Christian Baulez, Versailles deux siècles d'histoire de l'art, Editions Faton, 2007.
Résumé
Thomas Gaehtgens, Versailles, de la résidence royale au musée historique, Fonds Mercator, 1984
«Louis XIV, l'homme et le roi», Exposition, château de Versailles, du 19 octobre au 19 janvier 2010 sous la direction de Nicolas Milovanovic, Alexandre Maral. Catalogue d'exposition paru en 10/2009
La thèse de l’auteur est de montrer comment le château de Versailles est organisé, à la fois dans sa construction et dans son organisation.
Il n’y a pas de notion de périphérie au XVII et XVIIIe siècle au château. Tout ce qui n’appartient pas à la cour, est rejeté comme une périphérie, c’est le cas de tout le royaume.
Les vrais nobles à la cour doivent cumuler la naissance, les titres et la fonction, ils doivent être aussi hébergés par le roi.
La meilleure position à la cour lorsqu’on n’est pas de la famille royale, c’est d’être duc ou pair, principaux conseillers du roi. Les pairs sont un peu reniés à partir du XVIe puisqu’ils sont multipliés, donc perdent de la valeur.
Il y avait beaucoup de chamailleries à la cour concernant les statuts, c’est pourquoi il faut constamment édicter des règles. Louis XIV édictera un Règlement complet en 1710.
Le château est organisé pour qu’il n’y ait pas de différenciation entre la vie privée et la vie publique. La chambre du roi est le centre du château alors que de chaque coté s’étendent les grands appartements de la famille du roi. Autour il y a les princes de sang. Le reste de la cour est logé dans les attiques et les entresols. Les fonctions sont nettement séparées, à l’avant du château les services concernant l’Etat et coté jardin, la famille royale, officiers ou courtisans.
La cour s’organise selon des cercles successifs, le roi au centre, la famille proche puis les princes de sang… etc. Ce qui est particulièrement bien représenté lors des cérémonies dans le placement des personnes.
La thèse de l’auteur consiste à montrer comment Versailles est construit comme lieu d’expression du Pouvoir par cette tension entre classique et baroque au sein du château.
Le site en lui-même « construit » le Prince car il le situe au centre du temps et de l’espace dans la représentation de son pouvoir pour la postérité.
L’auteur s’attarde sur la notion de lieu dans son acception la plus précise, « a place » étant régie par le mouvement des actants, et « l’événement », indissociable de la notion de théâtralité, étant baroque par essence. C’est cet endroit précis, « l’architecture » (au sens littéral et figuré) du prince, théâtralisée, qui donne à voir la révélation du pouvoir royal, situé dans le temps et l’espace.
Dans une deuxième partie Louis Marin s’intéresse à la relation entre pouvoir et représentation. Dans un mouvement convergent, le pouvoir découle de la représentation et la permet à la fois. La quête du pouvoir Absolu (inhérente à la notion de pouvoir) se trouve transformée par la représentation qui donne ne forme imaginaire d’existence à cette quête d’absolu. C’est selon Marin la dialectique entre baroque et classique dans la sphère du pouvoir politique telle qu’elle est conçue à Versailles.
Dans une troisième partie, l’auteur insiste sur l’importance du « monument » qui met en scène l’événement formidable constitué par le pouvoir (un mémorial rend « sacrés » l’événement et la personne dont il célèbre la gloire). Marin met également en valeur la polysémie du terme « monument » qui signifie également « tombeau », rappelant qu’Hegel considérait la crypte comme le premier lieu d’art et d’architecture. Mais bien plus encore, Rascas de Bagarris, cité par l’auteur, explique que le monument n’a pas vocation à demeurer un sépulcre, car il doit rendre vivante et présente à l’esprit des vivants la mémoire du défunt, rendant sa présence immatérielle perpétuelle.
Marin termine par l’étude du dispositif Versaillais relativement à tous ces sujets en s’appuyant sur des dessins, plans et analyses d’experts de l’époque.
L’antre du Prince, sa chambre, étend sa projection de pouvoir (son « regard ») au petit Parc dont les jardins symétriques constituent « the radius » du prince, sa matrice. A travers ces plans architecturaux, apparaît la représentation symbolique du pouvoir royal. Rien n’est laissé au hasard, le roi « est » le château.
Source: http://www.jstor.org/action/showPublisher?publisherCode=yale
http://www.jstor.org/stable/2930266
L’auteur rappelle l’importance qu’a pris pour notre société la notion de patrimoine, de plus en plus établie comme nécessaire, et nous invite à nous interroger sur cette « obligation » vis-à-vis du passé. Dans un premier temps il revient sur l’histoire du patrimoine en France, marquée par la tension entre deux thèses : le musée issu de l’intervention de l’Etat, et le musée « fruit des intérêts de la société civile ». A partir des années 1960, selon l’auteur, le patrimoine est passé d’une conception élitiste, préoccupé par la conservation des chef-d’œuvres, à une mission d’intérêt public, (avec l’Année et les Journées du Patrimoine par exemple) devenant également « l’image » de la diversité culturelle et sociale. Les propos officiels des années 80 témoignent d’une volonté de redonner vie au patrimoine, qui n’aurait pas vocation à rester figé, comme le montre le rapport Querrien de 1982 pour une nouvelle politique du patrimoine, cité par l’auteur. Une période presque de militantisme s’ouvre, avec les historiens de l’art et les critiques d’art au premier plan. Selon l’auteur, le cas de la France s’apparente à ce que le sociologue Bobbio appelle la conception «nationale-patrimoniale . » Enfin, l’auteur estime que le renouvellement passe par un lien entre patrimonialisation (des experts) et expérience vécue (des profanes), en effet les populations construisent également leur culture commune et identité collective autour de certains éléments patrimoniaux. Il reprend l’expression des « mondes du patrimoine » de Howard Becker pour signifier le passage d’une conception de restauration à « l’identique » par rapport à un passé, à une pluralité de sens et de pratiques aujourd’hui.
Source: [En ligne], N°19 | 2006, mis en ligne le 31 octobre 2007
Christophe Tardieu, ancien président du domaine du Château de Versailles publie le 10 juin 2010 un livre sur le domaine. Pour la première fois, un ancien « Surintendant » du Château raconte les difficultés de gestion d’un domaine tel que Versailles. Entre les héritages des rois illustres qui hantent le château, et les expositions d’art contemporain, le président doit réussir à rendre attractif l’un des plus beaux espaces français. Comment organiser les finances entre expositions et rénovations, comment protéger le patrimoine représenté en ces lieux, autant de questions auxquelles l’auteur tente de répondre.
L’auteur raconte aussi les merveilles héritées des siècles précédents, trop fragiles pour être exposées au public mais entreposées dans les sous sols de Versailles. Et, au détour de ses critiques artistiques personnelles, Christophe Tardieu raconte les difficultés d’installer l’art contemporain dans l’enceinte du château, étant président du domaine lors de l’exposition, entre autres, des robes de Christian Lacroix. Ce livre donne un nouvel éclairage au château de Versailles, lui donnant l’image d’un lieu véritablement évolutif et toujours en mouvement.
Source: http://louvrepourtous.fr/Christophe-Tardieu-ecrivain-de,526.html