Alain Joseph

Alain Joseph est un hydrogéologue français qui a vécu 17 ans au Niger.

Positionnement dans la controverse

Selon les projections scientifiques énoncées par l'hydrogéologue Alain Joseph (interview ici, l'une des deux grandes nappes fossiles de la région d’Agadez a d'ores et déjà épuisé 70 % de ses réserves. Deux nappes qui n'existeront plus, « au mieux », en 2050. « Toute vie sera alors devenue impossible dans la région » ( source).

Par ailleurs, « l’économie pastorale est en train de disparaître dans le Nord du Niger, région où s’installent les miniers du monde entier. On va vers une catastrophe environnementale et économique. C’est significatif du comportement prédateur minier : on s’installe, on prend le maximum et après moi, le désert. Non content d’avoir vidé l’aquifère du Tarat, Areva s’installe maintenant à Imouraren. Bien d’autres pays, la Chine, le Canada, l’Inde, l’Australie, se ruent sur les ressources du sous-sol nigérien. Nous allons assister à un assèchement rapide de cette nappe. Comment vont vivre les pasteurs si les sources sont épuisées ? Comment vont-ils se déplacer dans un univers qui va être maintenant essentiellement minier ? » (source)

Par rapport aux conditions de travail et sécurité dans les mines, l’hydrogéologue, que nous avons interviewé lors de notre enquête, dit qu’il y a « une ventilation puissante dans les mines. Mais souvent ça tombe en panne, donc les ouvriers peuvent rester une heure bloqués au fond en attendant que la panne soit réparée. On ne les fait pas remonter si ça dure moins d’une heure pour ne pas perdre du temps avec l’évacuation ». Mais, pour lui, le problème est encore plus grave en ce qui concerne les mines exploitées par les chinois : « au Niger, l’Etat a accordé un permis d’exploitation aux chinois et là il n’y a absolument aucune communication. Les mines sont protégées par la police et l’armée nigérienne, et même les ouvriers autochtones c’est tout juste s’ils ont le droit de respirer ». En 2010, rappelle Alain Joseph, « les ouvriers protestaient contre les conditions de travail et ils ont été tabassés par l’armée, sous le regard du staff d’ingénieurs chinois ».

En ce qui concerne les relations avec les autres acteurs impliqués au Niger, Alain Joseph déclare que la CRIIRAD est le seul expert indépendant et que Sherpa a « quitté le combat » : « on dit qu’ils auraient été achetés par Areva. Ils continuent à bosser au Gabon ».