AFD : Agence française de développement :
L'AFD est un organisme français qui :
1- finance des projets de développement économique et social dans de nombreux pays en développement en tant qu'opérateur pivot du dispositif français d'aide publique au développement
2- assure la promotion de l'économie de la France d'outre-mer.
Création : L'AFD est l'héritière de la Caisse centrale de la France Libre créée par l'ordonnance de Charles de Gaulle du 2 décembre 1941 à Londres.
AFD et PSM :
Tout comme la Banque Mondiale, l'AFD prend part au PSM en finançant des plans solaires à l'échelle nationale :
⇒ le Maroc : attribution à la Moroccan Agency for Solar Energy (Masen) d'un financement de 100,3 M€ en faveur de la mise en oeuvre du Plan solaire marocain.
Domaine transfert d'énergie : AFD a déjà contribué au financement de la deuxième ligne Maroc-Espagne et examine de nouveaux projets d'interconnexion et de renforcement de réseau.
L'AFD, la BEI et la KFW soutiennent conjointement le PSM sur la base d'une offre de financement et d'un cadre de mise en œuvre communs. Les 3 institutions pourraient apporter conjointement jusqu'à 5 milliards d'euros de financements aux projets d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique dans la région sur la période 2010-2015.
Situation énergétique :
⇒ L'Algérie est un important producteur et exportateur de gaz naturel (5ème producteur et 4ème exportateur mondial) et de pétrole (13e producteur et 9e exportateur).
⇒ Pétrole et Gaz naturel sont exploités par la société nationale Sonatrach.
⇒ Hydrocarbures = quasi-totalité des exportations algériennes.
⇒ Membre de l'OPEP.
Avec la libéralisation progressive de son économie182, l'Algérie commence à séduire de plus en plus d'investisseurs étrangers, notamment après la promulgation de la loi du 5 février 2002 qui pose les principes de base de la libéralisation des marchés de l'électricité et de la distribution du gaz par canalisations et la création de la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG).
L'Algérie vient en tête de la région MEDA en termes de flux d'investissements. La reprise « très nette » observée en 2004 est largement due au secteur de l'énergie.
L'Algérie et les énergies vertes :
Volonté de se positionner comme un acteur majeur dans la production de l'électricité à partir du solaire photovoltaïque et du solaire thermique.
Mars 2011 : Programme des Energies Renouvelables et de l'Efficacité Energétique → tournant dans la politique énergétique algérienne. Ambition : faire de l'Algérie un leader dynamique de l'énergie verte.
Mise en œuvre : Le programme inclut la réalisation, d'ici 2020, d'une soixantaine de centrales solaires photovoltaïques et solaires thermiques, de fermes éoliennes et de centrales hybrides.
L'Algérie et le PSM :
Participe au projet et accueil les initiatives liées au PSM.
Mais méfiance vis-à-vis du PSM.
Ministre de l'Energie et des Mines affirme « la nécessite de considérer les pays de la région comme partenaires efficients et non comme pays qui approvisionnent l'Europe en énergie et en matières premières ou comme marché de consommation des produits d'équipement fabriqués hors de la région »
⇒ Peur du néo-colonialisme
Volonté de constituer une vraie puissance énergétique maghrébine face aux pays européens. Appel à plus de cohésion et de coopération des pays maghrébins.
André Merlin :
Ancien élève de l'École polytechnique et diplômé de l'École Supérieure d'Électricité.
1968 : entre chez EDF comme ingénieur-chercheur à la Direction des Études et Recherches
1968-2000 : travaille chez EDF.
Mai 2000 : Nommé directeur de RTE (gestionnaire du Réseau de Transport d'Electricité)
Juin 2001 : Devient, parallèlement, président d'ETSO (Association Européenne des Gestionnaires de Réseaux de Transport d'Electricité).
Fonctions exercées :
- Président du Forum Européen de l'Energie et des Transports,
- Membre du Comité consultatif auprès de la Commission Européenne
- Président du Comité National Français du Conseil International des Grands Réseaux Électriques (CIGRE)
- Président du Conseil de surveillance de l'École Supérieure d'Électricité.
En janvier 2011, il est nommé président de MEDGRID.
Banque Mondiale :
La Banque mondiale est une institution spécialisée du système de l'ONU qui regroupe 2 institutions internationales :
- la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et
- l'Association internationale de développement (AID, ou IDA).
But : lutter contre la pauvreté en apportant des aides, des financements et des conseils aux États en difficulté.
Moyen d'action :
- accord de prêts à taux préférentiels aux pays membres en difficulté. En contrepartie, elle réclame que des dispositions politiques (« politiques d'ajustement structurel ») soient prises (ex : pour limiter la corruption, maintenir un équilibre budgétaire, faciliter l'émergence d'une démocratie….)
- financement de projets d'ONG + conduite de nombreuses recherches en rapport avec le développement de chaque pays.
Ex : mesure de l'IDH dans différents pays et zones géographiques. Conduite avec l'Unicef des études thématiques sur l'eau et l'assainissement.
Banque Mondiale et PSM :
La Banque Mondiale prend part au projet du PSM en finançant des plans solaires à l'échelle nationale.
⇒ Maroc : prêt d'un montant de 297 millions de dollars pour la construction d'un complexe de production d'électricité solaire à Ouarzazate, dans le Sud du pays.
La Banque Mondiale s'est engagée à débloquer 6 à 8 milliards de dollars US dont 750 millions issus du Fonds de Technologie Propre (CTF).
⇒ Le Clean Technology Fund (CTF) ou Fonds de Technologie Propre a été mis en place en 2008 sous l'impulsion des États-Unis, du Royaume-Uni et du Japon. But : renforcer le positionnement de la Banque Mondiale dans la lutte contre le changement climatique. Administré par les services de la Banque.
Gouvernance paritaire entre les pays donateurs (impulseurs+ Australie, Allemagne, Espagne, France et Suède)et certains grands pays bénéficiaires (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Égypte, Inde, Maroc, Mexique et Turquie).
Banque européenne d'investissement :
La Banque européenne d'investissement (BEI) est l'institution financière des États membres de l'Union européenne.
But :
- emprunte sur les marchés financiers pour financer des projets au sein de l'UE.
- finance également des projets en dehors de l'UE notamment dans les pays partenaires méditerranéens, par son fonds euro-méditerranéen d'investissement et de partenariat (FEMIP).
Création : 1957 → Traité de Rome.
Les prêts accordés sont totalement indépendants de ceux de l'UE. En tant que banque d'investissement, elle ne fait que des prêts et aucun don. Toutes les sommes investies par la BEI doivent lui être remboursées.
La BEI et le PSM :
La FEMIP est le programme pivot de la BEI dans la zone du PSM. Elle regroupe l'ensemble des activités de la BEI en Méditerranée avec pour objectif principal le soutien au secteur privé.
Mode d'action : prêts individuels destinés à des acteurs publics ou privés pour développer l'infrastructure économique des pays partenaires.
Deux sources de financement :
1- La BEI, sur la base d'un mandat du Conseil de l'UE, octroie des prêts à la zone Méditerranée que le budget communautaire garantit. (plafond de prêt pour la période 2007-2013 se monte à 8,7 Mds€ pour la Méditerranée.)
2- À ce mandat de prêt s'ajoute un montant autorisé de prêts de la BEI à ses propres risques de 2 Mds€, dédié au financement de grands projets transrégionaux de transport, d'énergie et d'environnement.
Zine el-Abidine Ben Ali, Ancien Président de la République Arabe d'Egypte
Lien avec le PSM :
Dirigeant d'un pays du Sud de la Méditerranée en place lors du lancement de l'Union pour la Méditerranée.
Favorable à l'UPM.
DESERTEC :
2009 : création de la fondation DESERTEC
13 juillet 2009 : protocole d'accord pour la réalisation du concept Desertec dans la région EU-MENA, signé par la fondation DESERTEC, l'entreprise de réassurance Munich Re ainsi que douze autres entreprises basées en Europe, au Proche-Orient et en Afrique du Nord.
30 octobre 2009 : création de la Desertec Industrial Initiative (Dii GmbH)
But fondamental : développer de manière significative la production d'énergie (issue du solaire notamment) dans les pays du sud de la méditerranée.
Dii aujourd'hui :
- 55 actionnaires et partenaires associés issus de 15 pays en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
- Travaille en collaboration avec des entreprises, institutions scientifiques, politiques et société civile des deux côtés de la Méditerranée.
Desertec et le PSM :
Collaboration étroite avec les différents acteurs du PSM.
Novembre 2011 : Protocole d'accord Medgrid-DESERTEC.
Domaines de coopération → échange d'informations
⇒ mise à jour des progrès réalisés,
⇒ évaluation conjointe des synergies potentielles
⇒ efforts conjoints de l'Europe, du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord pour obtenir un cadre réglementaire plus favorable pour le marché des énergies renouvelables.
Juin 2011 : Accord de coopération consortium Dii - MASEN (Moroccan Agency for Solar Energy) portant sur la mise en œuvre d'un projet solaire à grande échelle au Maroc.
Avril 2011 : Accord STEG Énergies Renouvelables (filiale de la Société tunisienne de l'électricité et du gaz STEG) - initiative Dii portant sur une étude de faisabilité pour de grands projets d'énergie solaire et éolienne en Tunisie.
Décembre 2011 : début coopération Sonelgaz (Société nationale de l'électricité et du gaz en Algérie) –Dii.
But :
→ renforcer les échanges d'expertise technique
→examiner les voies et moyens pour l'accès aux marchés extérieurs
→promouvoir conjointement le développement des énergies renouvelables en Algérie.
FEMIP : Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat.
Création fin 2002.
Regroupe l'ensemble des instruments mis à disposition par la Banque européenne d'investissement (BEI) dans les pays partenaires méditerranéens.
