La controverse autour de la question de la redéfinition du kilogramme oppose bien deux approches techniques différentes, visant ultimement à établir le nouveau kilogramme sur la
Constante fondamentale
de la nature introduite par le physicien allemand Max Planck en 1899, qui joue un rôle fondamental en mécanique quantique.
D’après le CODATA 2006, h ≈ 6,62606896×10-34 J.s
avec une incertitude relative de 5,0×10-8.constante de Planck *. Si le projet de la balance du Watt semble recueillir un soutien plus large de la part de la communauté métrologique mondiale, il reste que les deux projets devront à terme aboutir à des résultats compatibles, sous peine de renouer avec une définition insuffisamment fondée et par conséquent instable. Bien que les opinions divergent quant à la nécessité d’un tel délai, il apparait néanmoins que la date limite originellement fixée en 2011 ne sera pas respectée, et cela n’est pas sans poser problème à certains métrologues vétérans profondément investis dans ce projet et qui pourraient malgré tout ne pas participer à son dénouement, du fait de la limite d’âge.
Il reviendra en dernier recours aux institutions du
Bureau International
des Poids et Mesures.BIPM * de trancher entre les deux projets, et de mettre ainsi fin au rôle du cylindre de platine iridié du Pavillon de Sèvres, après plus d’un siècle de bons et loyaux services. La figure surplombante de cette organisation internationale nous rappelle ainsi que cette controverse est avant tout l’affaire des différentes recherches publiques, c'est-à-dire des Etats. Il fut en effet surprenant de constater tout au long de notre travail de recherche l’absence totale d’interventions de la part d’acteurs privés, particuliers, entreprises, associations, etc. La question du kilogramme, et la métrologie en générale, demeure exclusivement du ressort de l’Etat. L’exemple américain est ici frappant, puisque même dans un pays emprunt d’une culture politique aussi libérale, le
National Institute
of Standards and Technology. NIST *, laboratoire public, demeure l’unique acteur. C’est pourquoi nous en sommes arrivés à la conclusion que la science de la mesure reste un des éléments essentiels de la souveraineté de l’Etat, et constitue en quelque sorte une de ses fonctions régaliennes et qu’il n’entend pas
du tout abandonner.
La redéfinition du kilogramme est un enjeu quasi-exclusif de la puissance publique, et l’intense ballet qui se joue d’un bout à l’autre de la planète entre les différentes institutions métrologiques étatiques évoque ainsi plus le modèle classique des relations internationales, fondé uniquement sur les interactions entre Etats, que le tableau dressé par Bertrand Badie d’une mondialisation qui laisserait le Léviathan sur le bord de la route, vaincu par l’essor des acteurs privés. Le kilogramme sera l’enfant d’un des deux projets que nous avons présenté, mais il naitra par la volonté des Etats.
C’est dans le cadre d’une collaboration entre l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, au sein d’un groupe de 7 étudiants, que nous avons étudié cette controverse. Ce site a pour vocation de présenter une cartographie de la controverse qu’est la redéfinition du kilogramme selon la méthode enseignée par Bruno Latour et Tommaso Venturini. Il s'agit de déployer la complexité de notre controverse en la représentant objectivement plutôt que de rechercher une vérité. Cette objectivité consiste à vous donner les avis contradictoires entourant la redéfinition du kilogramme, notamment dans l'opposition des deux projets phares, mais pas seulement... La théorie développée par Bruno Latour veut que lors de notre étude nous ayons pour règles de ne pas juger une situation sur un critère de vérité, de ne pas recourir pour autant au relativisme et de se garder de faire une différence entre ce qui apparaît rationnel et ce qui apparait irrationnel.
Après 8 mois d'enquête et de synthèse, nous avons assemblé les différentes positions des acteurs ainsi que les enjeux entourant la redéfinition du kilogramme et nous vous en présentons le résultat. Bien qu'il s'agisse d'un travail de groupe, nous nous sommes répartis les taches. Fabien et Xavier à la réalisation du site, et au design, qui aimerait dédier ce site à leur mentor : Raymond Poulidor. Thibault et Frédéric, que leur travail minutieux d'enquête a mené jusque dans les plus sombres zones de la région parisienne. Cécile à la cartographie, seule présence féminine du groupe, que l’on remercie beaucoup pour la vaisselle. Antoine à la batterie, et à la préparation du buffet campagnard. Et Gabriel, notre chef d’orchestre, qui a su créer une véritable dynamique de groupe et a, toujours, renouvelé notre intérêt et notre motivation même dans les moments difficiles. Nous le remercions tout particulièrement pour son investissement constant et souriant.
Malgré de longues heures de travail, ce site- controverse n'est pourtant pas parfait alors si vous avez une question, une remarque, un commentaire, n'hésitez pas à nous contacter : quetekilograal@gmail.com.