GTA V, double face

Rockstar Games, 2014

Comme toujours dans le jeu vidéo, Grand Theft Auto est à la fois le problème et la solution. Violent ? Oui. Ultra-sexualisé ? Oui. Amoral ? Oui. Ayant joué dessus sur le plan marketing pour atteindre le statut d’objet culturel le plus vendu au monde ? Trois fois oui.

Et certes, une partie des joueurs de GTA peut ne pas aller au-delà des apparences et n’y jouer que pour le plaisir d’écraser des piétons, de braquer des commerçants, et d’assassiner les prostituées que l’on vient d’employer afin de récupérer l’argent dépensé pour la passe.

Mais jouer vraiment à GTA, c’est-à-dire écouter et jouer sincèrement le scénario proposé, découvrir le monde dans l’ensemble de ses possibles, c’est aller à la rencontre d’une toute autre réalité.

GTA V, le dernier de la série, c’est le portrait d’une Californie hystérisée, renommée San Andreas, dont l’ensemble des caractéristiques sont poussées à l’absurde. C’est un monde où la ségrégation sociale est absolue et où les Blacks sont tous dans des gangs. Où les start-ups de la Silicon Valley dominent cyniquement le monde, au point de nommer leur réseau social Life Invader. Où la chasse à l’immigré latino est le sport national. Où les producteurs d’Hollywood - Vinewood dans le jeu - sont tous corrompus et avinés. Où les déserts qui pourraient accueillir le festival Burning Man sont peuplé de camés à la meth. Où des hordes de hipsters assaillent le centre de Los Santos-Los Angeles, et terrorisent la population.

N’en jetez plus. GTA, c’est l’enfant de la société de consommation qui se retourne contre elle. C’est le pourfendeur de l’American Way of Life qui, en le pourfendant, le fait finalement triompher.

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