Du fait de son histoire, de son esprit, de ses caractéristiques intrinsèques, le château de Versailles influe directement sur la vivacité, l'ampleur et la direction de la controverse. En effet, ce château, symbole du pouvoir, de la grandeur et du faste de la France, cristallise une quantité d'arguments qui lui sont spécialement dédiés. Au-delà du refus de l'art contemporain, au-delà d'un sentiment traditionaliste, qui pourraient s'appliquer à d'autres lieux que celui-ci, on trouve dans cette controverse, des arguments qui concernent directement le château, en tant qu'emblème.
Mais le château n'influe pas seulement sur les arguments en faveur ou en défaveur des expositions, il est présent au cœur de la réflexion des artistes qui y exposent. La scénographie même, l'agencement des œuvres, le choix symbolique ou esthétique de chaque salle ont été pensés par Jeff Koons dans une optique particulière, celle de célébrer Versailles comme lieu de puissance et de rayonnement, et d'en rapprocher sa démarche personnelle, très égocentrée. Dans une approche totalement différente, les œuvres de Xavier Veilhan ont toutes été créées spécialement pour être exposées au château, dans des espaces clés, définis à l'avance et chargés de sens.
Mise en scène du pouvoir politique, objet de propagande, temple à la gloire de Louis XIV, haut lieu de la liturgie royale, espace de fêtes, de musique, de théâtre, le cœur de Versailles, ce château fabuleux, bat au rythme d'événements qui rivalisent d'ingéniosité, de technique et d'artifices dans le seul but de divertir et glorifier le roi. Le château, par sa nature architecturale, par son statut mythique, par les valeurs et l'histoire qu'il véhicule, a une action directe ou indirecte sur les expositions, les œuvres et les intentions des artistes. Il modèle en quelque sorte chaque exposition, son contenu, sa signification. C'est en cela qu'on peut le considérer comme un acteur à part entière de la controverse et non uniquement comme un lieu géographique, un simple contenant.