligations sociales (les « social bonds »). C’est dans ce cadre que l’équipe a contribué à la rédaction des Guidances for Issuers of Social Bond. Elle a également travaillé à l’élaboration de « gender bonds » (des obligations promouvant l’égalité hommes-femmes).
Cependant, bien qu’ayant beaucoup travaillé à l’élaboration d’outils d’encadrement du marchés des obligations vertes tels que les Green Bonds Principles, Tanguy Claquin reconnaît la nécessité d’une régulation plus stricte et plus contraignante que les labels aujourd’hui utilisés. Pour lui, en ce qui concerne le marché des obligations vertes, il faut une standardisation des normes, et pour cela, une réglementation à l’échelle européenne est nécessaire, avec une définition précise de ce qui est “vert”.
Retranscription synthétique (cette retranscription est un résumé des propos de Tanguy Claquin et non une interview mot pour mot pour des raisons de droit de communication de CACIB)
Vous êtes en faveur d’un encadrement plus strict du marché des Green Bonds par l’Europe, notamment la Commission européenne qui planche actuellement sur le sujet. Pensez-vous que les labels CBI et TEEC ne suffisent pas pour normer le marché ?
On peut créer autant de labels que l’on veut tant qu’il n’y a pas de réglementation officielle. Cependant, si un label est reconnu par un organisme aussi important que l’Europe, les Green Bonds auront un poids beaucoup plus important sur le marché.
Les labels ont leur vertu, mais ils n’ont aucune valeur réglementaire et aucune reconnaissance internationale. Le label TEEC, lui, est reconnu par l’Etat français, mais ce n’est qu’une petite partie du marché. Il faudrait le faire à l’échelle européenne.
Plus globalement, quand on parle de changement climatique et de transition vers une économie plus favorable à l’environnement, on parle d’un bien public. Ceci signifie que la réglementation ne doit pas être à l’initiative d’un seul acteur.
Vous avez participé à la définition des normes des GBP, vous pensez que celles-ci ne sont pas suffisantes pour réguler le marché des Green Bonds ? Qu’est-ce qu’un label européen pourrait apporter de plus ?
La première chose à savoir est que les GBP n’ont pas d’existence juridique.
Puis, il y a deux raisons pour lesquelles ces principes ne vont pas assez loin :
1) La transition énergétique est un bien public mondial. Ainsi, l’enjeu est celui du maintien de la planète dans un état vivable. La question est donc celle de la légitimité : qui est légitime pour se charger de cette tâche ?
2) Les GBP sont très généraux concernant la définition du “vert”. Et ceci est, dans un sens, normal. En effet, ce sont principalement des banques qui ont participé à la définition des normes. Or, elles n’avaient pas la légitimité pour définir précisément ce qui est “vert”. Au contraire, un groupe d’Etats comme l’Europe est légitimé à le faire.
Certains acteurs financiers tels que Jean-Marc Turchini, directeur du Corporate Finance chez Engie, pensent que le fait qu’il n’y ait pas de régulations contraignantes en vigueur sur le marché des Green Bonds est une bonne chose, car une régulation trop stricte pourrait décourager les émetteurs. De même, Guillaume Hintzy, Group Treasurer - Executive Director Financing & Treasury, estime également que ce n’est pas à l’Etat d’intervenir et que des mécanismes d’incitation de marché pourraient suffir pour réguler le marché des Green Bonds. Qu’en pensez-vous ?
Dire que l’Europe doit mettre en place un label pour les Green Bonds ne veut pas dire que l’Etat ait à être dur et à réguler au point d’être nuisible à la croissance du marché. Il y a des manières souples pour réglementer le marché et tout un panel d’actions possibles pour ce faire.
Pour les émetteurs, que représente Jean Marc Turchini, il est effectivement moins avantageux que l’Etat régule à trop forte raison le marché des Green Bonds. Mais pour CACIB, en tant que “arrangeur de transactions”, il est important d’avoir un cadre.
En effet, sans cela, le marché restera édulcoré. Or, dans ce marché, c’est bien la qualité qui permet la quantité. Autrement dit, plus il y aura des opérations ambitieuses sur le plan environnemental, plus d’autres acteurs voudront les copier. Au contraire, si on baisse la qualité, on désincite à entrer sur ce marché.
Vous mentionnez le fait que l’Europe devrait se saisir de la définition des projets verts éligibles pour l’émission d’un Green Bond. Quels critères de définition sont manquants aujourd’hui selon vous ?
Principalement des critères concernant la qualité de la documentation, du reporting, mais aussi la définition des types d’actifs.
Les émetteurs sont parfois accusés publiquement, notamment par des associations telles que Attac France très virulente à ce sujet, d’émettre de GB dans le but de faire du greenwashing. Mais il est difficile de définir ce qu’est réellement le greenwashing. Quels sont selon vous les critères pouvant définir le greenwashing dans le cadre de l’émission d’un Green Bond ?
On parle de greenwashing quand on ne peut pas démontrer que les projets financés ont un impact environnemental significatif.
CACIB est intervenu lors de l’émission du Green Bond d’Engie (anciennement GDF Suez) pour la construction du barrage de Jirau au Brésil, qui s’est avérée catastrophique pour l’environnement et pour la population. Comment est-ce possible selon vous ? Est-ce que cela ne discrédite-t-il pas le CBI ?
Attention, le projet n’a pas été certifié par le CBI.
C’est le gouvernement d’un Etat démocratique, celui du Brésil, qui a décidé que la transition énergétique dans son pays passerait par l’hydraulique. Ce projet a eu des impacts environnementaux et sociaux dommageables sans doute, mais qui avait surtout une vraie vocation environnementale. C’est donc une question compliquée.
Dire que l’émission d’un Green Bond a mené à ce projet “catastrophique pour l’environnement”, est une simplification de la réalité.
Finalement, la question qu’il faut poser aux détracteurs de ce projet est celle de déterminer quelle énergie le Brésil doit utiliser pour opérer sa transition énergétique. Le charbon, le nucléaire, ou l’hydraulique ? Le choix démocratique du Brésil a été l’hydraulique, mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire attention aux impacts sociaux et environnementaux de ce type de projet.
Par ailleurs, dans ce projet, tout a été fait de manière parfaitement transparente. Il a été présenté publiquement. C’est quand une ONG (Les Amis de la Terre) a lancé une campagne que l’opération a été pointée du doigt.
Ce qui est dommageable, c’est que les projets hydrauliques ne font plus l’objet de l’émission de Green Bonds depuis cette polémique, car le risque de controverse dans ce secteur est trop grand. Pourtant, des projets mériteraient d’être financés par des Green Bonds, notamment dans les pays en développement.
ENSEIGNEMENTS POUR L’ENQUÊTE
Créer un label à l’échelle européenne serait une manière de donner aux Green Bonds beaucoup plus de poids sur le marché obligataire. En effet, les labels, s’ils sont efficaces dans une moindre mesure, ne sont pas reconnus à une large échelle.
Il ne faut pas opposer régulation par l’Etat et autorégulation du marché : des actions souples peuvent être menées afin de corréler une plus grande régulation et la croissance du marché lui-même.
Sur le marché des Green Bonds, c’est la qualité du projet, la transparence de l’information, qui fait la quantité. Cette qualité est constitutive du succès des Green Bonds comme nouveaux outils financiers. C’est en ce sens qu’une plus grande régulation du marché par l’Europe est souhaitable.
Concernant le cas de l’émission d’un Green Bond par GDF-Suez pour la construction du barrage de Jirau au Brésil, il faut bien noter que ce projet a eu des impacts dommageables, mais qu’il avait une réelle ambition environnementale. De plus, il s’inscrivait au cœur d’un choix démocratique : celui du gouvernement brésilien qui a fait le choix d’opérer sa transition énergétique par le biais du développement de l’énergie hydraulique.
HSBC est une banque mondiale et un des premiers groupes de services bancaires et financiers. Fondée en 1865, HSBC compte un peu moins de 4000 agences dans le monde et est présente dans 67 pays.
HSBC a publié plusieurs rapports sur la finance durable et les obligations vertes. Elle a un intérêt pour les actifs verts en général, qu’elle trouve rentable. Dans ses rapports, la banque n’hésite pas à souligner “l’appétit global pour l’investissement” tout en gardant une vision critique sur le mode de fonctionnement. Comme par exemple, le reporting qui est jugé insuffisant par HSBC. Pour que les obligations vertes soient rentables, il faut que les émetteurs aient envie de rentrer dans ce marché. Afin que le marché grandisse. Mais, sans un reporting efficace les investisseurs peuvent refuser un projet.
En 2015, HSBC a émis son propre green bond d’un montant de 500 millions. Ce green bond était dans le but de financer “des projets éoliens, solaires, liés aux « réseaux intelligents », ou au recyclage des déchets en Europe et en Afrique”. Dans le mesure où HSBC défend la labellisation des obligations vertes, elle est membre de la Climate Bond Initiative.
BNP Paribas considérée comme la plus grande banque française, elle est le 5ème groupe bancaire international. Elle est présente dans 74 pays.
BNP Paribas a adopté les green bonds dans son groupe. Elle publie des rapports sur sa rentabilité et a mis en place le Green Bond Committee. Dans une logique de surveiller les projets verts, cette initiative permet, par exemple, de valider les reporting pour les investisseurs. BNP Paribas croit en la rentabilité des obligations vertes. Cependant, pour les green bonds soit émis, il faut que les investisseurs soient convaincus de la pertinence des projets. C’est pour cela que BNP Paribas participe à cette vérification afin que le marché devienne plus dynamique et pour inciter les entreprises à utiliser des obligations vertes.
Description
Entretien
SNCF Réseau est né le 1er janvier 2015 et regroupe le Réseau ferré de France, SNCF Infra et la Direction de la circulation ferroviaire. C’est une entreprise de gestion et de maintenance des réseaux ferrés de France. C’est l’un des trois établissements publics à caractère industriel et commercial qui compose la Société nationale des chemins de fer français.
SNCF Réseau a voulu participer au mouvement de financement socialement et écologiquement responsable en émettant des obligations vertes. L’entreprise tente de définir des standards exigeants en matière de financements verts. Son programme d'émission de green bonds bénéficie de l'accréditation Green Bond Principles délivrée par l’agence de notation extra-financière Oekom Research ainsi que de la certification Climate Bond Initiative.
Selon M. Hintzy, Directeur des financements et de la trésorerie chez SNCF Réseau, l’entreprise s’est tournée vers les obligations vertes car SNCF Réseau est une entreprise naturellement verte dans la mesure où le transport ferroviaire occupe moins d’espace que d’autres moyens de transport tels que les autoroutes et pollue moins. De plus, l’entreprise a souhaité accompagner les efforts entrepris et planifiés lors de la COP21 en 2015 par le gouvernement et qui a encouragé les entreprises françaises, privées ou publiques à participer au développement de projets verts.
C’est en cela que SNCF Réseau souhaite apparaître comme l’un des pionniers français du développement d’infrastructures positives pour l’environnement et l’avenir de la planète. Le green bond se place aussi comme un outil de démonstration et de communication pour SNCF Réseau.
Enfin, l’utilisation d’obligations vertes est également une stratégie financière de la part de l’entreprise car elles apportent un degré de diversification géographique et permettent de toucher des investisseurs alors inconnus et ainsi créer de l’attraction sur le marché. Le nombre d’investisseurs sera alors plus important.
Pourquoi la SNCF émet-elle autant de Green Bonds ?
La SNCF en émet beaucoup tout d’abord parce qu’elle le peut. Elle a en effet un fort potentiel en projets éligibles au titre de “projets verts”. Ils correspondent à ce que nous avons qualifié de projet vert au sein de notre programme Green Bond. Le volume de projet réalisé chaque année par la SNCF Réseau correspond à environ 1,5 Md d’euros par an. Ce montant d’investissement est important, en effet nous investissons en moyenne 3 à 3,5 Md par an, ainsi 50 % de ces investissements sont alloués au programme GB.
Pourquoi vous avez choisi d’émettre des GB plutôt que des obligations normales?
Nous émettons également des obligations normales, entre 4 à 5 Md d’émissions chaque année. Désormais une partie de ces émissions est financé en Green Bond.
