Areva
Areva est un groupe industriel français issu de la fusion de CEA Industrie, Framatome et Cogema, spécialisé dans les métiers de l'énergie. Cette entreprise est présente au niveau international avec un réseau commercial dans 43 pays.
Ses activités sont essentiellement liées à l'énergie nucléaire (construction de réacteurs, exploitation nucléaire, propulsion nucléaire, transport des matières radioactives...) et, dans une moindre mesure, à d'autres formes d'énergies (éolienne…). Sa présidente est Anne Lauvergeon depuis la création du groupe en 2001. Elle était depuis 1999 PDG de la Cogema, une des entités plus tard fusionnées dans Areva. Son chiffre d'affaires en 2009 a été de 8,5 G€ et elle emploie environ 48 000 personnes.
Selon Florent Vial, directeur de la Communication adjoint des activités minières du groupe, Areva (lien interview), le leader mondial et on est le seul acteur industriel présent sur l’ensemble du cycle du combustible, ce qu’on appelle cycle du combustible démarre en effet des mines avec l’extraction de l’uranium
Selon la CRIIRAD (lien), Areva est le 2ème producteur d’uranium au niveau mondial. La majorité de sa production provient du Niger où le groupe est établi depuis plus de 40 ans.
AREVA est le principal groupe industriel engagé dans la recherche de nouveaux gisements au Niger et l’exploitation des gisements existants.
Positionnement dans la controverse
Areva, ainsi qu’EDF (lien), est très proche du secteur public et politique, car elle est détenue à 78,96 % par le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA – lien) et à 8,39 % par l’Etat français (lien).
Néanmoins, les relations avec sont partenaire EDF sont parfois tendues puisque les deux entreprises souhaitent être les leaders de l’énergie nucléaire. Par exemple, janvier 2010, EDF a accusé Areva d’avoir « interrompu la semaine dernière l’évacuation des combustibles usés ainsi que les opérations d’approvisionnement » en uranium de ses centrales. Areva a aussitôt démenti : le groupe continue d’assurer l’approvisionnement des centrales en uranium ; quant au « traitement du combustible », s’il est effectivement « arrêté », c’est « faute de contrat » . (source)
La question des inspections sanitaires, évaluation des impacts
Au Niger, un des acteurs principaux de cette controverse, Areva rencontre aussi des difficultés. En 2003, la CRIIRAD a été appelée à l’aide par l’association Aghir in’man (lien) et son président, Almoustapha ALHACEN, à propos des conditions d’exploitation de l’uranium à Arlit et Akokan au Niger par des filiales de la multinationale Areva : «on aimerait savoir si les 70 000 habitants d'Arlit vivent depuis trente ans, avec la complicité de l'Etat nigérien et d'Areva, dans des conditions de radioactivité qui mettent en péril leur santé ». Une première mission de contrôles radiologiques effectuée par la CRIIRAD en collaboration avec l’association Sherpa (lien) avait permis de soulever toute une série de problèmes radiologiques (contamination par l’uranium des eaux distribuées, présence de ferrailles radioactives dans les rues, entreposage à l’air libre de déchets radioactifs, etc.).
Selon la CRIIRAD, Areva a « dans un premier temps nié les problèmes, puis aurait pris quelques dispositions à la fois tardives et insuffisantes (abandon des puits les plus contaminés, renforcement des contrôles sur les ferrailles) » . (source)
Anne Lauvergeon a indiqué à l’AFP, le 10 avril 2007, qu’AREVA « n’avait rien à cacher ». Elle a ajouté qu’elle considère que « la meilleure des solutions pour nous, c'est que tout le monde aille regarder et constater ». En plus, Areva s’engage à inspecter les sites d'exploitation d'uranium au Niger en vue de démontrer l'absence d'exposition radioactive de la population, face à la récurrence des accusations relatives à la dispersion de matériaux radiologiquement marqués (notamment par Greenpeace – lien) .(source)
Cependant, selon la CRIIRAD, au Niger, « la réalisation de contrôles indépendants s’est heurtée à de nombreuses difficultés. Il semble que les caméras soient les bienvenues (dans le cadre d’opérations de communication orchestrées par Areva), mais pas les appareils de mesure de la radioactivité ». Les filiales d’Areva au Niger auraient fait pression sur l’ONG Aghir in’man pour faire annuler la mission CRIIRAD de décembre 2003. Areva dément.
