Les biais que nous avons introduits
Notre travail sur cette controverse nous a amené à introduire plusieurs biais qu'il faut prendre en compte pour évaluer l'impact (relatif) que nous avons eu sur la controverse.
Tout d'abord, constatant que de nombreux commentaires de la part des acteurs évoquent le poids de la religion chrétienne dans la façon de "penser" le plaisir féminin, nous avons voulu donner voix d'une manière originale à ce "contre-acteur" qu'est l'Eglise Catholique, que beaucoup citent sans jamais établir de dialogue. Nous avons donc envoyé à Olivier Florant, sexologue et catholique engagé, certaines pages issues du livre d'Odile Buisson "Qui a peur du point G" (p. 120 à 132) en lui demandant s'il souhaitait réagir. Le dialogue que nous avons reconstitué entre Odile Buisson et Olivier Florant est donc issu d'une démarche que nous avons initiée, mais les deux acteurs ne se sont jamais rencontrés. Le débat ne représente donc pas une réponse officielle de l'Eglise Catholique mais juste celle d'un chrétien par ailleurs sexologue.
De même, les "arènes" reconstituent un débat qui n'a pas existé tel quel. Ces arènes synthétisent les prises de position des acteurs au sein d'interviews retrouvées dans les médias ou extraites de nos entretiens. Les citations que nous avons choisies enlèvent évidemment de la richesse au débat entre les acteurs, richesse que l'on peut toutefois retrouver dans les interviews entières des acteurs que nous avons mis à disposition.
Par ailleurs, il faut souligner que certains acteurs n'ont pas été interviewés. Ce qui nous a poussé à constituer les arènes uniquement avec les acteurs dont nous avons eu les interviews. Les acteurs que nous n'avons pas interviewés sont: Ernest Grafenberg (décédé), Helen O'Connell, Rachel Pauls, Terrence Hines, Vincenzo Puppo, You Bong Song et Shere Hite. Au cours de nos rencontres, nous avons aussi porté à la connaissance de certains acteurs l’étude faite par l’équipe de You Bong Song, dont personne ne semblait connaitre l’existence.
De manière générale, nous avons constaté que la médiatisation de la controverse a un impact passionnel sur les acteurs scientifiques, qui pensent parfois que leurs collègues chercheurs s'opposent à eux frontalement ou violemment quand, de fait, le contenu de l'argumentaire est plus complémentaire que contradictoire. En expliquant à certains acteurs les réponses que nous ont données leurs collègues, avec qui ils sont plus ou moins d'accord, nous avons parfois ravivé quelques passions, mais peut être aussi permis d'autres visions des choses.
Enfin, pour certains acteurs la création de ce site "créé" la controverse. Si nous réfutons l'argument au vu de l'existence objective d'un débat scientifique sur le sujet, il reste possible que ce site puisse avoir des conséquences qui dépassent nos prévisions, même si nous restons humbles sur le sujet. A cet égard, notre volonté de faire émerger un public à l'aide des sondages dans les arènes est un acte volontaire, qui est d'abord l'objet d'un projet collectif lié à l'enseignement reçu par Bruno Latour.
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