La FEMIP favorise la modernisation et l'ouverture des économies des pays partenaires méditerranéens. Elle concentre son action autour de deux axes prioritaires : le développement du secteur privé et la création d'un environnement favorable à l'investissement.
FEMIP et secteur énergétique :
Les axes d'intervention de la FEMIP dans le secteur énergétique :
• la construction et la modernisation des infrastructures énergétiques nationales afin d'améliorer l'offre pour les populations méditerranéennes. La production
• le renforcement de l'interconnexion énergétique régionale et le développement des nouvelles routes de l'énergie.
La FEMIP a ainsi accordé des prêts à des projets d'envergure tels que le « gazoduc de la paix » reliant l'Égypte à la Jordanie ou l'emblématique« gazoduc transméditerranéen » (Transmed) qui assure, en passant par la Tunisie, le transport du gaz sur 2 500 km l'Algérie au réseau gazier italien en Sicile, où il est relié au réseau de transport de gaz transeuropéen.
• la valorisation de l'exceptionnel potentiel de la région en énergies renouvelables, tant en solaire et en éolien qu'en hydroélectricité.
• l'optimisation d'un développement énergétique durable compatible avec le souci environnemental.
FEMIP et PSM :
Octobre 2008 : réunion ministérielle de la FEMIP jointe à celle du Conseil ECOFIN → FEMIP chargée du mandat de coordonner financièrement le PSM.
Mise en œuvre concrète du mandat : 2 axes d'action :
1- financement, via son Fonds fiduciaire, d'une étude sur le Plan solaire méditerranéen recensant les projets déjà identifiés dans la région et ceux jugés technologiquement et financièrement viables, et exposant les besoins de financement à satisfaire pour que le Plan solaire méditerranéen puisse remplir l'objectif de capacité à l'horizon 2020.
10 mai 2010 : premières conclusions de l'étude seront rendues publiques lors de la 8e Conférence FEMIP à Valence.
2- Chef de file dans la mise en place du premier projet du Plan solaire marocain à Ouarzazate. Opération effectuée en concertation avec la Banque mondiale et les agences de développement également actives dans la région comme l'AfD et la KfW.
Les fonds souverains :
Un fonds souverain, ou fonds d'État, est un fonds de placements financiers (actions, obligations, etc.) détenu par un État.
Les fonds souverains gèrent l'épargne nationale et l'investissent dans des placements variés (actions, obligations, immobilier, etc.).
• ils sont gérés ou contrôlés par un gouvernement national ;
• ils gèrent des actifs financiers dans une logique de plus ou moins long terme ;
• leur politique d'investissement vise à atteindre des objectifs macroéconomiques précis, comme l'épargne intergénérationnelle, la diversification du PIB national ou le lissage de l'activité.
Cette liste n'est cependant pas exhaustive. Il est tout à fait possible de rajouter d'autres critères à ceux retenus par le FMI :
• ils ont généralement peu d'objectifs de résultats prédéfinis (ou alors à très long terme) et empruntent peu. L'emprunt est même interdit pour un certain nombre de fonds souverains ;
• ils investissent l'excédent de liquidités du pays, les réserves officielles étant gérées par les banques centrales ;
• ils investissent pour un bon nombre d'entre eux massivement dans des actifs étrangers. À l'exception du fonds malais Khazanah National Berhad ou du Fonds stratégique d'investissement français, les fonds souverains investissent à l'international, avec pour volonté une diversification du portefeuille.
France :
Situation énergétique :
Le secteur économique de l'énergie en France comprend la production locale et l'importation d'énergies primaires.
En 2008, l'énergie est consommée en France par les ménages et le secteur tertiaire (43 %), par le secteur des transports (31 % de la consommation finale totale), et par l'industrie et le secteur agricole (26 %).
L'énergie produite en France l'est essentiellement sous forme d'électricité. Celle-ci provient pour 76,5 % de l'industrie nucléaire (2nd producteurs d'énergie nucléaire au monde après les États-Unis). Le reste de la production d'électricité est assurée à partir de sources d'énergie renouvelables (production hydroélectrique, et marginalement énergies solaire et éolienne) et de centrales thermiques.
Principaux acteurs du secteur de l'énergie français : GDF Suez et Électricité de France.
Autres acteurs importants : ENI, Direct Énergie, Total et Poweo.
La France et les énergies vertes :
⇒ Fort potentiel hydraulique et géothermique.
⇒ 1ère forêt d'Europe occidentale.
⇒ 2ème « gisement » éolien d'Europe continentale après celui du Royaume-Uni : façade littorale large et bien exposée, permettant l'éolien offshore
⇒ importance des gisements solaires et éoliens des départements d'outre-mer
⇒ 2nd pays producteur d'énergies renouvelables de l'UE, essentiellement grâce à ses ressources en bois et hydroélectricité.
⇒ En 2009, les énergies renouvelables ont fourni 14 % de la production d'énergie française.
NB : le bois et l'hydraulique représentent encore plus de 75 % de la production d'énergies renouvelables en France, malgré une forte poussée de l'éolien (+ 40 % en un an) et surtout des Biocarburants (+ 78 %).
La France et le PSM :
⇒ Initiatrice de l'Union pour la Méditerranée.
⇒ Financement de plans solaires nationaux (cf : Plan Marocain et finance de l'AFD)
⇒ Initiatives politiques et scientifiques (ex : Direction Générale de l'Energie et du Climat cf Philippe Lorec)
⇒ Projet Transgreen →société Medgrid
Particularité :
Israël est une exception parmi les PSEM : pays riche, technologiquement avancé.
Faiblesses des ressources énergétiques naturelles :
Israël ne dispose pas de ressources énergétiques. Importe la quasi-totalité de celles-ci, que ce soit le charbon, le pétrole ou le GPL.
Mais : récentes découvertes de gaz naturel au large des côtes méditerranéennes du pays (près de la ville d'Ashkelon)→ pourraient permettre à l'Etat d'améliorer le déficit de sa balance énergétique.
Recherche d'énergies alternatives :
Israël s'apprête à brancher son premier champ commercial d'énergie solaire au réseau cet été. Le projet est conçu pour libérer le pays de formes d'énergie qui ne sont pas écologiques.
Objectif pour 2020 : Générer 10% de son électricité par des moyens alternatifs.
Exploitation des ressources solaires offertes par le désert israélien du Negev → + de 2 mille heures d'ensoleillement direct chaque année → projet d'établissement de champs solaires.
Sociétés israéliennes moteurs :
Arava Power → 1er projet dans le désert du Néguev au Sud d'Israël.
MST → projet : construire 16 centrales de 1 GW chacune sur une période de vingt ans.
Israël compte profiter du PSM pour affirmer sa place parmi les pays leaders en industries et services de l'énergie solaire.
Mouammar Kadhafi, Ancien chef de l'Etat Lybien
Lien avec le PSM :
Dirigeant d'un pays du Sud de la Méditerranée en place lors du lancement de l'Union pour la Méditerranée.
Favorable à l'UPM.
La KFW :
La KfW Bankengruppe ou KfW est une institution de droit public allemande. Elle fait partie des quinze premières banques d'Allemagne. Le Ministère fédéral des Finances dispose du droit de regard.
Objectif :
- mettre en œuvre les missions d'intérêt public telles que le soutien aux PME et à la création d'entreprises,
- mise à disposition de crédits d'investissement aux petites et aux moyennes entreprises
- le financement de techniques permettant d'économiser l'énergie
- Aide au développement.
KFW et PSM :
L'AFD, la BEI et la KFW soutiennent conjointement le PSM sur la base d'une offre de financement et d'un cadre de mise en œuvre communs. Les 3 institutions pourraient apporter conjointement jusqu'à 5 milliards d'euros de financements aux projets d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique dans la région sur la période 2010-2015.
Le projet « twenties » :
Mai 2010 : lancement du projet par l'Union européenne.
Objectif : intégrer l'énergie éolienne dans le réseau électrique européen conformément aux objectifs du Paquet ''Climat-Energie'' qui prévoit une part de 20% de l'électricité consommée issue des Energies Renouvelables en 2020.
Le projet Twenties : - durée → 3 ans
- 26 partenaires (réseaux de transport d'électricité, producteurs d'électricité, institutions) parmi lesquels RTE, le réseau de transport d'électricité français. Partenaires issus de 10 Etats membres.
- budget → près de 60 millions d'euros, dont 32 millions seront financés par l'Union européenne.
Le projet ''s'efforcera d'identifier et de lever les obstacles liés à une large intégration de l'énergie éolienne (on-shore et off-shore), intermittente par nature, dans le réseau électrique européen'' RTE
Les BRICS :
BRICS est un acronyme pour désigner une organisation regroupant le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud.
Les cinq pays composant le BRICS sont pour la plupart considérés comme des grandes puissances émergentes :
- Démographique : Ils comptent 40 % de la population mondiale. En 2015, ils devraient assurer 61 % de la croissance mondiale.
- Economique : 16 % du PIB mondial en 2001, 27 % en 2011 et d'après des estimations, 40 % en 2025. En 2011, la BRICS totalisait un PIB de 11 221 milliards pour près de 3 milliards d'habitants.
Maïté JAUREGUY-NAUDIN :
2006 à 2011 : chercheuse et coordinatrice du projet Gouvernance Européenne et Géopolitique de l'Energie au sein du programme Energie de l'Ifri. (Institut français des relations internationales)
Octobre 2011 : Directrice du Centre Energie de l'Ifri.
Maroc et énergie solaire :
Une des ressources solaires les plus importantes de la planète (3 000 heures par an de soleil) + Zones désertiques particulièrement propices aux centrales solaires à concentration → Fort investissement dans les énergies renouvelables.
⇒ 2009 : annonce d'un ambitieux programme de construction de centrales solaires d'une capacité de 2000 MW → d'ici 2020 construction de 5 centrales solaires sur les sites de Ouarzazate ( près de 500 MW), Lâayoune, Boujdour dans le désert de Sahara, la ville de Tarfaya dans le sud d'Agadir et enfin Ain Beni Mathar à l'est de Fès. Pour chaque site, le choix technologique (concentration solaire, photovoltaïque ou thermodynamiques à tour) reste ouvert. Objectif d'ici 2020 : produire 42% de l'électricité du pays grâce aux énergies renouvelables.
