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L'objectif ici est de comprendre les différentes formes qu'a pris la controverse dans le temps et selon les différentes régions de France en examinant les mots qui ont le plus porté la controverse sur internet, sur les sites de diffusion d'information et dans les recherches des internautes.  Pour cela, nous avons choisi d'utiliser deux outils : Google Insight for Search et Voyeur tools. Google Insight for Search donne la fréquence d'une recherche dans une région divisé par le flux total de recherches dans cette région, puis classe les régions, en attribuant un volume de recherche de 100 à la région ou la fréquence relative de la recherche est la plus grande. Ainsi, une région qui se verrait attribuer un volume de recherche de 50 a une fréquence de moitié moins grande que la région au volume de recherche égal à 100. Quant à Voyeur tools, il nous permet d'estimer les fréquences des mots les plus utilisés sur les pages internet que nous avons sélectionnées et qui ont en commun de parler d'hydrocarbures de schistes. Nous allons voir dans un premier temps que la diffusion d'informations est hétérogène en France selon les régions, puis nous allons nous pencher sur les questionnements des internautes à propos de notre controverse, et enfin nous allons tenter de voir si questionnement des internautes et informations contenues dans les médias se répondent avant de terminer par une vue d'ensemble de la couverture médiatique de la controverse.

Les journaux nationaux sont bien plus lus en Ile de France qu'ailleurs Les recherches du journal « lemonde » sur Google : http://www.google.com/insights/search/#q=%22le%20monde%22&geo=FR&cmpt=q Le Monde apparaît comme un journal lu en Ile de France bien plus que dans les autres régions, par rapport au volume total de recherches faites dans ces différentes régions. Les recherches du « Figaro » sur Google : http://www.google.com/insights/search/#q=figaro&geo=FR&cmpt=q Le cas est encore plus flagrant pour le Figaro. Par rapport à l'Ile de France, où l'index de volume de recherche est placé à 100 (étant donné que c'est la région où le nombre de recherches Google du mot « figaro » est le plus haut par rapport au nombre total de recherches Google de la région), le second index le plus haut est celui de la Corse (65.0), et les index de volume de recherche de toutes les autres régions est inférieur à 50% du volume de recherche du mot « figaro » dans Google. Les recherches Google de « Libération » et « libé » : http://www.google.com/insights/search/#q=lib%C3%A9ration&geo=FR&cmpt=q Les statistiques des recherches Google des mots « libération » et « libé » amènent elles aussi à penser que le journal est davantage lu en Ile de France que dans les autres régions de France. Tout cela amène à penser que la presse qui se veut nationale a un auditoire avant tout francilien. Qu'en est-il des journaux régionaux et locaux ?

2/ Les limites en auditoire des journaux régionaux et locaux Proportions de la recherche du nom de différents journaux locaux et régionaux connus, dans différentes régions, en fonction du flux total des recherches internet de chaque région, placées sur une échelle allant de 0 à 100 : http://www.google.com/insights/search/#q=sud-ouest&geo=FR&cmpt=q Répartition géographique de la recherche « Sud-Ouest » http://www.google.com/insights/search/#q=depeche%20du%20midi&geo=FR&cmpt=q Répartition géographique de la recherche « Dépêche du midi »  http://www.google.com/insights/search/#q=parisien&geo=FR&cmpt=q Répartition géographique de la recherche « Parisien »  http://www.google.com/insights/search/#q=ouest-france&geo=FR&cmpt=q Répartition géographique de la recherche « Ouest-France » http://www.google.com/insights/search/#q=l%27est%20republicain&geo=FR&cmpt=q Répartition géographique de la recherche « l'Est Républicain » http://www.google.com/insights/search/#q=midi%20libre&geo=FR&cmpt=q Répartition géographique de la recherche « Midi Libre » http://www.google.com/insights/search/#q=l%27ind%C3%A9pendant&geo=FR&cmpt=q Répartition géographique de la recherche « L'indépendant » http://www.google.com/insights/search/#q=l%27alsace.fr&geo=FR&cmpt=q Répartition géographique de la recherche « L'Alsace.fr » Tout cela amène à croire que les informations locales et régionales, principalement diffusées par les journaux locaux et régionaux, sont principalement connues dans leur région d'origine et peu au-delà.

