M. Pinault est un homme d'affaires français né en 1938. Propriétaire du Groupe PPR, de la holding La Financière Pinault et notamment de la maison de vente d’art Christie's, depuis 1998 il a décidé de se consacrer pleinement à sa passion pour l'art contemporain qu'il collectionne dès 2003 en transmettant ses affaires à son fils François-Henri Pinault. Propriétaires de quelque unes des œuvres de Jeff Koons, Murakami et Veilhan, il est l’un des mécènes importants de ces expositions.
M. Pinault ne s’est pas beaucoup exprimé sur les expositions, restant plutôt dans l’ombre, il a néanmoins écrit un Témoignage dans le catalogue « Jeff Koons Versailles » publié par le galeriste Jérôme de Noirmont.
Il exprime une même vision dynamique du patrimoine que Jean-Jacques Aillagon, à savoir que celui-ci ne doit pas être figé dans un passé mais au contraire redynamisé et valorisé dans le présent.C’est pour cela qu’il affirme soutenir de telles expositions, qui ont toute leur place au château de Versailles selon lui.
L'ouverture de l'exposition "Jeff Koons - Versailles" a soulevé de nombreux commentaires sur les rapports de collusion d'intérêts privés entre François Pinault et Jean-Jacques Aillagon. En effet, l'homme d'affaires possède la plupart des œuvres qui ont été exposées à cette occasion. Il s'est aussi investi dans la réalisation de l'exposition, à travers une participation financière conséquente sur les 2 millions d'euros nécessaires (2). Il a par exemple pris en charge les frais de transport et d'installation de l'une des œuvres exposées qu'il possède: Split-Rocker a mobilisé la somme de 800 000 euros. Cela dit, c’est surtout le fait que Mr. Pinault possède également des œuvres de Xavier Veilhan et Takashi Murakami, les deux autres artistes prévus pour ces expositions à Versailles, qui a soulevé les foules. D’autant plus que ces trois artistes étaient également exposés par le galeriste Perrotin, ce qui a suffi à faire dire que le domaine public de Versailles était utilisé pour favoriser les intérêts privés du grand collectionneur français. Ce à quoi les intéressés ont répondu qu’il s’agissait d’un « hasard » résultant de leurs choix artistiques (3) , sans compter le fait que le mécénat spécial de Mr. Pinault a grandement facilité la tenue des expositions, avantage non négligeable.
Ces détails des coulisses donnent à voir toutes les perspectives concernant les expositions à Versailles, et reflètent certains des enjeux majeurs autour de l’art contemporain. En effet, la « marchandisation de l’art » et son rôle de communication ont été mis en avant par de nombreux critiques d’art détracteurs des expositions. D’autre part, la sociologue Nathalie Heinich estime que la question financière des intérêts privés dans ces expositions est un enjeu central de la controverse autour de l’introduction d’art contemporain à Versailles. Toutefois, M. Aillagon et M. Pinault répondent par une certaine vision de l’art et du patrimoine, qui doit être valorisé même s’il faut en passer par ces attaques, qui sont inévitables, surtout dans le marché de l’art. Pour M. Pinault, Jeff Koons est l’objet d’incompréhensions, alors que c’est un honneur de l’exposer dans le fleuron du patrimoine français ("Témoignage").
(2) http://www.performancebourse.com/actualites/francois-pinault-artemis-mecene-de-jeff-koons-a-versailles,738.html
(3) http://www.ouvretesyeux.fr/data/file/rencontres/art-contemporain/Galerie Perrotin E55.pdf