Le Débat sur la Méthode
Les méthodes utilisées pour démontrer l’existence ou la non-existence du point G portent parfois elles-même à controverse. Nous avons reconstitué une conversation entre plusieurs acteurs à partir des interviews que nous avons réalisé.
Sur l’échantillon et la conduite de l’enquête
A. Burri: Pour notre étude, 1804 paires de jumelles non sélectionnées âgées de 22 à 83 ans ont complété un questionnaire qui incluait des questions à propos de la sexualité féminine et demandait si le point G était présent ou absent.
O. Buisson: Le sondage d’Andrea Burri a été fait en envoyant un questionnaire par la poste, les gens ont répondu au petit bonheur la chance.
A. Burri: Est-ce que vous pensez qu’elles auraient répondu si on leur avait téléphoné? Non!
Donc qu’est-ce qu’on peut faire d’autre?
O. Buisson: On n’a jamais examiné ces femmes, on ne sait pas si elles avaient des pathologies, si elles avaient des antécédents particuliers sur le petit bassin, sur le vagin...
A. Burri : J’avais déjà les données d’une étude précédente d’un questionnaire sur l’orgasme.
O. Buisson: On ne savait pas quelle était leur sexualité préférée, est-ce qu’elles étaient hétérosexuelles, homosexuelles?
A. Burri: Il faut standardiser l’échantillon et le rendre homogène. Ainsi nous avons exclus les homosexuelles qui ne représentaient que 0.5% de l’échantillon, donc 8 personnes, donc je ne pense pas que ça aurait fait une grosse différence.
O. Buisson: On ne savait pas quelle était leur position préférée.
A. Burri: Je pense que la principale critique qu’on peut nous adresser est de dire que le questionnaire n’était pas très précis et je comprends cela.
Sur les conclusions
O. Buisson: On brasse beaucoup d’incertitudes et vous en sortez des statistiques et vous concluez, « Le point G n’existe pas ». Je trouve que c’est un peu court.
A. Burri: Dans notre étude, nous avons trouvé que si une femme a un Point G ou pas, cela fait seulement partie de ce qu’elle fait, ce qui élimine la génétique. La génétique n’est pas réductive du tout. Nous avons conclus que le Point G est dû à l’environnement, ce qui est ce que les gens ne comprennent pas.
Sur la façon de poser les questions dans l’enquête du King’s
A. Burri: Notre question était: “Croyez-vous que vous avez quelque chose qui est appelé le Point G, c’est à dire une zone de la taille d’une pièce de 20 pences sur la paroi antérieure de votre vagin qui est sensible à une forte pression ? Si quelqu’un me pose cette question, je sais quelle réponse je donnerais : sensible ou non.
O. Buisson: Moi si on me pose la question de cette façon, je réponds non.
Sur l’étude de Jannini
A. Burri: A notre connaissance, c’est l’étude la plus large menée cherchant l’existence du Point G. La plupart des études sont non concluantes car elles reposent sur des échantillons de très petite taille comme celles de Jannini.
E. Jannini: Je suis d’accord que notre étude n’était ni concluante ni représentative. Mais le but de mon article n’était pas de décrire ou de représenter le Point G. Notre tâche était de démontrer que les différences somatiques et/ou fonctionnelles existent entre les femmes qui ont des expériences orgasmiques différentes. Si j’ai besoin de démontrer que vous et moi sommes différents…je n’ai besoin que de 2 sujets. Je préfère une petite étude très contrôlée qu’une étude qui concerne de très nombreux sujets mais avec une étude faible. Nous avons utilisé des ultrasons pour scanner le complexe urétro-vaginal, l’espace de tissu entre le vagin et l’urètre que l’on pensé être la résidence du point G. Notre équipe a scanné neuf femmes qui ont dit qu’elles avaient des orgasmes vaginaux et onze qui ont dit qu’elles n’en avaient pas. Nous avons trouvé que le tissu du complexe urétro-vaginal était plus épais dans le premier groupe de femme, ce qui indique la présence du Point G. Nous concluons que les femmes qui n’ont pas de preuve visible du Point G ne peuvent avoir d’orgasmes vaginaux.
T. Spector: Les auteurs (de l’étude de Jannini) ont trouvé une paroi vaginale plus épaisse près de l’urètre et on pourrait penser que c’est lié à l’existence du controversé point G. Mais beaucoup d’autres explications sont possibles, comme la taille réelle du clitoris qui bien qu’elle ne soit pas mesurée dans cette étude semble très variable.
B. Whipple: C’est une étude intrigante mais ça ne veut pas forcément dire que les femmes qui n’ont pas d’orgasme n’ont pas de tissu à cet endroit.
Sur la methode de la dissection
Des études comme celle de l’équipe Song démontrent qu’il y a une zone à l’entrée du vagin où la concentration nerveuse est plus importante par dissection.
O. Buisson: De toute façon le Point G est difficile à trouver sur des cadavres. Car c’est un fait d’abord sexologique. L’échographie du coït montre qu’il y a a inter-réactivité entre les organes.
Les biais de la recherche
A. Burri: Quand notre étude a été publiée, la presse a titré “Le point G n’existe pas” alors que dans notre étude nous n’avons pas vraiment prouvé que ça n’existe pas. Le problème est qu’au début pour être publié, nous avons dû reformuler notre conclusion de manière plus tranchée.
O. Buisson: Andrea Burri et son équipe doivent publier des choses pour augmenter leur impact et pour favoriser leur propre réputation. C’est un biais dans la recherche scientifique, parce qu’il suffit de publier sur tout et n’importe quoi, et le faire dans de bonnes revues qui font de l’audimat. Grâce à cela, leur étude a fait le tour de la planète en 24h.
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Attention:
Les réponses entre acteurs sont une conversation reconstituée suivant les déclarations des uns et des autres.
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Derrière quel acteur vous alignez-vous ?
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Attention:
Ce sondage est réalisé grâce aux moyens offerts par Internet, ce qui inclue certains avantages, mais aussi certaines faiblesses. Par conséquent, il ne peut être qu'un reflet imparfait de la réalité.
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