Un indicateur du succès de la controverse sont incontestablement les recherches des mots clés de cette controverse par les internautes. Là aussi, Google Insight for Search nous a été utile pour connaître l'évolution de la recherche des mots « schiste » et « gasland », « gazland » et « gaz land », ainsi que de l'expression « fracturation hydraulique ». Nous avons essayé de choisir les mots et les expressions les plus spécifiques à notre controverse, mais aussi ceux qui avaient suffisamment été cherchés pour que Google puisse nous fournir des statistiques sur les recherches de ces mots et expressions. 1/ L'intérêt porté à « schiste » et à « fracturation hydraulique » au fil du temps http://www.google.com/insights/search/#q=schiste&geo=FR&cmpt=q Evolution de l'intérêt porté au terme pour le mot « Schiste » sur Google http://www.google.com/insights/search/#q=fracturation%20hydraulique&geo=FR&cmpt=q évolution de l'intérêt porté au terme pour l'expression « fracturation hydraulique » sur Google En comparant l'évolution chronologique de l'intérêt pour les recherches « schiste » et « fracturation hydraulique », on remarque que l'intérêt pour le terme « schiste » a été plus précoce (il commence à devenir visible à partir de fin 2010), que l'intérêt porté à la « fracturation hydraulique » (à partir de début 2011), et que les deux ont explosé pendant la première moitié de 2011. Après le vote de la loi du 13 juillet 2011, l'intérêt pour le mot « schiste » a largement baissé, tandis que celui pour la fracturation hydraulique, après une baisse d'intérêt expliquée par les vacances estivales, est restée haute. Cela peut être expliqué par un déplacement du questionnement autour des gaz de schiste vers la fracturation hydraulique.

2/ Des différences révélatrices selon les régions « L'expression « fracturation hydraulique » dans les recherches Google de 2004 à aujourd'hui: http://www.google.com/insights/search/#q=fracturation%20hydraulique&geo=FR&cmpt=q Etrangement, en Ile de France, le nombre de recherches de l'expression « fracturation hydraulique »par rapport à l'ensemble des recherches faites sur Google est beaucoup plus grand que dans toutes les autres régions, dans lesquelles l'index de volume de recherche est égal à zéro. Cela peut-être expliqué par le fait que la question des hydrocarbures de schiste a été posée d'une façon différente dans les médias locaux et dans les médias nationaux. On peut faire l'hypothèse selon laquelle dans les médias nationaux et franciliens, c'est la fracturation hydraulique qui a davantage été posée comme le problème de fond, alors qu'ailleurs c'est l'exploitation des gaz de schiste en elle-même qui aurait été poussée au cœur des délibérations dans les autres régions concernées. Le fait qu'au Sud, les recherches de Gasland avec la bonne orthographe soient plus fréquentes amènent à penser que les internautes ont lu le nom du film avant de le chercher, donc que les médias écrits l'ont véhiculé. Au contraire, la plus haute fréquence de recherches mal orthographiées « Gazland » ou « gaz land » au niveau de l'Ile de France nous pousse à émettre l'hypothèse que les internautes ont entendu parler du film plus qu'ils n'en ont lu le nom, que la presse la plus lue en région parisienne a donc moins diffusé.

3/ Limites de nos interprétations avec Google Insight for Search Les résultats que nous donne Google Insight for Search enrichissent beaucoup notre réflexion, mais il est nécessaire de garder à l'esprit les limites de nos interprétations. En effet, il est possible que les internautes de certaines régions utilisent plus largement d'autres moteurs de recherche, ou que certains internautes fassent des recherches sur Google avec des termes de recherche proches mais différents (quoique nous ayons essayé différents termes de recherche proches, y compris avec des erreurs d'orthographe, et nous les avons écarté car ils n'étaient pas assez spécifiques à notre controverse ou pas assez fréquents pour que Google fournisse des statistiques à leur sujet), ou encore, que le nombre total de recherche d'une certaine région (par exemple l'Ile de France) soit si grand que les recherches même nombreuses d'un terme en particulier se retrouvent noyées dans la masse de recherches faites par ailleurs.

Voyeur tools nous permet de nous rendre compte des différentes perceptions de la controverse autour des hydrocarbures de schiste, selon la spécialisation des médias et selon la date des articles dont nous avons pu collecter les URL. Nous avons recherché des articles contenant le mot schiste publiés sur internet par tous types de médias français entre 2010 et le début de l'année 2012. Nous avons réussi à en réunir 1532, grâce notamment à un site qui répertorie un grand nombre d'articles concernant les «Gaz de schiste»: http://my-pages.net/alerteschiste/display.php », nous les avons fait « digérer » par Voyeur Tools qui nous a fourni les fréquences des mots les plus répétés dans ces articles, en ignorant les mots les plus fréquents de la langue française (« de », « à », « le », « est »…). 1/ La métamorphose de la controverse au fil du temps Les deux nuages de tags ci-dessus représentent les mots les plus fréquemment utilisés dans tout type d'articles français traitant des gaz de schiste à la fin de l'année 2010 (à gauche) et au début de l'année 2012 (à droite). On peut noter plusieurs choses: - A ses débuts on voit que la controverse a été portée par la personnalité de José Bové, ce qui n'est plus le cas en 2012 - Les permis restent au centre des débats - Dès 2010, la controverse est perçue comme un enjeu électoral, avec une fréquence assez élevée des tags «Hollande» et «2012» - la loi a orienté le débat vers la technique de la fracturation hydraulique, les tags «fracturation» et «hydraulique» apparaissant beaucoup plus grands dans le nuage de tags de 2012 que dans celui de 2010, ce qui est en cohérence avec nos résultats de Google Insight for Search.

