Présentation

Depuis toujours, la meilleure façon d’apprendre à lire aux enfants fait débat. Différentes méthodes existent pour cet apprentissage.

Le 3 Janvier 2006, Gilles de Robien organise une conférence de presse lui permettant d’introduire sa circulaire. Cette circulaire touche à la façon dont doit se faire l’apprentissage de la lecture au Cours Préparatoire. Notamment, le ministre de l’éducation affirme que les méthodes globales existent toujours et qu’elles doivent être interdites. Il affirme également que des recherches scientifiques prouvent la supériorité des méthodes à départ phono-synthétiques ou syllabique.

De là naît la controverse : la position de Gilles De Robien consistant à affirmer la supériorité de la méthode syllabique est contestée. Les hommes politiques, les différents scientifiques, les enseignants, les parents d’élèves et les syndicats prennent part au débat.

 Cette polémique a ressurgi en 2006 parce qu’elle concerne un sujet au cœur de la société : l’éducation des enfants. En effet, en Octobre 2005, les banlieues françaises s’embrasent et nombreux sont ceux qui accusent les parents et l’école de ne pas savoir éduquer ces jeunes. Le ministre de l’éducation n’hésite pas dans ce contexte à écrire cette circulaire touchant à l’apprentissage de la lecture, qui constitue la base de la scolarité des enfants. Ainsi, une multitude d’acteurs s’intéresse au sujet ce qui explique les réactions qu’il a déclenchées.

 

Qu’en est-il avant 2006 sur les méthodes d’apprentissage de la lecture au CP ?

Le 20 Février 2002, dans ‘Les nouveaux programmes de l’école’, le ministre de l’éducation de l’époque, Jack Lang, décide l’abandon définitif de la méthode globale comme méthode d’apprentissage de la lecture. Le mot ‘dégâts’ est employé pour montrer à quel point cette méthode n’est pas adaptée aux enfants. Cette méthode, en tant que telle, était déjà peu utilisée par les enseignants : l’Education Nationale estimait alors que seulement 2% des classes de CP était concernées par cette méthode. Les critiques faites à ces méthodes globales sont qu’elles conduisent à ‘jouer aux devinettes’ avec les mots et qu’elles ne permettent pas aux enfants d’apprendre l’orthographe. Mais ces programmes ne remettent pas en cause les méthodes semi-globale ou mixtes à départ global.

Après cela, Luc Ferry lance fin 2003 un vaste débat sur l’école. Puis un peu plus tard, François Fillon est chargé de rédiger une nouvelle loi d’orientation suite à ce débat : mais il n’est pas question des méthodes d’apprentissage de la lecture.

La polémique est donc ensuite véritablement lancée par la circulaire de Gilles de Robien.

 

Comprendre les méthodes d’apprentissage de la lecture

Il existe donc différentes méthodes d’apprentissage de la lecture, qu’il est possible de regrouper sous trois grandes catégories : la méthode globale, la méthode syllabique et les méthodes mixtes. Les scientifiques utilisent un autre vocabulaire ; le terme méthode analytique recouvre la méthode globale et ils emploient le terme méthode synthétique pour la méthode syllabique.

Les méthodes syllabiques : elles s’articulent autour de la genèse des sons de la langue et autour de l’assemblage de syllabes. Elles se focalisent sur le déchiffrage : on commence par les lettres et les sons, puis on déchiffre les syllabes et enfin on peut lire des phrases. Il existe plusieurs méthodes syllabiques : ainsi la méthode BOSCHER apparaît après la seconde guerre mondiale. La méthode FREINET est également utilisée. 

Les méthodes globales : ces méthodes cherchent à faire acquérir à l’élève une stratégie de déchiffrage des mots en tant qu’image visuelle indivisible. Il y a par exemple la méthode globale de DECROLY ou plus connue encore la méthode idéovisuelle de J. Foucambert et E. Charmeux.

Les méthodes mixtes : elles sont généralement à départ global et font intervenir plus ou moins tard le déchiffrage syllabique. Elles cherchent donc à associer l’intérêt de la méthode globale avec le nécessaire apprentissage du ‘code alphabétique’ à partir des lettres et des sons.

  

Problématique :

Comment la circulaire de Gilles de Robien a ranimé une controverse sur les méthodes d’apprentissage de la lecture ? Il s’agira de comprendre comment cette controverse met en lumière des interactions à la fois idéologiques et scientifiques entre les acteurs. En effet, cette controverse illustre l’absence de frontières entre les différents acteurs politiques, scientifiques, parents d’élèves et enseignants : ceux-ci interviennent dans tous les aspects de la controverse.

 

Le sens de notre démarche :

Nous avons commencé par lire des articles et des livres notamment le livre de Laure Dumont intitulé Globale ou B.A ba ? Cela nous a permis d’identifier les acteurs principaux de la controverse et nous a orienté dans la lecture d’articles et de publications.

Nous avons contacté Franck Ramus qui nous a guidé pour comprendre l’aspect scientifique de la controverse. Il nous a également indiqué des pistes de recherche auprès de différents acteurs.

En effet, au départ, nous nous sommes plutôt intéressés à la controverse scientifique. Il est apparu qu’elle se nourrissait d’arguments politiques et idéologiques. Ainsi, il nous a semblé plus pertinent d’étudier cette controverse sous l’angle des relations entre acteurs qui illustrent tout à fait la théorie de la sociologie des sciences. Elle montre tout aussi bien l’absence de frontière entre les sphères traditionnelles que la stratégie de formation de réseaux entre les acteurs.

Nous avons alors interviewé Roland Goigoux, acteur crucial dans la controverse ainsi qu’une orthophoniste, des instituteurs et un syndicat impliqué dans la polémique.

 A partir de ces rencontres et de ces lectures nous avons donc décidé d’axer notre site de façon à montrer qu’il existait des controverses dans la controverse générale globale vs syllabique. Chaque acteur venant d’une sphère s’est immiscé dans une autre sphère, ce qui structure la controverse.