Objectifs : sécurité énergétique, création d'emploi et exportation d'énergie.
⇒ Janvier 2010 : création de La Masen, société publique chargée de mettre en œuvre le plan solaire marocain.
L'électricité verte ainsi produite sera orientée prioritairement vers le marché local et, pour partie, exportée vers l'Europe.
Maroc et PSM :
Les objectifs du Plan Solaire Marocain sont cohérents avec ceux du Plan Solaire Méditerranéen (PSM), volet particulièrement important de l'Union pour la Méditerranée.
Maroc, partie prenante du PSM.
Relations étroites avec les pays européens :
⇒ Interconnexion électrique Maroc-Espagne : atout phare pour le transfert de l'énergie des pays du sud aux pays du nord.
⇒ Coopération germano-marocaine dans le domaine des énergies renouvelables
• aide financière de 131 millions d'euros en 2010 destinée au développement des procédés techniques dans le domaine des énergies solaires et éoliennes marocains)
• partenariat Agence marocaine pour le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE) et Agence allemande de coopération technique (GTZ).
⇒ Coopération franco-marocaine : partenariat institutionnel, technique et financier afin d'assurer le succès du Plan Solaire Marocain.
Membre du Parti Socialiste, diplômé de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directeur du cabinet de Jean-Paul Huchon, Président du Conseil régional d'Ile-de-France
Lien avec le PSM :
Critique l'UPM → Désapprouve une Union fondée uniquement sur des rapports politiques, entre des démocraties et des régimes autoritaires, et non sur la société civile.
Lire son article L'Union pour la Méditerranée manque le train de l'histoire publié dans Le Monde le 1er Février 2011. Pour des Gayets : « L' 'UPM s'embourbe dans cet étrange attelage mêlant démocraties occidentales et régimes autoritaires. (…) A l'heure où les aspirations démocratiques se font entendre dans de nombreux pays du Maghreb, c'est bien vers les sociétés civiles qu'il faut rechercher les acteurs de l'alliance euro-méditerranéenne. »
Medgrid :
Lancé en juillet 2010 et créée le 9 décembre 2010.
Consortium d'origine française associant des partenaires leaders dans les métiers de la production, du transport et de la distribution d'électricité, du financement d'infrastructures, des services à l'économie du changement climatique.
La société Medgrid est la concrétisation du projet Transgreen qu'elle remplace.
But : créer un réseau transméditerranéen de transport d'électricité. Vise à construire des lignes à très haute tension entre les rives nord et sud de la Méditerranée.
Réunit 21 actionnaires européens, parmi lesquels les entreprises françaises Areva renouvelables, EDF, INEO (GDF Suez), Nexans et RTE.
Président : André Merlin
Medgrid et Desertec :
24 novembre 2011 : accord de coopération entre Desertec et Medgrid.
Deux projets complémentaires : « d'un côté, la production d'énergie, de l'autre, son transport : nous avions naturellement vocation à converger » (cf André Merlin président de Medgrid)
Desertec : a pour objectif d'utiliser l'ensoleillement des déserts nord-africains afin de produire de l'électricité et en exporter une partie vers l'Europe.
Medgrid : créer un réseau transméditerranéen de transport d'électricité.
Les deux projets s'inscrivent dans la mise en œuvre du PSM.
Hosni Moubarak (premier Co-président de l'UPM )
Ancien Président de la république arabe d'Egypte
(Démissionne de la co-présidence au moment des révolutions arabes)
Lien avec le PSM :
Dirigeant d'un pays du Sud de la Méditerranée en place lors du lancement de l'Union pour la Méditerranée.
Favorable à l'UPM.
Observatoire Méditerranéen de l'Energie :
Création : 1988
Objectif : promouvoir la coopération et la collaboration entre les organisations et les entreprises du secteur énergétique, notamment dans le cadre du partenariat Euro-Méditerranéen
Spécialisé dans les études prospectives.
Lien avec le PSM :
• Participe :
- aux conférences de l'UPM
- à la conférence Borloo sur le plan de développement du CSP et de l'éolien.
• Coopération :
- Equipe Lorec en France
- Secrétariat de Barcelone (Marc Strauss)
- Comission européenne
• Point de vue technique :
Juillet 2011 : initiation du travail sur l'outil excel d'aide à la décision. (mesure d'impact, de risque, d'incertitudes
• Point de vue institutionnel :
Accord-cadre avec le secrétariat du PSM (établir une relation officielle et durable entre les deux institutions)
Faiblesses des ressources énergétiques. Dépendant des importations.
Gaza : situation de crise énergétique.
Palestine et PSM :
Problème : étroitesse des territoires palestinienne → trop peu de place pour construction de centrales solaires.
La Palestine a donc peu de capacités de production pour le PSM.
Solution : construction de centrales en Jordanie ou en Israël. Ramener ensuite l'électricité dans les territoires palestiniens. Ne résout pas les soucis de dépendance.
Philippe Lorec :
Responsable du Plan Solaire Méditerranéen à la Direction Générale de l'Energie et du Climat.
Formation :
• ingénieur en robotique
• M2 : micro-électronique/micro-informatique
Relation avec le PSM :
Membre groupe de pilotage à la création de l'Union Pour la Méditerranéen (2008).
Favorable à la promotion des ER.
L'un des précurseurs du PSM.
Assure la co-présidence du PSM de 2008 à mars 2012.
Prise en charge de la dimension financière plus que technique du PSM.
Point de vue :
Eviter le néo-colonialisme.
Favoriser l'implication des pays du sud dans les prises de décisions.
PSM= impulseur de projet, impose dynamique.
1er producteur mondial de gaz et 2ème producteur de pétrole.
Détient entre 7,5 et 15 % des réserves mondiales de pétrole, et 27 à 40 % de celles de gaz.
Fournisseur incontournable d'une Europe moins bien lotie, souhaitant sortir de sa dépendance à l'égard de l'OPEP.
1er fournisseur d'hydrocarbures à l'UE (en 2003, la Russie a dirigé vers l'UE 58 % de ses exportations de pétrole et 65 % de ses ventes de gaz.)
Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la demande européenne de gaz devrait augmenter de 50 % d'ici 2020 ; et selon le ministère russe de l'énergie, la Russie pourrait fournir d'ici là 70 % du gaz importé par les pays européens.
2000 : Sommet de Paris : partenariat stratégique Russie-UE.
Secrétariat de Barcelone
(ou secrétariat de l'Union pour la Méditerranée):
Prémisses à sa création :
Paris 13 juillet 2008 : Naissance de l'« Union pour la Méditerranée »
3 et 4 Novembre 2008 : réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE et des pays méditerranéens. Prise de décision sur : structures institutionnelles, programme de travail pour 2009, domaines de coopération et état d'avancement dans la mise en œuvre des projets consentis.
Co-présidence de l'UPM : Co-présidence du nord (UE) et co-présidence du sud (partenaires méditerranéens).
Mars 2010 : Création du Secrétariat
Objectifs :
Formuler des propositions d'initiatives conjointes, à décider par les organes politiques.
Assurer le suivi des décisions du Sommet liées aux projets.
Tâches :
Recueillir, examiner et proposer les initiatives de projets notamment de la société civile, du secteur privé ou d'autorités nationales ou régionales.
Une fois les projets approuvés par le Sommet (chefs d'État ou de gouvernement), le Secrétariat doit en assurer le suivi en faisant connaître ces projets et en recherchant des partenaires de mise en œuvre.
Secrétaire actuel :
Le marocain Fathallah Sijilmassi
Société des Peuples menacés :
ONG allemande fondée en 1970.
But : susciter une prise de conscience afin de protéger les minorités et les peuples du monde qui sont menacés par des gouvernements oppressifs.
La SPM « lutte contre toutes les formes de génocide et d'ethnocide ».
Il comporte des sections et des bureaux en Allemagne, Autriche, Suisse, Luxembourg, Italie, Bosnie-Herzégovine, Chili et Kurdistan irakien.
Adresse régulièrement aux Nations unies des déclarations concernant les violations des droits humains qu'elle recense, notamment au Conseil des droits de l'homme des Nations unies.
SPM et PSM :
La SPM opposée à la construction du projet-prototype de Desertec dans les zones sahraouies occupées par le Maroc.
Le Sahara Occidental, territoire non autonome selon l'ONU, est en proie à un conflit opposant les indépendantistes sahraouis du front Polisario au Maroc qui revendique sa souveraineté sur l'ensemble du territoire. Celui-ci est en effet annexé majoritairement par le Maroc qui, de ce fait, contrôle notamment la partie Sud de sa frontière avec la Mauritanie. Pour la SPM, cautionner la construction de centrales solaires sur ces territoires dans le cadre du plan solaire marocain reviendrait à cautionner la politique d'occupation marocaine.
Tunisie :
Présence et exploitation de ressources d'hydrocarbures tunisiennes.
Mais → Déficit de la balance d'énergie due à l'augmentation de la consommation contre une quasi-stagnation des ressources nationales en hydrocarbures → intérêt croissant pour énergies renouvelables.
Tunisie et PSM :
11 décembre 2009 : lancement du Plan solaire tunisien :
• adopté en octobre 2009
• englobe 40 projets d'énergie solaire, éolienne et d'interconnexion électrique sous-marine entre la Tunisie et l'Italie.
• Période prévue 2010 à 2016.
• Coopération du secteur privé et du secteur public :
• 29 projets pris en charge par le secteur privé
• 5 projets pris en charge par le secteur public dont 3 par la STEG (Société Tunisienne de l'Electricité et du Gaz qui cofinance le PST)
• Coopération internationale : aide de l'UE, de la Banque Mondiale, du Fonds pour l'environnement Mondial et du Programme des Nations-Unies pour le développement.