2/ Une approche différente selon le type de média La taille des tags du nuage de tags est proportionnelle à la fréquence des mots retrouvés dans un ensemble d'articles (entre 60 et 80 articles) issus d'informations industrielles, économiques ou financières, de sites engagés contre les gaz de schiste, ou de médias généralistes : Dès le premier coup d'oeil, on voit la différence de traitement de la question des gaz de schiste selon que les articles sélectionnés appartiennent à des sites d'information économique/industrielle (La Tribune, Les Echos, Boursorama, www.usinenouvelle.com, www.enerzine.com...), à des sites prenant ouverte­ment parti contre l'exploitation des gaz de schiste (sites écologistes, sites de collectifs citoyens...), ou à des médias d'information généralistes (Le Monde, Figaro, Libération, Le Nouvel Observateur, Courrier International...). On remarque facilement l'accent mis par les premiers sur le fait que leur démarche vis-à-vis des gaz de schiste est une démarche de «recherche», et ils semblent faire souvent référence au «gouvernement» qui, on le sait, leur a accordé les «permis» d' « exploitation» (mots que l'on retrouve en gros dans le nuage de tags de droite). Les seconds s'insurgent contre les méfaits de la «fracturation» «hydraulique», et parlent plus que les deux autres types d'articles de «développement» «durable». On constate enfin que les médias généralistes traitent la controverse des gaz de schiste d'un point de vue avant tout «politique», avec une très forte récurrence des noms «Sarkozy» et «Hollande», ainsi que du mot «présidentielle». Contrairement à ce que nous avions prévu, on ne perçoit pas de différence flagrante dans le traitement de la controverse autour des gaz de schiste entre les sites d'information à échelle nationale et ceux à échelle locale (départementale, régionale, communale...). Si le mot «heures» apparaît très fréquemment dans les articles de presse locale, c'est lié au fait que dans la presse locale, après une annonce, apparaît généralement la durée de publication sous la forme «il y a XX heures». Un thème cependant ressort davantage dans la presse locale traitant des gaz de schiste, celui de l' «immobilier», secteur menacé par l'éventualité d'une exploitation proche de gaz de schiste.   Mais il faut bien noter que ces résultats ne nous permettent pas d'estimer l'étendue de la couverture médiatique de la controverse des hydrocarbures de schiste dans les médias locaux par rapport aux médias nationaux, car dans les deux types de médias nous avons spécifiquement sélectionné les articles traitant de gaz de schiste. La vraie différence semble apparaître lorsque nous soumettons aux statistiques de Voyeur Tools les pages de forums citoyens ou de sites internets participatifs comme agoravox. On voit alors un net changement de vocabulaire. La controverse y apparaît beaucoup moins orientée vers la présidentielle, beaucoup plus centrée sur les inquiétudes écologistes et environnementales, un cernage de la controverse plus approfondi avec l'apparition de tags plus petits et plus nombreux (ce qui veut dire qu'il y a une plus grande diversité du vocabulaire) comme « substances », « produits » (en référence aux produits chimiques utilisés lors de la fracturation hydraulique), ou encore « l'eau » (en référence aux risques hydriques que représente la fracturation hydraulique). Contrairement à nos prévisions, le nom de «Gasland» n'apparaît pas si fréquemment dans la presse locale. Cela pourrait vouloir dire que l'écriture du nom du film a été diffusée autrement que par des articles internet, ors de projections militantes par exemple, ou bien que même peu de diffusion écrite du titre de ce film ont suffi pour interpeler les citoyens.