La première raison pour laquelle la SNCF s’est tournée vers les Green bonds est qu’elle est une entreprise naturellement verte. En effet, le transport ferroviaire occupe moins d’espace que d’autres moyens de transport tels que les autoroutes, pollue moins. En terme de nuisance sonore c’est également un moyen de transport moins nocif que la route ou l’autoroute. Pour vous donner un chiffre, le transport ferroviaire correspond à 10 % du total des frets au niveau français mais émet seulement 1 % de gaz à effet de serre. C’est donc une activité qui permet de faire des économies de CO2.
La deuxième raison est que la SNCF, entreprise publique, a souhaité accompagner les efforts entrepris et planifiés lors de la COP21 en 2015 par le gouvernement. La France a souhaité que les entreprises françaises, privées ou publiques, les agences de l’État accompagnent l’effort engagé par l’État dans le cadre du développement des financements verts notamment.
Concernant la troisième raison, nous voulions faire la démonstration, d’un point financier, que les financements que l’on levait étaient destiné à des infrastructures positives pour l’environnement et l’avenir de la planète. Ainsi le Green Bond est aussi et surtout un instrument de communication.
Enfin, la dernière raison est purement financière : les Green Bonds apportent de la diversification géographique, permettent de toucher des investisseurs que nous ne pouvions toucher jusqu’à présent, il s’agit d'investisseurs « qualité », ce que l’on appelle Buy and hold, de long terme, à la différence des investisseurs spéculatifs. Les Green Bonds permettent également de créer de la traction sur les marché. Nos émissions de Green Bonds se sont toujours mieux passé que nos émissions classiques. Lorsque l’on parle de traction il s’agit d’une demande de financement vert, plus forte que l’offre de financement verte. En effet lorsque l’on émet un financement vert, le nombre d’investisseurs sera plus important que l’offre.
Comment analysez-vous cela ? Est-ce que c’est plus attractif parce que ça paraît plus rentable ?
La demande est de plus en plus forte aujourd’hui. De plus en plus d’investisseurs se mettent au financement vert. Soit on a introduit dans leurs critères de sélections, des aspects verts, des contraintes ESG, soit des investisseurs ont crée des fonds dédiés. De l’autre côté l’offre n’a pas suivie. Le volume d’investissement est plus important que l’offre des titres green.
Vous avez créer une méthodologie novatrice de calcul d’impact environnemental en collaboration avec Carbon 4. Quels sont vos critères de quantification et de mesure dans cette méthodologie en terme d’externalité positive sur l’environnement ?
Plusieurs indicateurs : premier indicateur est peut-être le plus important ce sont les impacts carbones de nos projets. Les émissions de gaz à effet de serre qui sont évitées grâce au transport ferroviaire, constituent l’indicateur principal. Mais il n’existe pas que cet indicateur là, comme vous pouvez le voir dans le rapport de reporting green bond publié en 2016. Le premier indicateur est le gaz à effet de serre, le deuxième c’est la protection des ressources, la part de rails employé, le volume de trajet qui sont valorisé, le nombre d’hectare compensé, le nombre de passage à faune. Ces indicateurs ont été indiqué dans le green bond framework, programme qui a été présenté aux investisseurs et qui encadre notre programmes green.
Pourquoi les émissions de gaz à effet de serre constitue notre indicateur principal ? C’est celui qui est le plus regardé par les investisseurs. Notre programme est véritablement concentré sur le climat.
Il existe différentes certifications disponibles pour les émetteurs, notamment les Green Bond Principles et les Climate Bond standard. Nous sommes sûrement l’un des rare émetteur au monde à être doublement certifié. Les critères de la Climate Bond sont plus restrictif que ceux des Green Bond principles. C’est plus compliqué d’être certifié CBI que GBP, et comme nous voulions être exemplaires nous avons décidé de travailler aussi avec la CBI. La CBI est essentiellement centrée sur des sujets climatiques et notamment les émissions de CO2.
La méthodologie développée avec Carbon 4, est dédiée à l’impact carbone, aux émissions de CO2 évitées. Comment on fait pour calculer ces émissions de gaz à effet de serre ? Notre logique est, ce qui n’est pas le cas de tout les émetteurs, lorsque l’on reporte ce n’est pas uniquement sur les émissions de gaz à effet de serre évitées mais on tient compte de la durée de vie totale du projet. On étudie l’intégralité du cycle du projet, du premier jour de la construction jusqu’à la fin de l’exploitation. En effet, lorsque vous construisez une ligne, vous émettez du CO2, par exemple un tunnel, le béton émet massivement du gaz à effet de serre. Construire, cela émet de fait du gaz à effet de serre. Ensuite, pendant la période d’exploitation, le fait de créer une ligne ou de la rénover va permettre un report modal positif depuis la voiture, émettrice de CO2 vers le rail, par exemple. Cela va avoir un impact positif, on va réduire globalement les émissions de gaz à effet de serre du secteur transport, grâce à ce transport modal entre la route et le rail. Donc on tient compte la fois des émissions de gaz créées, évitées et l’on réalise un bilan global. Grâce à la méthodologie développée avec Carbon4 on a démontré que la neutralité carbone d’un renouvellement de voie prend trois ans environ. On va émettre et il va falloir trois année d’exploitation pour neutraliser ces émissions de gaz à effet de serre créée. Chaque année supplémentaire au-delà de trois ans, ce n’est que du bonus, ce sont les émissions de gaz à effet de serre évitées. Le bilan globale des centaines de millions d’euros dépensé sur le renouvellement en 2016 ce sont des émissions de émissions de gaz à effet de serre évitées pour un montant de 2,7 millions de tonne de CO2.
La neutralité carbone des projets de voie nouvelle, quant à elle, est plus longue il faut sept ans pour y arriver. On emploie plus massivement du béton lors de la construction ainsi le temps de neutralité plus long. Point important car tout les projets de Green Bond n’ont pas la même démarche et ne tiennent pas compte du cycle de vie total du projet. Certains émetteurs de Green Bond ne font de reporting sur les émissions évitées que lors de la phase d’exploitation. Par exemple, dans le cas d’une éolienne, ces émetteurs ne vont pas tenir compte des émissions de gaz à effet de serre lors de la construction de l’éolienne, qui incluent par exemple la construction, les transports si l’éolienne n’est pas produite en France etc. Tout cela est pourtant générateur de CO2. Nous avons fait le choix à ce niveau d’être exemplaire et de bien prendre en compte les plus et les moins de chaque projet.
De nombreuses associations et économistes pointent le risque du greenwashing concernant l’utilisation des Green Bonds car il n’existe pas de norme standardisé à part les labels qui ont leur normes propre. Que répondriez-vous à cela ? Le GB serait principalement un outil marketing ?
La meilleure preuve, concernant la SNCF, que les Green Bonds ne servent pas au greenwashing c’est la transparence du reporting et les chiffres qui sont donnés. En ce qui nous concerne, nous nous basons sur une méthodologie développée avec un acteur externe, Carbon 4, cabinet externe largement reconnu. La correcte application de cette méthodologie est ensuite validée et certifiée par KPMG un auditeur indépendant. Je pense que l’on fait ainsi la démonstration que le Green Bond ce n’est pas du greenwashing.
Ensuite, il est vrai que le Green Bond est un outil de communication, marketing. Une des raisons pour lesquels nous nous sommes lancé dans les Green Bonds, c’est que l’on veut démontrer que nous sommes une entreprise verte.
De plus, le Green Bond représente un avantage additionnel pour SNCF Réseau. Pour pouvoir émettre un Green Bonds, il est nécessaire d’emporter l’ensemble des directions opérationnelles : maintenance et travaux, développement du réseau, développement durable afin que tout le « top management » soit prêt à s’embarquer dans cette aventure. La direction général et la présidence de l’entreprise sont totalement convaincus par cette démarche et ce programme Green Bond car il insuffle aussi de nouvelles contraintes positives au sein de l’entreprise. Le service du développement durable est d’ailleurs en train de développer un outil de calcul destiné aux équipes opérationnelles afin de comprendre l’impact des projets sur le climat. L’impact de l’ensemble des projets d’investissement doit être pris en compte dans les décisions d'investissement de l’entreprise.
Le programme green bond dépasse donc la seule sphère financière et participe à une démarche engagée par l’entreprise, par le développement durable, le RSE afin de pouvoir faire progresser l’entreprise dans ces domaines là. L’objectif est aussi de démontrer aux acteurs publics comme privés, mais avant tout publics de l’avantage du ferroviaire pour le climat. Notre but est que demain, lorsque les acteurs publiques réfléchiront à la politique d’aménagement du territoire, à l’affectation de ressources aux différents acteurs, ils essaient plutôt de subventionner des acteurs écologiques plutôt que la rénovation d’autoroute, ou la création de nouveaux aéroports. Les Green Bonds sont un moyen nous permettant de mettre en place ces outils ayant un impact sur le choix des investissements, et sur les décideurs publics afin qu’ils réallouent une partie des subventions du secteur des transports plutôt au secteur ferroviaire qu’à la voiture ou l’aérien.
Nous pensions que vous alliez parler du projet de GB d’Engie qui a servi à la construction d’un barrage en Amérique du sud, qui s’est averé être destructeur pour l’environnement et les populations. Ils ont écopé d’un prix Pinocchio.
La question du greenwashing est essentielle, certains exemples le prouvent, comme l’émission par Repsol, pétrolier, espagnol, d’un Green Bond ayant obtenu une certification délivrée par Vigeo. À priori tout était en règle sauf que l’ensemble de la profession a considéré qu’il s’agissait d’un cas de greenwashing.
Finalement, concernant les Green Bonds, la tendance est plutôt bonne, mais il manque une taxonomie, qui soit partagé par tous, secteur par secteur, sur la base des recommandations du CBI. Tant que l’on aura pas cela on aura du mal à séparer le bon grain de l'ivraie, comme dirait l’autre. Alors on progresse car tout cela prend du temps, ce sont des processus transversaux, multi-nationaux, qui emportent beaucoup d’acteurs, ayant tous des intérêts différents. Vous le savez sans doute la commission européenne a lancé un groupe d’expert de haut niveau sur le climat qui a remis ses recommandations il y a quelques semaines et parmi celle-ci il y a le fait de mettre en place une taxonomie, une classification entre ce qui est vert et ce qui ne l’est pas au niveau européen, notamment sur la base des CBI.
On est sur un marché qui a été crée il y a assez longtemps, 10 ou 15 ans mais qui a explosé vraiment depuis 2012, qui est donc tout neuf. Il faut ainsi se laisser un peu de temps. Il ne faut pas qu’à cause du greenwashing constaté parfois, se dire que ces financements verts sont inutiles. Il faut essayer de développer le marché, essayer de mettre un certain nombre de barrières, de critères qui permettent d’encadrer ces financements verts et d’assainir ce marché. Pour cela il faut définir un certain nombre de principes. Nous avons deux priorités principales dans nos principes, en premier la transparence et en second la standardisation. Concernant la transparence, il s’agit pour nous de remettre un rapport chaque année, certifié par KPMG, totalement indépendant de l’entreprise, qui validera la correcte allocation des fonds à des projets éligibles, tels que définis dans le programme Green Bond de 2016 de SNCF Réseau. Ils ont également validé la politique de gestion des fonds (p.27 du reporting) : la SNCF a fait en sorte que l’intégralité des fonds levés grâce aux green bonds, avant qu’ils ne soient alloués à des projets, soient investis sur des produits financiers qui sont eux-mêmes des produits verts.
Il y avait donc trois choses : 1) Allocation des fonds, 2) Politique de gestion des fonds, 3) Correcte allocation de la méthodologie.
Pour démontrer l’absence de greenwashing, on a estimé que les méthodologies qui existaient n’étaient pas suffisantes compte tenues des problématiques qui étaient posées par les investisseurs. C’est la raison pour laquelle on a décidé de développer une méthodologie spécifique avec Carbone4. Cette méthodologie est assise sur trois principes très simples : la durée de vie totale du projet, pas de double comptage (risque de faire un reporting sur la même chose avec d’autres entités comme l’Etat, les collectivités etc), l’évolution du mix énergétique.
Donc on avait vraiment ces deux préoccupations : transparence et standardisation. Et ces trois grands principes là peuvent être faits dans n’importe quelle industrie, le ferroviaire, l’éolien etc.
Vous dites que vous prenez en compte le début et la fin du projet, est-ce que vous prenez en compte également la façon dont l’électricité est générée ?
Oui, justement, quand je parle de “mix énergétique”, ça prend en compte ce facteur. La France a un avantage sur ce mix énergétique qui est que l’électricité est majoritairement produite par le nucléaire et donc fortement décarbonée.
