La crise des subprimes de 2008, et sa diffusion aux sphères financière et économique mondiales, ont révélé, mais surtout porté au devant de la scène médiatique, des défaillances dans le système financier actuel. Comme toujours dans de telles situations, on cherche des coupables. Parmi eux, sur le banc des accusés, figurent les mathématiques. Selon leurs détracteurs, la finance aujourd’hui serait entièrement automatisée, informatisée, ne reposant plus que sur des modèles mathématiques parfaitement abstraits, extrêmement complexes, et qui plus est « faux », ne décrivant pas fidèlement la réalité des marchés et sous estimant les risques.
Mais qui sont ces mathématiques ? Intéressés par le sujet, nous nous sommes penchés plus précisément sur les modèles qui régissent la finance, et plus particulièrement les risques financiers. Au premier rang de ceux-ci nous avons trouvé le modèle Brownien. Il s’agit à l’origine d’une théorie physique développée pour décrire le mouvement des particules de pollen dans l’eau, fondée sur une conception probabiliste gaussienne, c’est-à-dire des événements dont les probabilités suivent une loi normale, représentée par la fameuse « courbe en cloche » ou « gaussienne ».
Nous allons tenter d’étudier comment s’articulent les arguments des divers acteurs dans les différentes dimensions de la controverse, et comment ces argumentaires forment des dispositifs, construisent des réalités différentes. Nous essayerons de montrer à travers ce site, comment se stabilise un modèle, ou comment et par qui, à l’inverse il est remis en cause.