Par ailleurs, Areva a conclu un accord avec Médecins du Monde, Sherpa et la CRIIRAD portant sur la création d'observatoires de la santé autour des sites miniers et d'un groupe pluraliste d'observation de la santé, préalable à d'éventuelles indemnisations. « En plus d'être entendus, cet accord permettra aux collaborateurs étrangers et français d'être diagnostiqués, suivis médicalement et indemnisées le cas échéant. L'implication tripartite (associations, autorités locales, entreprise) systématisée à chaque échelon de l'accord fournira aussi aux ONG signataires de l'accord les moyens d'observer sa bonne exécution », a déclaré Michel Brugière de Médecins du Monde.
Cependant, cette initiative elle aussi a été critiquée et la CRIIRAD s’est désengagée. Selon Stéphane Lhomme, de l’Observatoire du Nucléaire (lien), « le protocole mis au point par Areva en partenariat avec certaines associations comme Sherpa a été étudié par un laboratoire indépendant, la CRIIRAD qui étudie les questions de radioactivité et qui a beaucoup travaillé sur les mines d’uranium en particulier. La CRIIRAD a démontré que le protocole était parfaitement trompeur et n’assurait aucunement le respect de l’environnement ni celui des populations. Donc, c’est une véritable tromperie. Et d’ailleurs, il a été démontré par un article toujours en ligne sur le site de l’Expansion que l’association Sherpa avait reçu 80 000€ de la part d’Areva. L’article s’appelle « Quand Areva finance ses juges » puisque Sherpa est censé juger de la qualité et de l’éthique des multinationales. Et finalement AREVA leur donne 80 000€ donc on comprend bien que toute la démarche est truquée puisque finalement c’est une sombre affaire financière ».
Mais, pour Areva, l’objectif de l’Observatoire de la Santé est concret : « le recueil de données précises, pour qu’on puisse s’appuyer vraiment sur du factuel, pour pouvoir dire que au cas où que nos activités ont eu un impact négatif sur la santé de nos salariés ou des populations riveraines »(lien interview). Et, s’il n’y a pas encore de résultats c’est parce qu’il « est encore en phase de recensement » et, en plus, l’observatoire a été en fait mis en place par l’Etat gabonais et pas par Areva : « donc ce n’est pas Areva même si Areva a évidemment initié la démarche avec d’autre partenaires ».
La question de l’utilisation de l’eau
Par ailleurs, la CRIIRAD et Areva se battent aussi sur la question de l’eau. Pour la CRIIRAD, Areva « pompe en effet, en plein désert, les eaux de la nappe du Tarat située à environ 150 mètres de profondeur. Environ 60 % de l’eau soutirée est utilisée pour la production d’eau potable et 40 % pour l’usage industriel ». De son côté, dans un communiqué de 2003, Areva insiste sur l’« absence de contamination (des eaux) » et le dossier de presse « Areva au Niger » de février 2005 précisait que « les analyses bactériologiques (mensuelles), radiologiques (semestrielles) et chimiques (annuelles) montrent l’absence de contamination ».
Pour Alain Joseph (lien), un hydrogéologue français qui vit depuis 17 ans au Niger, l'une des deux grandes nappes fossiles de la région d’Agadez a d'ores et déjà épuisé 70 % de ses réserves. Deux nappes qui n'existeront plus, « au mieux », en 2050. « Toute vie sera alors devenue impossible dans la région » (source). Par ailleurs, « l’économie pastorale est en train de disparaître dans le Nord du Niger, région où s’installent les miniers du monde entier. On va vers une catastrophe environnementale et économique. C’est significatif du comportement prédateur minier : on s’installe, on prend le maximum et après moi, le désert. Non content d’avoir vidé l’aquifère du Tarat, Areva s’installe maintenant à Imouraren. Bien d’autres pays, la Chine, le Canada, l’Inde, l’Australie, se ruent sur les ressources du sous-sol nigérien. Nous allons assister à un assèchement rapide de cette nappe. Comment vont vivre les pasteurs si les sources sont épuisées ? Comment vont-ils se déplacer dans un univers qui va être maintenant essentiellement minier ? » (source)
La question de la propreté du nucléaire
Selon la CRIIRAD, « l’énergie nécessaire au fonctionnement des mines d’uranium et usines d’extraction de Somaïr et Cominak (charbon et gasoil) est non renouvelable et productrice de gaz à effet de serre » (source). Un militant du collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » (lien), a le même avis : le collectif dénonce les la « gestion déplorable des mines d’uranium en Afrique, en particulier au Niger » (source), où les filiales d’Areva, la Cominak et la Somaïr, exploitent l’uranium depuis les années 70. Elle dénonce notamment l’idée du nucléaire comme énergie propre. Pour lui, « quand Areva me dit qu'ils font de l'énergie propre, je n'y crois pas forcément… Mais ils jouent sur des arguments très tendance, zéro CO2… Alors le zéro CO2, il est assez amusant pour le Niger, parce que, par exemple, pour faire tourner la mine, les deux mines d'exploitation de minerai, il a fallu créer une centrale à charbon. Donc il y a une mine de charbon à proximité, qui permet de fournir de l'électricité pour extraire donc l'uranium » (lien entretien).
