LA COMMUNAUTE ENSEIGNANTE


 Les Acteurs du monde enseignant:                          

- La majorité des instituteurs pratiquant des méthodes mixtes.

- Rachel Boutonnet, institutrice.

- Roland Goigoux, professeur des universités à l'IUFM d'Auvergne, formateur des cadres et inspecteurs de l'éducation nationale. Il défend la méthode intégrative. Interview de M. Goigoux.

- Le syndicat SNUipp: interview de M. Moindrot

 

        La communauté enseignante dans son ensemble s’est sentie blessée par la circulaire De Robien : en effet, elle a été vécue comme une façon de leur apprendre leur métier. Ils se sont donc sentis méprisés.

        Cependant, au sein de la communauté enseignante, tous n’ont pas réagi de la sorte : ainsi Rachel Boutonnet a été médiatisée car elle pratique dans sa classe la méthode syllabique pour l’apprentissage de la lecture et affirme qu’elle a de très bons résultats. Le ministre va donc prendre sa défense et l’ériger comme exemple de réussite de la méthode syllabique.

        A côté de cela, les instituteurs dans leur majorité et un de leur syndicat le plus important, le SNUipp, déplorent la circulaire et la controverse qu’elle a engendrée. L’apprentissage de la lecture doit être une relation qui se crée entre un enfant et un instituteur et ce dernier doit être libre de la méthode qu’il applique. D’autant plus qu’aujourd'hui, la majorité des instituteurs utilisent des méthodes mixtes, que le ministre de l’Education a fini par reconnaître comme acceptable. La méthode globale étant déjà éradiquée depuis les programmes de 2002, elle n’est plus pratiquée aujourd'hui.

    Ainsi, selon ces instituteurs et le SNUipp, l’apprentissage de la lecture ne dépend pas uniquement de la méthode utilisée au cours préparatoire : en effet, c’est un processus qui débute en maternelle et qui s’approfondit au CP. Le syndicat déplore donc que le politique instrumentalise les statistiques et joue sur les peurs caricaturales des gens. La réalité est selon lui la suivante : les comparaisons internationales montrent que la France obtient des résultats, qui ne sont certes pas parmi les meilleurs, mais dans la moyenne des pays voisins. Les jeunes n'éprouvent pas plus de difficultés que les anciens, au contraire, les statistiques prouvent que le taux d'illettrisme recule : en effet, l'INSEE dénombre 4% d'illettrés chez les 18-24 ans, 14% chez les 40-54 ans et 19% chez les 55-65 ans. De plus, le ministère parlait d’un taux d’illettrisme proche de 10% à l’entrée en 6ème ; or seulement 4% des enfants ne savent pas lire et 11% éprouvent des difficultés avec des textes difficiles. Enfin, le syndicat rappelle qu’il n’existe aucun lien prouvé entre la méthode de lecture employée et l’échec scolaire.

    Le syndicat parle au nom de la majorité des instituteurs quand il rappelle que ce faux débat ne fait que masquer les vrais problèmes de l'école: un certain taux d'échec scolaire demeure. Il faut mettre l'accent sur la formation et l'accompagnement des enseignants, prendre en compte les différences de rythme et d'apprentissage des élèves, améliorer les conditions d'enseignement, renforcer la communication entre l'école et les familles plutôt que de cristalliser des tensions.

    Il est important de se tourner vers le plaisir que doit susciter l’apprentissage de la lecture car il est essentiel. Il faut donner aux enfants le goût d’apprendre à lire et ce n’est pas une question de méthode. L’épanouissement de l’enfant est central pour les instituteurs et les syndicats les défendant.

    Par ailleurs, Roland Goigoux défend la méthode intégrative :un apprentissage varié est nécessaire à l’enfant. En effet, il se positionne de façon modérée et montre qu’une multitude d’aspects est utile pour l’apprentissage de la lecture. Selon lui, « il faut simultanément le déchiffrage, l’encodage, les sons, la compréhension syntaxe-phrase, la compréhension du texte, le travail ‘culturel’ c'est-à-dire donner des références simples aux enfants ».