Célébration du millénaire

monastique et conflits - 1966

 

          Les années 1960 voient la reprise des querelles autour du Mont et la première formulation de la problématique du « désensablement », qui s’impose à partir de cette époque. Ce point saillant fait se durcir les enjeux culturels et politiques dans une lutte d’influence concrète.

          En 1966, ce sont des parkings insubmersibles qui sont envisagés par le Ministère de l’Equipement pour accueillir les visiteurs de plus en plus nombreux avec l’essor du tourisme de masse. Mais dans le même temps, le Ministère des Affaires Culturelles organise la célébration du Millénaire Monastique du Mont. L’activité religieuse a en effet repris de la vigueur avec la restauration d’une église carolingien en 1960 et l’installation en 1966 de moines bénédictins, envoyés par leurs confréries passer l’année au Mont, et qui resteront par la suite propriétaires des lieux pendant 35 ans. Opposant une vision patrimoniale et historique du Mont à celle de l’exploitation économique, le Ministère des Affaires Culturelles s’élève alors contre le principe du stationnement et demande la mise en place de navettes. C’est la première fois depuis 1930 que cet enjeu est aussi ouvertement pris en charge et porté par une grande institution, qui finira cependant par céder en raison de l’importance des intérêts touristiques en jeu.

          Les deux ministères entrent donc en conflit direct lorsque les architectes des Affaires Culturelles et les ingénieurs des Ponts et Chaussées s’opposent sur la gestion du même lieu, la zone trouble des parkings, tandis qu’auparavant les uns prenaient en charge le Mont et les autres la baie. Le contentieux porte donc à la fois sur un porte à faux cognitif, deux visions du Mont différentes, et sur une question de responsabilité administrative et politique. D’autant qu’à la même époque, en 1964, le vote de la « loi sur l’eau » ouvre la voie à une gestion du littoral qui impliquerait des acteurs différents dans un projet commun, au-delà de la fragmentation des compétences pratiquée jusqu’alors. Ces éléments successifs mettent en évidence la nécessité d’établir une médiation entre les administrations responsables du territoire de la baie. Ce sera alors au début des années 1970 que s’opèrera un tournant vers le consensus grâce au recours à des études scientifiques. Seul le recours à une expertise qui garantit un processus de dialogue rationnel pourra réunir les deux Ministères autour d’une base commune.

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