Nouveau test de l'INRA sur les larves :
Les protocoles
expérimentaux évoluent au gré des expérimentations et des expérimentateurs. Du
fait, de cette évolution perpétuelle et de l'absence de protocole standard, les
comparaisons sont malaisées. Le protocole expérimental permet en effet d'orienter
les résultats d'une enquête dans le sens où une dizaine de ruches ne sont pas
forcément représentatives d'un phénomène. Pour autant, les protocoles
expérimentaux se précisent et un protocole qui conduit à l'évaluation de la
toxicité des pesticides sur les larves d'abeilles a dernièrement été mis au
point par l'INRA. Ce
test concernant les larves d'abeilles cultivées in vitro était tout bonnement
inexistant au moment des dossiers Gaucho et Régent. Il s'agissait d'un
réellement manquement dans la mesure où il est impossible d'extrapoler aux
larves les effets de la substance active observés sur les adultes. Néanmoins,
ce manquement n'est encore comblé qu'au niveau national. Jean-Noël Tasei, scientifique à l'INRA,
explique que le test n'est pas encore accepté au niveau européen parce qu'il
faut encore démontrer la fiabilité incontestable du protocole. Pour cela, un
test circulaire va prochainement être mené. Il s'agit de faire faire les
manipulations concernant une molécule par différents laboratoires pour voir si
l'utilisation du même protocole conduit à des résultats identiques.
Au niveau national, la Commission des Essais Biologiques, habilitée
pour valider les méthodes d’expérimentation des tests, a validé le test
développé par des chercheurs de l’INRA
et a exigé des chercheurs pour mener leur expertise au plus proche des
conditions d’utilisation des phytosanitaires. En France, ce test est donc
obligatoire en vue d’obtenir toute autorisation de mise sur le marché d’une
préparation phytopharmaceutique. Ce test sera ensuite proposé au niveau
européen entre 2008 et 2009.
Le
nouveau test a établi une méthode d’élevage des larves standardisées in vitro.
Alors qu’en conditions naturelles, les larves peuvent ingérer des pesticides en
quantité inconnue, le test in vitro permet d’introduire dans le milieu nutritif
le pesticide testé en concentrations connues, soit environ 30 microlitres de
milieu. On peut donc déterminer la dose de pesticide ingérée par les larves
disposées dans des cupules en plastiques imitant les alvéoles de la ruche.
Le
produit peut être testé pendant les 6 à 7 jours que dure la vie larvaire avant
le passage au stade nymphal. Mais les morts tardives sont aussi relevées sur
les nymphes et adultes. La mortalité est détectée par l’immobilisme des larves,
suivie d’une décomposition rapide de la larve, en 1 heure environ. Les
chercheurs pèsent également les larves avant la nymphose et décèlent ainsi tout
retard de croissance et de développement. La toxicité d’un insecticide se
détermine au regard d’un insecticide de référence : le diméthoate dont la
toxicité est élevée et reconnue pour l’abeille domestique.
Les méthodes expérimentales d'évaluation des risques des pesticides sur
l'abeille se standardisent afin que les acteurs puissent utiliser le même
langage et les mêmes données.
Si le test de l'INRA prend mieux en compte l'abeille en s'intéressant
particulièrement aux larves, un seul mode d'intoxication est pris en compte. En
effet, l'intoxication par ingestion est évaluée alors que la pénétration dans
le tégument ne l'est pas. Le test repose par ailleurs sur le
présupposé que la toxicité n’est réelle que dans certaines conditions
d’utilisation ou à partir d’un certain seuil de pesticide ingéré.
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