Aghir in man
ONG nigérienne de défense des droits humains et de protection de l’environnement. Almoustapha Alhacen, un salarié de la Somair (filiale d’Areva), à Arlit, crée en 2001 Aghir In'Man (qui signifie bouclier humain) : « on aimerait savoir si les 70 000 habitants d'Arlit vivent depuis trente ans, avec la complicité de l'Etat nigérien et d'Areva, dans des conditions de radioactivité qui mettent en péril leur santé »déclare-t-il dans un article du 9 mars 2005 publié dans Libération.
Positionnement dans la controverse
L’association a commencé par poser des questions à Areva sur les causes des morts prématurées. Selon Almoustapha Alhacen, la société a répondu en les menaçant de fermer la mine, ce qui a effrayé quelques membres de l’association, qui avaient peur de perdre leur emploi. Cependant, plus tard, des femmes de miniers et d’autres organisations civiles ont intégré et soutenu les activités d’Aghir in'man.
Grâce à l'arrivée d'Internet à Arlit, l'ONG entre en contact avec la CRIIRAD : « la CRIIRAD a été appelée à l’aide par l’association Aghir in'man et son président, monsieur Almoustapha ALHACEN à propos des conditions d’exploitation de l’uranium à ARLIT et AKOKAN au Niger par des filiales de la multinationale AREVA » déclare l'association ici. Les investigations conduites par la CRIIRAD, en décembre 2003, à l’aide d’un petit radiamètre, dans le cadre de la formation dispensée aux membres d’Aghir in'man ont permis d’identifier le problème de la dispersion des ferrailles contaminées : « compte tenu du niveau de vie très bas de la population nigérienne, tout est susceptible d’être récupéré et utilisé pour la construction des maisons, de l’outillage, des ustensiles de cuisine, etc ». Selon la CRIIRAD, les filiales d’Areva au Niger ont fait pression sur Aghir in'man pour faire annuler cette mission.
En effet, l’acteur avec lequel Aghir in’man a le plus de conflictualité est Areva et l‘association se sent obligée de passer par d’autres acteurs internationaux ou français, comme la CRIIRAD, Sherpa, les Médecins du Monde ou Greenpeace, pour se faire entendre et pouvoir agir à travers un communiqué AFP du 6 janvier 2010:"nous avions signalé depuis 2006 des endroits à risques qui n'ont toujours pas été décontaminés. Ce sont ces mêmes lieux que Greenpeace a indexés. Nous lançons un appel à Areva pour nous comprendre et entreprendre des opérations de décontamination, notamment de vastes opérations de récupération de matériels et objets contaminés que l'on retrouve dans les rues des cités minières ».
Par ailleurs, la relation d’Aghir in'man avec les dirigents syndicaux et les responsables sanitaires est également tendue, comme le montre l'extrait de cet article paru dans le dossier "Arlit, cité minière de tous les dangers ou îlot de prospérité" extrait du Courrier international du 26 février 2005: « Dirigeants syndicaux et responsables sanitaires interrogés par l'AFP semblent en tout cas faire bloc avec les compagnies minières pour relativiser l'impact de l'exploitation du minerai d'uranium. "Nous sommes largement en-dessous des taux (de radioactivité), les chiffres sont affichés", assure Mamadou Ousmane, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des mines du Niger. Le dirigeant syndical met en doute le "sérieux" d'une petite ONG nigérienne de défense de l'environnement, Aghir'In Man, à l'origine de la polémique sur l'impact sanitaire des mines d'uranium. "Nous n'empêchons pas les ONG de faire leur travail, mais il faut que ça soit sérieux, pas un simple moyen de ramasser des subventions", lance-t-il ».
Pour Almoustapha Alhacen, « Areva fait la loi au Niger et a vu d’un très mauvais oeil que notre association ait sensibilisé les travailleurs sur les risques encourus, alors que les dangers de la radioactivité n’ont pas été signifiés aux travailleurs par les sociétés minières. Alors qu’Areva a déjà exploité plus de 100 000 tonnes d’uranium au Niger, Anne Lauvergeon, malgré nos demandes, n’a jamais pris la peine de nous rencontrer », comme il le déclare ici.