La question des négociations avec les États
Pour obtenir ses concessions dans différents pays, Areva est obligée à jouer un rôle diplomatique avec les États concernés, souvent au nom du gouvernement français. Par exemple, à l’occasion de son déplacement au Niger, fin 2006, Anne Lauvergeon a été reçue par l’Ambassadeur, pour un petit déjeuner de travail à la Résidence de France, dans le cadre de ses entretiens officiels à Niamey et avant la réception offerte par AREVA dans la capitale du Niger. Lors de ce déplacement, « la Présidente du Directoire d’Areva a visité les sites miniers d’Arlit et a signé, avec les autorités nigériennes, diverses conventions qui portent essentiellement sur l’environnement et l’agriculture dans lahttp://www.ambafrance-ne.org/article.php3?id_article=558&var_recherche=areva région d’Arlit, de l’Irhazer et du Tamesna pour un montant de 17 millions d’euros, soit 11,4 milliards de francs Cfa, ainsi que sur la santé et la formation professionnelle » . (source)
Pour Florent Vial, il s’agit de domaines stratégiques pour les pays impliqués : « en France il y a 58 réacteurs, l’électricité qui vient de l’uranium donc c’est une ressource hautement stratégique pour Areva, forcément pour la France, et forcément les parties-prenantes, toutes les négociations qui peuvent avoir lieu entre un autre Etat et une entreprise française dans ce domaine…. Donc là en termes de relations c’est vraiment des relations tripartites avec des accords politiques avant même que ce soient des accords économiques… donc ça je dirais que c’est globalement sur les politiques industrielles et économiques ». En matière sanitaire, Areva « exploite des mines dans des pays qui sont souvent, qui ont leur propre législation, c’est eux et ce n’est pas l’Etat français ».
Pour un militant du collectif “Areva ne fera pas la loi au Niger” (lien interview), Areva fait énormément d’efforts en termes de communication : « ils cherchent des contacts avec des personnes qui ont de l'influence évidemment, localement. Ils sont prêts à payer des stylos pour l'école, des ardoises, des cartons, tout un tas de choses... ».
La question du lien causal
Concernant le lien causal entre l’extraction d’uranium et le développement de maladies comme le cancer, il n’est pas nié par Areva, mais le groupe insiste sur les bonnes conditions de sécurité et de travail de ses mines. Selon Anne Lauvergnon, « en ce qui concerne le volet social, vous souhaitez savoir si nous sommes attentifs à la dimension radioactive de nos activités. Santé, sûreté et sécurité sont au cœur de notre métier. Un nombre assez restreint de salariés sont concernés, par rapport aux effectifs totaux de l'entreprise. Concrètement, nous essayons et parvenons bien à automatiser les tâches au maximum. Lors de leurs visites à l'usine de La Hague, par exemple, nos amis russes sont toujours stupéfaits du fait que nous n'ayons pas à entrer dans les endroits très radioactifs, qu'il n'y ait donc pas de contact direct entre la radioactivité et les travailleurs. Il n'empêche que, sur certains sites, comme lors d'interventions en centrale nucléaire chez les clients, des expositions ont lieu, tout comme dans les mines souterraines puisqu'il y a du radon que nous connaissons, par exemple dans les maisons bretonnes. Il s'agit d'un gaz radioactif naturel, lourd, et si l'aérage n'est pas suffisant, il s'installe dans les basses couches. C'est un gaz dont nous savons que, sur les fumeurs en particulier, il entraîne une forte potentialité de développement du cancer du poumon » (source).
La question du développement des activités d’Areva
Par ailleurs, Areva souhaite encore développer ses activités : Areva a signé le 13 janvier 2008 avec les autorités du Niger un accord pour la mise en exploitation d’un nouveau gisement d’uranium à Imouraren. L’AFP indiquait que selon Areva, Imouraren constitue le "plus grand projet industriel minier jamais envisagé au Niger le plaçant au deuxième rang mondial avec une production de près de 5.000 tonnes" d'uranium par an.
Au Gabon, le groupe, qui détient 26% du capital d'Eramet, souhaite aussi aller plus loin que les coopérations actuelles dans les achats ou les ressources humaines : « pour étayer l'hypothèse d'une fusion, Areva met aussi en avant le gisement gabonais de Mabounié, sur lequel les deux sociétés prévoient d'exploiter ensemble de l'uranium, du niobium, des terres rares et du tantale » (source) .
