Les différents acteurs de notre controverse convoquent diverses « situations de causalité » pour se positionner par rapport à la controverse. Le schéma ci-dessous reprend la partie de la carte de la controverse qui concerne la causalité.

Notons ici que nous utilisons le terme « causalité » dans un sens neutre, et qu’il désigne tout autant une manière de montrer l’existence d’un lien de causalité entre le vaccin contre l’hépatite B et la sclérose en plaques que son absence.

Chaque « situation de causalité » est créée à partir de deux grands types d’éléments : des « méthodes de preuve », c’est-à-dire certains types d’arguments permettant démontrer la causalité (colonne de gauche), et un « niveau de causalité » (colonne de droite), indiquant la position précise de l’acteur sur cette causalité (reconnaissance, négation, etc). Le mélange des éléments des deux colonnes crée la situation de causalité.

En passant votre souris sur les causalités, vous pourrez voir une courte définition de celle-ci.

En passant votre souris sur les différents acteurs, vous pourrez observer quelle situation de causalité ils convoquent, à l’aide de différentes méthodes de preuves et niveaux de causalité.

En cliquant sur chaque colonne (« méthode de preuve » ou « niveau de causalité »), vous pourrez accéder à une description détaillée de celles-ci et en savoir plus sur la manière dont les acteurs convoquent les méthodes de preuve et les situations de causalité.

La position des différents acteurs est déterminée par les diverses situations de causalité qu’ils invoquent. Celles-ci comprennent deux grands types d’éléments, à savoir les méthodes de preuve et les niveaux de causalité. Ces derniers sont plus ou moins souvent liés entre eux.

Ainsi les méthodes de preuve et les niveaux de causalité les plus fréquemment liés sont-ils les suivants :

Aucune causalité :

- Aucune causalité et causalité spatiale : Certains acteurs affirment que la controverse n’est que purement franco-française afin de nier tout lien de causalité entre la vaccination contre l’hépatite B et la sclérose en plaques.

- Aucune causalité et causalité par accumulation d’éléments similaires : A l’image de l’OMS, certains acteurs entendent prouver l’absence totale de lien de causalité entre le vaccin contre l’hépatite B et la SEP en fondant leur argumentation sur les études montrent l’impossibilité de le démontrer.

- Aucune causalité et causalité statistique : Les études statistiques soulignant l’absence de lien statistiquement significatif entre le vaccin et la SEP sont fréquemment utilisées par des acteurs tels que le gouvernement ou les laboratoires afin d’en montrer l’efficacité et la sûreté.

Ces associations entre les types de causalité reflètent généralement une logique collective.

→ Associations les plus robustes : aucune causalité + causalités par accumulation d’éléments similaires et causalité statistique + logique collective (bénéfice/risque).

Causalité non prouvée/risque faible :

- Causalité non prouvée/risque faible et causalité par accumulation d’éléments similaires: Les acteurs entendant mettre en évidence l’absence de lien de causalité entre le vaccin et l’apparition de maladies telles que la SEP fondent fréquemment leur argumentation à partir de l’accumulation d’études scientifiques montrant l’impossibilité de prouver le lien. Telle est notamment la position du gouvernement, du CTV et de l’Afssaps.

- Causalité non prouvée/risque faible et causalité statistique : Certains acteurs tels que le Comité technique des vaccinations, l’Afssaps, et les associations de lutte contre l’hépatite B cherchent à montrer qu’il ne pourrait exister qu’un risque extrêmement faible (si celui-ci existait) en s’appuyant sur les études statistiques.

- Causalité non prouvée/risque faible et causalité par référence : Les justifications d’acteurs repris par d’autres acteurs apparaissent comme autant d’arguments d’autorité permettant à certains de souligner que la causalité n’est pas prouvée. Tel est le cas du gouvernement, du CTV, de l’Académie de médecine, de l’Afssaps, et de la plupart des associations de lutte contre l’hépatite B et de lutte contre le sida. Ces acteurs se réfèrent aux études scientifiques qui ont été menées ou à la position des différentes autorités de santé pour montrer que le lien de causalité n’a pas été prouvé, et que s’il existait, cela ne pourrait être qu’un risque très faible.

Ces associations entre les types de causalité reflètent généralement une logique collective.

→ Associations les plus robustes : causalité non prouvée/risque faible + causalités statistiques, par référence et par accumulation d’éléments similaires + logique collective (bénéfice/risque).

Causalité très probable :

-Causalité très probable et causalité par accumulation d’éléments similaires : Le degré de probabilité important est mis en évidence par les acteurs utilisant la méthode de preuve par accumulation. Ainsi les malades, les associations telles que la Revahb et les médias ont-ils tenté de montrer que le vaccin peut être dangereux, en fondant leur argumentation sur le recensement des effets post-vaccinaux indésirables, et en cherchant à montrer le grand nombre de personnes atteintes.

- Causalité très probable et causalité critique : Certains acteurs affirmant qu’il existe une causalité très probable entre vaccination et apparition de la SEP n’hésitent pas à recourir à une argumentation critique, voire à dénoncer ce qui apparaît selon eux comme une théorie du complot.

- Causalité très probable et causalité temporelle : Le fait que certaines personnes présentent des symptômes de la SEP dans un délai allant de deux à trois mois après une vaccination contre l’hépatite B prouve pour certains acteurs tels que l’association Revahb ou la justice que le lien de causalité est très probable.

- Causalité très probable et causalité spatiale : Certains acteurs appuient leur argumentation visant à montrer l’existence d’un lien de causalité entre le vaccin et la SEP en affirmant la dimension mondiale de la controverse, ainsi qu’en signalant des cas de graves maladies survenues après la vaccination dans les autres pays. Telle est notamment la position soutenue par Revahb.

Ces associations entre les types de causalité reflètent généralement une logique individuelle.

→ Associations les plus robustes : causalité très probable + causalités par accumulation d’éléments similaires et temporelle + logique individuelle.

Lien certain :

- Lien certain et causalité temporelle : Les malades, la justice et l’association Revahb utilisent la causalité temporelle afin de montrer que le lien entre la vaccination et la SEP est certain. Il s’agit pour eux de souligner qu’avant la vaccination, la « victime » était en bonne santé et que les symptômes de la maladie sont apparus entre deux et trois mois après l’injection.

- Lien certain et causalité spatiale : Les médecines alternatives et ligues anti-vaccinales mettent en avant le fait que la controverse est mondiale en citant les cas de personnes atteintes de maladies telles que la SEP dans le but de prouver l’existence d’un lien certain entre le vaccin contre l’hépatite B et la maladie.

- Lien certain et causalité critique : Certains acteurs telles que les ligues anti-vaccinales n’hésitent pas à utiliser un vocabulaire fort anxiogène en maniant l’argument de la théorie du complot afin de montrer la présence d’un lien certain entre le vaccin et la SEP.

Ces associations entre les types de causalité reflètent généralement une logique individuelle.

→ Associations les plus robustes : lien certain + causalités temporelle et critique + logique individuelle

Vers la carte de la controverse

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