• Coopération bilatérale :
→ Franco-tunisienne : partenariat avec l'Agence française de développement (AFD) + le Fonds français pour l'environnement mondial (FFEM).
→Germano-tunisienne : partenariat avec l'Agence allemande de coopération technique (GTZ) + la Banque allemande de développement (KWF)
→Nippo-tunisienne : partenariat avec l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA)
→Avec l'Algérie, l'Egypte, la Libye et le Maroc via le Centre méditerranéen des énergies renouvelables (MEDREC).
L'Agence Nationale pour la Maitrise de l'Energie (ANME : établissement public placé sous la tutelle du Ministère de l'Industrie de l'Energie et des Petites et Moyennes Entreprises tunisien ) contrôle la mise en exécution des différents projets.
Le Plan solaire tunisien :
1- s'inscrit dans le cadre du Plan solaire méditerranéen et des projets internationaux similaires comme le projet DESERTEC .
2- concrétise l'ambition tunisienne de devenir un pôle international de production et d'exportation de l'énergie solaire.
WWF : World Wide Fund
ONG de protection de la nature et de l'environnement, fortement impliquée dans le développement durable. Créée en 1961.
WWF et le PSM :
11 et 12 mai 2010 : conférence sur le Plan Solaire Méditerranéen (PSM) organisé par la Présidence espagnole de l'UE à Valencia. WWF et Fondation Heinrich Böll lancent un guide sur les étapes devant conduire au développement des énergies propres dans le pays virtuel méditerranéen « Heliosthana ». Ce pays virtuel trace le chemin vers un mix énergétique basé sur les énergies renouvelables.
En 2020, Heliosthana combine une faible intensité énergétique (20% de moins qu'en 2010) et une part importante d'énergies renouvelables (20% de l'offre d'énergie primaire). Une partie de l'énergie renouvelable est exportée vers les pays voisins.
Pour Jean-Philippe Denruyter, Responsable du Programme des Energies Renouvelables au WWF International, « le WWF est convaincu qu'Heliosthana peut devenir un modèle pour les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée, et un allié idéal pour que le Plan Solaire Méditerranéen atteigne ses objectifs. Chaque pays dans la région devrait construire un plan national pour un développement optimal de l'énergie solaire et assurer sa propre sécurité énergétique . »
Le PSM est un instrument pour amplifier des ambitions nationales en énergie durable.
Le PSM a un rôle de coordination à jouer dans la région.
Les 10 recommandations d'Heliosthana au PSM :
1. Clarté des objectifs du PSM : 20 GW ne permet pas de comprendre la quantité d'électricité livrée ainsi que la connexion des installations au réseau. Il est donc souhaitable d'exprimer l'objectif en électricité disponible (donc en GWh) hors hydroélectricité de grande taille et hors des pays de la rive nord. Il est crucial d'exprimer également un objectif d'efficacité énergétique en negaWatts (et GWh) ainsi que de fixer des objectifs en énergies renouvelables et megaWatts post-2020.
2. Encourager le développement de Plans Solaires Nationaux avec un mix de projets (dont CES, éoliens, biogaz cogénération, etc.) petits et grands, pour le marché local et les exportations (comme en Tunisie).
3. Donner aux énergies renouvelables priorité d'accès au réseau entre l'UE et les pays voisins aux énergies renouvelables, comme en UE. Faciliter la coopération entre opérateurs de réseaux.
4. Regrouper les petits projets dans des projets financiers plus importants, afin de les rendre attractifs pour les grandes banques et investisseurs.
5. Faciliter la coopération entre l'Union européenne et les pays partenaires.
6. Faciliter et regrouper la recherche environnementale et socio-économique sur des sujets importants, comme la création d'emplois la désalinisation ou les besoins en eau des centrales CSC.
7. Proposer un programme de récupération et recyclage des panneaux solaires en partenariat avec les industries.
8. Encourager un partenariat entre entreprises et universités des rives nord et sud.
9. Défendre les intérêts des pays partenaires et le financement du PSM dans les négociations internationales sur les dérèglements climatiques.
10. Encourager l'UE à augmenter son objectif en énergies renouvelables afin de permettre des importations d'électricité renouvelable des pays voisins.
Le financement du Plan Solaire Méditerranéen est probablement l'un des points les plus controversés.
Des visions rivales au sujet du coût
La VISION PSM a été définie dans un document officiel élaboré par concertation des
40 États membres de l'UPM. L'objectif affiché est 20GW d'électricité verte pour 2020 (cf. « Atteindra-t-on 20 GW en 2020? »), il est actuellement chiffré à 50 milliards d'euros par les institutions.
Contrairement aux idées reçues, le PSM ne dispose pas de fonds propres. L'objectif affiché n'ayant qu'une valeur indicative, les États membres sont libres de mettre en place leurs propres plans solaires nationaux dans le cadre du PSM. Le financement est donc spécifique à chaque programme et à chaque projet.
La vision
DESERTEC a été concurrente de la vision PSM. La fondation DESERTEC
se basant sur un concept général d'importation d'électricité solaire depuis les déserts, avait repris l'objectif de couvrir 17% de la demande européenne en électricité. 400 milliards d'euros était le coût estimé de ce projet.
LES DIFFICULTES DE MISE EN PLACE DU PSM
Le problème de la rentabilité est identifié, par les
institutions et le
secteur privé, comme le principal obstacle au développement des énergies renouvelables en Méditerranée. Malgré les perspectives de propreté, de ressources infinies et de rentabilité de long terme, le coût des technologies reste prohibitif et leur nouveauté est un facteur de risque.
Les arguments en faveur d'une rentabilité accrue sont :
• la diminution du coût des technologies au travers d'économies d'échelle avec le développement de la filière (cf. «Quelle source d'énergie verte privilégier ? ») ;
• la génération d'externalités positives sur les économies du fait de la création d'emplois,
• l'incertitude portant sur le prix des hydrocarbures (cf. « Faut-il continuer à subventionner les hydrocarbures ? ») ;
• la hausse du coût de l'énergie nucléaire par la hausse des normes de sécurité et la dégradation de l'acceptation sociale ;
• la contrainte climatique rendant la demande d'énergie renouvelable plus pressante (cf. « Le PSM traduit-il un intérêt commun ? »).
Les freins identifiés sont :
• la crise financière focalise les politiques sur des objectifs de court terme,
• le manque de liquidité pourrait amener les banques commerciales a faire un arbitrage entre les projets éoliens de l'Europe du Nord et le PSM,
• le manque de stabilité politique ajoute du risque aux investissements
• le manque d'expérience concernant les énergies renouvelables
• le manque de cadres légaux favorisant les énergies renouvelables dans la plupart des pays du Sud (cf. « Le PSM traduit-il un intérêt commun ? »).
Les États n'étant pas prêts à financer individuellement et intégralement la différence de coût : les acteurs cherchent donc des mécanismes innovants de financement.
LES ENERGIES RENOUVELABLES EN MEDITERRANEE : UN MARCHE COMME LES AUTRES ?
Ces mécanismes innovants sont le recours à des fonds publics (mesures incitatrices des États, subventions par les banques de développement AFD, KfW, WB, BEI) ; la participation du secteur privé (fonds privés et banques commerciales) et l'export d'une partie de l'électricité produite vers l'Europe (cf. « Quelle quantité d'énergie exporter vers l'Europe ? »).
Les subventions actuelles avoisinent 6 milliards d'euros. La première question est la viabilité d'un modèle subventionné. La majorité des acteurs voient le domaine de l'énergie comme un marché.
La France est à l'initiative de la création prochaine d'une plate-forme de rencontre des grands fonds souverains, ainsi que de la coopération croissante avec les banques commerciales du Sud.
Par ailleurs, la France et l'Allemagne ont inventé l'article 9 de la directive européenne relative aux énergies renouvelables permettant le décompte de l'électricité verte importée dans le pourcentage de 20% imposé aux pays de l'Union Européenne par le « paquet climatique » (cf. « Quelle quantité d'énergie exporter vers l'Europe ? »).
Est-il possible d'exporter de l'énergie verte vers l'Europe?
La directive européenne du 23 avril 2009 vise à développer l'utilisation des énergies renouvelables des pays membres et à l'article 9, elle prévoit que celles-ci peuvent être importées de pays tiers comme les pays du pourtour méditerranéen.
De manière à répondre à ces nouveaux objectifs, le PSM comprend l'exportation de 5GW sur les 20 GW produit en 2020 vers l'Europe.
Importer de l'énergie des pays du Sud, une nouvelle forme d'exploitation ?
De nombreux blogs de gauche (les Petitspoissontrouges, Europe solidaire) dénoncent une nouvelle forme d'exploitation, voire de néocolonialisme, dans l'implantation au Sud de centrales solaires dont la production reviendra en Europe. Desertec est souvent dans la ligne de mire de ces critiques car leur projet annonçait plus de 400 milliard d'euros investis au Sud pour permettre de répondre à 15% de la demande en énergie européenne. Pour Selon Maïté Jauréguy-Naudin, coordinatrice du programme Énergie à l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), « ce projet relève davantage de la stratégie industrielle que de la politique climatique », les pays du Maghreb ne semblant pas avoir été suffisamment consultés.
Francis Petitjean, cofondateur de Desertec, a répondu à ces accusations en soulignant que « L'électricité produite bénéficiera en premier lieu aux pays producteurs » Cet objectif est partagé par les grandes banques de développement et l'UPM. Ces acteurs parlent d'une stratégies gagnant-gagnant. Les études économiques de ces banques montrent qu'une part de l'électricité doit être exportée pour que les infrastructures soient rentables (cf. « Comment financer le PSM ? »).
L'Europe est-elle le marché à cibler?