La question de la transparence
Au Niger, en 2003, Areva a adhéré à Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). Selon Florent Vial, cette initiative « vise à rendre la plus transparente possible toute une économie qui est liée à cette industrie extractive. Tout ce qui est payé tout ce qui est perçu est déclaré et compilé dans un document annuel et qui est disponible à l’ensemble du public ».
Mais Areva est quand même critiqué en ce que concerne la transparence. Une des reproches qui le sont effectuées est le fait d’elle posséder les deux seuls hôpitaux d’Arlit et d’Akokan. Selon Greenpeace, « Areva prétend qu’il n’y a jamais eu de cas de cancers imputables aux activités minières en quarante ans d’activité, passant sous silence le fait que les hôpitaux locaux n’emploient pas de médecins du travail, empêchant ainsi d’établir tout diagnostic d’une maladie liée au travail » (source) . D'après le collectif "Areva ne fera pas la loi au Niger", les populations non pas le choix qu’aller dans ces hôpitaux et, en plus, l’information des dossiers médicaux est ensuite contrôlée par Areva.
La question de la participation dans d’autres organismes
Areva est membre de plusieurs organismes dont la nature n’a pas été identifiée, notamment le Centre d'étude sur l'Evaluation de la Protection dans le domaine Nucléaire (CEPN), l’Extractive Industries Transparency Initiative, la Sustainable Nuclear Energy Technology Platform (lien) et la World Nuclear Association. Elle est aussi bienfaiteur à la Société Française de Radioprotection (SFRP) est membre de l’International Radiation Protection Association (IRPA). Enfin, elle a également des liens avec la Société Française d'énergie Nucléaire (SFEN), car plusieurs de ses membres ont des adresses mail d’Areva.
La question des filiales
Il faut par ailleurs présenter les différentes filiales d’Areva ayant un rôle dans cette controverse, comme la Cominak, la Comuf, la Comurhex et la Somaïr. D'après le collectif "Areva ne fera pas la loi au Niger", cette question est fondamentale, car « Areva se cache aussi derrière ses filiales. Jeu de filiales qui est un facteur important ».
Filiale d‘Areva, la COMINAK (Compagnie Minière d’Akouta) exploite depuis 1978 des gisements d'uranium profonds, dans le nord-ouest du Niger. Elle est la 2ème plus grande mine d’uranium en activité sur le continent africain et plus grande mine d’uranium souterraine au monde.
Son effectif est d’environ 1 200 salariés, dont 98 % sont nigériens.
La COMINAK a été créée en 1974. Son capital est détenu à 34 % par AREVA, à 31 % par la SOPAMIN (Niger), à 25 % par OURD (Overseas Uranium Resources Development Company Ltd, Japon) et à 10 % par ENUSA (Empresa Nacional del Uranio S.A, Espagne).
La mine est située à 250 mètres de profondeur, avec plus de 250 km de galeries. Son minerai d’uranium a une teneur moyenne de 4‰ (4 kg d’uranium par tonne de minerai). Une fois extrait, il est traité pour obtenir un concentré d’uranium dans une usine sur site dont la capacité de production annuelle s'élève à 2 000 tonnes.
Selon Areva, au rythme de production actuel, les quartiers en production et ceux à venir (quartiers Ebba sud) permettent plus de dix-sept ans d'exploitation (chiffres fin 2009 : 24 670 tonnes d'uranium de réserves, dont 10 531 accessibles à AREVA).
Les dates clés
2008 – Renouvellement de la certification ISO 14001.
2006-2008 – Plan de redressement et de développement.
2006 – Renouvellement de la certification ISO 14001.
2003 – Certification ISO 14001 (gestion durable et protection de l’environnement).
2002 – Étude faisabilité pour le site d’Afasto.
2001 – Nouvelle « convention minière » pour la période 2004-2013.
1998 – Enfûtage de la 40 000ème tonne d’uranate
1987 – Amodiation du périmètre d’Akola à COMINAK.
1986 – Limitation de la production à 1 960 tU par an.
1981 – Année de production maximum : 2 260 tU
1978 – Production du premier lot d’uranate par COMINAK.
1975 – Amodiation (transfert du droit d’exploitation) du périmètre d’Akouta à COMINAK par COGEMA.
1974 – Création de COMINAK.
1970 – Protocole de recherche France-Japon-Niger sur le périmètre d’Akouta.
