Controverse(s)


On oublie, dans le classement des grands événements ayant marqué le millénaire, d'inclure la vogue des classements.

Jean Dion
Extrait du journal québécois Le Devoir daté du 23 décembre 1999

Top 50 des hits de musiques, Top of the Pop, Top 99 Women, Top 100 Global Brands, TopSite-Web, Classement Provincial des Ligues de Hockey Mineur du Québec, NBA Power Rankings, Les 10 meilleurs soins antirides,… On l’aura compris, la mode est aux Top et aux Rankings, la mode est aux classements. Des clubs de sports aux marques, en passant par les stars ou même les yaourts, on classe tout, du plus concret au plus abstrait.

Les universités ont elles aussi connu ce phénomène et les classements sont peu à peu devenus une part incontournable du monde académique, pour le meilleur comme pour le pire. Les classements des universités -university rankings - visent à hiérarchiser les universités selon leur « qualité ». Chaque classement possède sa propre méthodologie et ses propres critères, pondérés de manière propre à chacun d'entre eux.

Les deux classements les plus reconnus internationalement sont le THES – QS World University Rankings, et le Academic Ranking of World Universities de l’Université de Jiao Tong à Shanghai. Néanmoins, soit en réponse soit en complément à ces deux rankings, des classements parallèles se développent, tels que le G-Factor Ranking, le Webometrics Ranking ou le Professional Ranking of World Universities de l’Ecole des Mines.

En effet, les classements des universités suscitent des réactions. Certains étudiants soutiennent patriotiquement leur université et se trouvent bouleversés si l'institution où ils poursuivent leurs études vient à chuter de cent places dans le classement, ou bien ravis si elle obtient une place dans le Top 50. Dans certains États, tels que la Malaisie, ou d’autres pays d’Asie, une mauvaise position dans de tels classements est un fait très sérieusement pris en compte par le gouvernement. Des politiques d’éducation sont spécialement mises en œuvre pour que les universités nationales optimisent leur score par rapport aux critères du THES ou de l’ARWU. Ces classements sont parfois vivement critiqués, par des chercheurs notamment, sur leur méthodologie, la justesse de la pondération des critères, les critères eux-mêmes, voire le simple fait d’effectuer des classements portant sur des universités évoluant dans des contextes différents.

Ainsi, on ne peut nier l’influence des university rankings. C’est pourquoi nous avons décidé de nous interroger sur cette controverse : les classements des universités mondiales sont-ils valides ? Nous avons choisi de restreindre notre analyse au THES – QS World University Rankings.


Nous aborderons par ailleurs plusieurs thèmes et questions sous-jacentes :

Sommes-nous en présence de la création d’un marché mondial des universités? L'éducation et la connaissance peuvent-elles être commercialisées? Les universités sont-elles des marques ?

Les classements des universités mondiales sont-il nocifs à la construction d'une politique de l'éducation cohérente et réfléchie ? De l’utilisation des classements.

Existe-t-il un classement idéal et parfait des universités mondiales? Et qui devrait produire des classements?

La scientométrie/bibliométrie a-t-elle besoin d’une révolution?