Franjo GROTENHERMEN, docteur, est un spécialiste allemand de renommée internationale, expert des aspects pharmacologiques et toxicologiques des cannabinoïdes. Son ouvrage Cannabis en médecine est le premier guide pratique traitant exclusivement des applications médicales du cannabis. Chercheur à l'institut Nova de Cologne, il est l'initiateur de l'Association Internationale pour le Cannabis Médical (IACM).
Nous avons réalisé un entretien par mail avec Franjo Grotenhermen le 22 février 2011.
Les principaux enseignements de l'entretien, par rapport à notre controverse
Une généralisation très difficile
En ce qui concerne le rapport bénéfices/risques, Franjo Grotenhermen nous confirme ce que nous avait dit Jean-Pol Tassin, à savoir qu’il varie entre les patients ou les utilisateurs ; ce qui prouve la difficile généralisation concernant la question du cannabis, tant sur ses dangers que sur ses vertus thérapeutiques.
Une distorsion entre classification scientifique et classification législative
La plupart des classifications scientifiques classent le degré de dangerosité du cannabis comme étant plus faible que celui du tabac ou de l’alcool. C’est notamment ce que montre le récent rapport britannique de David Nutt (2009), basé sur une approche multicritères. Or, dans une majorité de pays, ces classifications scientifiques ne sont pas reprises dans les classifications législatives. En règle générale, les politiques ne suivent pas la recherche et le savoir scientifique sur la question du cannabis. Cette non concordance aboutit souvent à des décisions politiques relativement irrationnelles.
Une substance aux statuts distincts
Un des problèmes avec le cannabis est qu’il s’agit d’un produit auquel on peut attribuer des statuts tout à fait différents. Drogue pour beaucoup de législateurs et d’acteurs politiques, produit récréatif pour les consommateurs et certains scientifiques, ou médicament pour certaines autorités : certains scientifiques et associations représentant les malades réclamant le droit d’utiliser les cannabinoïdes pour se soigner.