Et le nucléaire et les déchets qui sont produits etc, est-ce que cela peut apparaître dans vos rapports ?
Non, on n’en tient pas compte tout simplement parce que cela n’est pas de l’ordre de notre business et que l’on serait incapable d’avoir des informations là-dessus. Tout d’abord parce que cela ne génère pas de carbone donc ce n’était pas au centre du sujet CBI. Mais il faut aussi éviter le double comptable dans le reporting à tous les niveaux. Nous sommes en deuxième rang c’est-à-dire que nous sommes utilisateurs. C’est donc sur notre activité industrielle que nous allons reporter, c’est-à-dire le fait de faire fabriquer des railles, de les utiliser, de construire des tunnels etc. On ne reporte pas sur les effets positifs ou négatifs des activités industrielles de rang 2 ou 3, c’est-à-dire qui vont nous précéder ou nous suivre.
Beaucoup d’économistes tels que A. Grandjean mettent en avant la nécessité que l’Etat mette en place une régulation beaucoup plus stricte. Etes-vous plutôt en faveur de cette régulation de la part de l’Etat ou de la multiplication des labels ?
C’est beaucoup plus une question philosophique. La France a pris une longueur d’avance parce que, justement, nous sommes centralisateurs, notamment avec les injonctions qui sont parties du sommet de l’Etat lors de la Cop21, avec le TEEC, l’article 173 etc. Pour autant, il y a des pays qui sont aussi avancés que nous voire plus avancés comme les Pays-Bas, un pays en pointe sur ce sujet là, qui n’ont pas eu besoin de centralisme. C’est donc plutôt une question de culture. Si je vous répondais je vous donnerais donc plutôt mon opinion personnelle. Mais je pense qu’on n’en a pas toujours besoin, et des pays arrivent à faire la démonstration qu’avec des mécanismes d’incitation de marché intéressants on arrive au résultat auquel on souhaite arriver. Je vais prendre un exemple : le Green Supporting Factor, qui propose que les règles prudentielles adoptées par Bâle III tiennent compte du caractère vert d’une entreprise ou de ses investissements. Par exemple, si un investisseur souhaite investir dans une obligation verte SNCF Réseau, il sait que cette obligation finance du climat et donc on va lui demander une charge en capital et un taux de fonds propres moins importants que pour la même obligation classique de la SNCF Réseau. Le Green Supporting Factor va donc mettre un facteur de “support” vert au sein des règles Bâle III de telle manière à améliorer le traitement prudentiel des investissements verts.
Pour revenir à la question, si on fait cela, on n’a pas besoin de contraindre les gens, car on crée un élément incitatif : les investisseurs vont acheter plus d’obligations vertes dans la mesure où la charge en capital est moins forte, donc il y aura plus d’entreprises qui se mettront à émettre.
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Entretien
Engie est un groupe industriel et fournisseur énergétique français. Le groupe est né en 2008 de la fusion entre Gaz de France, transporteur et fournisseur de gaz naturel et de Suez, ancien leader mondial dans le domaine du gaz, de l’électricité et de l’environnement.
Engie a émis sa première obligation verte en 2014 et continue jusqu’à aujourd’hui. Pour émettre ses obligations vertes Engie reçoit l’accréditation Green Bond Principles par l’agence extra-financière Vigeo et fait appel à un cabinet d’audit externe, KPMG qui fait un bilan des critères ESG et RSE du projet ciblé et de l’entreprise en elle-même. Selon Jean-Marc Turchini, Head of Corporate Finance, l’utilisation de green bond répond à un besoin pour Engie, de transition écologique et énergétique. Il accompagne un mouvement de société car la production d’énergies fossiles va devenir plus difficile et plus cher. C’est un bon moyen pour financer des projets de production d’énergies renouvelables.
En émettant des obligations vertes pour financer des projets vert, Engie essaie d’adopter une stratégie financière et industrielle responsable. En effet, toujours selon M. Turchini, l’entreprise s’assure de financer des projets qui répondent à des critères verts préalablement définis par les labels.
De plus, le green bond permet à l’entreprise de rencontrer de nouveaux investisseurs sur le marché obligataire et ainsi trouver plus facilement des financements.
Selon Jean-Marc Turchini, l’utilisation de green bond coûte plus cher que les autres obligations car il y a des frais à prendre en compte. En effet, ils existent des frais d’avocat, d’intermédiation bancaire, des frais occasionnés par la labellisation ainsi que des frais externes. Pour Engie, les green bonds ne sont pas vraiment rentables car les conditions ne sont pas différentes des obligations traditionnelles. Néanmoins, ce marché a apporté une diversification des investisseurs et une dynamique d’offre et de demande. Pour Engie, les green bonds sont un marché comme les autres avec tout simplement une autre motivation que l’aspect financier.
Que pensez-vous des Green bonds ?
Est-ce un effet de mode ? ou tendance qui est là pour durer ? C’est un bon vecteur pour mettre en lumière le concept de la Transition Énergétique et avec les acteurs économiques. C’est un outil adapté parce que s’il y avait seulement les Green Bonds ça ne marcherait pas. Ici on répond à un besoin pour la Transition Énergétique. Engie avait une vision de la production d’électricité avec moins d’émissions. Mais le constat est que la production fossile a vocation de devenir plus onéreuse, avec plus de réglementations. Ce sont des actifs qui vont devenir économiquement moins attractifs. Les Green Bonds accompagnent un mouvement de société.
Les Green bonds sont-ils rentables par rapport à d’autres produits financiers ?
Les Green Bonds coûtent plus cher que les autres obligations, car il y a des frais. Il y a des frais d’avocat, d’intermédiation bancaire, des frais occasionnés par la labellisation “green” etc. Des frais externes existent en effet pour le fait de labelliser une obligation “green” (environ 100 000 euros par an). Mais cette couche de frais supplémentaires est relativement modeste.
Mais ce n’est pas rentable. Si les conditions ne sont pas différentes des obligations traditionnelles, il y a ces frais supplémentaires.
Donc on paie chaque année pour la labellisation ?
Il n’y a rien d’obligatoire, il y a des groupes GBP et le CBI. Maintenant, dans les principes définis, il est recommandé d’avoir une “second party opinion” : une agence de notation. Il y a une recommandation d’utiliser une notation. Les investisseurs aiment bien avoir cette justification. On paie une fois et après on l’a jusqu’à la fin. Mais il y a aussi des coûts d’audit, tous les ans, avec des équipes comme Deloitte. Ce sont des coûts récurrents.
Pourquoi vous avez choisi Vigeo ?
Ce n’est pas de ma responsabilité de choisir cette agence. Il y a direction financière, qui s’occupe des aspects financiers. Il y a une équipe spécialisée RSE, pour les projets verts. Mais on travaille ensemble.
Votre première obligation verte date de 2014 : est-ce que vous vous êtes basés sur des rapports concernant l’impact que le projet de barrage pourrait avoir sur l’écosystème ?
Il y a beaucoup de procédures internes, donc les critères d’éthiques, d’achat responsable. Le projet doit lutter contre le changement climatique. Il faut passer en revue l’ensemble de ces projets qui pourraient s’inscrire dans ces critères.
Pensez-vous qu’il serait nécessaire de réglementer davantage la labellisation ?
Le système actuel est assez vertueux. Au sein des GBP il y a beaucoup de discussions pour définir ce qui est un projet vert et non vert. Le système qui est prévu aujourd’hui, est plutôt pas mal et tout ça est public. On va se faire sa propre opinion. Il faut définir des règles légales : quelles seront les sanctions ? On s’adresse au marché et le risque c’est bien la sanction du marché et ce n’est pas anodin. Je ne suis pas certain qu’une plus grande réglementation apportera quelque chose car cela peut limiter l’adaptation du marché.
Je pense qu’une initiative européenne est mieux qu’un contrôle gouvernemental. Les Green Bonds est un marché international donc il faut au moins que ce soit au niveau européen.
Mais comment mesurer la contribution des Green Bonds à la Transition énergétique sans des normes fiables et efficaces ?
Il y a énormément de rapports sur les Green Bonds. Une des tendances qui se développe sur le marché est le sujet du reporting d’impact. Ce domaine a évolué, car en 2014 Engie n’avait pas pris d’engagement sur le reporting des impacts. On a commencé spontanément sans reporting mais parce qu’il n’y avait pas de méthodologie. Le marché a évolué et les investisseurs attendent à présent des reporting.
Selon Jérôme Guillet (Managing directors chez Green Giraffe), les Green Bonds c’est avant tout un outil marketing, êtes-vous d’accord ?
Je ne suis pas d’accord. Il y a plein d’intervenants sur ce marché et si on essaie de tricher, alors les émissions sont regardés avec méfiance. Les auditeurs recherchent la cohérence et les investisseurs quant à eux, décident ou pas d’investir dans notre obligation.
À chaque opération, les investisseurs ne sont pas toujours d’accord pour travailler avec nous. Car l’obligation n’est pas forcément en lien avec ce qu’ils veulent sur le plan vert. Il y a des investisseurs qui ne veulent pas investir dans le nucléaire et il y en a d’autres qui ne veulent pas investir dans des projets tels que les grands barrages.
Comme dans tout marché, il y a des escrocs. Les investisseurs font leur travail d’analyse et c’est à eux de choisir. Il ne faut pas que ce soit l’arbre qui cache la forêt. La sanction du marché existe et elle est dissuasive pour ceux qui se préoccupe de leur image dans le marché.
Qui peut définir une autorité pour définir un standard et des sanctions ? C’est un marché qui demande de la flexibilité, pour qu’il se développe il ne faut pas l’enfermer.
Il n’y a pas qu’une manière de lever de l’argent pour les projets. C’est un type de financement vert. Il ne faut pas tout opposer.
Quelles sont les sanctions du marché en cas de non respect des critères environnementaux dans l’émission d’un Green Bond ?
C’est la loi de l’offre et la demande. Ce sont les investisseurs qui achètent nos obligations, et la sanction pour ceux qui trichent c’est de perdre leur confiance. Et si les critères RSE ne sont pas respectés, l’investisseur n’aura pas toute confiance et pourra décider de ne pas acheter l’obligation.
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Entretien
Filiale de Natixis Asset Management crée en 2014, Mirova est une société d’investissement responsable.
Pionniers français dans l'investissement dans des obligations vertes, le principal objectif de Mirova est de proposer à ses clients des solutions pour les investissements responsables. Selon Marc Briand, Responsable Fixed Income chez Mirova, la particularité des obligations vertes est qu’elles financent des projets précisément définis par l’émetteur. Fondamentalement, ces obligations vertes ont un double effet qui repose à la fois sur le financement de la transition environnementale et sur une valeur financière non négligeable. Pour M. Briand, les obligations vertes portent en-elle une forme de révolution industrielle dans la mesure où elles accompagnent un mouvement de développement écologique et économique.
Pour Marc Briand, le marché des green bonds devient de plus en plus connu. Quand Mirova a commencé à en utiliser, il y avait peu d’émetteurs intéressés. Aujourd’hui, ce marché devient de plus en plus rentable. Néanmoins, il ne faut pas oublier que cette rentabilité doit être prise en compte avec le reporting vert. C’est donc un marché rentable mais pas dans une optique de gagner le plus d’argent possible. Le but de Mirova est de proposer des types d’investissements responsables. Les obligations vertes sont de l’épargne, de l’argent affecté à des projets précis pour la transition environnementale. Les green bonds sont porteurs de développement économique et de rentabilité.
Pourquoi investissez-vous dans les obligations vertes ? Dans quel but ? Et qu’est-ce que cela représente pour vous au sein de votre société ?
Mirova est une société de gestion dédiée à l’ISR de conviction. C’est une société de gestion dans la myriade de structures de gestion du groupe Natixis (qui a 20/25 sociétés de gestion qui sont toutes différentes et qui ont toutes leur ADN particulier). Le but de Mirova c’est de gérer les fonds de pension. Il s’agit d’une gestion avec un impact environnemental et social assez fort. On le fait via une gestion obligataire, via une gestion « actions », et via des fonds d’infrastructures (financement d’éoliennes …). On a aussi une gestion solidaire à impact social.
Mirova est une société crée en 2014, et aujourd’hui nous sommes à peu près à 10 milliards de gestion, et nous sommes 73 (de 12 nationalités différentes) à la gérer. Avec une équipe de recherche ESG (Environnemental, Social et de Gouvernance) internalisée, composée de 12 personnes. Après on a aussi l’équipe de gestion, à la fois sur les actions, les taux et les infrastructures ; une équipe de marketing et communication…
Le but de Mirova c’est de proposer à ses clients des solutions pour les investissements responsables. Sur la partie obligataire, j’ai été un des pionniers sur les investissements d’obligations vertes.
