L'expérience française de réduction
du temps de travail : moins d'emplois
et plus d'inégalité

PIERRE CAHUC
A court terme, dans l'espace de 1 à 3 ans, Pierre Cahuc explique comme normale la hausse brutale du nombre d'emploi. Les entreprises, dans un modèle où la demande est rigide à court terme, devant satisfaire une demande, vont suite à une baisse de la durée du temps de travail de 10%, embaucher 10% de personnel en plus. Néanmoins, à long terme, ce résultat se terni. La baisse du taux de chômage engendrerait une hausse des salaires, et ainsi provoquerait une hausse des coûts de production qui renverserait in fine l'effet sur l'emploi. Ainsi, à long terme, il prends pour référence l'équation de taux de chômage d'équilibre, ou NAIRU, qui est indépendant du la durée légale de travail. Celui-ci est déterminé par d'autres facteurs, comme la croissance, les rigidités de l'emploi, ou encore les assurances chômage. Ce modèle, qui fait l'unanimité chez les keynésiens et les libéraux, prédit ainsi un impact nul en terme d'emploi à long terme.
Néanmoins, à moyen terme (5 à 10 ans), Pierre Cahuc utilise l'équation de demande d'emploi pour évaluer l'effet de la RTT ainsi que des dispositifs qui l'ont accompagnés : flexibilisation des horaires et subventions.
En effet, la demande de travail est simple : dans une hypothèse ou les entreprises sont en concurrences, plus le coût du travail est faible, plus les entreprises vont pouvoir vendre moins cher et en plus grande quantité. La production augmentant, l'emploi devient plus dynamique. Ainsi, trois éléments influant le coût horaire du travail sont déterminants pour la RTT :

- D'une part, avec une réduction du temps de travail, la productivité horaire d'un travailleur augmente, ce qui fait baisser le coût du travail car pour un salaire donné l'employé produit plus.
- Ensuite vient la durée d'utilisation des équipements. Plus la durée du travail est réduite, plus il est facile d'occuper les équipements car le découpage entre employés est plus aisée si les « portions d'occupations » sont plus petites (à l'image d'un coffre qui est mieux rempli plus les valises sont petites). Ainsi, une réduction du temps de travail accompagné d'une réorganisation profonde de l'emploi du temps a tendance à faire augmenter la durée d'utilisation des équipements, donc à amortir plus rapidement les investissements, et finalement à faire baisser les coûts de production - Enfin, la compensation salariale et ses subventions sont primordiales. En effet, si la réduction du temps de travail se fait sans réduction de salaire, on dit alors qu'il y a complète compensation salariale. Dans ce cas il y a une augmentation directe du cout du travail, inversement proportionnelle à la baisse du temps de travail. Pour contrecarrer cette hausse, les lois Aubry ont prévu des réductions fiscales pour les entreprises. Évidemment, l'impact des 35 heures dépend de l'importance de ces trois facteurs et des différentes élasticités, c'est-à-dire la réaction de la fonction coût du travail à ces trois facteurs : élasticité de la durée d'utilisation des équipements à une RTT, élasticité de la productivité, élasticité du coût du travail aux subventions etc. Enfin, l'élasticité de l'emploi au coût du travail est évidement déterminante.
La difficulté vient donc de la mesure de ces élasticités. Elles sont inévitablement d'ordre micro économique, et Pierre Cahuc se propose de les mesurer grâce aux expériences passées de réduction du temps de travail, en France (1982, 1996) et en Allemagne (1984 et 1994).
En France, en 1982, il y a eu une réduction du temps de travail d'une heure, de 40 à 39, avec compensation totale, aucune réorganisation et aucune subvention. L'expérience, note Pierre Cahuc d'après les travaux de collègues, s'avère négative pour l'emploi, signe que l'emploi réagi bien négativement à une hausse du coût du travail. Les employés affectés par la mise en place des 39 heures ont vu leur probabilité d'être au chômage augmenter de 17%. Les réductions du temps de travail en Allemagne, effectuées dans des conditions similaires, aboutissent aux mêmes conclusions. La loi Robien de 1996 est elle différente car elle inclut des subventions qui tentent à annuler la hausse du cout du travail. L'impact a semblé être ainsi globalement positif, même si cela reste dans des proportions négligeables.
Les lois Aubry reprennent les principes de la loi Robien, et un dosage réussi quoique complexe des différentes composantes subventions, condition d'embauche, etc ont fait que leur bilan est, d'après Pierre Cahuc, légérement positif. Néanmoins, il souligne que l'effet sur l'emploi aurait été beaucoup plus




Le bilan économique
de la réforme des 35 heures ?