La Technique
des PEA détecte la réponse des voies nerveuses de l'oreille et du
cerveau à la suite d'une stimulation sonore. Il est pratiqué en placant
des électrodes sur la tête de l'enfant et est parfaitement indolore.
Le principe de la technique
Son principe est
d’enregistrer l’activité électrique des voies nerveuses auditives de
l’oreille et du cerveau, après une stimulation sensorielle auditive.
Pour recueillir et enregistrer cette activité, on va utiliser des
électrodes de surface qui vont transmettre cette activité sous forme de
champs électriques. L’activité induite par un stimulus sonore à l’aide
d’électrodes externes est très faible. Pour remédier à ce problème, il
faut utiliser des méthodes électroniques (filtrage ou moyennage) afin
de les extraire du bruit de fond et de pouvoir enfin les enregistrer
seules. Cette activité extraite ou PEA se présente sous la forme de
cinq ondes ou pics. Chacune correspond à une région anatomique de la
voie nerveuse auditive. Chaque potentiel d’action remonte par les voies
auditives centrales et correspond à une réponse électrophysiologique
entre la cochlée et les premiers relais auditifs du tronc cérébral. Le
cinquième pic est important car il est présent jusqu’au seuil
d’audition.
schéma
La latence de chacune de ces ondes
permet d’analyser la conduction nerveuse de chaque segment et ainsi de
déterminer la localisation topographique de l’atteinte auditive dans
les surdités neurosensorielles. Il faut savoir que la latence varie
dans le sens inverse de l’amplitude qui est proportionnelle à
l’intensité fournie. On peut ainsi déterminer facilement le seuil
d’audibilité minimal. Le niveau d’apparition de ces pics peut être
assimilé à un test d’audiométrie objective car on dispose d’une
précision d’environ 10 à 15 dB pour la détermination du seuil de la
surdité.
Généralement, on compare les résultats
obtenus avec ceux d’un individu ayant une audition normale. Il est
conseillé de se trouver dans une salle insonorisée et blindée afin
d’optimiser la réussite des résultats. L’inconvénient est dû à la
longueur du test si on veut déterminer le seuil de la surdité.
Dispositif
On
place une électrode positive sur le crâne d’un individu afin
d’enregistrer les potentiels précoces correspondant aux amplitudes
allant de 1 à 5 (potentiels évoqués du nerf auditif et du tronc
cérébral) et les potentiels tardifs (ceux des structures auditives
supérieures thalamo corticales). Les potentiels d’action ont une
latence inférieure à 10 ms qui est donc très succincte. On les utilise
en clinique pour tester les voies auditives jusqu’au colliculus
inférieur. Une automatisation de cette technique a modifié un peu le
dispositif : on dispose trois électrodes sur la peau du nourrisson et
deux oreillettes collées autour des oreilles.
Chaque PEA invoquéest associé à un site
anatomique. Le chiffre associé à la structure correspond à des cinq
types de potentiels précoces. En ce qui concerne le thalamus (corps
genouillé médian) et le cortex auditif (temporal), ils sont associés à
des ondes moyennes et tardives du PEA.
Différents potentiels d’action sont induits
PEAP:Les potentiels évoqués
précoces sont provoqués par l’induction de clics, brefs bruits blancs,
ayant un spectre fréquentiel relativement large. On enregistre leur
présence chez un sujet entendant entre 5 et 10ms après le stimulus. Ces
potentiels évoqués auditifs précoces ne correspondent qu’à l’activité
des fréquences aiguës en raisons des caractéristiques physiologiques de
la cochlée. Ce sont ces potentiels qui vont être utilisés lors d’un
éventuel dépistage de la surdité à la naissance.
PESP : Les potentiels évoqués semi précoces
sont induits généralement par des tones pipes qui sont des stimuli au
spectre fréquentiel étroit, le plus souvent autour de 1000Hz d’une
durée assez longue associée au caractère tonal. On les enregistre entre
10 et 50 ms après le stimulus.
PEATC : Les potentiels évoqués auditifs du
tronc cérébral permet une évaluation électrophysiologique des parties
nerveuses jouant un rôle dans la conduction d’un signal auditif à
partir de la cochlée dans l’oreille interne et tout au long des voies
auditives se dispersant au sein du tronc cérébral. Ils peuvent être
utilisés pour le diagnostic des problèmes auditifs et nerveux. Ils
permettent également d’obtenir l’évaluation de l’audition d’un bébé.
Ils sont par conséquent employés pour une confirmation d’un test
diagnostique afin d’évaluer le seuil de la surdité
Avantages
L’examen pour récolter les
PEAP automatisé a une durée très brève de l’ordre de 3 à 4 minutes pour
chaque oreille après stimulation simultanée des deux oreilles. La
réponse est binaire. Ces bilans auditifs des jeunes enfants doivent
être réalisés par des équipes ORL pédiatriques.
Les PEA automatisés peuvent être employés pour un dépistage. Toutefois
ils explorent l‘intégrité fonctionnelle du système auditif et non la
perception auditive. Ils doivent donc être complétés d’au moins deux
audiométries comportementales qui doivent être effectuées sur l’enfant
de moins de 6 mois.
Inconvénients
La technique des PEA non automatisée présente certains
inconvénients. En effet, il est impératif que l’enfant ne bouge pas,
l’idéal est qu’il dorme lors du test. De plus, afin de s’assurer que le
test ne soit pas faussé par le réveil de l’enfant, le nouveau né subit
une anesthésie générale. Pour finir, cet examen est très long -il dure
environ 30 à 40 minutes- et n’explore que les fréquences aigues. On
estime le nombre de faux positifs aux alentours de 10%. Ils permettent
néanmoins de confirmer le diagnostic pour une surdité quantitative liée
à un dysfonctionnement de l'appareil de transmission. Ils sont
pratiqués par des ORL.
Les PEASP nécessitent que l’enregistrement
soit induit par une sédation légère car ils sont tout simplement peu
stables.
Son utilisation aujourd’hui en France
Cette méthode a été
pratiquée à la suite d’un programme expérimental d’une durée de deux
ans et commencé en mars 2005, à Paris, Bordeaux, Lille, Marseille,
Toulouse et Lyon lors d' une étude expérimentale réalisée par la caisse
nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) ainsi
que l’Association française pour le dépistage et la prévention des
handicaps de l’enfant (AFDPHE). Par la suite, elle a été choisie par le
programme de faisabilité du dépistage néonatal de la surdité en France
en 2006.