La programmation des expositions contemporaines du château de Versailles n’a rien d’aléatoire ou de partial. En effet, si l’on étudie la production artistique de Jeff Koons, Xavier Veilhan et Takashi Murakami, il apparaît clairement des points communs, des affinités conceptuelles et formelles. Ces trois artistes s’intéressent aux objets figuratifs qui découlent du réel. Koons voue un culte aux objets de la subculture américaine, Murakami reprend les figures populaires de la culture manga japonaise et Veilhan s’intéresse aux archétypes visuels au travers de séries animales, humaines et mécaniques.
Il est toutefois plus aisé de rapprocher les démarches de Koons et de Murakami, qui partagent la même démesure dans le gigantisme, les techniques de production, la structure très warholienne de leurs ateliers, leur propension à faire du merchandising de leurs œuvres, etc. Ces deux géants du marché rivalisent de formes et de couleurs pop contrairement à Veilhan, qui lui, plus classique, n’a de moderne que ses procédés de fabrication. En effet, ce dernier ne reprend pas des clichés (comme le Lobster de Koons ou le petit champignon kawaii de Murakami) mais va chercher l’archétype dans des objets qui n’ont rien de typique à la base.
Ces trois artistes sont en tout cas très appréciés du public d’art contemporain et médiatisés en tant que tels. Même si Veilhan ne bénéficie pas encore de la renommée des deux autres, le fait d’avoir exposé à Versailles a considérablement élargi sa couverture médiatique et a fait grimper sa cote. Il commence d’ailleurs à se faire plus largement connaître en suivant les traces de Koons et de Murakami. En effet, ces trois artistes ont beaucoup collaboré avec d’autres artistes, mais aussi d’autres mondes créatifs comme la musique, la mode, l’architecture d’intérieur, le cinéma, etc. On peut acheter une Boîte-miroir de Koons pour 2000 €, contempler la sculpture monumentale de Veilhan baptisée Sophie au Café Germain à Paris, ou encore s’offrir l’album Graduation de Kanye West, dont la pochette a été réalisée par Murakami.
A la croisée de différents univers, entre objet d’art et objet de consommation, surabondance et simplification, les œuvres de ces artistes se font écho au sein d’un même lieu. Si Koons nous a offert une vision exacerbée et narcissique du pouvoir royal du 10 Septembre 2008 au 4 Janvier 2009, Veilhan s’est intéressé au château en tant que nœud temporel entre passé et avenir du 13 septembre au 13 décembre 2009 et qui sait ce que nous réserve Murakami ? Le Président du Domaine de Versailles, Jean-Jacques Aillagon, nous a promis des pièces immenses, créées pour l’occasion. De quoi nourrir à nouveau les plaisirs et les critiques de chacun du 12 septembre au 12 décembre 2010...