En 2003, la CRIIRAD a mis en garde dans un communiqué de décembre 2003 contre « les risques liés à la dispersion de poussières radioactives par les activités minières et à de forts transferts de gaz radioactif (radon) à l’atmosphère via les bouches d’aérage des mines souterraines de la COMINAK »( source)
. Selon la CRIIRAD, la COMINAK « doit ventiler des dizaines de kilomètres de galeries afin d’expulser en surface l’air chargé en radon et de limiter les risques de cancer du poumon pour les mineurs. Mais ceci entraîne nécessairement une contamination de l’atmosphère ambiante. Cette exposition concerne en premier chef les nomades, mais aussi les habitants des zones urbaines ».
Le rapport Environnement 2000 de COMINAK précise : « Du fait du transport par le vent, notre activité entraîne un marquage du sol autour du site par l’uranium et ses descendants radioactifs à vie longue, principalement le radium 226 et le plomb 210. Des prélèvements de sol sont effectués jusqu’à 5 km autour du site d’exploitation pour analyser ces éléments ».
Selon la CRIIRAD, le graphique fourni par COMINAK « suggère une forte contamination du sol à 100 mètres du site (plus de 1 200 Bq/kg en radium 226 et plomb 210) soit des valeurs 10 fois supérieures à la normale et un impact probable à plusieurs kilomètres ».
La CRIIRAD a informé en mai 2007 par courrier les autorités du Niger (Centre National de Radioprotection à Niamey) et Anne Lauvergeon de la découverte de "niveaux de radiation anormalement élevés dans les rues de la ville d’Akokan », à quelques kilomètres de la mine d’uranium et de l’usine COMINAK. Le niveau de radiation au contact du sol devant l’hôpital de la COMINAK « atteignait des valeurs jusqu’à 100 fois supérieures à la normale ».
Par ailleurs, la CRIIRAD dénonce aussi la radioactivité des résidus d’extraction de l’uranium, stockés à ciel ouvert. Il s’agit de « boues radioactives qui contiennent a priori plus de 80 % de la radioactivité contenue dans le minerai. (…) Ces boues produites par les usines de SOMAÏR et COMINAK sont acheminées par des transporteurs à bande et amoncelées en « montagnes » de déchets non recouverts et dispersables par les vents (les risques d’infiltration vers la nappe souterraine doivent également être pris en compte). Ces résidus (déchets d’extraction de l’élément uranium) se présentent sous forme de sable fin, particulièrement radiotoxique (activité supérieure à 500 000 Bq/kg pour les résidus de COMINAK). Ils constituent des reliefs impressionnants. La verse COMINAK (photographie ci-dessous) a une superficie de 50 hectares, une hauteur de 27 mètres et contient plus de 10 millions de tonnes de résidus radioactifs ».
Autrement, Alain Joseph insiste sur la question de l’eau. Selon l’hydrogéologue, à Akokan et Arlit, les sociétés Cominak et Somaïr ont déjà épuisé à 70% l’aquifère carbonifère au nord du Tarat, à raison de 22 000 m3/j depuis 38 ans : « c’est significatif du comportement prédateur minier : on s’installe, on prend le maximum et après moi, le désert. Non content d’avoir vidé l’aquifère du Tarat, Areva s’installe maintenant à Imouraren. Bien d’autres pays, la Chine, le Canada, l’Inde, l’Australie, se ruent sur les ressources du sous-sol nigérien. Nous allons assister à un assèchement rapide de cette nappe. Comment vont vivre les pasteurs si les sources sont épuisées ? Comment vont-ils se déplacer dans un univers qui va être maintenant essentiellement minier ? »
Enfin, la CRIIRAD, critique la question de la « propreté du nucléaire », en rappelant que « l’énergie nécessaire au fonctionnement des mines d’uranium et usines d’extraction de SOMAÏR et COMINAK (charbon et gasoil) est non renouvelable et productrice de gaz à effet de serre » ( source).
Néanmoins, la COMINAK est certifiée ISO 14001 « pour son respect des normes en matière de gestion environnementale » ( source)
La Compagnie des Mines d'Uranium de Franceville (COMUF) a exploité des gisements d'uranium au sud-est du Gabon de 1961 à 1999 avant de procéder à leur réaménagement jusqu’en 2006. Selon Areva, les sites « font aujourd’hui l’objet d’un suivi radiologique destiné à confirmer le retour du site à son état initial » ( source).
La COMUF a été créée en 1958, suite à la découverte en 1957, du gisement de Mounana au Gabon par le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA).
Areva possède actuellement 68,4% de son capital, l'Etat gabonais 25,8%, et la SGCF (Société Générale Commerciale et Financière) et petits porteurs, 5,8%. Areva est depuis 1986 l'opérateur de COMUF.