Les deux principaux consortiums liés au PSM, Desertec et Medgrid, se sont formés autour de l'idée d'importer de l'électricité en Europe. Desertec envisageait de répondre aux besoins énergétiques de l'Europe en installant des centrales solaires au Sud de la méditerranée. Quant à Medgrid, il est en charge des réseaux qui amèneront l'électricité du Sud au Nord. Le marché européen de l'énergie verte est donc le principal enjeu. Depuis l'adoption de la directive d'avril 2009, les pays membres de l'Union Européenne sont incités à incorporer des énergies renouvelables dans leur mix énergétique. Cette directive incite donc les gouvernements des pays membres à payer plus cher pour avoir de l'énergie renouvelable.
Cependant, exporter de l'énergie vers le Nord, c'est également en laisser moins au Sud. Or, le Sud est en plein développement et la demande en énergie croit rapidement (cf. « Le PSM traduit-il des intérêts communs ? »). Il ne faudrait donc pas que le Nord monopolise les richesses énergétiques du Sud. Les réseaux de redistribution de l'énergie prévus semblent favoriser les échanges Nord-Sud et non les échanges Sud-Sud (cf. « Quelle échelle d'organisation ? »). Ce paradoxe est mis en avant par des organismes comme l'OSE (Organisation des Systèmes Énergétiques) qui juge qu'il faudrait favoriser l'exportation vers les marchés subsahariens qui sont à la fois demandeur et en manque de sources d'énergie.
Est-il rentable d'exporter de l'énergie vers l'Europe ?
Le rapport de la Femip et de l'inspection générale des finances mettent en avant le fait que l'Europe est un marché extérieur prometteur permettant d'écouler la production d'énergies vertes que l'Europe ne peut produire elle- même. Dans la plupart des magazines économiques mais aussi dans le dossier de presse du gouvernement français, l'exportation d'énergie verte vers l'Europe est présentée comme la garantie de la rentabilité du projet. Le rapport de l'inspection générale des finances, montre ainsi que plus la quantité d'énergie vendue à l'Europe est grande plus le prix local diminue. Il serait donc plus rentable pour les pays producteur de revendre l'électricité à l'Europe, peut-être même plus que 5 GW sur 20. Si on laisse faire le marché, l'Europe importerait la majeure partie de l'électricité produite, car elle pourra payer et subventionner la consommation d'énergie plus coûteuse comme les énergies renouvelables dont le coût est largement supérieur à 20cts le kWh.
Cependant une importation massive d'électricité entraînerait la mise en place d'une économie de rente pour les pays du Sud et l'on risquerait de reproduire les mêmes erreurs que celles du système pétrolier. De plus, l'étude de l'inspection générale des finances ne comprend pas les infrastructures de transports de l'énergie en provenance du Sud. Il n'existe à l'heure actuelle qu'une liaison entre le Maroc et l'Espagne, largement insuffisante (700MW). Le coût des infrastructures de transports qui doivent être construites dans le cadre du PSM est très élevé. Pour exporter 5 GW, il faudrait dépenser selon le rapport de l'inspection générale des finances et de la Femip au minimum 4 milliards d'euros. Cela pose la question de la rentabilité du projet pour l'Europe et les européens. La Femip montre que la vente des crédits carbone et les taux intéressants des banques de développement ne suffiront pas à assurer la vente de cette énergie verte, il faudra une véritable volonté politique.
La Banque Mondiale, dans son étude sur la mise en place d'énergie solaire à concentration, montre à travers trois scénarios qu'il est nécessaire qu'il y ait un transfert de compétences pour limiter les importations de matériel et permettre des exportations d'énergie. La banque mondiale se positionne ainsi avant tout en faveur du développement des pays du Sud.
Peut-on transporter 5 GW de part et d'autre de la méditerranée ?
L'une des principales liaisons entre le Sud et le Nord de la Méditerranée devait passer entre la Libye et l'Italie. Or, la Lybie de Kadhafi ne faisait partie de l'UPM que comme observateur. Depuis la révolution, le statut de la Libye est incertain et le projet est suspendu. Cela remet en cause le passage d'environ 1 GW. Les négociations ont aussi été ralenties en Tunisie et gelée en Syrie. Les révolutions arabes ont freiné les investissements. Cependant, pour André Merlin, président de Medgrid, le Printemps Arabe ouvre de nouvelles opportunités de négociations. Il se veut rassurant et renouvelle les engagements : « les moyens de production d'énergies renouvelables seront mis en œuvre avant tout par et pour les pays du sud et de l'est de la Méditerranée » (cf. « Le PSM garantit-il la sécurité énergétique de l'Europe ? »). Sur le plan technique, Medgrid avance le fait que les liaisons France et Grande-Bretagne et Italie-Corse sont faites avec la technologie HVDC, décriée pour être encore trop chère et trop peu maîtrisée.
Le PSM garantit-il la sécurité énergétique de l'Europe?
L'UE est actuellement en situation de dépendance énergétique. Par exemple, la Russie est son principal fournisseur en gaz, lequel transite de plus par un grand nombre d'États d'Europe de l'Est, tels que l'Ukraine ou la Pologne. En Janvier 2009, la crise gazière, avec notamment l'arrêt de fourniture en gaz par l'Ukraine pendant 2 semaines, a mis en évidence cette vulnérabilité. Le nucléaire, gage d'indépendance énergétique pour de nombreux États dont la France, est par ailleurs de plus en plus contesté.
Le PSM; une voie vers une meilleure sécurité énergétique
Afin de sortir de cette dépendance, l'UE doit diversifier ses sources d'énergies. Le Plan Solaire Méditerranéen a été en partie créé dans ce but. Comme l'indiquent les conclusions du Conseil Européen de l'Énergie de 2011, le développement d'infrastructures au sein du PSM et la coopération avec les Pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée doivent être des priorités pour l'UE. L'intégration des marchés méditerranéens permettrait de garantir une meilleure sécurité énergétique.
Cependant, se fier aux PSEM pour la sécurité énergétique de l'Union Européenne comporte également des incertitudes.
Les régimes politiques d'Afrique du Nord, source de déstabilisation
L'argument avancé est l'instabilité des régimes politiques d'Afrique du Nord. Or, si une négociation administrative peut s'interrompre puis reprendre, la construction concrète d'infrastructures nécessite une stabilité sur le long-terme pour des raisons évidentes de rentabilité.
Dès ses commencements, l'UPM a été critiquée à ce sujet. En France, des diplomates ainsi que des membres du Parti Socialiste (tels que Maxime des Gayets) ont désapprouvé une Union fondée uniquement sur des rapports politiques, entre des démocraties et des régimes autoritaires, et non sur la société civile. Ainsi, Moubarak, Ben Ali et Kadhafi étaient tous trois des soutiens importants du projet. Moubarak a même coprésidé l'UPM de 2008 à sa démission, le 11 février 2011.
Tandis que Nicolas Sarkozy estime que les Révolutions arabes sont un moment clé pour donner un nouveau départ au processus d'union (allocution radiotélévisée du dimanche 27 février 2011), les investisseurs, eux, tendent à se replier vers des pays plus sûrs pour financer des projets labellisés PSM (soit l'Algérie et le Maroc, déjà très avancés). En effet, si l'initiative au niveau institutionnel n'est pas rompue du fait du changement de régime, la construction d'infrastructures nécessite une stabilité à long-terme que les changements rapides en Égypte, Libye et Turquie ne permettent pas de garantir. Le secrétariat de Barcelone est cependant convaincu qu'à moyen-terme, les Révolutions arabes accéléreront le PSM plutôt qu'ils ne le freineront. Pour Henri Guaino, un travail commun de l'Europe et des pays du Sud permettra la stabilisation des nouveaux régimes et un partenariat politique plus poussé. (cf quelle place pour les PSEM ?)
L'UPM - un équilibre diplomatique fragile
Par ailleurs, l'équilibre diplomatique au sein des 43 États membres de l'UPM semble difficile à conserver.
De nombreux conflits et tensions préexistants à l'UPM se sont rapidement fait sentir: par exemple, en janvier 2009, l'opération Plomb Durci menée par Israël dans la bande de Gaza a provoqué un boycott des réunions de l'UPM par les dirigeants arabes. Autre exemple, les tensions au sujet du Sahara occidental, si elles ne dégénèrent pas encore, sont déjà un facteur influençant les projets PSM: ainsi, la Société des Peuples Menacés, une ONG allemande, a lancé un manifeste pour que le projet-prototype de DESERTEC ne soit pas construit dans les zones sahraouis occupés par le Maroc (ce qui aurait signifié une approbation de la politique d'occupation).
Mais la démission du jordanien Ahmad Massa'deh de son poste de secrétaire général de l'UPM (le 26 janvier 2011) remet en cause cette vision exogène. En France, d'où vient le projet UPM, cette démission a été mise sur le compte du conflit israélo-palestinien. Mais selon le secrétariat permanent de l'UPM, c'est à cause des blocages internes à l'Union Européenne que Massa'deh a choisi de partir. L'épineuse question du budget de l'UE, notamment, empêche la réalisation de nombreux projets. En effet, tandis que les pays latins sont très proches de la région méditerranéenne, les pays du Nord sont plus tournés vers l'Europe de l'est. (cf. "Le PSM traduit-il un intérêt commun?)
Un réel problème pour le PSM?
Au niveau du secrétariat de Barcelone, la vision reste plus optimiste. Par exemple, le nouveau co-secrétaire du sud sera probablement un tunisien en raison de l'avancée du pays en matière de plan solaire. Les projets PSM se jouant principalement au niveau national, les conflits peuvent, selon eux, passer plus facilement au second plan. Ainsi, comme Israël est un pays riche et technologiquement avancé et que la Palestine est un trop petit territoire sur lequel il n'y a pas la place de construire des infrastructures de production d'énergie renouvelable, leur implication dans le PSM est faible et le conflit ne bloquerait directement le processus (cf. « Le PSM traduit-il un intérêt commun ? »).
