Radioactivité & toxicité

Les deux schémas ci-dessous regroupent les notions clefs pour comprendre la radioactivité. (utilisez les flèches en bas des schémas pour faire défiler les explications)

Le premier explique ce qu'est la radioactivité elle-même :

Et le second présente les unités de mesures utilisées pour quantifier cette radioactivité et ses effets :

Les 3 moments de l’exploitation de l’uranium - des enjeux différents

Dans l’exploitation des mines d’uranium, il y a un avant, un pendant et un après. L’avant: état naturel non banal car présence d’uranium. Implantation historique des populations qui ne sont pas forcément au courant de la radioactivité naturelle de la zone. Le pendant: problématiques sanitaires qui sont de nature différente selon le type de mine (ci-dessous). L’après: gérer le démantèlement et le réaménagement des sites, contrôler l’accès aux sites de stockage des remblais radioactifs: stériles francs + stériles de sélectivité. (pour plus d'informations)

La France représente un exemple de pays typique pour « l’après » et on a affaire à des mines à ciel ouvert et souterraines. Sur tous les lieux sur lesquels l’uranium a été exploité, on est revenu à un état naturel. Il y a eu une reconversion sur énormément de lieux sur lesquels l’exploitation a été menée. Et ces sites là sont pour la plupart retournés à leurs propriétés anciennes (l‘agriculture, couvert forestier, etc.). Pour de nombreux finalement, ils sont dans un espace public ; non pas parce que c’est propriété de l’Etat mais parce qu’ils font partie du paysage classique.

Donc quiconque, et c’est ce que fait très régulièrement la Criirad et également l’IRSN peut aller constater quels sont les niveaux de rayonnement qui sont présents sur ces sites, aux alentours. Là on est dans une problématique qui la plupart du temps est une problématique environnementale, de la même manière que dan un site industriel on peut aller prélever dans des cours d’eau, mesurer des concentrations dans l’air en limite de clôture. Là où il reste des clôtures (des zones sur lesquelles il y a une maitrise de l’accès par l’exploitant) c’est en particulier les sites de stockage de résidus. Elles ont un statut réglementaire particulier. Et il est exigé de l’exploitant de maîtriser l’accès à ces sites là.

« La mémoire des activités polluantes d’un ancien site industriel ou de recherche est d’une importance capitale. C’est elle qui permet aux experts en charge du diagnostic puis de la gestion de la radiocontamination de localiser très précisément les sources de pollution encore présentes sur ces sites. Le radium, par exemple, une fois enfoui dans la terre à quelques centimètres de profondeur, ne présente pas de danger direct et immédiat. Les risques peuvent apparaître en cas d’excavation incontrôlée, ce qui arrive lorsque l’histoire d’un site est oubliée ». (source)

Pour différents types de mines, différents types d’exposition.

Les mines souterraines:

Technique : extraction de la roche, broyage et transport de l’élément obtenu vers une usine où l’on va extraire l’uranium du minerai. (Majorité des mines d’uranium française, aujourd’hui fermées)

Problématique sanitaire :

  • Emanation de gaz radioactif radon (inhalation plus importante par les mineurs du fait de l’enfermement).
  • Empoussièrement= Ingestion-inhalation de poussières dans lesquelles on trouve des particules radioactives de l’élément métal lourd qu’est l’uranium.
  • Exposition externe à la roche radioactive (rayonnement).

Les mines à ciel ouvert:

Technique : Excavations accessibles depuis la surface, (Modifications typographiques très importantes)

Problématique sanitaire :

  • Inhalation du gaz radon, certes moins importante car dilution du gaz dans l’air.
  • Pour les travailleurs, la problématique sanitaire c’est l’empoussièrement et l’exposition externe aux roches radioactives. Elles émettent naturellement des rayonnements importants, et à proximité de ces roches, on est exposé.
  • Propagation dans l’air des poussières radioactives directement exposées à l’air libre.

La lixiviation in situ:

Technique : On n’extrait pas la roche, on injecte directement des solutions lixiviantes pour dissoudre l’uranium des autres éléments présents: on met l’uranium en solution. Remise en cause de la technique par la controverse parallèle sur le fractionnement pour l’extraction du gaz de schiste

Les effets néfastes de cette technique sur l’environnement ont été très médiatisés depuis le printemps 2010 avec la présentation du documentaire GASLAND (voir) du réalisateur Josh Fox au Festival de Sundance. Le prix spécial du Jury au festival de Sundance 2010 , ainsi que la nomination aux Oscars 2011, ont contribué à la médiatisation du documentaire et par conséquent à la médiatisation massive de la technique de fractionnement hydraulique pour l’extraction du gaz de schiste. Le documentaire a ainsi contribué à l’éclosion de la polémique sur le fractionnement dans l’exploitation du gaz de schiste en France. C’est la technique elle-même du fractionnement qui est devenue controversée. Ainsi cette controverse parallèle pourrait remettre en cause la technique du fractionnement pour l’extraction de l’uranium au Niger.

Problématique sanitaire :

  • Comme on ne fait pas remonter les roches elles-mêmes, pas d’exposition externe aux roches radioactives pour les travailleurs & pas d’inhalation importante de radon.
  • Mais cette technique exige d’énormes quantités d’eau: pour l’injection de la solution lixiviante.
  • Epuisement des aquifères d’eau potable (Au Niger, les aquifères représentent une ressource fossile préhistorique et non-renouvelable)
  • Fuites dans les aquifères environnants: contamination chimique de l’eau potable.

Pour la majorité des mines

Problématique des eaux usées: rejet de déchet toxique: l’acide sulfurique utilisé pour mettre l’uranium en solution. “Souvent, l’uranium est présent dans le minerai à des concentrations n’excédant pas quelques kilos d’uranium par tonne. Pour l’extraire, AREVA utilise des solutions chimiques adaptées à la nature spécifique de chaque minerai. La plupart du temps des acides, comme l’acide sulfurique. Une étape qui permet de récupérer 90 % de l’uranium contenu dans le minerai. Une fois extrait, l’uranium est purifié, puis séparé de la solution par précipitation sous l’action de la soude, de l’oxyde de magnésium... Lavé, filtré, il donne une pâte composée à 75 % d’uranium métal : le Yellow Cake.” (source)

Mais cette problématique de la toxicité des eaux usées n’est pas la même en France qu’en Afrique. A Arlit par exemple, on utilise les eaux usées de la ville pour arroser les jardins, car l’eau potable est trop rare. A Mounana, les habitants se lavent et les femmes trempent le manioc dans la rivière auparavant utilisée pour l’écoulement des boues radioactives de l’usine.

Spécificités des risques pour les mines du Niger et du Gabon:

  • Les ferrailles (radioactives) utilisées dans l’industrie de l’extraction ne sont pas toujours détruites. La Criirad a repéré que les habitants d’Arlit les revendaient sur le marché. Il s’agit de tuyaux, de tôles, de ferailles que les habitants d’Arlit utilisent pour leur vie quotidienne.
  • Bâtiments publics et habitations construits avec du sable radioactif (Mounana).
  • Au Niger, certains puits d’eau potable utilisés par la population sont contaminés: la concentration de l’uranium dans l’eau y est jusqu’à 110 fois supérieure aux normes de l’organisation mondiale de la santé: “the values are 110 times exceeding the 0.1 Bq/l limit recommended by the World Health Organization (and adapted by the French authorities)”. (source : Rapport de la Criirad).
  • Au Niger, à proximité d’Arlit les résidus radioactifs provenant de l’usine COMINAK (mine à ciel ouvert) sont stockés à l’air libre. Le vent fort du désert provoque une dispersion des poussières.