Le minerai était extrait en mine à ciel ouvert ou en mine souterraine avant concentration dans une usine de traitement située sur le site. La COMUF a produit au total plus de 26 600 tonnes d'uranium. Son exploitation a définitivement cessé en juin 1999, « faute de réserves économiquement exploitables ».( source)
Dès 1997, Areva a « étudié un programme de réaménagement des sites à partir d'une étude basée sur les principes de justification et d'optimisation de la protection radiologique. Cette démarche a été conduite en conformité avec les réglementations internationales en vigueur (étude financée dans le cadre du contrat européen SYSMIN) ».
Les travaux de réhabilitation et de démantèlement ont été lancés en 1999, et la somme de 5,3 millions d'euros a été allouée dans le cadre d’un plan social pour la suppression progressive des 1000 emplois générés par l’activité minière (60 % de départs volontaires).
En 2006, l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), a constaté « la qualité du réaménagement du site ».
« Conscient des difficultés socio-économiques de la ville et des environs de Mounana », Areva s’est engagé dans des actions sociétales : « entre 2004 et 2009, Areva a investi près de 800 000 euros sur Mounana dans les domaines de la santé, de l’éducation et du développement de l’activité économique et ce, plusieurs années après la fin de ses activités industrielles ».
Pour Jacqueline Gaudet, présidente de l’association Mounana (association des anciens travailleurs expatriés du site de Mounana au Gabon) : « il y trop de cancers parmi les expatriés. La COMUF ne répond pas aux demandes de communication des dossiers médicaux » (source). Elle demande « plus de transparence de la part d’Areva et la reconnaissance des maladies professionnelles par la sécurité sociale française ». Elle considère, par ailleurs, que « il est tout à fait anormal que les travailleurs gabonais soient obligés de payer pour se faire soigner ».
Selon Florent Vial, directeur de la Communication adjoint des activités minières du groupe (interview), Areva a hérité un cas difficile à gérer : « c’est un réaménagement qui se passe non sans difficulté avec en effet des controverses qui sont nées, et auxquelles on essaie de répondre ».
C’est dans ce cadre que, depuis avril 2008, le premier Observatoire de la santé déployé par Areva sur ses sites miniers (en activité ou réaménagés) est opérationnel. Cette structure multipartite (Etat-ONG-Areva) aura pour mission « d’établir en toute transparence un bilan sanitaire de l’activité uranifère sur les anciens travailleurs de la mine et les populations riveraines ». Cet observatoire a compté avec l’engagement de Médecins du Monde et de Sherpa
En 2008, l’Etat gabonais a attribué à la COMUF un nouveau permis de prospection et d’exploitation dans la même région, par le biais du Commissariat de l’énergie atomique (CEA)(source).
Comurhex (pour Conversion Métal URanium HEXafluorure) est une filiale à 100 % de Areva.
COMURHEX Malvési
Le site industriel COMURHEX Malvési assure la première étape de conversion des concentrés uranifères provenant des sites miniers en tretrafluorure d’uranium (UF4) pour des électriciens du monde entier. Cette transformation se poursuit sur le site industriel de COMURHEX Pierrelatte (Drôme) qui transforme le tétrafluore d’uranium en hexafluore d’uranium (UF6), dernière étape avant l'enrichissement.
L'usine de Malvési purifie, à un très haut degré, les concentrés de minerais d'uranium. Elle pratique ensuite la première étape de fluoration.
Selon Areva, COMURHEX Malvési possède une triple certification qui garantit que ses activités respectent des normes environnementales et sociétales rigoureuses : ISO 9001 et ISO 14001 et OHSAS 18001.
COMURHEX Pierrelatte
Située sur le site nucléaire du Tricastin, dans la vallée du Rhône, l’usine COMURHEX Pierrelatte transforme le tétraflurorure (UF4) provenant du site de COMURHEX Malvési en hexafluorure d’uranium (UF6). Cette transformation est la dernière étape des opérations de conversion des concentrés uranifères avant l'enrichissement.
Selon Areva, COMURHEX Malvési possède une triple certification qui garantit que ses activités respectent des normes environnementales et sociétales rigoureuses » : ISO 9001 et ISO 14001 et OHSAS 18001.
Dates clés
2009 : Début du génie civil de COMURHEX II à Pierrelatte, en Juillet.
2008 : Début de préparation du terrain du chantier COMURHEX II.
2007 : Triple certification du site dans les domaines de la qualité, de l'environnement, de la santé et de la sécurité. La même année, AREVA investit 610 millions d’euros dans de nouvelles usines de conversion de l’uranium (COMURHEX II).
2005 : CEZUS Jarrie et COMURHEX Pierrelatte signent un accord de jumelage pour développer des synergies dans le domaine de la chimie nucléaire.
2004 : 14 000 tonnes d'UF6 à COMURHEX : l'objectif ambitieux de production annuelle fixé à 14 000 tonnes de conversion d'uranium est atteint.