Pourquoi je le fais ? Parce que je considère que l’investisseur a son rôle à tenir dans la transition environnemental. C’est très bien de discuter du réchauffement climatique, mais il faut passer à l’action. Passer à l’action c’est aussi se dire « à quoi sert mon épargne ? ». Les obligations vertes c’est de l’épargne, de l’argent affecté à des projets précis pour la transition environnementale. C’est un peu le contraire de ce qu’étaient les subprimes, qui ont explosés en vol en 2008. Et là à juste titre, vous pouviez faire le procès à la finance de financer n’importe quoi grâce à la spéculation.
Lorsqu’une société émet de la dette, elle émet de la dette pour tout financer (son siège social, des rachats d’actions..). Ce qui est particulier dans les obligations vertes c’est qu’on va financer des projets précis. Fondamentalement, une obligation verte c’est une obligation qui a un double impact : un impact sur le financement de la transition environnemental, et un impact financier (puisque c’est un titre de dette). Donc par rapport à votre question « est-ce que c’est rentable ? », moi je suis gérant financier, mon but c’est de valoriser l’épargne, donc oui elles le sont, parce que les projets en question sont rentables.
Certains émetteurs disent que c’est beaucoup de travail pour faire un reporting, donc ça devrait être moins cher. Mais il n’y a pas de raisons pour que j’aille voir mes clients en leur disant « c’est très bien mais ça rapporte moins ». Chez Mirova, nous faisons attention à ce que nos obligations vertes, rapportent la même chose qu’une dette conventionnelle.
Les obligations vertes, finalement sont juste une révolution industrielle de plus. Donc c’est porteur de développement économique et de rentabilité.
Quand un émetteur vous propose un projet vert, quelles sont les étapes que vous suivez avant d’accepter ?
Nous on a un process très particulier, on se base sur les Green Bonds Principles (desquels on a participé à la création). Ces GBP ont défini les critères de base, et après nous on définit des critères qui nous sont propres. On rencontre systématiquement l’émetteur avant d’investir, on veut s’assurer qu’il y a un projet spécifique d’allocation des fonds. Ils doivent s‘engager à financer un certain type de projet pour la transition environnementale, et on va s’assurer que c’est bien le cas. Deuxième critère : s’assurer des opportunités au delà du business actuel (exemple dans le secteur de l’immobilier, on va s’assurer qu’au bout de ⅔ ans, le stock d’immeuble qu’on va financer, soit dans la meilleure classification en terme d’énergie renouvelable). On veut plus que le simple fait de respecter la réglementation. Le green bond doit aller au delà de la réglementation actuelle.
Nous n’acceptons pas les projets de « green coal » ou d’amélioration du raffinage.
On a 12 spécialiste ESG en interne, qui sont capables de passer en revu l’émetteur. Il faut avoir en tête le fait qu’un immeuble efficace énergétiquement, coûte moins cher en entretien, donc il se loue plus cher, donc il vaut plus cher (aspect financier).
Par exemple sur les projets hydrauliques importants, on n’est pas prêt, même si c’est du « vert», à noyer des vallées entières, et chasser des populations par la force. Donc on prend en compte les risques externes.
La seule chose que l’on délègue, c’est ce qu’on appelle la « troisième opinion », c’est à dire le rapport au commissaire aux comptes. On n’a pas les moyens d’aller fouiller dans la comptabilité d’un émetteur, donc on va demander à ce que l’auditeur de l’entreprise (qui est un indépendant) certifie qu’il y a assez d’actifs verts.
Étant donné qu’il n’y a pas de réglementation contraignante sur le marché des green bonds, est-ce que vous ne craignez pas que cette liberté porte atteinte à la crédibilité du marché dans son ensemble ?
C’est un risque, mais c’est justement parce qu’il n’y a pas de définition stricte (et sur l’ISR non plus) que c’est à chacun des acteurs du marché de se positionner dans le vert (plus ou moins foncé), avec un niveau d’exigence précis.
Si d’autres gérants ont des choix plus laxistes que nous, c’est leur problème, et celui de leurs clients. Nous ce qu’on veut dire à nos clients, c’est qu’on va se donner les moyens de faire le tri entre le bon grain et l’ivraie (et il y a de quoi faire). Même s’il y a des labels, aujourd’hui il n’y a pas de consensus. C’est à chaque acteur de marché de se positionner. Chez Mirova, on est dans le vert foncé.
Est-ce que pour vous il serait souhaitable de mettre en place une réglementation plus contraignante, et à une échelle européenne ou mondiale ?
Je ne suis pas sûr qu’on y arrive. Chez Mirova on souhaite qu’il y ait des labels, mais s’il n’y a pas de définition des nuances de vert, on est un peu embêtés. C’est là qu’il n’y a pas de consensus, il y a des gens qui sont prêts à accepter le charbon vert alors que pour nous c’est hors de question.
Alors oui il y a des polémiques, mais c’est justement pour ça qu’il faut aller chez un gérant responsable.
Que pensez-vous du rôle des agences de notation ?
Elles peuvent être utiles pour développer le marché. Chez Mirova, on a décidé d’internaliser tout ce travail de recherche ESG, mais le fait qu’il y a davantage d’acteurs sur le marché ne peut être que bénéfique.
Notre travail en recherche ESG est très reconnu au niveau mondial (on a notamment un partenariat avec l’Université de Cambridge) pour des travaux de recherche.
Pour vous, quelle est la limite du greenwashing et comment arrivez-vous à le contrôler ?
Déjà, il y a des émetteurs que l’on a refusé (tout ce qui est charbon propre, ou aéroports..), il y a des émetteurs que l’on n’a pas pris parce que les réponses à nos questions ont été insatisfaisantes… Malheureusement il n’y a pas de greenwashing, donc il faut se préparer à ça, mais encore une fois c’est à chaque acteur de se positionner.
Nous on effectue des reporting sur les projets tous les ans, et si les résultats ne nous satisfont pas, on peut décider de revendre ces obligations qui ne correspondent plus à nos critères. C’est comme ça que le marché peut se réguler, même en l’absence de régulation.
Vous êtes plutôt dans l’aspect financier donc comment faites-vous pour mesurer l’impact environnemental de vos projets ?
En ce qui concerne la mesure de l’impact, on a un partenariat avec Carbone 4, qui nous permet de mesurer l’impact carbone des émissions. On veut que les projets financés soient en ligne avec l’objectif d’1,5° (alors que l’indice agregate est de 3,5°, et l’indice corporate est de 4,5°).
Nous chez Mirova, le premier critère c’est de savoir si c’est du green bond ou pas (et est-ce que c’est vraiment vert). Même si c’est très rentable et pas vert, on ne va pas y aller. Après on regarde bien sûr si les émetteurs sont solvables et s’ils ont une structure financière saine. Nos équipes trésorerie et RSE travaillent main dans la main.
Donc quand vous acceptez, vous avez quand même une équipe avec des personnes de formation plus RSE ?
On est tous spécialistes de la RSE chez Mirova. On a d’abord une équipe spécialiste ESG, qui fait le filtre et après on s’appuie sur une recherche critique standard pour évaluer la solvabilité financière de l’émetteur.
On ne veut pas non plus faire du vert foncé et perdre de l’argent. Ça doit aussi profiter aux investisseurs, sinon ça ne marchera pas.
Beaucoup d’associations demandent des normes beaucoup plus fiables et efficaces.
Nous on est pour, bien sûr, mais en attendant, on les applique nous même. On est pour les labels, mais on garde quand même nos propres critères, qui sont les critères les plus strictes du marché.
Pour Jean-Marc Turchini, le directeur Corporate Finance d’Engie, le fait qu’il n’y ait pas de régulation contraignante est une bonne chose puisqu’une régulation trop stricte pourrait faire peur à certains acteurs.
On demande un reporting qui est déjà énorme à faire. Derrière, il y a aussi des enjeux informatiques pour les banques (qui brassent des millions et des millions de prêts). Il faut prendre en comptes ces aspects techniques qui sont très compliqués.
Avec des régulations trop contraignantes, on sortirait certaines banques du marché, puisqu’elles n’ont pas les compétences « informatiques » nécessaires. Pour les autres banques qui ont émis des GB, ce n’est pas facile d’avoir tous les détails demandés. On demande un certain nombre de choses mais il faut laisser le temps aux acteurs et aux émetteurs de structurer l’informatique pour avoir la remontée d’information.
C’est pour ça que je pense qu’il faut donner des instructions à suivre précises pour l’ensemble des émetteurs, mais garder une certaine flexibilité. Mais il ne faut pas non plus donner trop d’avantages aux gros émetteurs qui ont des moyens énormes. Si on est sur un niveau d’exigence trop élevé, on va juste permettre aux très gros acteurs d’accéder à ce marché.
Quel acteur du marché est légitime à mettre en place cette régulation ?
Ce serait au niveau européen. Pour que ça ait du sens il faut que ce soit des institutions Européennes ou alors mondiales.
Jérôme Guillet, Managing Director chez Green Giraffe, nous disait que pour lui, les green bonds c’était essentiellement du marketing et que finalement on peut lever des fonds importants pour des projets verts, qui ne sont pas forcément associés aux green bonds.
Personne n’est obligé de faire du vert. Effectivement, aujourd’hui, il n’y a pas de difficultés de financement.
Pourquoi un émetteur émet des obligations vertes ? Ce n’est pas pour se casser les pieds à avoir un reporting pénible à faire. C’est parce qu’il veut faire savoir aux parties prenantes (salariés, région, investisseurs..), qu’il est en train de réorienter son business model vers des activités vertes. Donc bien sûr il y a des grands enjeux de communication.
Mais le point le plus important, c’est d’avoir accès à d’autres acteurs. Certains émetteurs très investis dans le marché nucléaire par exemple, ont été très contents de pouvoir émettre des GB et d’avoir accès au marché Allemand. Pouvoir élargir sa base d’investisseurs c’est un très grand avantage pour les émetteurs.
Au sein de votre équipe vous avez des personnes spécialisées en transition énergétique ?
Tout Mirova est tourné vers la transition environnementale et sociale, 100% des effectifs. Les gens qui sont là y croient.
Mais avez-vous des formations, ou des personnes qui ont vouées leurs carrières à la transition énergétique ?
Oui, on y croit. En 2008, 2012, quand j’ai commencé à faire des green bonds, ce n’était pas aussi évident et facile qu’aujourd’hui. Sur l’ISR on peut considérer qu’au bout de 5 ou 10 ans on est déjà des vétérans. On était les premiers à le faire donc on a aujourd’hui une très bonne connaissance de ce marché là.
Donc vous avez une partie plus RSE et transition énergétique et puis après le financier ?
Il ne faut pas déconnecter. On intègre des éléments ESG dans nos analyses.
Aujourd’hui, on voit bien que les gens qui créent des dégâts environnementaux, sont soumis à des sanctions (amendes), qui touchent le coût de leurs actions. Donc ce qu’avant on appelait externalités, sont aujourd’hui compris dans les coûts. Il y a un lien entre la solvabilité financière et l’aspect ESG. Les taux auxquelles les entreprises vont emprunter peuvent baisser considérablement en fonction de ses projets. Grâce à ce mécanisme il y a des acteurs qui sont sortis du marché et d’autres qui sont rentrés.
Mais ce n’est pas parce qu’on fait du vert que tout est formidable, à un moment donné, si l’endettement est trop fort, ça devient dangereux.
Il faut regarder l’ESG mais pas que. Il y a aussi un filtre de valorisation.
À ce propos, pour le directeur de la Banque d’Angleterre (Mark Carney), un des risques financiers des green bonds, est qu’en attirant beaucoup d’investissements vers les pays émergents émetteurs d’obligations vertes, les banques établissent une sorte de rapport de force et proposent des taux plus élevés dans leur pays d’origine. Pensez-vous que cela soit un véritable risque?
Ce n’est pas parce qu’une banque va développer son activité à prêter en Afrique ou ailleurs que pour compenser ça, elle va augmenter ses tarifs dans son pays.
Penser à la solvabilité, en se disant que financer des actifs peu carbonés coûte moins cher (moins risqué dans le future). Donc il y a un phénomène d’éviction en disant que quelqu’un qui voudra emprunter pour un projet photovoltaïque puisse emprunter à un taux plus favorable que quelqu’un qui veut développer une centrale à charbon, ce n’est pas choquant.
