Le média presse a largement relayé la controverse depuis l’exposition « Jeff Koons à Versailles » et jusqu’à quelques semaines avant le début de l’exposition de l’artiste japonais Takashi Murakami. Une brève accalmie a été observée depuis la venue de l’artiste français Xavier Veilhan mais la controverse promet de s’embraser à nouveau dans les prochains mois, avec de nouvelles expositions d’art contemporain au Château.
Information sur une exposition, interview d’un artiste ou organisateur, prise de position en lien avec la ligne éditoriale, article rédigé par un critique d’art…l’étude de la controverse sous la plume des journalistes a été extrêmement enrichissante pour comprendre les rapports de force et les positions défendues. L’implication des titres de presses a été bien plus prononcée que celle des autres médias de masse. La raison est l’affinité particulière entre le sujet et le support, l’art et la presse écrite.
La tendance la plus marquée est celle de la neutralité propre aux quotidiens d’informations. Ceux-ci voient dans les expositions d’art contemporain à Versailles, une controverse vive dans les milieux artistiques, politiques et historiques, qu’il convient naturellement de traiter dans la rubrique appropriée. L’impartialité revendiquée n’en demeure pas moins un traitement de la controverse intéressant puisqu’il permet de présenter ponctuellement les arguments des protagonistes du débat : « L'art contemporain vient semer la distraction, la destruction dans un ensemble parfait, s'est ému le président d'honneur de la Fondation du patrimoine, Edouard de Royère » (Le Monde, 07/09/08) ; « Didier Rykner renchérissait par un narquois : On imagine très bien la Cicciolina dans le lit de Louis XIV. » (Le Point, 04/09/08).
A ce titre, il est intéressant de noter que les arguments les plus relayés sont ceux qui traitent de l’aspect économique des expositions, aussi bien des hausses de la fréquentation engendrées directement ou indirectement par l’art contemporain que des intérêts financiers, plus controversés, des organisateurs et des artistes exposés. La place de l’art contemporain dans un écrin historique du patrimoine français est peu débattue, les porte-paroles de cet argument (Arnaud-Aaron Upinsky, président de l’Union des Ecrivains de France, notamment), étant relativement marginalisés : « Les traditionalistes ne pouvaient apprécier. Les premiers tirs sont partis cet été d'une Union.nationale des écrivains de France, guère connue, mais qui revendique 400 membres, présidée par un certain Arnaud-Aaron Upinsky. » (Libération, 26/08/08). C’est également là tout l’intérêt d’une étude de la controverse dans la presse : la pondération des arguments n’est pas uniquement le fait d’une plus ou moins grande visibilité dans le support étudié, elle est également qualitative et le fruit du traitement que leur réservent les journalistes, aussi subtil soit-il : « De l’art contemporain, et quel art ! Homard géant en alu, gros cœur en acier, lapin gonflable ... L’enfant chéri des branchés, capable d'ériger une porcelaine de Michael Jackson au rang d'œuvre d'art, avait tout pour affoler les réactionnaires ; et ce fut réussi. Le gotha s'est ému, les lettres d'insultes ont plu comme a Gravelotte. » (Le Nouvel Obs, 05/11/09)
On constate par ailleurs que les prises de positions ne sont pas uniquement l’apanage de la presse spécialisée mais que l’intervention de critiques d’art dans les quotidiens d’informations est souvent l’occasion pour un titre de presse généraliste de donner se prononcer sans le faire en son nom. Philippe Dagen titre « Jeff Koons honore Louis XIV : Exposition réussie et à grand spectacle au château de Versailles » dans Le Monde, 11/09/08 et Valérie Duponchelle qualifie de « frais et poétique » le travail réalisé par Xavier Veilhan pour Versailles dans Le Figaro, 08/09/09.
La dernière tendance est celle concernant l’intérêt et le traitement accordé à l’artiste au cœur de la controverse. S’il est évident que Jeff Koons a déclenché bien plus de passions, on constate que les langues se délient davantage pour l’exposition du français Xavier Veilhan, semblant davantage faire consensus : Le Point du 10/09/2009 titre « L’artiste français Xavier Veilhan habille d'œuvres en aluminium le parc du Roi-Soleil. Somptueux. »