Bouton : la controverse Lexique Sources logo goutte Titre : comment-évaluer l'impact des biocarburants Qui sommes nous ? Exprimez-vous

L'allocation des émissions de GES entre les biocarburants et leurs coproduits.

Lors de la production des biocarburants, à l'étape industrielle, d'autres produits sont obtenus en même temps, ce sont les coproduits. Dans le cas de la distillation qui permet d'obtenir de l'éthanol, on obtient en même temps des résidus solides appelés drèches tandis que la production de biodiesel à partir d'huile végétale génère en parallèle des tourteaux. Le bioéthanol obtenu à partir de la transformation des betteraves produit pour sa part un résidu appelé pulpes. Tourteaux, drèches et pulpes sont utilisés comme compléments alimentaires protéinés dans l'élevage, et ont donc un intérêt économique tout autant que les biocarburants eux mêmes. D'ailleurs, ces produits existaient déjà sur le marché bien avant que les carburants issus de produits agricoles ne fassent leur apparition.

Ces coproduits soulèvent un problème majeur dans l'évaluation du coût en termes de gaz à effet de serre (GES) des biocarburants : il faut en effet décider de la part de GES du procédé industriel qui est due au biocarburants, et celle qui est due aux coproduits.

Plusieurs options sont possibles :


L'allocation massique : on répartit les émissions selon le pourcentage de la masse de produit fini que représentent d'un côté les biocarburants et de l'autre les coproduits. Cela conduit à allouer une part assez importante des émissions aux coproduits

l'allocation économique : les émissions de gaz sont réparties selon le pourcentage du prix de tous les produits finaux que représentent respectivement le biocarburant et les coproduits.

L'allocation énergétique : les émissions sont réparties selon le pourcentage de l'énergie totale des produits obtenus contenu dans chacun des produits. Cette méthode pourrait être affinée dans le futur en y ajoutant un facteur prenant en compte les protéines, qui sont le composant majeur des coproduits ce qui fait tout leur intérêt.

La substitution : elle consiste à allouer toutes les émissions aux biocarburants, mais ensuite à rajouter dans l'évaluation du carburant fossile de référence des produits agricoles de substitution aux coproduits, nécessaires si es compléments alimentaires ne sont pas produits. Il faut donc élargir le système étudié pour obtenir un résultat fiable.


A l'origine, l'allocation massique avait été choisie, et défendue par les producteurs de biocarburants (cf. Producteurs de biocarburants). Mais elle a été très rapidement remise en cause, et finalement, la directive européenne « énergies renouvelables » (Cf UE) de 2009 a finalement imposé l'allocation énergétique et la substitution comme les deux méthodes de référence avec une préférence pour la seconde.

Pour Benoît Gabrielle, de l'Institut national de recherche agronomique, (Cf Chercheurs) la méthode la plus satisfaisante et la plus utilisée par les chercheurs à la pointe de la méthode ACV est la substitution. Néanmoins, elle n'est pas possible dans tous les cas, c'est pourquoi il préconise une combinaison entre allocation énergétique et « protéinique » pour prendre en compte les caractéristiques des coproduits.

Isabelle Spiegel (cf consultants) dans son interview souligne que cette méthode peut parfois amener à des abstraction peu conformes, à la réalité, c'est-à-dire à nier l'existence des coproduits pour aller cherche des produits de substitution différents. De plus, si on considère des coproduits d'importation, il faut analyser l'ensemble des filières à l'étranger, et on se retrouve face au même problème : comment faire l'allocation dans la production des coproduits à l'étranger. Dans ce cadre, un facteur physique comme l'allocation énergétique est plus rigoureuse.

Enfin, Bruno Gagnepain, de l'ADEME (cf ADEME) souligne que les deux méthodes sont employées dans les rapports de l'ADEME, la substitution n'étant utilisée que lorsqu'il existe des produits de remplacement des coproduits bien identifiés.

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