Aujourd’hui on assiste à une explosion du marché des obligations (même si ça reste un petit marché).
On a lu beaucoup d’articles qui critiquent le fait qu’il est dur de mesurer l’impact précis au niveau écologique des obligations vertes. Qu’en pensez-vous ?
Nous c’est pour ça qu’on a un partenariat avec Carbonne 4 pour nous aider à mieux mesurer l’impact des projets que l’on finance. C’est beaucoup de travail, ça ne se fait pas en 5 minutes. Pour nous le plus important c’est d’éviter le greenwashing, il y en a déjà, mais il y a en aura toujours. C’est pas grave.
Donc pour vous il serait préférable d’avoir une certification à l’échelle européenne ou plutôt mondiale ?
Européenne ce serait quand même mieux. Mais il faut que cette certification soit plutôt vert foncé.
Mais pour les pays comme la Chine qui émettent des green bonds pour des activités extrêmement polluantes, une réglementation européenne ne réglerait pas le risque de dé-crédibilisation du marché des obligations vertes.
Ils vont évoluer, nous on les a déjà reçu chez nous pour une discussion sur comment améliorer leur fonctionnement. Donc ils avancent aussi.
Donc encore une fois, si on a une réglementation globale qui admet le green coal, de notre point de vue, ça ne vaudra rien. Nous on espère une réglementation qui soit un peu stricte, sinon elle n’aura aucune valeur.
Green Giraffe est spécialisée dans le conseil des énergies renouvelables. Elle compte 70 professionnels dans plusieurs pays. Elle assiste ses clients dans la sphère financière tant sur leurs projets que sur leurs transactions.
Green Giraffe possède des clients qui utilisent des green bonds. Cependant, Jérôme Guillet, Managing Director, ne croit pas en l’efficacité même des obligations vertes sur le plan environnemental et énergétique. Elles sont rentables au niveau financier car elles ouvrent un nouveau marché intéressant pour les émetteurs. Les green bonds sont un moyen financier pour les clients de se donner une image verte. L’argent utilisé et investi dans ces obligations ne posséderait aucune valeur supplémentaire à part sur le plan marketing. Les projets de transition énergétique peuvent être financés d’une autre manière, les green bonds permettent de faire le lien entre l’effort des clients à se donner une image verte et les investissements qui auraient été appliqués de toute manière.
Moody’s et Stanford and Poor’s sont deux agences de notation qui s’intéressent au marché des green bonds. Moody’s, par exemple, note ses clients d’une échelle à cinq niveaux. GB1 étant excellent et GB5 étant pauvre. L’agence doit donc regarder si le projet est, tout d’abord, véritablement vert avec la revue du reporting. Puis, elle se penche sur le côté financier. Les agences permettent de faire le lien entre les exigences des émetteurs ainsi que celles des investisseurs, sans oublier les spécificités du marché. Elles contribuent à une certaine bienveillance face au vert et à la réglementation financière.
Ces agences sont apparues il y a une quinzaine d’années. Elles attribuent une note aux entreprises sur la base de leurs pratiques Environnementales, Sociales et de Gouvernance (ESG) qui ne sont pas notées par les agences de notation classiques.
Ces agences jouent un rôle important au sein du débat sur les green bonds, car elles permettent d’évaluer financièrement les entreprises ayant des bonnes pratiques environnementales notamment. Elles prennent à la fois en compte les performances économiques des entreprises et leurs efforts environnementaux. L’investisseur peut ainsi se baser sur cette notation pour opérer son choix concernant le financement des projets verts des émetteurs de green bond.
La différence majeure entre ces agences et les agences de notation classiques est qu’elles sont rémunérées par les investisseurs eux-mêmes, désireux de pouvoir se baser sur des critères et une information fiables concernant les bonnes pratiques environnementales d’une entreprise pour éventuellement financer ses projets. Mais les entreprises peuvent également les solliciter pour être notées sur leurs pratiques ESG (“notation sollicité”).
Cependant, là encore, aucun standard n’existe concernant les critères de notation et la méthodologie à appliquer.
Les principales agences en France sont :
- Vigeo Eiris
- Innovest
Cette agence a notamment créé un modèle mathématique (EcoValue21) qui permet de calculer la plus-value d’une entreprise orientée vers des pratiques ESG.
- Ethifinance
Elle prend davantage en compte les PME.
Ces acteurs sont cruciaux dans le processus de certification des obligations vertes, puisqu’ils sont sollicités par les émetteurs afin de fournir une opinion indépendante permettant d’attester du caractère “vert” du projet ayant conduit à l’émission d’un green bond.
Les second party opinion sont des institutions (des cabinets d’audit le plus souvent) ayant une expertise reconnue en durabilité environnementale qui vont opérer une revue externe du projet et vérifier s’il est conforme à l’ambition initiale, s’il présente effectivement un caractère vert, et si les fonds soulevés par l’obligation ont bien été alloués à ce projet. Leurs examens et leurs rapports sont privés et peuvent être rendus publics uniquement à la discrétion de l'émetteur.
Ces opinions tierces font également partie intégrante du processus de labellisation du CBI : pour être labellisé, l’émetteur doit obligatoirement faire appel à une second party opinion et fournir son rapport. Les GBP recommandent également le recours à ces vérificateurs pour crédibiliser le projet environnemental de l’émetteur.
Il existe de nombreux acteurs dans cette catégorie, mais les principaux sont :
Vigeo Eiris
Indépendant et fournisseur de recherche et de services dans le domaine de la RSE pour les investisseurs, les organisations publiques et privées et les ONG. Second party opinion du green bond émis par la région Île-de-France en mai 2016 notamment.
KPMG
Un réseau de cabinets indépendants offrant des services de vérification, de fiscalité et de consultation. Il est présent dans 155 pays. Second party opinion du green bond émis par la SNCF Réseau en 2017.
Oekom Research
Une des agences de notation les plus importantes au monde et fournit également un avis externe sur les investissements durables. Second party opinion du green bond de la SNCF Réseau en 2016 avec KPMG, et du green bond de la BNP Paribas en 2016 également.
PWC
Présent dans 157 pays, PWC fournit des services de conseil, d’expertise comptable et d’audit.
Le CBI se définit comme une organisation internationale à but non-lucratif, dont l’ambition est de rassembler des fonds obligataires pour financer les solutions d’avenir à l’enjeu du changement climatique.
Le CBI joue un rôle majeur sur le marché des green bonds en sa qualité de labellisateur. Il a en effet bâti sa propre taxonomie et ses propres critères de définition des “projets verts”. Le CBI certifie ainsi les émissions de green bonds lorsque le projet coïncide avec les standards et les règles qu’il a mis en place : le processus de catégorisation des projets se fait en fonction de leurs engagements environnementaux pris ex-ante et la quantification de leurs résultats ex-post. Ensuite, le CBI rend l’information publique pour le marché et pour les pouvoirs publics, en mentionnant la certification sur son site internet : il fait ainsi apparaître dans les obligations certifiées les trois green bonds émis par SNCF Réseau entre 2016 et 2017, mais aussi celui du Gouvernement Fédéral du Nigeria en décembre 2017 par exemple.
Plus précisément, lorsqu’un cultivateur de green bonds (émetteur) souhaite être certifié par le CBI, il doit passer par plusieurs étapes :
1 - Il prépare des documents présentant le projet et identifiant le secteur environnemental dans lequel il se trouve (hydraulique, solaire, géothermique, transport à faible émission carbone etc).
2 - Il engage un vérificateur agréé, c’est-à-dire une second party opinion (par exemple : KPMG, Oekom research, Vigeo Eiris etc) pour la certification ex-ante et ex-post, lui donne les informations nécessaires, puis reçoit un rapport de ce dernier si les standards du CBI sont respectés.
3 - Le projet ayant conduit à l’émission d’un green bond est certifié par le CBI.
4 - Le cultivateur s’engage à donner un rapport (reporting) chaque année au CBI jusqu’au terme de l’obligation et à faire un communiqué public en direction du marché concernant le projet qui a été financé. Ce reporting doit notamment mentionner les indicateurs quantitatifs de performance, les impacts environnementaux etc.
L’initiative est principalement soutenue et financée par un groupe de banques (La Banque of America, HSBC) et par des fondations environnementales (European Climate Foundation, ClimateWorks Fondation).
Ce label a un rôle de stabilisateur des catégories “green bond” et “projet vert”. Mais il est intéressant de noter que la définition que le CBI donne du green bond est circulaire : un green bond et une obligation certifiée par le CBI. Sa taxonomie va cependant servir de référence centrale : ses principes et ses standards font en effet largement consensus actuellement sur ce marché.
Ainsi, le CBI est un acteur majeur du débat sur les green bonds car celui-ci se construit principalement autour de la question de la légitimité de ses critères de définition des projets verts : sont-ils trop laxistes ? Est-ce que le financier ne l’emporte-t-il pas sur l'environnement ? Autant de questions majoritairement mises en lumière par Attac France notamment, qui appelle à une plus grande transparence de l’information et à une réglementation plus stricte et partagée, afin d’éviter tout risque de greenwashing.
Les GBP sont des lignes directrices volontaires regroupées par l’International Capital Market Association (ICMA) qui encouragent à la transparence et à la divulgation d’informations de la part des émetteurs. Ils ont pour ambition de favoriser l'intégrité dans le développement du marché des obligations vertes en clarifiant l'approche de l'émission : ils fournissent aux émetteurs des indications sur les critères clés dans l’émission crédible d’un green bond et aident les investisseurs en assurant la disponibilité des informations nécessaires pour évaluer l'impact environnemental de leurs investissements.
Rédigés en 2013 par quatre banques internationales (Citigroup, Bank of America, JP Morgan Chase, Crédit Agricole CIB), les GBP soulignent les grands principes volontaires et les bonnes pratiques (mise en place d’un dispositif de surveillance indépendant à travers le recours à d’une second party opinion, faire un reporting annuel etc) en matière d’émission de green bond. Ils proposent un cadre homogène de sélection des projets et de reporting. Le but pour les GBP est d'accroître la transparence, essentielle pour suivre les investissements dans les projets environnementaux et pour en évaluer les impacts. Les acteurs du marché sont invités à se mettre en conformité avec ses principes, réunis en quatre thèmes :
1 - L’utilisation des fonds
Ce qui justifie l’émission d’un green bond est le caractère environnemental du projet qu’il est censé financer. Ainsi, l’émetteur se doit de décrire très précisément la nature de ce projet et en quoi il présente un bénéfice environnemental clair.
2 - La sélection et l’évaluation des projets
L’émetteur est encouragé à communiquer aux investisseurs plusieurs informations concernant les objectifs environnementaux du projet et dans quelle catégorie il s’insère (énergie renouvelable, efficacité énergétique, gestion durable des ressources naturelle, moyens de transport propres etc)
3 - La gestion des fonds
Le produit net du green bond doit être placé sur un sous-compte afin de permettre un meilleur fléchage. Le solde de ces fonds doit également être périodiquement ajusté pour être en conformité avec le total des allocations sur le projet vert effectuées sur la période étudiée.
4 - Le reporting
L’émetteur doit préparer et mettre à disposition un dossier informatif détaillé sur l’utilisation des fonds et l’actualiser chaque année jusqu’au terme de l’obligation. Les GBP encouragent à utiliser des indicateurs de performance quantitatifs et qualitatifs (production électrique, réduction des émissions de GES, réduction du volume d’eau utilisé etc).
Néanmoins, un problème majeur se pose concernant la standardisation : le niveau de conformité vis-à-vis des critères est variable et demeure flexible puisque très largement volontaire. Ces systèmes restent donc peu contraignants. L’association Attac France pointe ce manquement dans son rapport “La ‘finance verte’ est-elle vraiment verte”1 : les catégories des GBP sont “peu précises et spécifiques” et laissent une “grande marge de manœuvre”. Par ailleurs, aucune sanction n’est prévue en cas de non respect des objectifs fixés.
Créé en 2014, suite à la conférence bancaire et financière de la transition énergétique, et lancé fin 2015 par le Ministère de l’environnement, ce label public a pour but d’orienter les investissements vers le financement de la transition énergétique. Il garantit également le caractère environnemental des obligations grâce à l’audit de Novethic, devenu tiers expert et indépendant pour le Ministère. Ce label est inscrit dans la norme juridique française et peut s’appliquer dans d’autres pays.