1992 : COMURHEX devient filiale 100 % AREVA
1971 : Création de COMURHEX par la fusion de SRU & SUCP (société pour la Conversion Métal URanium HEXafluorure).
1961 : Création de la Société des Usines Chimiques de Pierrelatte (SUCP) qui fabrique de l'UF6 pour des usines d’Enrichissement par Diffusion Gazeuse.
1959 : Création de la Société de Raffinage de l’Uranium à Malvési (SRU)
Selon l’appréciation 2010 de l’ASN : « Comme en 2009, l’ASN considère qu’en 2010 les résultats en termes de sûreté de COMURHEX sont insuffisants. De nombreux événements ont été déclarés dont la plupart trouvent leur origine dans des défaillances organisationnelles (procédures inadéquates, mauvaise préparation des interventions) et humaines (consignes non respectées). En outre, les inspections menées sur l’installation ont montré que la réalité du terrain n’était pas toujours conforme au référentiel de l’installation. Enfin, COMURHEX a montré de sérieuses lacunes dans le respect de ses engagements »'source).
Concernant les deux sites, selon la CRIIRAD, « lorsqu’il a pu effectuer des contrôles radiologiques (en France), le laboratoire de la CRIIRAD a mis en évidence de façon répétée, autour des installations du groupe AREVA, de graves anomalies portant sur les évaluations de l’impact environnemental et sanitaire effectuées par l’industriel ou pour son compte » ( source).
SOMAÏR, filiale d'Areva, exploite depuis 1971 plusieurs gisements d'uranium dans le Nord-Ouest du Niger, à quelques kilomètres de la ville d'Arlit. Elle emploie environ 1 000 salariés dont 98 % sont nigériens. Son siège se situe à Niamey.
Sur le site, le minerai d'uranium est extrait en par mines à ciel ouvert à une profondeur de 50 à 70 mètres. Le minerai est ensuite traité dans l’usine située à proximité et dotée d’une capacité de traitement d’environ 2 000 tonnes par an.
En 2009, la SOMAÏR a produit 1 808 tonnes d'uranium métal sous forme de concentré d’uranate de soude. La production cumulée depuis le début de l'exploitation était d’environ 50 000 tonnes d'uranium à fin 2009.
Selon Areva, la production devrait atteindre progressivement 3 000 tonnes en 2012, en exploitant notamment le minerai à faible teneur (moins de 1 kg d’uranium par tonne de roche) par lixiviation en tas. Ainsi, à fin 2009, 23 171 tonnes d'uranium (dont 21 876 accessibles à AREVA) de réserves avaient été identifiées sur le périmètre de la SOMAÏR. Au rythme actuel de production, ces gisements permettent d'assurer environ treize années de production.
Toujours selon Areva, la Somaïr est certifiée ISO 14001 et OHSAS 18001 et « favorise l’accès à des services sanitaires et sociaux dans une région isolée et concourt ainsi à l’amélioration des conditions de vie des populations » (source)
Les dates clés
2009 - Démarrage des installations de lixiviation en tas (investissement de 70 millions d’euros) pour traiter les minerais à faible teneur (moins de 1kg d’uranium par tonne de roche)
2008 – Renouvellement de la certification ISO 14001 et attribution du certificat OHSAS 18001 (santé et sécurité au travail).
2006-2008 – 26 mois consécutifs d'activité sans accident de travail avec arrêt pour les employés de la SOMAÏR (performance inégalée sur l'ensemble du continent)
2005 – Démarrage du projet de traitement de minerai par lixiviation en tas (projet Lixi SOMAÏR).
2005 – Renouvellement de la certification ISO 14001.
2004 – Étude de faisabilité du gisement d’Artois.
Janvier 2004 – Début de la convention minière actuelle (valable jusqu’à fin 2013).
2002 – certification ISO 14001 (gestion durable et protection de l'environnement).
2001-2002 – Reprise des recherches autour des mines dans le cadre du projet Tagora et découverte de nouvelles ressources.
Décembre 1995 – Amodiation par COGEMA (devenu AREVA) à SOMAÏR du patrimoine minier de la SMTT.
Décembre 1994 – Prolongation de la Convention de longue durée jusqu’au 31 décembre 2003.
1986 – Limitation de la production à 1 000 tU/an. Sous amodiation du périmètre de Tassa N’Taghalgué à SOMAÏR par la SMTT.
1981 – Production record : 2100 tU avec un effectif de 1600 personnes dont 158 expatriés.
Décembre 1977 – Décision de porter la capacité de production de SOMAÏR à 2 300 tU/an.
