Née en 1955, Nathalie Heinich est sociologue, directeur de recherche au CNRS, membre du CRAL (Centre de recherches sur les arts et le langage : École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris), et membre associée au LAHIC (Laboratoire d'anthropologie et d'histoire sur l'institution de la culture : CNRS, Ministère de la Culture, EHESS). Titulaire d'un doctorat de l'EHESS consacré à l'histoire sociale de la notion d'artiste (1981), et d'une habilitation à diriger des recherches (1994), elle s'est spécialisée dans la sociologie des professions artistiques et des pratiques culturelles, étudiant des questions telles que l’identité d'artiste, le statut d'auteur, les publics de musées ou encore la perception esthétique. Elle développe par ailleurs une réflexion sur les crises d'identité, s’attachant aux problématiques de l’expérience concentrationnaire, de l’accession à la notoriété, de la construction fictionnelle des modèles identitaires, etc.
L’esthétique est une donnée très subjective donc il est attendu - et logique - que les expositions d’art contemporain à Versailles provoquent des réactions excessives. Sinon, cela signifierait que la proposition de l’artiste est ratée. L’art contemporain doit transgresser les frontières, ce qui entraine toujours des réactions violentes. Dans la presse, il ne ressort de ces expositions que des problèmes esthétiques, qui ne sont par conséquent que des données subjectives. La proposition de Koons était basée sur le contraste avec le Château de Versailles, dans une prise de contre-pied par rapport au site. Selon Nathalie Heinich, ce choc entre le site et l’art contemporain constitue le parti pris originel de l’art contemporain.
Par ailleurs, Nathalie Heinich se questionne sur le statut du château de Versailles, lequel est à la fois un musée et un monument historique. Les expositions temporaires qui y ont lieu n’ont aucun rapport avec le cadre du musée. Elle pose cette question : « Peut-on produire des éléments contemporains dans des lieux historiques ? »
Enfin, les expositions ont servi les intérêts matériels des collectionneurs. Il y a un problème de neutralité du service public. Le problème devient plus général dès lors que le musée publie et expose les artistes contemporains, il cohabite avec les galeries des artistes et donc le problème est déontologique. Il y a un risque de publicité pour les galeries et les organisateurs, ce sont les faire-valoir des musées. Le conflit porte surtout sur les commissaires d’exposition qui sont payés sur les fonds publics.
« Les rejets de l'art contemporain ». In: Publics et Musées. N°16, 1999. Le regard au musée (sous la direction de Pascal Lardellier). pp. 151-162.
• (1999) Pour en finir avec la querelle de l’art contemporain. Le Débat, 104, 106-115.
• (2003) Lettre à un commissaire. Paris: L’Échoppe.
• « Les colonnes de Buren au Palais-Royal: ethnographie d'une affaire », Ethnologie française, n° 4, 1995.
• « Persuasion civique et expression de l'indignation: les lettres de protestation contre les colonnes de Buren », Utinam. Revue de sociologie et d'anthropologie, n° 16, 1995.
• « Framing the Bullfight: Aesthetics versus Ethics », The British Journal of Aesthetics, vol. 33, n° 1, january 1993.
• Faire voir: L’art à l’épreuve de ses médiations. Paris: Les Impressions Nouvelles. (2009)
• La Fabrique du patrimoine : de la cathédrale à la petite cuillère, Broché, septembre 2009
• Du conservateur de musée à l’auteur d’expositions: L’invention d’une position singulière. Sociologie du Travail, 31(1), 29-49, Heinich, N. & Pollak, M. (1989a).
• La Sociologie de l’art, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2001.
• Le Triple jeu de l'art contemporain. Sociologie des arts plastiques, Paris, Éd. de Minuit, coll. « Paradoxe », 1998.