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Le street art ne comporte pas seulement la face institutionnelle émergente via les street artists reconnus mais vit aussi grâce à des milliers de jeunes en quête d’interdits qui veulent faire valoir leur pouvoir de contestation. Ce sont surtout ces pratiques qui suscitent désapprobation voire crainte de la part de l’opinion publique et qui nourrissent l’assimilation persistante du street art avec le vandalisme. Ceci est d’autant plus vrai si le tag est politique ou obscène, deux conditions qui peuvent différencier le tag de l’oeuvre. Il était ainsi nécessaire de receuillir le point de vue de l’un d’entre eux qui souhaite rester anonyme pour des raisons évidentes.

 

Pouvez-vous en quelques mots, décrire vos activités? Êtes-vous étudiant? Travaillez-vous?

Je suis étudiant graphiste en alternance et je travaille à coté pour arrondir mes fin de mois.
Je m’implique à ma manière dans l’art graphique dans mes études et mes loisirs.

Comment avez-vous découvert le street art ?

Assez tôt finalement en prenant le train je regardais toujours par la fenêtre, et puis un peu partout finalement depuis plus de 10 ans les peintures sauvages fleurissent même si beaucoup de gens ne le comprennent pas ou ne prennent pas la peine de le comprendre.
J’ai compris qu’il serait mon moyen d’expression.

Depuis combien de temps pratiquez vous le street art? A quelle fréquence?

Je le pratique depuis 4 ans environ, au moins une fois par semaine pour le moment. Plus les années passent et moins le temps que l’on peut consacrer à ce genre de pratique devient important (cela dit j’ai toujours un marqueur sur moi donc un peu tous les jours en fait).
J’adapte mon rythme de peinture à mon emploi du temps, mon état d’esprit, les gens qui me soutiennent.

Comment choisissez-vous vos supports?

Je peins principalement sur mur étant dans une logique de laisser une trace (la plus belle possible). Le train est très visible et marque les esprits, mais est rapidement effaçable; je le privilégie pour les messages en rapport avec l’actualité.
Pour les murs que se soit en tunnel ou sur une ligne de train, je m’efforce de suivre ma logique d’apposer un message ou un courant d’une façon claire, colorée et qui si, on pose ses yeux dessus, il nous fera réfléchir d’une manière ou d’une autre.

Taguez-vous toujours essentiellement votre signature ?

Non, c’est un nom simplement pour me faire reconnaître du milieu graffiti, il n’a aucune signification revendicatrice, il me permet de ne pas me faire repasser lorsque j’entreprends une fresque et aussi de donner aux gens le nom de la personne qui l’a fait mais je sais que auprès des gens en général, il n’a aucun impact. Si on veut toucher les gens, il leur faut des messages qu’il pourront comprendre et peut être même réagir dessus.

Taguez-vous toujours dans l’illégalité ?

Je tague en illégal, en légal dans des terrains, pour différents événements (concert, événements dans des mairies ) mais je le fais toujours dans le but d’améliorer ma techniques ou de me faire payer un peu de matériel.
Mais chaque chose que je fais est toujours ciblée vers l’illégal pour arriver à faire passer mes messages en moins de temps ou plus de techniques.

Dans quel but taguez-vous? Pour vous faire reconnaître, et pour exposer ou uniquement comme « passe-temps »?

Je tague depuis le début pour me faire connaître par le milieu du graffiti car il ne faut pas l’oublier c’est un mouvement réunissant des égocentriques en puissance. Mais avec les années, la réflexion évolue et certes encore aujourd’hui je tague pour la reconnaissance mais pas seulement, pour faire partager de la couleur, des idées, des styles, des influences, montrer aux gens qui voudront bien le voir qu’il y a autre chose que la communication conventionnelle.
Ca stimule mon esprit et mon sens artistiques et ça me rend bien dans mes chaussures et dans le monde dans lequel ont vit, qui a premier abord laisse peu de place à la communication incontrôlée par un quelques organisme d’éthique.

Le street art sur toile, qui s’expose et se vend, reste-t-il du street art à vos yeux ?

Pas du tout. Comme son nom l’indique, c’est un mouvement de rue, une démarche instinctive et qui est différente de la toile qui a ses limite de dimension, de jugement. Les toiles, vous devez les montrer aux gens alors que le graffiti c’est sans retenue que tu le veuilles ou non si tu le places bien, un maximum de gens le verront et puis il ne faut pas l’oublier mais généralement la relation création et toiles devient mercantile, ce qui n’est pas réprimable en soit mais ne situe plus les choses dans le contexte du street art qui lui la pour casser les règles.

Quel avenir pouvez vous prévoir pour le street art ?

La contestation existera toujours, des gens motivées ou assez fous pour aller s’exprimer, ça perdurera, la répression aussi mais plus on tient les gens à la gorge et plus ils se débattent alors oui je pense que l’art urbain continuera. Mais attention à ne pas confondre avec les influences pseudo graffiti que l’on voit fleurir dans la pub ou les magazines branchés. Ca, c’est du merchandising …