Ce label émet lui aussi sa propre taxonomie et ses propres critères d’éligibilité des projets verts à la certification. Cependant, il reprend largement les principes volontaires des GBP ainsi que la nomenclature du CBI concernant les activités entrant dans le champ de la transition énergétique. Très peu utilisé par les émetteurs pour certifier leurs obligations, et reprenant les standards du CBI et du GBP, ce label pose donc question quant à son utilité réelle. Pourtant, les associations telles que WWF France et Attac France, mais aussi des économistes tels que Alain Grandjean dans son ouvrage Financer la transition Énergétique, appellent à une plus grande régulation de la part de l’Etat sur le marché obligataire vert.
Dans la droite lignée du One Planet Summit, un groupe d’experts indépendants de la Commission Européenne a fait germer l’idée de la création d’un Ecolabel européen, afin de mettre la Finance verte au service de la Transition Énergétique.
Dans ce groupe d’experts, on retrouve des personnes représentant les acteurs centraux du débat sur les green bonds : Pascal Cafin (Directeur général de WWF France), Anne-Catherine Husson Traore (Directrice générale de Novethic), Sean Kidney (Directeur général du CBI), Philippe Zaouti (Directeur général de Mirova) etc. On comprend dès lors que la majeure partie des acteurs du débat ont intérêt à une plus grande standardisation du marché des green bonds et à une plus large échelle.
Ces derniers ont remis le 31 janvier 2018 un rapport qui émet des recommandations au sujet du marché des green bonds, que l’on peut regrouper en trois thèmes principaux :
1 - La transparence
Il s’agit d’améliorer la qualité de l’information provenant à la fois des émetteurs et des investisseurs afin de permettre une plus grande fiabilité en termes de critères environnementaux sur ce marché.
2 - La taxonomie
Le rapport préconise de créer un répertoire des secteurs éligibles à l’émission d’un green bond mettant en lumière les activités clés pour réaliser la transition énergétique (le EU Green Bonds Standard). L’ambition de cette liste serait de s’imposer comme nouveau standard européen définissant clairement ce qui est “vert”.
3 - La labellisation
Le label Eu Green Bond devrait voir le jour en 2019. Son rôle est davantage celui d’un outil de communication puisqu’il s’agirait, à travers lui, de rendre visible l’offre de green bonds pour les épargnants et investisseurs européen.
Ces recommandations, si elles sont mises en place dans le nouveau projet de label, pourraient être de nature à pallier les problèmes des labels existants, accusés d’être trop laxistes sur les critères de définition des projets verts, et de maintenir l’exigence d’information de la part de l’émetteur dans une logique uniquement volontariste. Cependant, un problème se pose quant à la question de la multiplication des labels permettant de certifier les green bonds : ce fleurissement n’est-il pas de nature à décrédibiliser le marché des obligations vertes en le rendant plus flou ? La transparence de l’information peut-elle être maintenue si autant de labels, avec leurs normes spécifiques, se multiplient ?
Valdis Dombrovskis
Vice-président de la Commission Européenne chargé de la stabilité financière, des services financiers et de l’union des marchés des capitaux.
→ «Nous sommes déterminés à promouvoir une finance durable en Europe. Nous avons donc fait appel, pour notre groupe d'experts à haut niveau, aux plus grands talents et à la plus grande expertise afin que notre approche de la finance durable soit à la fois ambitieuse et innovante. Ce groupe d'experts nous aidera à inscrire la durabilité dans la politique financière de l'Union.»
http://europa.eu/rapid/press-release_IP-16-4502_fr.htm
L’association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (Attac) est une ONG altermondialiste postulant que la finance mondiale est parvenue à créer progressivement ses propres lois, parfois à l’encontre des principes démocratiques, obligeant les économies nationales à s’y plier. Elle milite ainsi pour la mise en place d’une taxe sur les transactions financières (la taxe Tobin) pour contrer les dérives de la finance mondiale. L’antenne française est créée en 1998 et constitue la première association Attac au monde.
Cette association joue un rôle crucial dans le débat sur les green bonds puisqu’elle critique nettement leur fonctionnement actuel, trop ouvert au risque du greenwashing selon elle. Attac France fait sortir le débat de la sphère de l’expertise et se place en démonstratrice, notamment à travers un rapport majeur dans la controverse :
“La “finance verte” est-elle vraiment verte ?”, décembre 2017
Le rapport d’Attac France est assez défavorable aux principes des green bonds. En effet, Attac France se montre particulièrement critique envers le processus de certification des labels, puisqu’elle juge les exigences de ces derniers trop peu contraignantes et largement volontaires pour les émetteurs. Le public visé ici est moins celui des acteurs de la finance ou des pouvoirs publics que le public au sens large. Attac France parvient par ce rapport à vulgariser le débat pour le faire déborder du cercle de la finance et des experts en économie, et mieux démontrer publiquement les problèmes que posent les obligations vertes. Ensuite, les recommandations s’adressent cette fois-ci à un public plus spécifique : les pouvoirs publics (p.26 Recommandation n°1 “Les pouvoirs publics doivent réguler le marché”).
Maxime Combes
Membre d’Attac, économiste spécialiste des questions environnementales, rédacteur du rapport “La ‘Finance verte’ est-elle vraiment verte?” et de nombreuses autres interviews à ce sujet.
→ Les green bonds ne sont qu’une goutte d’eau dans une finance très généralement non verte et servent aujourd’hui principalement le greenwashing des Etats et des entreprises. Il faut plus de régulation du marché et une plus forte intervention de l’État.
Dominique Plihon
Économiste spécialiste de l’économie financière, porte-parole d’Attac France, auteur d’interviews critiques sur les green bonds.
→ Le manque de certification empêche de faire confiance à ce nouvel outil financier. Plus largement, la finance verte ne peut être l'unique solution pour la transition énergétique car elle ne permettra pas de financer les investissements au long terme.
Section française de WWF (World Wide Fund for Nature), créée en 1973, cette ONG milite plus particulièrement pour la protection de l’environnement, la sauvegarde des espèces menacées, et pour un mode de vie plus responsable. WWF France est ainsi résolument en faveur d’une transition énergétique et de la recherche de solutions multiples pour y parvenir. L’engagement des institutions financières en est une car, selon elle, ces dernières façonnent le monde actuel et représentent donc des opportunités pour impulser des changements profonds en matière d’environnement.
WWF France joue un rôle de démonstratrice au sein du débat, puisqu’elle le rend public à travers ses prises de position. De fait, l’ONG est favorable aux green bonds, qui constituent selon elle de véritables solutions prometteuses pour mener la transition énergétique, mais pointe du doigt certains manquements dans un rapport crucial dans le débat :
“Les obligations vertes doivent tenir leurs promesses !” - 2016
L’ONG pointe dans ce rapport le manque de régulation du marché des green bonds. Elle émet également des recommandations très précises en direction de publics (émetteurs, investisseurs, labels, ONG, pouvoirs publics, banques) aptes à stabiliser la catégorie de “green bond” et de “projet vert”. L’ONG propose à ces différents acteurs de suivre ses recommandations pour mieux prendre en compte l’environnement dans la régulation du marché. Cependant, à y regarder de plus près, le rapport ne fait pas que dénoncer les dysfonctionnements des green bonds. En réalité, WWF France se trouve plutôt favorable à ces derniers et au système de catégorisation par le labels le plus connu (CBI) et les meilleures pratiques soulignées par le GBP. Le rapport accepte a priori la taxonomie de ces deux standardisateurs. Le rapport semble donc construire ou du moins raffermir la légitimité de ces labels. Leurs taxonomies pourraient servir de “base” pour accélérer le mouvement de régulation du marché des green bonds.
Finalement, les recommandations semblent s’adresser à la fois aux décideurs publics et aux acteurs du marché tels que les émetteurs, les investisseurs et les banques.
Jochen Krimphoff
Directeur général adjoint de WWF France et rédacteur en chef du rapport “Les obligations vertes doivent tenir leurs promesses !”, et auteur d’interviews sur le même sujet. Il a eu une formation sur le Management Environnemental.
→ Le "vert" n'existe pas en soi. Un projet vert peut perturber l'écosystème ou émettre des GES. C'est pour cela que la certification ne suffit pas car elle a tendance à se concentrer sur certains aspects environnementaux et moins sur d'autres.
Pascal Canfin
Directeur général de WWF France, rédacteur d’un avant-propos dans le même rapport et de plusieurs articles sur le sujet des green Bonds sur le site de WWF.
→ Le marché obligataire pourrait jouer un rôle central dans le financement du développement durable. Le défi est de parvenir à créer une économie durable. Les green bonds représentent dès lors une opportunité de lever des capitaux pour la transition énergétique. Mais il faut prendre garde à l'étiquette "verte" : le risque de greenwashing est réel et, à l'inverse, certaines obligations vertes ne sont pas étiquetés comme telles. Par conséquent il faut des normes transparentes et partagées pour réguler ce marché.
Les Amis de la Terre est une ONG qui lutte pour la protection de l’environnement et des hommes, créée en 1970, et qui est présente dans 76 pays. En France, elle a donné la première impulsion à la formation du mouvement écologiste, et promeut depuis la transition vers des modes de vie plus responsables à l’échelle de la planète.
Cette association est à l’origine du “Prix Pinocchio”, qui nous intéresse plus particulièrement dans le cadre de l’étude d’un exemple concret de greenwashing : l’émission d’une obligation verte en 2014 par GDF Suez pour la construction d’un barrage en Amazonie qui a été destructeur pour la population et les écosystèmes aquatiques, d'après l'étude de Novethic.
Florent Compain
Président de Les Amis de la Terre France, auteur d’un courrier de réponse à l’attaque de GDF-Suez après avoir reçu le “Prix Pinocchio”.
Ronack Monabay
Chargé de campagne Institutions Financières Internationales chez Les amis de la Terre, rédacteur du rapport “A qui profitent vraiment les grands barrages”.
→ Il faut révéler au grand public les cas de greenwashing passant par l'utilisation des green bonds afin de réorienter les pratiques vers des comportements moins déviants.
Description
Entretien
L’Institute for Climate Economics est un think tank issu de la Caisse des Dépôts et de l’Agence Française de Développement qui fournit aux décideurs privés et publics une expertise sur des questions économiques et financières liées à la transition écologique et énergétique. Son président, Pierre Ducret, est Contrôleur général et Conseiller climat COP 21 pour le groupe Caisse des Dépôts.
En janvier 2018, un rapport à été présenté à la Commission Européenne et réalisé par un groupe d’européens experts de haut niveau sur la finance durable (HLEG) dont M. Pierre Ducret. Dans ce rapport, il est question de proposer la création d’une taxonomie pour définir les actifs verts au niveau européen ; de renforcer les exigences de transparence et de reporting ; une volonté d'associer les citoyens européens à travers leur épargne notamment à travers la création d'un éco label européen qui leur permettrait de choisir les produits financiers susceptibles de financer la transition écologique et énergétique. Ce modèle est d'ores et déjà adopté en France avec le label public TEEC porté par le Ministère de la transition écologique et solidaire ; et de proposer une intégration explicite des dimensions environnementales et sociales de la gestion financière aux responsabilités des investisseurs et aux mandats des superviseurs financiers.
Selon M. Ducret, le green bond est un outil de l’intégrité de l’information. En France et en Europe, il apparaît que nous avons souvent besoin d’une certification des institutions publiques pour avoir confiance.
Question de P. Ducret : Comment vous approchez l’utilité des green bonds ?
Le point essentiel, déterminant pour le reste c’est qu’il s’agit d’un mouvement né spontanément sans intervention publique à partir de la demande des investisseurs. Il s’agit de répondre à une demande de fonds de pension, assurances qui souhaitent avoir des produits verts dans leurs portefeuilles parce qu’ils sont de plus en plus conscients du problème avec le climat et l’environnement.
Parce qu’ils ont conscience du risque, ils cherchent à s’en prémunir. Ils cherchent des investissements sur lesquels ils ont la garantie qu’ils sont compatibles avec la transition vers l'économie de bas carbone.
Quelle est la limite d’identifier ces projets verts ? Ex : barrage d’Engie. Est-ce qu’on peut laisser ce marché fonctionner tout seul ?
Le vert aujourd’hui, est autodéterminé (ce sont les émetteurs qui décident ce qu’ils choisissent de classer verts. Ex: Caisse des dépôts est la première à dire ce qu’elle mettait dans les green bonds le financement de la dépollution des sols). Aujourd’hui, les green bonds se limitent le plus souvent à la réduction des émissions carbone (c’est souvent ce qui est retenu comme mesure).
