M. Aillagon est le président de l’établissement public du musée et du domaine de Versailles pour un mandat de trois ans, au sommet de la hiérarchie versaillaise. Ancien ministre de la Culture, c’est lui qui a chargé Laurent Le Bon d’organiser des expositions spécifiques d’art contemporain à Versailles après Versailles Off, afin de mettre en valeur un artiste pendant une certaine durée dans le cadre du château.
M. Aillagon nous a reçues au Château jeudi 29 avril 2010, pour répondre à nos questions sur la genèse du projet, les enjeux autour de l’art contemporain à Versailles, et surtout sa vision et sa démarche.
Les attaques ont fusé de toutes parts dès l’annonce de la venue de Jeff Koons à Versailles, en septembre 2008. Face aux critiques les plus virulentes concernant l’identité du château de Versailles, M. Aillagon a du défendre sa vision du patrimoine, élément central de la controverse. On l’a accusé de dénaturer le château, lieu historique de la gloire française sous Louis XIV et fleuron du patrimoine français. M. Aillagon a fait valoir sa conception dynamique du patrimoine, qui n’est pas selon lui un « tombeau », mais une matière vivante, qui n’a pas vocation à rester figée dans un passé. Cet avis n’est pas partagé par de nombreux détracteurs des expositions, qui estiment qu’il s’agit d’une dépréciation du Château.
Le débat esthétique concernant ces expositions a également été très vif, entre ceux qui ne considéraient pas Jeff Koons comme un véritable artiste ou encore ceux qui ont été choqués de « l’indécence » qui avait pris place à Versailles. C’est notamment l’objet de l’action en justice par Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme. Selon M. Aillagon, ce débat n’est pas injustifié, mais occulte la spécificité du château qui est un monument « composite », fait de différentes strates historiques et esthétiques. C’est cette vision composite du Château qui est au cœur de la controverse historique et esthétique.