Le PSM traduit-il un intérêt commun?
Dans le contexte actuel de crise économique et politique, il semble que l'ensemble des pays européens et ceux du pourtour de la Méditerranée ont comme intérêt commun de faire de la zone euro-méditerranéenne un espace de coopération économique et de stabilité politique. Le PSM, et plus largement l'Union Pour la Méditerranée, s'inscrit dans cette optique de collaboration et de renforcement de la sécurité de tous. Cependant, à l'heure où l'on constate que la construction de l'Union Européenne peine à se maintenir, la pertinence d'une telle entreprise est contestée.
Une Europe désunie
Crise de la dette souveraine, proposition de sortie de la zone euro, révision des accords de Schengen… autant d'éléments qui montrent qu'aujourd'hui la construction européenne, entreprise depuis maintenant plus d'un demi siècle, est loin de fédérer les États qui devraient la faire avancer. Bien que les États appartenant à l'Union Européenne partagent une histoire et des institutions communes, l'UE ne parvient que rarement à parler d'une seule voix, y compris en matière de politique énergétique. L'exemple le plus flagrant est l'opposition entre la France et l'Allemagne sur la question du nucléaire civil. Pourtant, la commission européenne a fixé des objectifs à atteindre concernant l'énergie : les fameux 20 – 20 – 20. Le PSM est censé être une stratégie qui doit servir cet objectif, mais on peut lui opposer certains arguments (cf. « Quelle échelle d'organisation ? ») .
Des différences marquées entre l'Europe et les PSEM
Tout d'abord, la plupart des PSEM sont des pays dont les sous-sols sont riches en ressources énergétiques fossiles. Ces États n'ont donc pas le même point de vue sur la politique énergétique à mener que les pays européens (cf. « Faut-il continuer à subventionner les hydrocarbures? »). De plus, les projets du PSM visent à produire de l'électricité verte dans les PSEM puis à en exporter une partie vers les pays européens, tout ceci étant extrêmement coûteux. Mais les PSEM connaissent actuellement de forts taux de croissance démographique et d'urbanisation, leurs besoins énergétiques devenant donc de plus en plus importants, ainsi que de profonds changements de leur organisation politique (cf. « Le PSM garantit-il la sécurité énergétique de l'UE? »). Rien n'assure donc que dans les années à venir la coopération énergétique avec les pays de l'UE sera une des préoccupations principales des gouvernements des PSEM. Au contraire, les initiatives européennes sont susceptibles d'être reçues comme des initiatives néo-colonialistes alors que les PSEM en plein développement veulent s'affirmer sur la scène internationale. De plus, d'autres pays émergents tels la Chine, le Brésil ou encore l'Inde, développent de plus en plus leurs partenariats avec certains PSEM. Ils peuvent y bénéficier de plus de légitimité que les pays européens, qui sont eux d'anciennes puissances coloniales.
Le PSM, une bonne initiative ?
L'Europe devrait-elle plutôt travailler au renforcement de l'intégration des pays en son sein même, et, pour atteindre ses objectifs énergétiques du Paquet « Climat-Énergie », investir dans des projets sur son sol ? Ces projets seraient principalement des projets éoliens onshore et/ou offshore (en raison des conditions climatiques européennes). Or les technologies éoliennes sont à l'heure actuelle les plus matures et rentables des technologies du secteur des Énergies Renouvelables (cf. « Quelle source d'énergie verte privilégier ? »). Des projets de ce type existent déjà, tel le projet « twenties », fondé en mai 2010, avec un budget de 60 millions d'euros pour 3 ans et qui rassemble 26 partenaires européens de 10 états membres de l'UE (France, Espagne, Danemark, Pays-Bas, Norvège, Allemagne, Italie, Belgique, Royaume- Uni, Irlande).
A ces considérations politiques s'ajoutent des questions techniques. Le PSM suppose la production d'énergie dans les PSEM puis l'acheminement d'une partie de celle-ci vers les pays du Nord. Il est indéniable que les régions désertiques des PSEM possèdent un capital solaire très élevé et qu'ainsi y installer des centrales solaires semble parfaitement logique. Cependant les déserts sont des environnements hostiles – Que faire en cas de tempête de sable ? - les coûts liés à la maintenance de telles installations seraient donc faramineux (cf. « Quelle source d'énergie verte privilégier ? »). De plus, en 2009 un rapport publié par le Congressional Research Service, un organisme de recherche du congrès américain, présentait des inquiétudes quant aux besoins en eau des centrales solaires à concentration installées dans le sud-ouest des États-Unis. Si les ressources en eau risquent d'être limitées aux États-Unis, leur insuffisance est assurée dans le Sahara. Or c'est cette même technologie (CSP) qui doit généralement être utilisée dans le cadre des projets liés au PSM ! (cf. « Quelle technologie choisir ? »)
Une vision pessimiste qui ne fait pas l'unanimité
A l'opposé, certains acteurs défendent une vision plus forte du PSM, qui posséderait tous les atouts nécessaires à la construction d'une zone euro-méditerranéenne de prospérité et de paix. Ainsi, J-Y Moisseron, chercheur à l'institut de recherche pour le développement, (IRD), va jusqu'à comparer le PSM à la mise en place de la CECA en 1952. Ces acteurs mettent en avant les différences entre ce qui était le processus de Barcelone et l'UPM, considérant que le premier a échoué notamment à cause de son caractère très euro-centré et non démocratique, alors que la seconde s'appuie sur une égalité entre les pays nord et les pays sud, l'objectif étant non pas d'expliquer aux pays du sud ce qui est bon pour eux, mais de favoriser leur développement par des coopérations politiques et des transferts de technologies. Philippe Lorec, chargé du PSM au ministère de l'Écologie, souligne que lorsque le gouvernement français a lancé l'UPM, il était « désintéressé » car n'avait pas d'industries solaires ou éoliennes, donc pas de velléités d'exportations de produits vers les PSEM. Pour Jean-Yves Moisseron, la force principale du PSM réside en ce qu'il concerne l'énergie – un besoin de base – et que par là il transcende les conflits (cf. « Le PSM garantit-il la sécurité énergétique de l'Europe ? »). D'autant plus que l'énergie solaire est assez uniformément répartie sur l'ensemble du pourtour méditerranéen et que l'ensemble des pays doive actuellement préparer « l'après-pétrole ». Ainsi, si le PSM parvient à s'inscrire au-delà des dynamiques politiques, on pourrait s'attendre à ce qu'il soit capable de donner lieu à une véritable union méditerranéenne.
Chronologie :
Mai – Juin 2005 : le projet de constitution européenne est rejeté par référendum en France, aux Pays-Bas
Juin 2008 : le projet de constitution européenne est rejeté par référendum en Irlande
2008 : début de la crise économique qui depuis frappe durement les pays de l'Union européenne
2009 : le Congressional Research Service publie un rapport alertant sur la trop forte consommation en eau de la technologie CSP
2010 – 2012 : crise politique européenne
2025 : selon l'OME les PSEM représenteront 42% du total de la demande d'énergie primaire en Méditerranée
Quelle organisation et à quelle échelle ?
Le Plan Solaire Méditerranéen est un vaste programme qui regroupe une multitudes d'acteurs aussi bien politiques qu'industriels, originaires d'une quarantaine de pays, et avec un grand nombre de projets publiques, privés, à l'échelle locale ou nationale. Cette diversité et cette multiplicité posent la question du niveau d'action à mettre en place.
Un système « distribué » des projets: une plus grande marche de manœuvre...
Tout d'abord en ce qui concerne l'organisation a adopter plusieurs visions s'opposent. Selon Philippe Lorec, responsable du PSM au sein du Ministère de l'environnement, le Plan Solaire doit être vu comme un « agitateur », une sorte de plate-forme où les propositions et les financements peuvent se rencontrer et grâce à laquelle l'échange est vraiment facilitée. Il est plus facile pour des projets de mobiliser des banques et des institutions s'ils s'inscrivent dans le cadre du PSM, véritable label. Il souligne l'importance de la décentralisation du plan pour éviter de trop nombreux blocages et un système « distribué » est favorable afin qu'il soit durable. Philipe Lorec affirme même que le PSM s'est vidé en quelque sorte de sa substance au profit des projets énergétiques.
En effet, le Plan Solaire Méditerranéen a donné une grande impulsion à la réalisation de programmes du coté des pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée. A la suite de son lancement, les énergies renouvelables ont connu un grand essor dans les politiques énergétiques et environnementales de part et d'autre du bassin méditerranéen, et plusieurs plans solaires nationaux ont vu le jour : le Maroc qui est le plus avancé dans le domaine à l'heure actuelle, a établi son plan national dès 2009, de même pour celui de la Tunisie, tandis que le programme national algérien qui dépasse les autres en terme d'objectifs a été présenté fin 2010.
Par ailleurs, Philippe Lorec explique qu'au sein des pays-acteurs du PSM, « la gouvernance est un sujet complexe, et jusqu'à présent nous n'avons pas réussi à la mettre en place. Un groupe de pilotage à 40 n'est pas fonctionnel ». La gestion par un secrétariat composé de tous les membres est impossible , c'est pourquoi il ajoute que « Nous avons donc été forcés d'agir de façon informelle, avec un groupe qui n'existe pas officiellement, « les amis du PSM », et auquel tous ceux qui sont «intéressés » peuvent participer ». Pour lui, ce mode de fonctionnement informel a permis notamment des réunions entre les pays du Sud.
...ou un manque de coordination ?
