M.F. Marchand – Responsable du collectif anti-gaz de schiste de Lot-et-Garonne

1. Pouvez-vous vous présenter et présenter votre activité au sein du collectif anti gaz de schiste du Lot-et Garonne ?

J’ai vu le film Gasland sur internet en février 2011, et suite à cela j’ai décidé de m’investir pour empêcher cette technique de se développer. On était quelques uns autour de chez moi à l’avoir vu. Trois d’entre nous pensaient qu’il fallait monter un collectif, et moi, comme j’avais un peu de temps, je l’ai fait. Par la suite, nous avons gagné peu à peu des gens sur les listes de diffusion, en faisant des soirées-débat où l’on projetait le film Gasand et on le critiquait. Aujourd’hui, nous avons environ 700 adresses, et ça continue de progresser.

2. Quelle était la situation dans votre région au moment où vous avez décidé de vous engager ?

Nous nous étions concernés via le département voisin, le Lot, et son permis d’exploitation de Cahors qui allait être remis à l’instruction. A l’époque, nous allions les soutenir à des soirées débats et en participant à des manifestations.
Au début, je pensais qu’il serait difficile de mobiliser les gens. Mais depuis mai 2011, nous avons appris que notre département faisait partie d’un permis qui s’appelle Beaumont de Lomagne, nom d’un ville au centre de ce périmètre. Ce permis n’était pas très clair, on manquait d’information pour le public. Nous avons continué et intensifié nos soirées-débat, en en faisant environ deux par mois, notre présence sur les marchés, etc. Depuis début mars 2012, nous avons appris que le dossier, qui était en attente d’instruction, a maintenant était remis à l’instruction. Le permis avait été demandé en 2010, mais à cause de la mobilisation, le dossier avait été laissé en stand-by et n’avait pas été remis au Préfet.

Nous sommes actuellement en période d’élections, et nous pensons que Sarkozy, sentant qu’il n’allait pas être réélu aurait en quelques sorte bradé les permis : il a du promettre aux entreprises que ces permis seraient accordés. En tous cas, c’est étrange, il y avait un certain nombre de dossiers en attente d’instruction qui sont actuellement remis dans les préfectures, c’est très curieux que cela passe comme ça en instruction en période électorale.

3. Que pensez-vous des politiques menées en France autour du gaz de schiste, et plus spécifiquement de la loi votée le 13 juillet dernier interdisant l’utilisation de la technique de la fracturation hydraulique ?

Cette loi est floue car elle ne définit pas juridiquement le processus de fracturation hydraulique. Nous savons bien que cela laisse la porte ouverte aux fracturations sous d’autres nom. Notamment Beaumont de Lomagne pourrait être revu et corrigé, et la technique pourrait être utilisée sous une autre appellation.

D’autre part, la loi interdit la fracturation hydraulique mais elle n’interdit pas l’exploitation des gaz de schiste. Or, on a absolument besoin de cette technique pour l’exploitation.

Et surtout, cette loi a autorisé les recherches à but scientifique. Des buts scientifiques, ça ne veut rien dire, c’est pour révéler des potentiels et tenir un discours tel qu’il y a de l’or sous nos pieds et qu’on ne peut pas se permettre de ne pas en tirer parti.

Devant la mobilisation citoyenne, les politiciens ont voulu montrer qu’ils allaient faire quelque chose, mais devant la pression des citoyens d’une part, et des industriels d’autre part, on voit qu’ils ont fait une loi bancale, afin de ménager la chèvre et le chou.

4. Le gaz de schiste peut-il selon vous avoir sa place dans le bouquet énergétique disponible dans le futur ? Peut-on le voir comme une énergie de transition avant de passer au renouvelable ? Que signifie pour vous ce « retour » aux énergies fossile ?

