Artiste peintre français, Pierre Gilou découvre la peinture en autodidacte et collabore très jeune avec le mouvement Trompe-l’œil/Réalité, fondé par son père Henri Cadiou. Il prend la suite de ce dernier à la tête du mouvement, organisant des manifestations et accueillant les jeunes artistes. Parallèlement à son activité artistique, Pierre Gilou s’implique dans la défense des sociétés artistiques qui donnent naissance au Grand Palais. Il fonde avec d’autres artistes le Comité de Défense des Artistes du Grand Palais. Militant pour la défense de l’art libre, fondé sur une aide matérielle et non financière de l’Etat, ce comité refuse la sacralisation des artistes imposés par les interventions étatiques dans des lieux de prestige, au détriment de la liberté de choix des publics.
A l’occasion de notre rencontre avec l’artiste, celui-ci a bien voulu répondre à nos questions sur sa position vis-à-vis de l’introduction d’art contemporain à Versailles, et de la polémique qui en est née.
Selon Pierre Gilou, l’introduction d’art contemporain à Versailles constitue la corruption d’un lieu historiquement chargé. Le Château de Versailles, jouissant d’une position particulière dans l’esprit des Français mais aussi bien dans le monde, ne doit pas être « pris en otage », escamotant la représentation que les publics s’en font. En confrontant des œuvres d’art du passé à des œuvres contemporaines dans un lieu aussi prestigieux que le Château de Versailles, l’Etat, à travers l’autorité qu’il confère à un ministère, promeut cet art. « Versailles est un lieu d’exposition permanente de tout ce qui se rattache à son histoire, et symbole de la culture française depuis le XVIIe siècle. On ne saurait le dénaturer par des fantaisies du genre Koons sans profaner sa vocation multiséculaire. »
Un lieu d’exposition serait donc pour Pierre Gilou tout lieu abrité n’ayant pas d’affectation particulière et accessible au public.
Pierre Gilou estime par ailleurs qu’il n’y a pas de confrontation didactique possible entre les œuvres du passé lointain enracinées dans le patrimoine et les productions plus récentes sans aucune légitimité. Ainsi, ces œuvres ne bénéficient pas de ce que l’accumulation des siècles a qualifié d’œuvres d’art, et il est difficile de classifier les œuvres contemporaines sans avoir un minimum de recul. Peut-on ainsi doter ces dernières du statut d’œuvres d’art ?