Grâce aux investigations que nous avons faites en général et grâce à l'interview que nous a donné Emmanuel Raoul, journaliste à la fois pour LCI et pour le Monde Diplomatique, nous avons pu dégager une vue d'ensemble de la couverture médiatique de la controverse autour des hydrocarbures de schiste en France. 1/ Les phases de la couverture médiatique de la controverse Première phase : avant la mobilisation citoyenne Les médias généralistes ont accordé peu d'intérêt à l'annonce d'une probable exploitation des gaz de schiste en France (on peut le déduire du fait que les recherches Google de « schiste » ne sont devenues significatives qu'à la toute fin de 2010). A part la presse spécialisée qui avait une approche plutôt technique de la question, dans la presse grand public, personne n'en parlait, à l'exception de quelques articles éparses écrits par des journalistes comme Fabrice Nicolino ou Sylvain Lapoix. Deuxième phase : lorsque la mobilisation citoyenne s'est fait ressentir Ce sont les citoyens militants des régions concernées qui ont fait parler des gaz et hydrocarbures de schiste. Lorsqu'ils sont arrivés à réunir 10 000 personnes à Villeneuve-le-Berg en février 2011 (Ardèche), les médias surpris se sont mis tout à coup à en parler, les politiques aussi, d'autant plus que les cantonales se préparaient (voir graphique chronologique de Google Insight For Search). Au printemps 2011, la question des gaz de schiste est arrivée en haut de l'agenda médiatique parce que les élus l'ont mis à l'ordre du jour de leurs discours. Soudainement, tout le monde politique s'est élevé contre les exploitations de schistes : Christian Jacob (UMP Seine-et-Marne) dit on n'en veut pas ad vitam aeternam. JL Borloo aussi s'insurge alors que c'est lui qui avait suivi les accords donné aux exploitants. Ainsi, à peine commencé à l'échelle nationale, le débat était clos par un avis unanime des politiques. Les médias se centrent sur les partis politiques et sur les personnalités qui dès lors portent l'indignation contre les projets d'exploitation (Nicolas Hulot, Eva Joly, José Bové). Ils négligent un peu le fait que la mobilisation a en réalité été avant tout citoyenne, « grassroots » comme disent les américains (voir la prégnance des termes politiques dans le nuage de cinquième nuage de mots de Voyeur Tools). Après la loi du 13 juillet 2011 sur l'interdiction de la fracturation hydraulique : Pour beaucoup de personnes des médias, le problème des gaz de schiste a été réglé par la loi. La couverture médiatique, en parallèle avec l'agenda législatif, s'est majoritairement terminée lorsque la loi est passée (voir premier graphique chronologique de Google Insight for Search). Les citoyens intéressés ont eux-mêmes continué à chercher et propager les informations sur internet. Nous sommes devant un bel exemple où bataille de l'information sur le net a été gagnée par la mobilisation citoyenne. Les industriels, pro-gaz de schiste ont été pris de court. Pourtant, les industriels ont eu beaucoup plus facilement accès aux pages des médias, contrairement aux mouvements citoyens, qui ont eu droit à des articles couvrant leurs activités d'un point de vue factuel essentiellement.

Grâce aux investigations que nous avons faites en général et grâce à l'interview que nous a donné Emmanuel Raoul, journaliste à la fois pour LCI et pour le Monde Diplomatique, nous avons pu dégager une vue d'ensemble de la couverture médiatique de la controverse autour des hydrocarbures de schiste en France. 1/ Les phases de la couverture médiatique de la controverse Première phase : avant la mobilisation citoyenne Les médias généralistes ont accordé peu d'intérêt à l'annonce d'une probable exploitation des gaz de schiste en France (on peut le déduire du fait que les recherches Google de « schiste » ne sont devenues significatives qu'à la toute fin de 2010). A part la presse spécialisée qui avait une approche plutôt technique de la question, dans la presse grand public, personne n'en parlait, à l'exception de quelques articles éparses écrits par des journalistes comme Fabrice Nicolino ou Sylvain Lapoix. Deuxième phase : lorsque la mobilisation citoyenne s'est fait ressentir Ce sont les citoyens militants des régions concernées qui ont fait parler des gaz et hydrocarbures de schiste. Lorsqu'ils sont arrivés à réunir 10 000 personnes à Villeneuve-le-Berg en février 2011 (Ardèche), les médias surpris se sont mis tout à coup à en parler, les politiques aussi, d'autant plus que les cantonales se préparaient (voir graphique chronologique de Google Insight For Search). Au printemps 2011, la question des gaz de schiste est arrivée en haut de l'agenda médiatique parce que les élus l'ont mis à l'ordre du jour de leurs discours. Soudainement, tout le monde politique s'est élevé contre les exploitations de schistes : Christian Jacob (UMP Seine-et-Marne) dit on n'en veut pas ad vitam aeternam. JL Borloo aussi s'insurge alors que c'est lui qui avait suivi les accords donné aux exploitants. Ainsi, à peine commencé à l'échelle nationale, le débat était clos par un avis unanime des politiques. Les médias se centrent sur les partis politiques et sur les personnalités qui dès lors portent l'indignation contre les projets d'exploitation (Nicolas Hulot, Eva Joly, José Bové). Ils négligent un peu le fait que la mobilisation a en réalité été avant tout citoyenne, « grassroots » comme disent les américains (voir la prégnance des termes politiques dans le nuage de cinquième nuage de mots de Voyeur Tools). Après la loi du 13 juillet 2011 sur l'interdiction de la fracturation hydraulique : Pour beaucoup de personnes des médias, le problème des gaz de schiste a été réglé par la loi. La couverture médiatique, en parallèle avec l'agenda législatif, s'est majoritairement terminée lorsque la loi est passée (voir premier graphique chronologique de Google Insight for Search). Les citoyens intéressés ont eux-mêmes continué à chercher et propager les informations sur internet. Nous sommes devant un bel exemple où bataille de l'information sur le net a été gagnée par la mobilisation citoyenne. Les industriels, pro-gaz de schiste ont été pris de court. Pourtant, les industriels ont eu beaucoup plus facilement accès aux pages des médias, contrairement aux mouvements citoyens, qui ont eu droit à des articles couvrant leurs activités d'un point de vue factuel essentiellement.