Quand on est au courant des dégâts que ces exploitations occasionnent, on est d’accord pour dire que l’on ne veut absolument pas l’utilisation des gaz de schiste, ni des pétroles de schiste. Cela provoque des émissions dramatiques de gaz à effet de serre, notamment les composés organiques volatiles. J’ai reçu hier un rapport d’étude de l’EPA américaine, basé sur la production américaine, qui fait le bilan de ces émissions. Il y a aux États-Unis 25000 puits dont 14000 qui sont refracturés par an. Les émissions de CO2 sont de 2,2 millions de tonnes par ans. Les polluants aériens sont de 130 mille tonnes par an. Le méthane représente des fuites de 16 millions de tonne par an, sachant que le méthane a un pouvoir de réchauffement climatique 21 fois supérieur au CO2. On ne parle pas assez souvent de ce problème qui est celui des fuites de gaz, mais c’est une réalité qui mène à une formation d’ozone au raz du sol qui est très dangereuse et très cancérigène. Les fuites de méthane sont émises dès le début de l’exploitation, et par la suite, on a vu que certains puits fuient à cause du vieillissement du ciment. Des études ont montré qu’après 10 ans, il y a des fuites sur des bouchons de ciment, surtout dans ce milieu sous-terrain qui est chaud, plein de produits chimiques acide : le ciment se casse et se dégrade avec le temps. Des fuites se font entre autre par le sol, d’où le phénomène aux États-Unis de l’eau qui prend feu (voir le film Gasland). On a une migration du méthane par le sol, qui se retrouve dans les nappes phréatiques, et également par les conduite et les bouchons de fermeture des puits.

Donc nous disons non. La transition, c’est surtout une volonté politique de dire que l’on s’organise dès maintenant pour mettre fin au gâchis d’énergie, et pour arrêter de produire des choses qui ne servent à rien, comme les emballages à outrance par exemple. Déjà avec des actions simples, on pourrait réduire énormément notre demande énergétique, avec une baisse de la consommation d’énergie dans les centres commerciaux illuminés la nuit, en arrêtant de chauffer certains bâtiments inoccupés. Il faudrait mettre des politiques en place pour que les particuliers dans les zones ensoleillées puissent rapidement utiliser des panneaux solaires, mais en aucun cas utiliser des hydrocarbures de schiste.
On utilise 20 millions de litre d’eau par fracturation, et en plus, il n’y a quasiment pas de possibilité de ne pas polluer les nappes phréatiques. C’est donc pour nous un refus pur et simple d’exploiter cette ressource.

5. Selon vous, est ce que le cœur de la controverse réside dans le gaz de schiste en lui-même, ou bien dans sa méthode d’extraction ?

Parmi les gens qui luttent contre le gaz de schiste, vous en trouverez beaucoup qui en effet sont contre l’utilisation d’énergies fossile. Il est évident qu’il faut arrêter de piller les ressources de la terre jusqu’au moment où il n’y aura plus rien. Les gaz de schiste sont rentables un an, mais une fois qu’on a fini de fracturer la roche, il faut aller ailleurs, ce n’est pas comme en Arabie Saoudite par exemple où il suffit de pomper le pétrole. Donc c’est une énergie fossile polluante qui n’est pas responsable à long terme. Mais surtout c’est la technique qui a les effets les plus désastreux aussi bien sur l’environnement que sur la santé.

– Que pensez-vous de l’argumentaire des compagnies pétrolières selon lequel la technique de la fracturation hydraulique a déjà éprouvée dans l’exploitation pétrolière depuis plusieurs décennies ?

En effet, ils utilisent la fracturation depuis 1947 aux Etats-Unis. Il y a eu à ce jour 2 millions de fracturations dans le monde dont 1 million aux USA. Au départ, c’était une technique expérimentale qui coûtait très cher. Mais depuis qu’ils ont inventé le monitoring électronique, qui permet d’avoir une assistance lors du forage, et qui permet notamment de détecter les problèmes géologiques. Cela leur a notamment permis de forer à l’horizontale et notamment d’économiser des puits verticaux, en forant en parapluie. Ils utilisent le même conduit vertical et peuvent ensuite orienter dans toutes les directions les puits horizontaux. Voilà pourquoi depuis 2000 on assiste à un développement tel des gaz de schiste et des pétroles de schiste. Mais ces évolutions portent sur la performance technique, par sur l’amélioration des conditions de respect de l’environnement.

6. Quelles relations entretenez-vous avec les autres acteurs de la controverse ?

Nous, directement, petit collectif nous n’avons rien tenté avec le Ministère, mais d’autres collectifs sont en contact régulier avec eux pour leur demander des réflexions sur le sujet. Nous ne sommes pas non plus en lien direct avec les industries pétrolières, mais nous regardons leurs sites et la façon dont ils présentent leurs argumentaires. Les contacts se font finalement plus par les médias, qui ont tendance à nous dépeindre comme des lobbys écologiques, à la limite du terrorisme …
Nous sommes en lien avec des préfets : on leur demande des rendez-vous afin de connaître leur positionnement. Nous voyons des élus, sénateurs et députés afin de les sensibiliser au problème. Nous allons également voir tous les maires et notre but, dans les deux, trois mois à venir, est de sensibiliser tous les maires dans les zones concernées par le permis.

