Benoît Virole est un écrivain et psychanalyste. C’est un spécialiste
des psychopathologies et des sciences du langage.
Sur son site
http://www.benoitvirole.com/
il prend position contre la systématisation du dépistage en maternité
et suggère un dépistage à 3 mois, au cours d’une visite en PMI
(services de la protection maternelle et infantile).
Sa position dans la controverse
Benoît Virole se positionne en faveur d’un dépistage précoce. Il
reprend trois principales lignes d'argumentation :
- Un dépistage précoce permet d'appareiller plus rapidement et donc
d'obtenir des résultats meilleurs
- il limite le coût de santé publique : les enfants qui sont
appareillés plus tôt, récupèrent une plus grande fonction auditive, ils
n'ont donc plus besoin d'éducation spécialisée (qui représente un coût
très important) et peuvent être intégrés avec les autres enfants
- enfin il diminue la dimension handicapante de la surdité en permettant une meilleure intégration des enfants
Cependant il rejette l’idée d’un dépistage dans les jours qui
suivent la naissance. En effet, un tel dépistage risquerait selon lui
de perturber la relation mère/enfant à un moment crucial ; celui de la
rencontre entre la représentation fantasmatique de l'enfant par la mère
et l'enfant réel. Il revendique un "droit pour chaque enfant à naître
et vivre dans un environnement psychoaffectif de qualité sans être
exposé à un désarroi parental profond".
En effet, pour Benoît
Virole l’annonce de la surdité peut être un traumatisme profond pour
des parents entendants qui se sentent privés de moyens de communication
avec leur enfant. Ce désarroi est d’autant plus fort que l'annonce de
la surdité ne débouche pas sur un traitement immédiat : il faut
attendre quelques semaines, voire quelques mois avant de pouvoir
intervenir, que ça soit par le biais d’implants, d’appareils ou de
rééducation.
Une fois le diagnostic prononcé, les parents risquent de se focaliser
sur le handicap de leur enfant en oubliant que les premières semaines
de l'enfant devraient être réservées à « la construction de la relation
d’attachement dans une atmosphère affective calme et sécurisante ».
C’est pourquoi Benoît Virole suggère un
dépistage au cours de la visite en PMI au 3eme mois qui permettrait un
diagnostic sans perte de chance sur le plan audiophonologique (car il
est encore temps d'appareiller avec d'excellents résultats) et avec
gain de chance sur le plan psychopathologique (on a laissé le temps
pour construire des relations d'attachement précoce entre l'enfant et
sa famille, qui seront déterminantes pour son futur développement
psychologique).
Il reconnaît cependant que cette
dernière solution est plus chère à mettre en place et risquerait de
laisser de côté un certain nombre d’enfants. On sait en effet que de
nombreux parents ne vienne jamais à ce rendez vous.