Octobre 1973 – Décision de porter la capacité de production de SOMAÏR à 1500 tU/an.
Janvier 1971 – Production du premier lot d’uranate.
Juin 1968 – Amodiation (transfert du droit d’exploitation) du périmètre d’Arlette à SOMAÏR.
2 février 1968 – Création de la SOMAÏR.
Almoustapha Alhacen, un salarié de la Somair, a crée en 2001 Aghir In'Man pour « savoir si les 70 000 habitants d'Arlit vivent depuis trente ans, avec la complicité de l'Etat nigérien et d'Areva, dans des conditions de radioactivité qui mettent en péril leur santé». Grâce à l'arrivée d'Internet à Arlit, l'ONG entre en contact avec la CRIIRAD.
Selon la CRIIRAD, Areva « pompe en effet, en plein désert, les eaux de la nappe du Tarat située à environ 150 mètres de profondeur. Or il s’agit d’une nappe fossile, c’est-à-dire non renouvelable (275 millions1 de m3 ont été pompés entre 1969 et 2004) »( source). Alain Joseph a le même positionnement. Selon l’hydrogéologue, à Akokan et Arlit, les sociétés Cominak et Somaïr ont déjà épuisé à 70% l’aquifère carbonifère au nord du Tarat, à raison de 22 000 m3/j depuis 38 ans : « c’est significatif du comportement prédateur minier : on s’installe, on prend le maximum et après moi, le désert. Non content d’avoir vidé l’aquifère du Tarat, Areva s’installe maintenant à Imouraren. Bien d’autres pays, la Chine, le Canada, l’Inde, l’Australie, se ruent sur les ressources du sous-sol nigérien. Nous allons assister à un assèchement rapide de cette nappe. Comment vont vivre les pasteurs si les sources sont épuisées ? Comment vont-ils se déplacer dans un univers qui va être maintenant essentiellement minier ? »(source)
Par ailleurs, la CRIIRAD dénonce la contamination de la nappe : « cette nappe baigne dans les formations géologiques uranifères exploitées par la SOMAÏR. Les travaux miniers consistant à manipuler des millions de tonnes de roches plus ou moins radioactives (10,6 millions de tonnes en 2004 pour SOMAÏR), ils rendent plus facilement mobilisables les métaux radioactifs présents dans le minerai ce qui augmente les risques de contamination de ces eaux de nappe par des métaux lourds radioactifs, mais également par des polluants chimiques ».
Les mesures réalisées par la CRIIRAD à partir de 2003 (et jusqu’en 2005) sur des échantillons d’eau distribuée par les compagnies minières à Arlit ont permis de constater « une contamination en uranium conduisant à un indice d’activité alpha globale 10 à 100 fois supérieur au seuil à partir duquel l’OMS recommande des investigations complémentaires ».
Selon la CRIIRAD, des documents internes d’Areva « attestent que la SOMAÏR avait connaissance depuis plusieurs années des teneurs en uranium des eaux distribuées pour la boisson (teneurs dont on peut établir qu’elles conduisent à des doses supérieures aux recommandations de l’OMS) ». La CRIIRAD dispose par ailleurs d’une copie d’un courrier du 12 février 2004 dans lequel le laboratoire en charge des contrôles radiologiques sur les eaux informait SOMAÏR du non-respect des critères radiologiques.
Par ailleurs, la CRIIRAD dénonce aussi la radioactivité des résidus d’extraction de l’uranium, stockés à ciel ouvert. Il s’agit de « boues radioactives qui contiennent a priori plus de 80 % de la radioactivité contenue dans le minerai. (…) Ces boues produites par les usines de SOMAÏR et COMINAK sont acheminées par des transporteurs à bande et amoncelées en « montagnes » de déchets non recouverts et dispersables par les vents (les risques d’infiltration vers la nappe souterraine doivent également être pris en compte). Ces résidus (déchets d’extraction de l’élément uranium) se présentent sous forme de sable fin, particulièrement radiotoxique (…). Ils constituent des reliefs impressionnants. La verse SOMAÏR contient plus de 13,5 millions de tonnes (à fin 2004) sur une aire de 11 hectares. Il conviendrait de tenir compte également des autres types de déchets radioactifs solides (par exemple pour SOMAÏR des tas de résidus de lixiviation statique estimés à 12,1 millions de tonnes de minerai à faible teneur en uranium) ».
Enfin, la CRIIRAD et le collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger », critiquent la question de la « propreté du nucléaire », en rappelant que « l’énergie nécessaire au fonctionnement des mines d’uranium et usines d’extraction de SOMAÏR et COMINAK (charbon et gasoil) est non renouvelable et productrice de gaz à effet de serre »( source)