Est-ce que cela marche ?

Jusqu’à maintenant, ce permis était en attente d’instruction. Maintenant qu’il est en cours d’instruction, nous avons changé de ton et le mouvement commence à prendre davantage forme. Dans nos soirées-débats, nous avons décidé la mise en place de veilles-action, avec l’idée de pouvoir donner l’alerte sur un réseau si les machines viennent s’installer. On axe l’information à 100% sur les maires. Nous allons leur demander, après les élections, de prendre un arrêté sur l’eau, qui est un peu la seule chose qu’ils pourraient faire pour protéger leurs communes.

C’est une démarche un peu triste dans le sens où on se positionnent comme si on acceptait que les machines viennent forer. J’attends plus de renseignement, car cela coûte assez cher, mais il y a une possibilité de faire en effet un point 0 de l’eau. Je ne sais pas grand chose sur le coût que cela représente, mais dans certains départements on essaie de mettre en place cette mesure. Mais une fois de plus, comme on ne connaît pas la composition du fluide de fracturation, qui est protégée par le secret industriel, on ne sait pas exactement ce qu’il faut rechercher dans l’eau, quel genre de pollution chimique. Il peut quand même être prévu un certain nombre d’éléments incontournables comme le méthane et le benzène.
Mais si tout notre travail sur le terrain ne suffisait pas, nous pourrions en effet nous prémunir en prenant des arrêtés sur l’eau.

Quelles relations entretenez-vous avec les ONG ?

Il y a des ONG qui font partie des collectifs : 40 ONG en France se sont réunies contre le gaz de schiste et ont interpellé le Parlement Européen (25 avril 2012), dontAgir pour l’environnement, AITEC, Amis de la Terre France, Attac, France Libertés, Réseau Action Climat, WECF.

On compte même parmi les militants des foreurs qui ont fini par s’engager dans le mouvement anti gaz de schiste, qui ont la possibilité de donner leur regard d’expert et d’apporter des informations techniques précieuses, pas forcément faciles d’accès au grand public.
Lors d’une projection débat à Pau, des foreurs ont été invités à prendre la parole. Ils ont argumenté dans l’autre sens, mais le problème, c’est que les militants n’étaient pas assez calés pour leur répondre. En effet, il y a un certain argumentaire à chercher, à développer afin de pouvoir suivre le débat sur des questions aussi techniques. Pour ma part, j’ai passé un certain temps à la recherche de l’information, en lisant divers rapports de diverses sources, je suis maintenant capable de tenir le débat, mais ça ne peut être le cas de tout le monde.

7. On a pu constater, selon diverses sources, un manque de consultation en amont dans la procédure de délivrance des permis de recherche et des concessions. Une réforme du code minier dans le sens de davantage de participation et de consultation des populations locales et des élus locaux changerait-elle quelque chose concernant l’acceptabilité des activités liées aux gaz de schiste ?

Le problème, c’est que les gens ne sont pas vraiment au courant de ces questios. C’est la même chose que si l’on parlait de faire un référendum concernant le nucléaire ou les OGM. On ne connaît ces sujets, finalement, que par voie de presse, que par les médias et ce que l’on a bien voulu nous en dire. Demander un référendum c’est hypocrite : il ne peut y avoir de réelle décision en âme et conscience. Là, en l’occurrence, c’est la même chose, les gens ne connaissent pas réellement les tenants et les aboutissants de la question.

C’est pourquoi je serai plutôt en faveur de vraies lois qui protègent le territoire et la santé des gens, et qui ne soient plus à la botte des entreprises. Par exemple, le code minier a été réformé déjà en 2011 pour faire la part belle aux entreprises. Ils ne sont plus responsable après 2 ans, ce qui veut dire qu’après avoir pollué une zone, c’est ensuite aux collectivités de nettoyer et de décontaminer. Les documents restent secrets pendant 20 ans. Par exemple, s’il y a une pollution de l’eau, on ne pourrait pas aller voir quels produits chimiques ont été utilisés pendant 20 ans ! Le code minier favorise les entreprise mais n’est absolument pas protecteur ni de l’environnement ni de la santé.

