Depuis toujours, la meilleure façon d’apprendre à lire aux enfants fait débat.
Différentes méthodes existent pour cet apprentissage.
De là naît la controverse : la position de Gilles De Robien consistant à affirmer la supériorité de la méthode syllabique est contestée. Les hommes politiques, les différents scientifiques, les enseignants, les parents d’élèves et les syndicats prennent part au débat.
Le 20 Février 2002, dans ‘Les nouveaux programmes de l’école’, le ministre de l’éducation de l’époque, Jack Lang, décide l’abandon définitif de la méthode globale comme méthode d’apprentissage de la lecture. Le mot ‘dégâts’ est employé pour montrer à quel point cette méthode n’est pas adaptée aux enfants. Cette méthode, en tant que telle, était déjà peu utilisée par les enseignants : l’Education Nationale estimait alors que seulement 2% des classes de CP était concernées par cette méthode. Les critiques faites à ces méthodes globales sont qu’elles conduisent à ‘jouer aux devinettes’ avec les mots et qu’elles ne permettent pas aux enfants d’apprendre l’orthographe. Mais ces programmes ne remettent pas en cause les méthodes semi-globale ou mixtes à départ global.
Après cela, Luc Ferry lance fin 2003 un vaste débat sur l’école. Puis un peu plus tard, François Fillon est chargé de rédiger une nouvelle loi d’orientation suite à ce débat : mais il n’est pas question des méthodes d’apprentissage de la lecture.
La polémique est donc ensuite véritablement lancée par la circulaire de Gilles de Robien.
Il existe donc différentes méthodes d’apprentissage de la lecture, qu’il est possible de regrouper sous trois grandes catégories : la méthode globale, la méthode syllabique et les méthodes mixtes. Les scientifiques utilisent un autre vocabulaire ; le terme méthode analytique recouvre la méthode globale et ils emploient le terme méthode synthétique pour la méthode syllabique.
Comment
la circulaire de Gilles de Robien a ranimé une controverse sur les méthodes
d’apprentissage de la lecture ? Il s’agira de comprendre comment cette
controverse met en lumière des interactions à la fois idéologiques et
scientifiques entre les acteurs. En effet, cette controverse illustre l’absence
de frontières entre les différents acteurs politiques, scientifiques, parents
d’élèves et enseignants : ceux-ci interviennent dans tous les aspects de
la controverse.
Nous avons commencé par lire des articles et des livres notamment le livre de Laure Dumont intitulé Globale ou B.A ba ? Cela nous a permis d’identifier les acteurs principaux de la controverse et nous a orienté dans la lecture d’articles et de publications.
Nous avons contacté Franck Ramus qui nous a guidé pour comprendre l’aspect scientifique de la controverse. Il nous a également indiqué des pistes de recherche auprès de différents acteurs.
En
effet, au départ, nous nous sommes plutôt intéressés à la controverse
scientifique. Il est apparu qu’elle se nourrissait d’arguments politiques et
idéologiques. Ainsi, il nous a semblé plus pertinent d’étudier cette
controverse sous l’angle des relations entre acteurs qui illustrent tout à fait
la théorie de la sociologie des sciences. Elle montre tout aussi bien l’absence
de frontière entre les sphères traditionnelles que la stratégie de formation de
réseaux entre les acteurs.
Nous avons alors interviewé Roland Goigoux, acteur crucial dans la controverse ainsi qu’une orthophoniste, des instituteurs et un syndicat impliqué dans la polémique.