CARTOGRAPHIE DU WEB
La carte du web de la controverse sur l’hypersensibilité aux ondes permet un décryptage de la présence des acteurs dans le débat. Les parties prenantes sont réparties selon quatre variables : les professionels de la santé, les pouvoirs publics, la société civile, et les industries.
L’analyse de la carte établit clairement la très forte prédominance de la société civile dans le débat en ligne.
Les sites classés « société civile » sont en grande majorité des blogs, communautés associatives ou particuliers se disant hypersensibles, des plateformes d’associations à but non lucratifs ou des organisations non gouvernementales qui militent pour l’avancée de la recherche.
De fait, la société civile profite de l’espace de liberté qu’offre internet, pour accéder à une visibilité certaine, et promouvoir leur combat et leurs engagements, tout en rentrant en contact avec d’autres acteurs dont ils partagent la vision.
Tous les sites classés « Société Civile » se revendiquent « anti-ondes ».
Le principal site (avec 23 liens sur 60 étudiés) est le site de l’association Robin des Toits : son action centralisatrice sur le web, correspond à son importance dans la réalité du débat. Il agit en porte parole des sites dont il partage les revendications sociales, scientifiques et citoyennes.
Les trois sites majeurs de la société civile : Robin des Toits, Next Up, et Ablis-Ondes sont des plateformes qui militent activement pour une reconnaissance de la maladie de l’hypersensibilité, ou pour la régulation des champs éléctro-magnétiques dans l’espace public. Ainsi on notera la présence marquée des sites s’opposant à l’implantation d’une antenne relais au niveau local, internet étant leur unique moyen d’influer dans le débat public au niveau national et international.
On retrouve donc ici les acteurs dominants du débat étudié par les enquêteurs du groupe, mais dans des proportions relativement différentes : de fait, les industriels (AFOM, notamment) semblent faire « profil bas » dans leur représentation sur le web.
A ce propos, il est intéressant de noter que les sites publics de Bouygues Télécom, Orange ou SFR, pour les acteurs de la téléphonie mobile, ne sont jamais cités : des sites dédiés ont été mis en place (AFOM, et mobile-et-santé), qui ne nomment, ni ne mettent en cause les opérateurs mobiles directement, et semblent plus faciles à modérer.
Les sites classés « Professionels de la santé » (les médecins particuliers,ou les hopitaux, notamment) affichent une présence discrète et neutre, en partie puisque les communautés autonomes de la société civile, effectuent de manière indépendante les communiqués relatifs à la santé.
Enfin, les sites gouvernementaux, quoique que peu présents, ont tout de même une importance non négligeable dans cette cartographie du web : ils consistent principalement en sites, dépendants du ministère de la Santé, et font figure de plateformes de référence. Peu d’information y est cependant disponible, et la position officielle reste très consensuelle.
A cet égard, l’ARCEP (l’Autorité de Régulation des Communication Eléctroniques et des Postes- dépendant de l’État), par exemple, n’est aucunement reliée ni citée par les autres sites étudiés et se situe complétement en marge de la controverse étudiée, malgré son statut supposé de régulateur.
Ainsi, cette cartographie du web favorise grandement l’expression de l’opinion publique, et l’information du public, tout en mettant en lumière l’absence de réponse dans cette controverse de la part des acteurs officiels : la communication des industriels, assurances et professionels de la santé, conjointement à la communication gouvernementale et européénne, sont sous-représentées de manière flagrante dans le débat sur l’hypersensibilité des ondes, au profit de la société civile, qui profite du silence officiel, pour médiatiser son combat.
À noter : la cartographie du web a été réalisée à partir de la zone France, ou d’organisation Européenne, en excluant les sites d’autres pays francophones (Belgique, Suisse, Canada...).
La cartographie se compose de 60 noeuds (sites analysés), et de 179 liens (citations inter-sites).