D’ailleurs, il existe déjà un certain nombres de lois que ces industries brisent : la loi sur l’eau, le système Reach, la convention d’Aarhus … Mais à ce sujet, pas d’information du public. Aujourd’hui, ça devrait être un point incontournable : on ne doit pas polluer plus. On a déjà pollué 50% de nos nappes phréatiques, ça suffit.

8. Que pensez-vous du traitement de la controverse par les médias ? Comment vous informez-vous et quelle est la perception du traitement médiatique par le grand public et les collectifs ?

Le fonctionnement en coordination de collectifs nous a permis de mettre en place un système de messagerie commune : dès qu’un des collectifs a une bonne information, il la partage ainsi avec l’ensemble des collectifs.

Les sources sont bien-sûr les journaux, mais aussi la presse spécialisée, comme Terra Eco, Le Journal de l’Environnement, Politis… On lit surtout les journaux internationaux, et les rapports de sources diverses. Je vais beaucoup pour ma part sur le site de l’EPA pour lire leurs rapports, les imprimer. Je commence à avoir un classeur assez épais rassemblant rapports, déclarations, communiqués de presse et extraits de loi … On va également sur tous les sites susceptibles de nous apporter des informations. On va par exemple sur le site du ministère afin de se tenir informés concernant tous les permis et leur instruction, chaque mois. Chacun fait sa part du travail. Les juristes par exemple, surveillent les publications officielles en la matière, etc.

Toute source est bonne à prendre. Par contre, ce qu’on a vu avec le Monde, c’est un retournement de veste. Début 2011, ils avaient pris position contre le gaz de schiste en dénonçant ses dangers. Puis, plus récemment, ils adoptent un positionnement différent en disant qu’il serait dommage de dire non à l’or qui se trouve sous nos pieds. Dans les journaux nationaux, la tendance globale actuellement est à dire que « ça pourrait se faire de façon pas trop nocive en faisant attention ». L’argumentaire étant que l’on a besoin d’être indépendant énergétiquement, ce qui nous assurerait un revenu et permettrait de baisser le prix du gaz, ce qui bien sûr, du coup, plaît à tout le monde. Il y a une pression énorme de la part des industriels, une insistance auprès du Ministère pour obtenir les permis. Les médias sont également susceptibles d’être victimes de cette influence et de cette pression. Il y a eu des reportages à la TV montrant les problèmes liés au gaz de schiste, comme d’autres qui ont vanté les mérites sans parler des problèmes, on trouve de tout.

Mais ce qui est important, c’est que l’on parle de plus en plus de ce sujet encore bien méconnu. Ce sujet est même apparu, même de façon anodine, dans des émissions de divertissement comme Plus Belle La Vie ou Les Experts. Ce sujet devient de plus en plus d’actualité. J’ai moi-même été interviewée quelques fois par France 3, et nous invitons assez systématiquement la presse lors de nos soirées-débats, avec en général un petit article dans la presse locale le lendemain.

9. Vous avez vu le film Gasland. Qu’en avez-vous pensé ?

C’est un très bon film militant qui a permis de soulever les questions autour du gaz de schiste et donner une visibilité à la controverse. Clairement, en France, ce film est à la base des mouvements militants anti gaz de schiste : si ce film n’avait pas été là, il n’y aurait pas aujourd’hui 270 collectifs. Si on m’avait juste expliqué le problème, je ne sais pas si je me serais moi-même mobilisée de la même façon. Bien sûr, d’aucuns l’attaqueront sur le fait qu’il joue sur l’émotionnel, oui, peut être. Cependant, tout ce qui a été dit dans le film a été vérifié et réel. C’est vrai que c’est un film très amateur, qui n’est pas forcément parfaitement réalisé, mais il montre un réel engagement citoyen. C’est également la preuve que parfois, avec un simple reportage, on peut changer les choses.