Cependant, certains opposent que ce système décentralisé pourrait se traduire par un manque de coordination qui deviendrait néfaste au plan. Le cas de la Tunisie semble illustrer ce phénomène : le pays compte 40 projets qui s'inscrivent dans le cadre du PSM, 29 projets réalisés par le privé, 5 mener à bien par le secteur public (par la STEG en particulier, la Société Tunisienne de l'Electricité et de Gaz), et 5 autres portant sur l'étude et la mise en œuvre du plan national. Ce dernier avait été officialisé en novembre 2009 mais dernièrement, l'Agence Nationale pour la Maîtrise de l'Énergie a relancé un appel d'offre pour revoir le plan solaire tunisien. La directrice générale de l'ANME, Noura Laaroussi Benlazreg, déclare que « il manque à notre Plan solaire une vision claire de la démarche de réalisation. C'est pour cette raison que nous avons voulu le reprendre pour qu'il soit un vrai Plan solaire et non un ensemble de fiches projets ne bénéficiant pas de conditions favorables aidant à leur concrétisation. ». Il semble donc que le désavantage d'un PSM peu centralisé soit le trop grand nombre de projets, peu coordonnés entre eux.
Le manque de coordination se voit aussi dans le partenariat public-privé : toujours selon cette même source, si aucun projet privé n'a encore été réalisé concrètement en Tunisie, c'est à cause d'un problème de réglementation pas adaptée et du fait du monopole de la STEG sur la distribution et la vente.
De plus, un autre manque d'organisation qui pourrait se révéler néfaste concerne DESERTEC, le consortium d'entreprises allemands. En effet, le PSM et DESERTEC ont les mêmes objectifs et de nombreux projets en commun. Si on ne peut pas vraiment parler de concurrence entre les deux, le fait qu'il existe plusieurs interlocuteurs peut troubler les pays du Sud, qui ne savent plus à qui ils s'adressent.
Un débat sur l'échelle d'action
Pour mener à bien ces différents projets de part et d'autre de la Méditerranée, il est difficile de savoir quelle échelle est la plus favorable (régionale ? Nationale ? Locale?), ou encore quel acteur est le mieux à même de les gérer (le secrétariat de Barcelone ? Les Etats eux mêmes ? un niveau plus local? Les entreprises privées ?).
Le cas tunisien montre que le partenariat public-privé peut se révéler difficile, que les projets privés n'avancent pas à cause du monopole de l'Etat. De plus, à propos du niveau d'échelle, certains affirment que dans les questions régionales relatives à l'énergie des acteurs alternatifs tels que les mégalopoles de la région et les villes devraient participer. Par ailleurs, M. Lorec pense qu'il est nécessaire d'aller chercher de plus en plus les financements auprès des banques locales du Sud, plus petites et moins touchées par la crise, les grandes banques risquant de manquer de liquidités et d'être frileuse quant aux investissements sur les projets très coûteux que sont ceux du PSM.
Chronologie :
⁃ 13 juillet 2008 : création de l'UPM dont un des projets est le PSM
⁃ juillet 2008 : rédaction des objectifs du PSM
⁃ 20 janvier 2009 : création de la fondation DESERTEC
⁃ fin 2009 : présentation des plans solaires marocains et tunisiens
⁃ fin 2010 : présentation du plan solaire algérien
⁃ 24 novembre 2011 : signature d'un accord entre DESERTEC et Medgrid
⁃ Mars 2012 : appel d'offre pour la relance du plan solaire tunisien
Quelle place pour les Pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée au sein du PSM ?
Un plan pour l'intégration régionale...
Le Plan Solaire Méditerranéen est non seulement un programme qui vise à la promotion des énergies vertes, mais aussi un plan ayant pour objectif la coopération dans la région du bassin méditerranéen, puisqu'il a été lancé avec la création de l'Union Pour la Méditerranée en 2008. Il souhaite implicitement la stabilité et l'intégration régionale des PSEM. Les objectifs du PSM tels qu'ils ont été formulés, parlent d' « interconnexions électriques entre les pays de la région euro-méditerranéenne » et de « promotion de la coopération technologiques ».
...mais une absence de coopération au Sud
Pourtant, si la coopération entre les pays Européens et les PSEM est indéniable, la coopération Sud-Sud parait au point mort. En effet, il existe beaucoup de partenariats Nord-Sud, mais au sein de la région Sud, les États semblent adopter une politique du chacun pour soi dans leurs stratégies nationales. Ainsi, les relations entre les gouvernements se font presque exclusivement de manière bilatérale et très peu de façon multilatérale. Par exemple, l'Agence Nationale pour la Maitrise de l'Énergie de Tunisie présente sur son site internet ses cinq projets de coopération bilatérale, tous avec un pays du Nord de la Méditerranée, sauf un avec le...Japon ! Aucune des coopérations ne se fait avec ses pays voisins. Il en est de même pour le Maroc et l'Algérie, qui ont tous deux des plans solaires avancés.
Il faut noter par ailleurs que les initiatives viennent essentiellement des pays européens. DESERTEC et Medgrid, deux acteurs principaux du PSM, en sont la preuve (cf. « Le PSM traduit-il un intérêt commun ? »). Le premier est un consortium d'entreprises, en majorité européennes, très rarement originaires des PSEM, créé en Allemagne ; le second a été créé en France et ses deux majeurs participants sont EDF et GDF-Suez.
Une coopération Sud-Sud sur le long terme ?
Une première vision est celle défendue par Philippe Lorec, directeur général pour l'énergie et le climat au Ministère de l'Environnement qui estime qu'il faut d'abord des partenariats Nord-Sud afin de développer la région des PSEM et l'enrichir pour que l'intégration régionale puisse avoir lieu sur le long terme. Selon lui, ce sont les pays du Nord qui prennent le plus d'initiative car ce sont eux qui détiennent la technologie. De ce fait, les PSEM doivent d'abord coopérer avec le Nord, apprendre de ses pays pour peu à peu devenir autonome et promouvoir une coopération avec leurs pays voisins, sans forcément traverser la Méditerranée. Ainsi, le partenariat sur l'énergie solaire est même comparé à l'ancienne CECA qui a permis l'intégration régionale européenne.
Une plus grande participation et coopération immédiate au Sud ?
D'autre part, Mustapha K. Faïd , ancien directeur de l'OME déclare quant à lui qu'une coopération intra-maghrébine, et intra-Sud en général, ainsi que la mise en place de politique commune sont aujourd'hui un impératif concernant les politiques énergétiques des PSEM. Selon lui, la différence de prospérité entre les régions Nord et Sud instaure plus un rapport de dominant-dominé qu'un rapport de partenariat véritable et équilibré. Certains dénoncent surtout la politique du « chacun pour soi » instauré chez les pays du Sud qui ont une politique privilégiant le national. Seul 3% du commerce extérieur de la zone se fait dans des échanges inter maghrébin.
Une des parties de ce débat souligne que les acteurs, et les pays du Sud en général ont plutôt tendance à ne voir que l'objectif de «la mise en place d'un système incitatif et viable d'exportation d'électricité renouvelable du Sud et de l'Est de la Méditerranée vers l'Europe ». L'interdépendance et la solidarité énergétique devrait donc être privilégiées pour certains et ce dès à présent (cf. « Le PSM traduit-il un intérêt commun ? » et « Le PSM garantit-il la sécurité énergétique de l'Europe ? »).
Chronologie
⁃ fin 2010 : coopération de l'Algérie et de l'Allemagne pour DESERTEC
⁃ 2011 : lancement de Ouarzazate, projet de coopération entre le Maroc et DESERTEC
Quelle source d'énergie verte privilégier?
Le plan solaire méditerranéen, contrairement à ce que son nom indique, n'inclut pas uniquement l'utilisation d'énergie solaire. Des projets éoliens et de production d'hydroélectricité sont envisagés dans le cas du PSM. Les projets hydroélectriques sont peu nombreux du fait du peu de sites disponibles. Les études portent plus sur le solaire et l'éolien.
Énergie solaire vs énergie éolienne en économie
Cette controverse s'est ouverte en 2009 à partir du moment où la phase 2 du PSM a été lancée. Il s'agissait alors de définir des projets pilotes, de faire des études techniques et scientifiques. Plusieurs scénarios se sont alors dessinés faisant varier les mix énergétiques. L'étude réalisée par Estela Solar prévoyait la production de 20GW d'énergie par le solaire à concentration. L'inspection générale des finances fait quatre simulations :
⁃ solaire ++ : les 20 GW sont produits uniquement avec de l'énergie solaire.
⁃ solaire + : les 20 GW sont produit avec une majorité d'énergie solaire
⁃ éolien + : les 20 GW sont produits avec une majorité d'énergie éolienne
⁃ éolien ++ : les 20 GW sont produits uniquement avec de l'énergie éolien
Les budgets envisagés varient en fonction de ces technologies
Pour une même production de 20GW, l'association des industries solaires d'Europe, Estela, prévoit un budget de 97 milliards d'euros.
Ces différences de budgets sont liées à la difficulté que l'on a aujourd'hui pour évaluer le coût des énergies solaires. Les énergies éoliennes sont dites matures, on peut envisager la baisse du coût de production et l'amélioration des performances dans les 10 ans à venir (l'actualisation que l'on voit en bleue). Le rapport de la FEMIP prévoit que l'éolien, avec le rachat des crédits carbone, sera rentable rapidement. Dans le cas du solaire, ces paramètres sont bien moins certains (rapport de l'inspection générale des finances) d'autant plus que les technologies solaires sont très diverses. Il en existent deux grands types: les CSP (centrale solaire à concentration) et les panneaux photovoltaïques. Il existe plusieurs sortes de panneaux photovoltaïques fabriqués avec des matériaux différents et ayant des coûts de production et des rendements différents. Il existe aussi plusieurs sortes de CSP, certaines en étant encore au stade expérimentales comme les collecteurs linéaires de Fresnel ; d'autres ayant déjà été installées et dont on peut évaluer le coût comme les centrales cylindra-paraboliques (voir fiche technique sur les technologies).
Ces technologies étant émergentes, il est certain que leur coût de production va baisser, plus rapidement que pour l'éolien. Cependant, la FEMIP et le rapport de l'inspection des finances ne prévoient qu'en 2020, l'électricité solaire demeurera plus chère que l'énergie éolienne.
