Le CCNE

Description de l’acteur

    Le CCNE est le Comité Consultatif National d’Ethique pour les sciences de la vie et de la santé. Il considère que son rôle est de « éclairer les progrès de la science, soulever des enjeux de société nouveaux et poser un regard éthique sur ces évolutions… » et de « faire participer les citoyens à la réflexion éthique et leur permettre de comprendre les enjeux éthiques que soulèvent certaines avancées scientifiques dans le domaine des sciences de la vie et de la santé ». De fait, il se caractérise par la pluridisciplinarité de ses membres : parmi on trouve des chercheurs, des philosophes, des responsables religieux, des responsables politiques,des infirmières, des médecins,…
    Au moment de la rédaction de l’avis n°103, le professeur Didier Sicard était le président du CCNE. Il a ensuite été remplacé par le professeur Alain Grimfeld.


Sa position dans la controverse


    Le CCNE a été saisi par la FNSF et par RAMSES en février 2007. Ces deux associations s’inquiétaient de la mise en place de programmes de dépistage néonatal systématique de la surdité sur recommandation de la HAS. En réponse à ces saisines, le CCNE a émis, le 6 décembre 2007, son avis n°103 intitulé « éthique et surdité de l’enfant : éléments de réflexion à propos de l'information sur le dépistage systématique néonatal et la prise en charge des enfants sourds ». Il dit dans cet avis que le dépistage de la surdité est trop tardif actuellement et qu’il est difficile de déterminer le moment idéal pour réaliser ce dépistage pour de nombreuses raisons :
- s’il est trop tardif, la pose de l’appareillage ou de l’implant est trop différée ce qui réduit les capacités orales de l’enfant
- s’il est trop précoce, il y a un gros risque de répercussions psychologiques de l’annonce de la surdité sur la relation mère-enfant (comme le souligne l’association RAMSES)
- les sourds sont opposés au dépistage précoce systématique car il véhicule l’idée qu’il faut intervenir vite et que le développement cognitif et psychosocial dépend de l’apprentissage oral. Or la langue des signes suffit amplement à leur communication et ils n’ont pas l’impression d’avoir une plus mauvaise qualité de vie que les entendants. De plus la surdité serait placée aux côtés d’affections graves comme la mucoviscidose, également dépistée à la naissance. Il ne faut pas négliger l’aspect symbolique de la systématisation du dépistage pour les personnes sourdes.
- « La forme systématique du dépistage de la surdité dès la maternité nécessiterait une préparation de ses conditions effectives (pédagogique, culturelle et psychologique) chez les différents acteurs de l’équipe soignante, notamment pour mieux informer les parents. Aujourd'hui, la durée réduite du séjour à la maternité ne permet pas une bonne prise en charge de la mère ni l’apport d’explications relatives à la surdité de son enfant.
- « Croire que la question de la surdité de l’enfant sera résolue par un contrôle technique le premier jour de la naissance pourrait aller à l'encontre de son intérêt, en risquant de négliger des surdités à révélation plus tardives. » - « les tests réalisés trop précocement ne sont pas suffisamment fiables pour faire l'objet d'une généralisation systématique de l'évaluation des capacités auditives le premier où le deuxième jour. » La période idéale de dépistage est entre le 3e et le 28e jour. « Un repérage orienté des troubles des capacités auditives » proposé est préférable au dépistage généralisé imposé.
- il ne faut pas aller à l’encontre de la liberté des parents de choisir un traitement pour leurs enfants, mais il y a aussi un droit de l’enfant à ne pas être privé de ce qui pourrait améliorer sa capacité de communication. Pour assurer ce droit, il ne faut pas que la surdité soit dépistée trop tardivement

    Finalement, « le Comité estime que les conditions éthiques d’une généralisation du dépistage néonatal de la surdité ne sont actuellement pas réunies. Il redoute une médicalisation excessive de la surdité qui la réduirait à sa seule dimension fonctionnelle et organique, polarisant du même coup la prise en charge sur l’appareillage technologique. »

Le site du CCNE : http://www.ccne-ethique.fr/
L’avis n°103 du CCNE : http://www.ccne-ethique.fr/docs/CCNE-Ethique_et_surdite.pdf