A partir du moment où l’on est à ce point passionné et engagé dans un tel sujet, il est possible en effet de manquer d’objectivité. On a fait à John Fox un certain nombre de critiques et d’accusation auxquelles il a répondu point par point. Je trouve qu’il est un peu puéril de débattre sur certains détails du film, et de prétendre par exemple qu’une des scènes avec le fameux robinet qui s’enflamme n’a pas été tourné dans l’endroit où l’on a dit que cela avait été tourné, ou encore que ces gaz étaient naturellement présents dans l’eau. Ce phénomène a touché un certain nombre de familles, situées dans plusieurs États différents. Il existe des témoignages et des preuves que c’est bien une réalité. Ce documentaire est amateur, il a sûrement des défauts, mais il a le mérite de soulever des questions, et il y a un certain nombre d’études scientifiques qui viennent confirmer ce qu’il dénonce.

10. Que pensez-vous de l’engagement de José Bové dans la controverse ?

José Bové a fait un bon travail, notamment, au début de la controverse, c’est grâce à lui qu’il y a pu y avoir une sensibilisation et une mobilisation rapide. Par contre, je pense qu’au delà de son action médiatique, il reste un politicien, attaché à Europe Écologie les Verts, et il y a toujours un peu cette notion de récupération politique. Son positionnement finalement, est en décalage avec le notre, en raison de ce but politique toujours sous-jacent. D’après les retours que j’ai venant des divers collectifs, finalement, c’est là où Europe Écologie les Verts avait le plus de pouvoir que nos actions se sont le plus soldées par des échecs. Il a parfois pris des positionnements au nom de collectifs, sans les en avoir informé au préalable. Il aurait cette tendance à prendre seul les décisions.

Finalement, on utilise beaucoup son image pour vendre les journaux et sensibiliser, mais je trouve cela dommage que l’on doivent en passer par là pour mobiliser. Je ne suis pas la seule à penser que nos collectifs sont des collectifs citoyens, avec bien sûr, des membres de différents partis, mais nous ne sommes pas manipulés ou sous la coupe d’un parti en particulier. Dans notre collectifs, nous avons d’ailleurs décidé qu’il ne pourrait y avoir plus de deux membres du même parti dans le conseil d’administration. Certains pensent que c’est dommage de se priver de figures de proue, mais je pense pour ma part que notre travail est un travail de terrain, qui s’effectue dans les mairies, c’est un travail de fourmis, d’information et de sensibilisation.

11. Pourriez-vous m’en dire un peu plus sur le fonctionnement et la coordination des collectifs anti gaz de schiste ?

Comme je l’ai dit tout à l’heure, nous avons un système de messagerie commune qui permet d’échanger les informations et de poser des questions. Tous les un mois et demi, nous organisons des réunions de coordination nationale des collectifs, auxquelles je participe parfois. Nous menons des réflexion sur des actions à entreprendre, sur les mesures communes à prendre au niveau national. Cela nous permet de nous concerter, et de mettre en place une action plus cohérente sur le plan national. En effet, bien que les problématiques soient parfois différentes selon les départements, il est important de garder cet union global. Nous suivons également de près les mouvements des collectifs à l’international.

12. Quel rôle joue selon vous le gaz de schiste dans le débat autour du réchauffement climatique ?

C’est simple, le gaz de schiste est plus polluant que le charbon. Ceux qui le prônent bien sûr, vont dire qu’à a combustion, le gaz de schiste est moins polluant que le charbon, mais ils ne prendront pas en compte l’extraction, avec notamment les fuites de méthanes engendrées. Il faudrait estimer à 30 millions de tonnes le méthane supplémentaire dans l’atmosphère chaque année du fait du gaz de schiste. C’est pourquoi l’argumentaire selon lequel le gaz de schiste ne serait pas nocif pour l’environnement ne tient tout simplement pas la route.

13. Comment pensez-vous que la situation va évoluer en France et à l’international ?

La suite logique des choses c’est qu’il va y avoir des travaux de recherche autour du gaz de schiste, et l’avenir seul nous dira si les actions que nous mettons en place suffiront à arrêter ces travaux.

Actuellement nous mettons en place des pyramides d’alerte, un système de veille, dont le but est la manifestation pacifique et l’empêchement des travaux en cas d’arrivée des premiers camions sur les site. On est prêts à se porter main forte dans plusieurs départements en cas de forage. En plus de cela nous avons l’action des maires, qui prennent des arrêtés sur l’eau. On va utiliser tous les moyens possibles pour enrayer ce projet, toujours dans la lutte non violente sur le terrain.

Notre but, comme c’est actuellement le cas en Autriche, c’est purement et simplement l’interdiction de l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste.

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