Le solaire, énergie du futur ?
Ces rapports d'expertise économique n'ont pas permis de mettre l'énergie éolienne en avant dans le projet du PSM. En effet, l'énergie solaire suscite un fort engouement dans l'opinion publique. La majorité des blogs et des articles de webzines sont enthousiastes à l'idée du PSM et présentent le solaire comme l'énergie du futur. En effet, contrairement à l'éolien, cette énergie est disponible en abondance. DESERTEC joue sur cette image notamment lorsqu'il avance les chiffres que « couvrir 0,3% des 40 millions de km2 de déserts de la planète en centrales solaires thermiques permettrait de couvrir les besoins électriques de la planète en 2009 (environ 18 000 TWh/an). »Dès lors, l'enjeu est si important que DESERTEC n'hésite pas à avancer un budget bien plus élevé de 400 milliards d'euros. Le discours de DESERTEC n'est pas sur la rentabilité (cf. « Comment financer le PSM ? »)mais sur le potentiel du solaire à très long terme.
DESERTEC a su s'imposer comme le projet du PSM. Sur 208 sites traitant du PSM, DESERTEC est cité 109 fois. Le consortium DESERTEC au travers de son projet a donc su imposer le solaire à concentration comme la technologie qui serait développée et reléguer le photovoltaïque et l'éolien comme des énergies complémentaires.
Le problème de l'eau
Si le solaire apparaît comme l'énergie verte par excellence, le projet DESERTEC ne fait pas l'unanimité chez les écologistes. En effet, pour faire fonctionner les centrales à concentration, il faut une grande quantité d'eau. Or, dans le désert, l'eau est une ressource rare... DESERTEC propose ainsi d'installer des centrales de désalinisation de l'eau. Cela vient cependant s'ajouter au coût de production et implique que les centrales solaires soient en bordure de côte, là où le foncier est le plus cher, à moins de devoir établir un grand réseau aquifère dans le désert.
Comme le montre les commentaires sur la page Wikipédia « projet DESERTEC », la question de l'eau reste posée aujourd'hui.
Atteindra-t-on 20 GW en 2020?
Le secrétariat de Barcelone a annoncé l'objectif « 20 GW pour 2020 ». La question de savoir si ce chiffre sera atteint divise les différents acteurs.
2020: une date butoir marquante
Selon Philippe Lorec, fondateur du secrétariat de Barcelone, l'UPM avait besoin, à ces débuts, d'un projet porteur d'unité - typiquement: touchant à l'énergie, un sujet stratégique incontournable - capable d'obtenir rapidement des résultats. Les énergies renouvelables pouvant avoir un tel effet en quelques années, il a été décidé de mettre en place un Plan Solaire (un Plan Nucléaire, qui a été envisagé, aurait nécessité une quinzaine d'années de mise ne place, le temps de former des ingénieurs et des autorités de surveillance dans les PSEM). Un objectif de production a donc été fixé arbitrairement pour 2020.
2020 correspond également à l'échéance décidée par l'Union Européenne (quand?) pour atteindre l'objectif des 20-20-20: réduire de 20% la consommation d'énergie, couvrir 20% de ses besoins avec des énergies renouvelables, réduire de 20% les émissions de C02.
Un objectif atteignable?
Selon l'OME, l'objectif des 20 GW sera atteint en 2020. Si une politique volontariste est suivie, il serait même possible d'arriver à 40 GW de production. L'agence souligne toutefois la nécessité de concrétiser rapidement les projets.
Pour la FEMIP, l'échéance est trop serrée. Selon l'étude de la banque, deux scénarii sont là encore envisageable. Mais les prévisions sont beaucoup plus faibles: 4,1 GW et 10 GW au maximum pour une politique volontariste.
Cette différence proviendrait, selon Philippe Lorec, des projets pris en compte dans chacune des études: faut-il compter uniquement les projets complètement matures, ajouter ceux à qui il ne manque plus que des investisseurs, englober les propositions? Pour lui, il n'y a pas d'incompatibilité entre les deux études.
Mais De telles prévisions peuvent décourager les participants: qui? Cependant, d'autres acteurs se prévalent de l'étude de la FEMIP pour critiquer le PSM qui?
Un horizon trop lointain?
Pour certaines associations telles que le WWF, cette échéance est encore trop lointaine. Les problèmes écologiques du bassin méditerranéen (dont la raréfaction de l'eau, la diminution de la biodiversité sont les principaux aspects) passent également par une meilleure gestion de l'énergie et la production d'énergies renouvelables. En proposant son modèle de ville-durable, Heliosthana, devant le parlement européen en 2010, WWF tente de stimuler des projets similaires à l'échelle de la Méditerranée.
Que faire des subventions aux hydrocarbures ?
Les subventions aux hydrocarbures, un obstacle au développement des énergies renouvelables
La progression du PSM se heurte actuellement à l'absence d'un véritable marché libre des énergies renouvelables, qui inciterait plus investisseurs et acheteurs à se lancer dans ces énergies, et donc accélérerait leur développement (cf. « Comment financer le PSM ? »). Un obstacle majeur à ce développement est l'existence de subventions aux hydrocarbures dans les pays du Sud de la Méditerranée qui possèdent des réserves en hydrocarbures, à savoir l'Égypte, la Libye et l'Algérie.
Les puissances étatiques citées accordent des aides financières considérables aux compagnies qui exploitent les ressources en pétrole et en gaz naturel, de sorte que le prix de vente aux consommateurs de ces ressources est anormalement bas par rapport au prix qui serait fixé par la loi de l'offre et de la demande. Par exemple, en Égypte, les subventions de l'État aux produits pétroliers représentent le premier poste des dépenses publiques. De même, les tarifs d'électricité égyptiens sont parmi les plus bas au monde, environ 2,53 centime €/kWh, alors que les coûts de production eux sont évalués 2 centimes d'€/kWh.
Pourquoi de telles politiques énergétiques ?
Houda Ben Jannet Allal, directrice stratégie à l'OME, souligne que pour les puissances publiques du sud, « les subventions aux hydrocarbures […] sont un facteur de politique sociale ». En effet, l'arrêt des subventions serait immédiatement suivi par une augmentation des prix de l'électricité et du pétrole, qui sont des biens de consommation de première nécessité pour la plupart des foyers. Pour des pays qui connaissent déjà de fortes tensions sociales, il semble donc que l'arrêt des subventions aux hydrocarbures augmenterait la précarité énergétique et entraînerait par conséquent un renforcement du malaise social et de l'instabilité politique. D'où le maintien par les gouvernements cités plus haut de ces stratégies énergétiques.
L'Union Européenne, qui croit aux vertus de la libre concurrence, avait elle-même mis beaucoup de temps à instaurer un système de vérité des prix de l'énergie au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Elle n'a donc pas grande légitimité pour exiger des pays émergents qu'ils se soumettent à ce modèle. De plus, du fait que les technologies solaires sont encore actuellement non rentables et chères, les pays du Sud concernés estiment qu'ils ont plus à y gagner en continuant l'exploitation de leurs ressources hydrocarbonées, en attendant de pouvoir profiter des nouvelles technologies qui vont être développées pour les énergies renouvelables (cf. « Le PSM traduit-il un intérêt commun ? »).
Des politiques toutefois controversées
L'argument du « facteur de politique sociale » est loin de convaincre d'autres acteurs tels l'OME ou encore des acteurs des sociétés civiles des pays sud.
Par exemple, des rédacteurs de blogs algériens dénoncent un gaspillage de l'argent du pétrole, du à une mauvaise gestion des subventions. En effet, les subventions à l'électricité et au pétrole sont appliquées à tous les consommateurs de manière équivalente, qu'ils soient des particuliers ou des entreprises. Cela signifie que les prix subventionnés profitent sans distinction aucune à tous les consommateurs, du citoyen gagnant le salaire minimum au un chef d'entreprise. Cela concerne aussi toute entreprise installée dans le pays, qu'elle soit nationale ou étrangère. Or, le fait que le système algérien de subventions ne soit pas ciblé a été, selon l'article, la cause d'émeutes en 2011 : beaucoup de citoyens considèrent que les aides captées par les grandes entreprises ne leurs sont pas nécessaires et seraient bien plus profitables à une grande partie de la population qui se trouve dans le besoin.
D'autre part, pour les acteurs des pays du Nord, il est urgent que les puissances publiques du Sud qui ont bâti leur économie nationale sur la rente des énergies fossiles prennent plus en compte le caractère limité des ressources en hydrocarbures. Bien que les pays investissent énormément dans la recherche de nouveaux gisements, depuis le début des années 2000 les champs découverts ne sont globalement que de taille petite ou moyenne. De plus, les PSEM sont des pays qui connaissent depuis quelques années des taux de croissance démographique très élevés, de l'ordre de 2% pour l'Égypte, la Libye et l'Algérie (contre par exemple un taux de 0,5% en France) ainsi que d'une urbanisation galopante, ce qui entraîne une forte hausse des besoins énergétiques.
Or, selon Philippe Lorec, chargé du PSM au ministère de l'écologie, l'industrie du solaire est en plein développement et donc mécaniquement le coût de cette énergie va aller en décroissant, tandis qu'à l'inverse, celui des hydrocarbures suit une tendance à la hausse du fait de la raréfaction des hydrocarbures. De plus, les subventions aux hydrocarbures coûtent déjà énormément aux États qui ne pourront plus les augmenter. De même, Houda Ben Jannet Allal insiste sur la nécessité de redéfinir les subventions, de manière à les rendre plus équitables vis-à-vis des plus démunis, et à amoindrir leur impact sur le développement des énergies renouvelables. De plus, elle pointe le manque de travail réalisé pour améliorer l'efficacité énergétique (stratégie qui cherche à établir le même niveau de services tout en consommant moins d'énergie).
Chronologie :
2011 : émeutes en Algérie, protestation contre les inégalités sociales qui sont en parties dues au système de subvention.