Dans cette partie nous traiterons de Michel Rocard et d'organisations écologistes comme le WWF. Ceux-ci s'intéressent de près à la question des revendications territoriales en Arctique. Ils s'expriment souvent sur la question et rêvent, en simplifiant, d'un océan Arctique appartenant à l'humanité dans son ensemble. Cela fait-il d'eux des acteurs à part entière de la controverse ?
S’il pouvait décider lui-même du sort de l’Arctique, Michel Rocard aimerait transformer la zone en patrimoine mondial de l’humanité. Il souhaiterait qu’à l’image de l’Antarctique, l’Arctique puisse devenir une « terre de paix et de science ». Pourtant, la réalité est autre et les enjeux sont tels que bien qu’ambassadeur de France chargé des négociations internationales pour les pôles Arctique et Antarctique, Michel Rocard, admet lui-même que l’Arctique ne peut appartenir à « l’humanité ».
Cependant, Michel Rocard n’est pas le seul à envisager un tel futur pour l’Océan Arctique. En effet, l’augmentation du trafic maritime dans cette zone extrêmement sensible au réchauffement climatique, l’aggravation de la pollution, et la quasi absence de législation internationale en Arctique mettent en évidence l’urgence de la question. Pour tenter tout de même de protéger durablement l’Arctique, certaines associations comme WWF considèrent qu’il faut mettre en place des règlementations obligatoires pour l’extension de la pêche, la sécurité maritime ou encore l’engouement pétrolier. Il s’agit donc d’améliorer la gouvernance dans la région et non pas, comme certains ont pu l’espérer dans un premier temps empêcher les pays riverains d’étendre leur influence sur l’Océan Arctique.
Michel Rocard est une figure représentative de ce mouvement qui tente de protéger la zone arctique. Afin d’obtenir des résultats, il s’appuie en partie sur le Conseil Arctique. Cependant, cet organisme n’a pas le pouvoir de produire des législations obligatoires, il ne peut qu’effectuer des recommandations aux états riverains. Michel Rocard se demande s’il n’est pas possible de pousser le Conseil Arctique à se durcir et à produire des textes obligatoires. Il espère également obtenir le soutien de l’organisation maritime internationale même s’il craint qu’on ne puisse pas faire entièrement confiance à cette organisation sous l’influence directe des pavillons de complaisance.
Michel Rocard a ainsi abandonné son rêve de mettre en place un traité qui engloberait tous les aspects du problème. Même si l’impact écologique de l’exploitation des ressources est grand, il ne se fait plus d’illusion quant à sa possible interdiction. En revanche, il défend la création d’un secrétariat chargé de gérer les problèmes environnementaux notamment liés au risque de marée noire et l’établissement de normes strictes concernant les navires et la navigation. La mission de Michel Rocard et de ses homologues consiste donc à définir des objectifs et à tenter de les faire respecter même s’il dit lui-même que la probabilité d’en sortir des résultats efficaces est faible.
Comme il l'affirme lui même, l'influence de Michel Rocard sur la controverse (principalement sur ses aspects scientifiques et juridiques) est faible. Il n'est cité à aucun moment dans l'ensemble des sites que nous avons répertoriés dans le cadre de la cartographie du web. Il en va de même pour des organisations écologistes comme le WWF ou Greenpeace qui ne parviennent pas à intervenir directement dans la controverse juridique et scientifique.
Comme pour les médias, il semble que ces acteurs se situent à un autre niveau de la controverse, ici dans un aspect plus philosophique, dans le sens où ils remettent en question la possibilité même d'établir des frontières et de s'approprier des ressources dans la région arctique. Ces zones n'appartiendraient-elles pas plutôt à l'ensemble de l'humanité ? Cette question est en soi une controverse. Les gouvernements des pays côtiers de l'Arctique répondent qu'ils ne font que respecter le droit internationale de la mer, alors que Michel Rocard ou les acteurs écologistes revendiquent des arguments plus tournées vers la protection de l'environnement et le caractère symbolique d'une telle région.