Grâce aux investigations que nous avons faites en général et grâce à l'interview que nous a donné Emmanuel Raoul, journaliste à la fois pour LCI et pour le Monde Diplomatique, nous avons pu dégager une vue d'ensemble de la couverture médiatique de la controverse autour des hydrocarbures de schiste en France. 1/ Les phases de la couverture médiatique de la controverse Première phase : avant la mobilisation citoyenne Les médias généralistes ont accordé peu d'intérêt à l'annonce d'une probable exploitation des gaz de schiste en France (on peut le déduire du fait que les recherches Google de « schiste » ne sont devenues significatives qu'à la toute fin de 2010). A part la presse spécialisée qui avait une approche plutôt technique de la question, dans la presse grand public, personne n'en parlait, à l'exception de quelques articles éparses écrits par des journalistes comme Fabrice Nicolino ou Sylvain Lapoix. Deuxième phase : lorsque la mobilisation citoyenne s'est fait ressentir Ce sont les citoyens militants des régions concernées qui ont fait parler des gaz et hydrocarbures de schiste. Lorsqu'ils sont arrivés à réunir 10 000 personnes à Villeneuve-le-Berg en février 2011 (Ardèche), les médias surpris se sont mis tout à coup à en parler, les politiques aussi, d'autant plus que les cantonales se préparaient (voir graphique chronologique de Google Insight For Search). Au printemps 2011, la question des gaz de schiste est arrivée en haut de l'agenda médiatique parce que les élus l'ont mis à l'ordre du jour de leurs discours. Soudainement, tout le monde politique s'est élevé contre les exploitations de schistes : Christian Jacob (UMP Seine-et-Marne) dit on n'en veut pas ad vitam aeternam. JL Borloo aussi s'insurge alors que c'est lui qui avait suivi les accords donné aux exploitants. Ainsi, à peine commencé à l'échelle nationale, le débat était clos par un avis unanime des politiques. Les médias se centrent sur les partis politiques et sur les personnalités qui dès lors portent l'indignation contre les projets d'exploitation (Nicolas Hulot, Eva Joly, José Bové). Ils négligent un peu le fait que la mobilisation a en réalité été avant tout citoyenne, « grassroots » comme disent les américains (voir la prégnance des termes politiques dans le nuage de cinquième nuage de mots de Voyeur Tools). Après la loi du 13 juillet 2011 sur l'interdiction de la fracturation hydraulique : Pour beaucoup de personnes des médias, le problème des gaz de schiste a été réglé par la loi. La couverture médiatique, en parallèle avec l'agenda législatif, s'est majoritairement terminée lorsque la loi est passée (voir premier graphique chronologique de Google Insight for Search). Les citoyens intéressés ont eux-mêmes continué à chercher et propager les informations sur internet. Nous sommes devant un bel exemple où bataille de l'information sur le net a été gagnée par la mobilisation citoyenne. Les industriels, pro-gaz de schiste ont été pris de court. Pourtant, les industriels ont eu beaucoup plus facilement accès aux pages des médias, contrairement aux mouvements citoyens, qui ont eu droit à des articles couvrant leurs activités d'un point de vue factuel essentiellement.