Areva ne fera pas la loi au Niger
« Areva ne fera pas la loi au Niger » est un collectif d'acteurs de la société civile créé en 2008, en France, pour soutenir les populations nigériennes touchées par l'exploitation de l'uranium par l'entreprise Areva et défendre l'environnement contre la pollution radioactive.
Le collectif est constitué par : %Attac, Cedetim, Collectif Tchinaghen, LCR, Les Verts, Réseau Sortir du Nucléaire, Sud Energie - Solidaires, Survie, Via Campesina. Il a été officiellement créé le 25 mars 2008 lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale organisée par le député vert Noël Mamère au cours de laquelle étaient invités plusieurs élus locaux nigériens comme Issouf Ag Maha, maire de Tchirozérine.
Pour un militante du collectif interviewée dans le cadre de notre enquête (interview ici), c’était une époque très difficile pour les populations nigériennes : « une rébellion qui avait été élevée, le pouvoir central avait choisi d'écraser la rébellion, il y avait énormément d'arrestation arbitraire, il y avait beaucoup de gens en prison, il y avait eu des actions contre des populations civiles, du bétail qui avait été tué, des personnes qui ont disparu, et qui ont probablement été tuées, qu'on a jamais retrouvé... ». Et, à cette époque, Areva était justement en train de négocier pour l'exploitation du deuxième gisement, d'Imouraren, qui n’était pas encore signé avec le gouvernement. La création du collectif est donc, pour ce militant, une référence à « Elf ne fera pas la loi en Afrique », un collectif qui avait été créé plusieurs années auparavant, et qui avait abouti entre autres à l'affaire Elf.
Positionnement dans la controverse
Début 2009, le collectif a dénoncé les conditions de travail de l’exploitation uranifère d’Imouraren, les risques de contamination de l'eau potable du site et la politique de soutien que le gouvernement français y apporte. Pour justifier sa défiance envers le groupe industriel français, il rappelle les manquements passés d'Areva dans la gestion d'une mine à Arlit et « ses énormes masses de déchets radioactifs laissées à l'air libre »(source).
Pour ce militant, « les activités d'Areva au Niger comme partout sont quand même assez opaques et on n'a pas énormément d'informations qui circulent et encore moins là bas ». Par ailleurs, elle considère qu'« Areva se cache aussi derrière ses filiales ».
Le collectif dénonce la « gestion déplorable des mines d’uranium en Afrique, en particulier au Niger » , où les filiales d’Areva, la Cominak et la Somaïr, exploitent l’uranium depuis les années 70. Elle dénonce notamment l’idée du nucléaire comme énergie propre. Pour ce militant, « quand Areva me dit qu'ils font de l'énergie propre, je n'y crois pas forcément… Mais ils jouent sur des arguments très tendance, zéro CO2… Alors le zéro CO2, il est assez amusant pour le Niger, parce que, par exemple, pour faire tourner la mine, les deux mines d'exploitation de minerai, il a fallu créer une centrale à charbon. Donc il y a une mine de charbon à proximité, qui permet de fournir de l'électricité pour extraire donc l'uranium » (interview ici).
Il s’appuie sur les études de la CRIIRAD, de l’association Sherpa et du hydrogéologue Alain Joseph. Le collectif travaille aussi, « par échange de contacts et de bons procédés » (interview), avec Greenpeace, qui récemment est partie sur place faire des faire des analyses. Il a aidé l’ONG internationale sur place, car la force du collectif est « d'avoir vraiment des contacts de population sur place, de syndicats, d'habitants, simplement de pasteurs, enfin de gens qui vivent dans la région, et qui apportent une information et une vision un peu autre que celle qu'on peut avoir… qu'on peut avoir ici » (interview).
En ce qui concerne l’Observatoire de la Santé, le militant considère que Sherpa avait des arguments assez intéressants, « mais ils ont été coincés dans leur propre piège ». Pour elle, le problème réside essentiellement dans l’absence de contacts sur place : « c’est très difficile d’avoir de l’information et ils n’ont pas de réseau sur place qui puisse faire remonter les informations dont ils ont besoin donc à ce moment là, c’est très difficile de coincer. Même Médecins du Monde qui s’était proposé pour être le référent sur place, mais même eux n’ont pas de contact dans ces zones justement. C’est très difficile et c’est vraiment un accord qui a servi de publicité à Areva alors que ce n’était pas vraiment le but, par rapport à ce qui est réalisable, faisable avec des intermédiaires sur le terrain pour le Niger en tout cas » (interview)
.Areva n’est pas leur seul objet d’attaque : « conscient de la catastrophe annoncée, le collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » mène une campagne visant à mettre la société Areva, la France (lien acteur Gouvernement français), l'Union européenne et la communauté internationale face à leurs responsabilités. Il s’agit de dénoncer les conséquences désastreuses de nos choix énergétiques ici et de soutenir ceux qui en paient le prix là-bas. Réseau de solidarité et d'action, le collectif soutient, au travers de leurs représentants réfugiés en France, les populations concernées dans leur lutte pour la reconnaissance de leurs droits, de leur dignité et de leurs libertés fondamentales. Le collectif dénonce la complicité de la communauté internationale et particulièrement de la France qui, de connivence avec le Président Tandja :
C’est tout un peuple, chassé de ses terres, privé de ses activités traditionnelles, de ses ressources en eau, qui est menacé de disparaître face aux enjeux géostratégiques et politiques mondiaux »
Le collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » demande à toutes les parties impliquées un « moratoire sur l’extraction minière ».