Choix du site d'extraction de l'uranium
Alors que la demande mondiale d’uranium progresse, les ressources dites secondaires (uranium enrichi des sites démantelés) sont en voie d’épuisement. Pour l’industriel Areva, il s’agit donc de se concentrer sur l’uranium naturel, et ainsi de développer de nouveaux projets miniers. Les nouvelles mines devront compenser les baisses de production et fermetures. En effet, il arrive un moment où le site minier n’est plus rentable. Les gisements qu’Areva doit ouvrir d’ici à quelques années se trouvent à Imouraren au Niger, Trekkopje en Namibie, Boukouma en République centrafricaine et Katco au Kazakhstan. Selon les prévisions d’Areva, Imouramen sera « le projet industriel minier jamais envisagé au Niger ». Signé en 2008, le projet prévoit la mise en production du site pour 2013. Imouraren devrait produire près « de 5000 tonnes d’uranium par an », ce qui le placerait au 2e rang mondial des sites producteurs d’uranium.
Carte des sites miniers actuels, fermés et futurs
cf.Géographie de la controverse
Le projet d’extraction est-il viable techniquement et économiquement ?
Les sites choisis pour l’implantation d’une mine l’ont été après une étude prospective, avant la mise en exploitation du gisement, afin de s’assurer de la viabilité technique et économique de la mine. En d’autres termes, il s’agit de prévoir si, compte tenu du coût d’extraction, plus élevé si la teneur du seul en uranium est trop faible, mais aussi des prix de vente attendus de l’uranium, le site sera suffisamment rentable. De même, une composante technique peut constituer un frein à l’implantation, l’industriel doit s’assurer de maîtriser les techniques d’aménagement et d’extraction en fonction du sol et du paysage du site.
Les aspects environnementaux et « sociétaux »
L’implantation d’une industrie dans un nouvel environnement modifie considérablement la vie locale et le paysage. Pour qu’un projet d’exploitation d’un site soit validé, il faut attendre les conclusions d’un rapport sur l’impact environnemental potentiel de l’implantation. De même, Areva indique préparer le projet minier « en étroite collaboration avec les populations locales et les autorités les représentant ». La composante « population indigène », pour reprendre les termes de Yves Marignac de Wise-Paris(interview), est primordiale. En effet, les mines sont implantées dans des zones peu habitées, non industrialisées encore (comme l’était le Niger) ou « en panne » économiquement parlant (Limousin en France). En général, un dilemme se joue au sein de la population locale, entre le bénéfice d’une activité industrielle qui dynamiserait l’économie de la région ou les conséquences néfastes de l’industrie sur les activités traditionnelles (économie pastorale dans la région d’Agadez au Niger : élevage Touareg, Peul, et Kounta par exemple) ou tout simplement la santé des populations. À ce titre, on constate que les expériences passées et la médiatisation ont changé le regard sur l’activité minière : lors de l’ouverture d’Arlit au Niger, l’afflux de personnes de toute l’Afrique de l’ouest a témoigné de l’Eldorado que pouvait représenté cette activité. Aujourd’hui, les projets miniers d’Imounaren, pour la France, et ceux d’autres pays comme la Chine et les Etats-Unis au Niger sont très controversés : les conséquences sanitaires et sociétales imputées à l’implantation d’Arlit ont amené les associations à opter pour un discours alarmiste. « On va vers une catastrophe environnementale et économique », témoigne l’hydrogéologue Alain JOSEPH(interview), spécialiste de la région d'Agadez. Partout dans le monde, les populations vivant dans des territoires vises par les industriels miniers se mobilisent : au Canada, aux États-Unis dans la region du parc naturel du Grand Canyon, mais aussi en Australie, au Mali…