Avec l'exemple d’Engie, on voit bien que ce critère ne suffit pas. Parfois les projets environnementaux n’ont pas d’impact direct sur le climat. → Question forte de définition de ce qui est vert.
Le premier qui cherche à définir ce qui est vert est la Climat Bond Initiative. Elle essaie de faire des définitions sectorielles (énergie renouvelable..) Ils élargissent de plus en plus les domaines, et donnent même un label (c’est donc une initiative de marché// Botton up → les projets des émetteurs qui permettent à la CBI de se saisir des sujets et d’émettre des règles plus générales que ce que proposent les émetteurs).
Le green bonds ne sont qu’un fléchage.
La promesse des green bonds = supplément d’information.
L’engagement de transparence est ce que fournissent les green bonds (très complémentaires de la CBI). Ils fixent les règles que les émetteurs devraient accepter pour que les obligations vertes soient plus intègres, plus transparentes, ségrégation des fonds, mesure d’impact, deuxième opinion... C’est ce qui permet à l’émetteur de fournir l’information vérifiée et attendue.
Quel est l’intérêt des labels sur les green bonds ?
C’est compliqué. Quelle serait la valeur ajoutée d’une intervention publique dans ce processus? Le système est pour le moment autorégulé (par la CBI qui est une ONG avec un comité scientifique assez transparent). Qu’est-ce qu’on a comme intérêt de faire en sort que l’UE fasse le job.
Il est très partagé dessus: est-ce que ce sera plus intègre? Il y a un gros risque que les lobbys rentrent dans ce débat, et essaient d’élargir la définition de ce qui est vert?
Il va falloir se mettre d’accord politiquement. Un des grands avantages de l'efficacité du système actuel est que ce n’est pas démocratique (il n’y a pas eu besoin de discuter avec les polonais). Ça risque d’être très dur de se mettre d’accord sur la définition du vert entre tous les pays de l’UE.
Toutes les taxonomies seront à 90% identiques en logique, c’est sur les 10% restant qu’il y aura beaucoup d’avis et d'intérêts divergents.
Les green bonds sont un outil de financement: la sanction doit venir du marché.
Puisque vous dites que le marché s’auto-régule, pourquoi un tel engouement de l’UE à créer cette taxonomie (pour faire poids contre la chine?)
Il y a un intérêt politique à afficher une ambition dans ce domaine. L’UE a défini des objectifs de transition écologique qui sont ambitieux. C’est donc pour financer la transition qu’elle a besoin d’introduire de la durabilité et du vert. Il y a beaucoup d’acteurs privés qui attendent un signal public. Dans le marché des green bonds il y a très peu de labels de qualité (CBI et puis c’est tout aujourd’hui).
Jean-Marc Turchini chez Engie, ne voit pas l’intéret de faire des labels publics (sanction du marché) et Mirova ne voit pas le problème parce que même s’il y a une certification publique, elle serait la même que la sienne:
La réponse à la question “à quoi ça servira”: étendre, élargir le dispositif mais cela ne n'améliorera pas la qualité du fonctionnement actuel. Ce qu’on peut attendre du fait que le processus intègre une part plus importante d’autorité publique: que ça élargissent le dispositif (que ce qui est aujourd’hui encore véritablement réduit devienne mainstream, que ça sorte du marché obligataire). Ça permettra de faire des labels pour l’ensemble des produits financiers et plus seulement des green bonds (notamment touchant les acteurs privés) donc élargissement.
La différence de point de vue entre émetteur et asset manager: c’est celui du coût de l’information: la promesse du green bond est une information précise, supplémentaire. C’est à l’émetteur de prouver que son green bond a un impact, il donne cette info au marché et à l'investisseur. Aujourd’hui c’est l’émetteur qui paie entièrement ce coût d’information supplémentaire du green bonds et l’investisseur en bénéficie.
Il ne faut pas juger sur la base de ce que pensent les spécialistes du verts.
P. Ducret: Je veux revenir sur l’utilité d’une taxonomie à l’échelle européenne. Si on y arrive, ça aura beaucoup d’effets, de pouvoir dire “voilà ce qui est vert et voilà ce qui ne l’est pas” servira à beaucoup de chose (aider à gérer les financements et les allocations des budgets publics). Ça a tout de même beaucoup de poids. Les choses sont déjà très tranchées (exemple du charbon et du nucléaire).
Exemple de la chimie: comment faire la part de ce qui est utile à la transition bas carbone dans l’industrie chimique et ce qui ne l’est pas ?
M. Scolan: Intérêt d’une taxonomie européenne qui sert à remplir, à contribuer à l’atteinte des objectifs européens en matière de transition. La taxonomie doit être basée sur la science et sur les objectifs politiques donnés par l’UE. Je suis favorable à un signal fort et intègre sur ce qui est vert. Il faut une taxonomie qui ne soit pas réglementaire.
Tout n’a pas vocation à être vert.
Il n’est pas prévu que la taxonomie ait une valeur réglementaire, elle doit avoir un effet d’annonce dans le monde économique, sur ce qui est favorisé par l’UE pour arriver à ses objectifs. Il y aura des conflits d'intérêt selon les différents pays de l’UE (suivant les modèles d’agriculture).
Que pensez-vous des risques par rapport au greenwashing?
M. Scolan: le greenwashing c’est peindre en vert ce qui ne l’est pas, ici il s’agit plutôt de repeindre en vert ce qui est vert. Comme on vous l’a dit depuis le début, les green bonds, c’est un outil de précision d’utilité de l’information.
Dans la sphère des green bonds, il y a toujours cette question de la confiance, il reste des gens qui n’y croient pas, parce qu’il y n’y a pas de normes officielles. Qu’en pensez-vous,
M. Scolan : C’est surtout un manque d’envie d’investir dedans, il y a plusieurs labels, privés et public qui existent déjà.
P. Ducret : Nous, citoyens, avons besoin d’avoir confiance, et avons tendance à penser qu’il faut qu’il y ait une intervention de l’État pour qu’on puisse avoir confiance (aux USA c’est le contraire, si c’est juste une initiative de l’état fédéral les agents auront moins confiance). Mais ce qui est intéressant c’est de regarder comment les choses évoluent.
Malgré les critiques ébauchées auparavant, je suis favorable, comme dit dans le rapport de décembre, à une taxonomie européenne avec des labels publics. Mais ce qui sera surtout intéressant c’est de voir que si on y arrive, ce sera grâce au travail réalisé par le marché auparavant. Dynamique de marché elle même issue de l'évolution du comportement et de la pensé des investisseurs → soft law.
Si on veut que les choses bougent, il ne suffit pas de les faire bouger par la loi mais que les acteurs qui s’alignent soient convaincus que c’est dans leur intérêt
Dans la chaîne des acteurs, vous rajoutez l’État pour que ça s’élargisse?
P. Ducret: C’est pour que ça s'élargisse, que la confiance soit accrue et que ça serve à fonder des politiques publiques d’incitation ou de pénalisation financière sur certains types d’actifs sur les marchés financiers.
M. Scolan: un label européen c’est tout ce qu’il y a de plus facultatif. L’émetteur n’est pas du tout obligé d’aller chercher le label vert et de rentrer dans la taxonomie, cela restera un outil (puissant) d'information.
P. Ducret: Idée libérale, création de la finance verte: idée qu’il y a une défaillance de marché au sens où le marché n’a pas les informations essentielles sur les risques des changements climatiques et environnementaux. Il faut donc injecter au marché, l’information qui lui manque → c’est ce manque qui a conduit à la création des green bonds. Si on veut accélérer, il faut peut-être mettre des choses qui sont plus que de l’information (donc ajouter des incitations et/ou pénalisations). La question est donc de savoir à quelle vitesse développer cette forme de sélectivité du crédit.
→ Débat sur la façon dont on ajoute ces éléments sur une classification qui permet d’envoyer des informations au marché.
Pensez-vous qu’il y ait un risque d’une potentielle bulle financière à terme? (que le prix excède la valeur financière des obligations vertes?)
M. Scolan: Aujourd’hui on n’en n’est pas là.
P. Ducret: Le secteur qui alimente le plus les green bonds c’est l’énergie renouvelable. Le volume des investissements en dollars, dans les renouvelables (photovoltaïque) diminuent, mais les capacités installées augmentent, tout ça parce que les prix baissent → donc on n’est pas dans un mouvement de création de bulle.
M. Scolan : La bulle ce serait financer trop d’actifs dans ce domaine. Les pouvoirs publics craignent cette bulle dans la mesure où les sous-jacent restent très largement aidés par des politiques publiques. Donc les pouvoirs publics sont très attentifs au coût public des incitations qu’ils donnent.
P. Ducret: En revanche, il y a déjà des fausses pistes, des technologies abandonnées… Le vert n’est pas forcément moins risqué que le “brun” → Ce sont des risques de mauvaise orientation des investissements (exemple: parce qu’il y avait des subventions on a installé des éoliennes dans un endroit où il n’y avait pas de vent).
À propos du risque de bulle sur les obligations elles-mêmes? Même si aujourd’hui il y a plus de demande que d’offre, ce n’est pas le cas. Le marché se développe très vite et a un potentiel de développement très grand. Aujourd’hui les acteurs achètent des green bonds et les mettent au fond de leur portefeuille.
M. Scolan: Les ONG qui sont présentes dans ce domaine s’axent beaucoup sur le financement des énergies fossiles (parce que c’est très facile de communiquer dessus..).
Aujourd’hui on assiste à une concurrence entre les grandes places financières elles-mêmes; c’est quelque chose que nous n’aurions pas imaginé il y a encore 4 années.
Concurrence sur les obligations vertes (Tokyo, Paris, Londres..) Où sont-elles émises, où sont-elle cotées?
Concurrence sur la cotation (c’est Londres qui a la cotation des émissions chinoises, et la France et Francfort veulent récupérer).
Concurrence sur la structuration des émissions vertes : ils ont besoin d’une banque d’investissement qui sert de conseil pour faciliter l’accès aux obligations vertes. Ce rôle de structuration est joué par des départements dans les grandes banques mondiales.
Économiste et écrivain américain, professeur à l'université de Yale. Considéré comme l'un des 100 économistes les plus influents du monde.
Robert J. Shiller, Finance and the good society. Edition Handcover, 2012
→ Plutôt que de condamner la finance, il faut la mettre au service du bien commun. La finance n’est pas un parasite de la société mais au contraire un outil extrêmement puissant afin de régler ce problème du bien-être général. Nous avons pour cela besoin de plus d’innovations financières. Elle ne devrait pas être simplement définie comme la manipulation de l’argent ou le management du risque mais comme un adjuvant de la société. La finance a historiquement contribué au bien-être de la société, pourquoi pas aujourd'hui ?
Conseiller auprès de la Directrice générale, Directeur de la stabilité financière, à la direction générale du Trésor.
« Mettre la finance au service de la société ? » Revue d’économie financière, no 117 (20 avril 2015): 237‑44.
La société est très méfiante vis-à-vis de la finance, notamment depuis la crise de 2008. Or, elle représente un levier d'action crucial pour la Transition énergétique. Dès lors, l'impératif est de remettre la finance au service du bien commun et de l'économie réelle plutôt que des spéculations. La finance peut et doit contribuer au changement. Mais sa contribution reste tributaire de la mise en place d'un cadre réglementaire plus rigide permettant de réorienter les pratiques financières.
Économiste, fondateur de Carbone4 (cabinet de conseil sur le carbone), membre du comité de veille écologique et du comité statistique de la fondation Nicolas Hulot, du Conseil économique pour le développement durable. Co-auteur du livre "Financer la Transition énergétique".
→ Il faut réorienter les flux financiers vers le "vert" par une intervention plus forte des Etats qui doivent retrouver leurs rôles de planificateurs. La finance ne s'oriente pas spontanément vers des investissements bons pour le bien commun, il faut par conséquent mettre en place une réglementation en faveur d'une réorientation des flux financiers.
Alain Grandjean et Mireille Martini. Financer la transition énergétique. Les Éditions de l’Atelier. Ivry-Sur-Seine, 2016.
Cette source joue un rôle crucial dans le débat pour plusieurs raisons. D’abord parce que l’un de ses producteurs, Alain Grandjean, est un acteur central dans notre sujet. Ce dernier a en effet fondé le cabinet d’études et de conseils sur le carbone Carbone4, qui a collaboré avec de nombreux émetteurs tels que la SNCF Réseau pour la certification de leurs “projets verts”. Il a donc un rôle dans la stabilisation de la catégorie “projet vert” grâce à Carbone4 qui permet de faire émerger une méthode de calcul de l’empreinte carbone apte à faire consensus.
Mais il a également contribué à la rédaction du “pacte écologique” de Nicolas Hulot (partie “taxe carbone”), il est membres de nombreux comités d’experts sur la question et membre du Conseil économique pour le développement durable auprès du ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire. Ces nombreuses participations dans des groupes d’experts dont la légitimité scientifique est établie aux yeux des spécialistes laissent donc penser que le discours de Alain Grandjean fait autorité dans ce cercle d’experts économistes.
Ensuite, Alain Grandjean est très proche du milieu des associations et ONG qui démontrent le caractère problématique du fonctionnement des green bonds. Dès lors, on comprend mieux pourquoi l’ouvrage est postfacé par Pascal Canfin, directeur général de WWF France. L’argumentaire de ces deux acteurs est par ailleurs très proche puisque Pascal Canfin comme Alain Grandjean appellent à plus d’intervention à l’échelon gouvernemental pour réguler le marché des green Bonds.
Cet ouvrage est enfin un texte de vulgarisation du débat sur le rôle de la finance dans la transition énergétique. Ainsi, sa publication ouvre davantage la controverse au « grand public ». Ce point est crucial dans l’étude de la controverse puisque ce type de source fait prendre au débat une autre ampleur et le fait déborder du seul cercle de l’expertise.
Directrice du Centre d'investissement responsable à HSBC Londres et du Climate Change Center of Excellence. A fait des études d'économie et participe à de nombreuses conférences sur le thème de l'investissement responsable. A fait des recherches sur la "Finance 2°C".
« Le développement d’une « finance 2 °C » et l’exemple des green bonds ». Revue d’économie financière, no 117 (20 avril 2015): 155‑74.
Pour maintenir "l'objectif 2°C" mis en place lors de la COP21, une réallocation du capital vers certains secteurs permettant une économie plus sobre en carbone sera nécessaire, mais aussi un désinvestissement dans certains secteurs tels que les énergies fossiles. Les mécanismes de la "Finance 2°C" sont en place, mais il manque une définition claire de celle-ci, avec des objectifs bien définis. Il faut également bien différencier "Finance verte" et "Finance 2°C" : un "projet vert" peut ne pas contribuer à cet objectif de 2°C et inversement.
Professeur d’économie à l’Université de Picardie Jules Vernes.
"Pourquoi faut-il une finance durable et soutenable ?"
Le financement de l'économie peut être considéré comme un bien public. Il faut dès lors réinventer son modèle en fonction de l'utilité économique, sociale et environnementale, et penser une finance au long terme capable d'impulser de nouvelles dynamiques dans la transition écologique.
Économiste à l’Agence Française du Développement, chercheur au CNRS.
→ Le problème est que les investissements "verts" sont moins rentables et moins bien notés que les investissements non-verts. Il faut dès lors réduire la rentabilité artificielle de certains investissements. La taxe carbone permettrait par exemple d'obliger les activités polluantes à prendre en compte le coût du dérèglement climatique, ce qui réajusterait le calcul de leur rentabilité.
L’OCDE est une organisation internationale composée de 35 pays et regroupant plusieurs centaines d’experts. Elle fournit des études économiques, des analyses et des recommandations pour les politiques économiques de ses pays membres.
L’OCDE a pris une place au sein du débat sur les green bonds en publiant plusieurs rapports sur cette nouvelle espèce d’obligation financière, notamment celui de décembre 2015 (“Green Bonds. Mobilising the debts capital markets for a low-carbon transition”). Ce dernier, s’adressant principalement aux acteurs du marché des green bonds et aux Etats, décrit l’émergence du marché obligataire verts et examine comment celui-ci pourrait évoluer. Il décrit les green bonds comme des obligations qui se sont auto-labellisées comme “vertes”, dont l’engagement est d’utiliser les fonds uniquement à des fins environnementales. Financièrement parlant, un green bond se différencie d’une obligation classique, par le fait qu’il soit labellisé comme étant “vert” par l’émetteur ou une autre entité.
Siège de l’administration dirigé par les élus municipaux et départementaux de Paris, le poste de Maire est occupé par Mme Anne Hidalgo depuis 2014.
Deux semaines après la Conférence sur le Climat de Paris en 2015, la Mairie de Paris revendique la première émission d’une obligation verte par une Mairie française. En effet, la Mairie a levé 300 millions d’euros pour financer de grands projets de transition énergétique. Cette obligation verte devait permettre à la Mairie de Paris de financer la réhabilitation thermique de 25.000 logements sociaux et de 200 écoles qui représentent 38% de la consommation énergétique des bâtiments de la ville. L’obligation devait aussi financer l’installation de 300 bornes de recharge pour véhicules électriques, la modernisation de l’éclairage public, l'installation d’un parc logistique de 26.000 m2 dans le Nord-Est de Paris ainsi que la suppression de plusieurs dizaines de chaudières au fioul.
En 2017, la Mairie de Paris émet une deuxième obligation verte de 320 millions d’euros pour poursuivre ses projets de présentant des bénéfices environnementaux et sociaux qui vont aussi conduire à des avancées concrètes dans les domaines du logement et de la cohésion sociale.
Tout outil financier est créé dans le but d’apporter de la rentabilité. Les green bonds ont ouvert un nouveau marché. Ce marché voit sa notoriété fleurir de jour en jour. Cependant, si ces obligations vertes ont autant de succès, il faut qu’ils soient fructueux. Dans quelle mesure peut-on lier la finance et le vert ? En effet, les green bonds étant des obligations à part entière, ils suivent une procédure financière stricte en ajoutant un enjeu majeur pour les émetteur : l’information verte.
Que ce soit pour les émetteurs ou les investisseurs, la première question qui se pose au sujet des green bonds est bien de savoir s’ils sont rentables. Les green bonds restent des produits financiers à part entière. Leur seule différence avec une obligation classique est le reporting apporté pour prouver l’efficacité verte que l’émetteur propose.
Une obligation rentable c’est une obligation dont la récolte dure un certain nombre d’années c’est-à-dire sur le long terme. Pour que l’obligation soit intéressante pour les investisseurs, elle doit être rentable toute la durée annoncée par les émetteurs.
La forte croissance du marché fait craindre à certains économistes spécialistes de l’économie financière, qui seront analysés dans les parties “acteurs”, l’apparition d’une bulle. Cette dernière gonfle à mesure que l’engouement se confirme, mais pourrait éclater si la confiance envers ces titres disparaît.
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Il s’agit également des banques et fonds d’investissements, mais qui occupent ici un rôle de société de gestion, c’est-à-dire d’accompagnement des émetteurs et de mise en relation de ces émetteurs avec les investisseurs potentiels. Ces intermédiaires reçoivent les émetteurs qui leur soumettent leur projet de green bond, ils analysent ces projets au regard de leurs critères de certification (la plupart prennent pour base les Green Bonds Principles, mais l’exigence des critères varient selon les banques/fonds d’investissements). Si le projet est jugé conforme aux critères (ESG mais également de rentabilité financière), les intermédiaires mettent les émetteurs en relations avec les investisseurs présents sur le marché.
Banques ou des fonds d’investissement socialement responsable, ces organismes vont financer des obligations vertes et vont voir leurs investissements remboursés à une date donnée avec un intérêt comme pour une obligation traditionnelle. Le seule chose qui diffère d’une obligation classique c’est que la destination de ces investissements sont uniquement dédiés au financement de projets verts.
Entreprises, collectivités territoriales ou États, ils projettent de réaliser des projets verts (construction d’infrastructures, renouvellement des équipements par des équipements moins consommateurs en énergie, augmentation de l’efficacité énergétique …) et émettent des obligations vertes pour les financer. Pour cela, ils vont se munir d’un label déjà existant tels que le Green Bond Principle ou le label TEEC pour pouvoir émettre leur obligation verte. Dans la plupart des cas, ils vont également faire appel à des second party opinion, qui sont des auditeurs externes tels que EY ou KPMG qui s’assurent du caractère “vert” de leur projet pour les valider. Une fois toutes ces conditions réunies, les émetteurs peuvent alors placer leurs obligations sur le marché pour trouver des investisseurs. Les émetteurs s’engagent ensuite à présenter un rapport pour attester que l’investissement a bien été utilisé pour financer un projet vert.
Les agences de notation s’occupent d’attribuer des notes selon leur appréciation de la solvabilité des entreprises ou tout acteur empruntant de l’argent sur le marché financier. Les agences de notation sont des entreprises privées. Cette note de crédit attribuées aux acteurs de la dette permet d’évaluer la capacité d’un emprunteur à rembourser la dette en question.
Les labels tels que la Climate Bond Initiative, le Green Bond Principle ou encore le label public français TEEC, mais aussi les agences de notations extra-financières telles que Vigeo Eiris ou Innovest. Ils contribuent à une plus grande régulation du marché des Green Bonds grâce à l’émission de standards et de normes ayant vocation à faire consensus. Les labels vont jouer un rôle de certificateur et vont apposer véritablement l’étiquette “Green Bond” sur une obligation après avoir étudié l’adéquation du projet avec leurs exigences, puis vont mesurer les résultats concrets obtenus. Les agences de notation extra-financières évaluent les pratiques ESG en s’appuyant sur les performances économiques de l’émetteur, son respect de l’environnement et des valeurs sociales. Elles permettent aux investisseurs et aux fonds ISR de mieux faire leurs choix dans leurs placements.
Enfin, les Second Party Opinions constituent également des moyens de certifier son émission de green bond. Ces cabinets d’audit tels que EY ou KPMG, sont souvent consulté par les émetteurs pour renforcer la validité et la conformité du caractère “vert” de leurs obligations. La consultation de ces Second party Opinions est fortement recommandée par les Green Bonds Principles, permettant ainsi une expertise et une garantie supplémentaire de la fiabilité et rentabilité des projets verts. Ces cabinets d’audits vérifient en profondeur si le projet qui est destiné à être financé par des obligations vertes et l’émetteur en lui-même sont conformes aux normes RSE et ESG. Ils permettent aux émetteurs de fournir une information extérieure fiable, qui les aidera à trouver les bons investisseurs pour leur projet vert.
Les associations environnementales et les ONG tiennent le plus souvent une position de critique au sujet de green bonds. À travers les rapports qu’elles publient, leurs prises de parole et leurs actions publiques, elles mettent en avant les défaillances actuelles du fonctionnement du marché des green bonds. Ces acteurs tentent de publiciser au maximum les failles et manquements des obligations vertes. Souvent, leurs critiques ne concernent pas uniquement les green bonds, mais plus généralement le système financier dans son ensemble. Beaucoup d’associations sont sceptiques devant la « finance verte » (notamment quant à la possibilité que la finance puisse contribuer à la transition énergétique).
Toutefois, toutes les ONG ne se prononcent pas en défaveur des green bonds, bien au contraire. La Climate Bond Initiative, par exemple, est une ONG qui a contribuée à tenter d’établir une définition et des critères standards pour l’émission de green bonds, se posant ainsi en tant que labellisateur sur le marché des obligations vertes.
Face à l’engouement actuel pour la finance verte, de nombreux économistes se penchent sur ce nouvel outil financier qu’est le green bond, et sur son efficacité en tant qu’outil de financement de la transition énergétique. Ainsi, les économistes sont également amenés à réfléchir plus largement à l’impact de la finance sur la société, et son rôle e dans la transition énergétique, permettant de mettre en avant les dysfonctionnements du système financier actuel. L’enjeu pour eux, est de déterminer si la finance (qui valorise les rendements sur un temps court) peut être mise au service de l’écologie (dont les rendements se font sur un temps beaucoup plus long). Ces experts fournissent donc une réflexion sur les nouveaux modèles de financement d’investissement possibles, ainsi que sur les mécanismes de régulation du marché, afin d’obtenir un système financier qui ait un impact social et environnemental positif et qui soit capable de financer la transition énergétique.
En plus des économistes, il y a également quelques organismes économiques supranationaux tels que l’OCDE, la I4CE (Institute for Climate Economics) qui émettent des rapports sur les impacts de la finance sur le climat et qui proposent des recommandations sur les moyens de financer les actions contre le dérèglement climatique.