Fiches
d'acteurs :
Apiculteurs
:
Les
apiculteurs sont les premiers concernés par les surmortalités
d'abeilles.
Premiers à avoir mis en avant un lien possible entre l'utilisation d'un
pesticide systémique (le Gaucho) et une mortalité anormale de colonies
d'abeilles,
c'est une partie de la profession qui met en avant un lien exclusif
entre
utilisation des produits phytosanitaires Gaucho, Régent et Cruiser, et
la
disparition des abeilles. Mais ce sont les syndicats d'apiculteurs qui
sont les
plus actifs dans ce débat.
Les
apiculteurs :
La profession apicole
n’a en France
pas du statut clairement défini : elle compte 69 237
apiculteurs en 2004
pour 1 346 575 ruches. Une très large partie de ces apiculteurs sont
amateurs,
avec seulement 1762 apiculteurs professionnels en 2004. Entre 1994 et
2004, on
a vu une diminution du nombre de ces apiculteurs de 17,8 %, ce qui
correspond à
15 000 apiculteurs. *
Le
monde apicole défend l’abeille, objet pour certains exclusif de leur
travail,
comme une « sentinelle de l’environnement »,
nécessaire à
l’environnement et révélatrice des troubles dont celui-ci est la cible.
Ils
mettent en avant la nécessité de protéger l’abeille, qui joue un rôle
crucial
dans la préservation des écosystèmes et des équilibres naturels.
Les
apiculteurs
ont été
les premiers impliqués dans la controverse. C’est ainsi un groupe
d’apiculteurs
qui a soupçonné en 1995 un lien possible entre Gaucho et surmortalité
des
abeilles. Les apiculteurs sont effectivement les premiers à observer
les
évolutions des populations d’abeilles dans leurs ruches. Ce sont aussi
les
premiers concernés par les mortalités d’abeilles.
Le
monde apicole est très divisé quant aux pesticides systémiques.
Une
majorité d’apiculteurs reconnaît la surmortalité des abeilles, observée
dans
leurs colonies, mais n’en donne pas les mêmes causes.
Pour
Jean
Fedon par exemple, apiculteur en
Haute-Vienne, s’il y a
véritablement surmortalité, celle-ci n’est pas répartie uniformément
sur le
territoire français, et doit principalement être reliée à diverses
variables
telles que les conditions climatiques, une mauvaise alimentation ou de
mauvaises pratiques apicoles. Cet apiculteur a notamment réalisé des
expériences avec des champs de tournesol traités au Régent, qui n’ont
pas donné
de surmortalité dans les ruches.
Un
autre groupe d’apiculteurs, comprenant par exemple Henri Clément,
président de
l’Union Nationale de l’Apiculture Française, met en avant l’exclusivité
des
pesticides systémiques dans les raisons de la surmortalité des
abeilles. Ce
sont ces apiculteurs qui luttent pour que soit reconnue officiellement
et
clairement la dangerosité pour les abeilles des pesticides
neurotoxiques, et
notamment celle du Cruiser, seul pesticide encore autorisé à ce jour.
Pour
certains des apiculteurs mettant en cause les pesticides systémiques,
comme Joël
Schiro, la fiabilité des
analyses réalisées par rapport à la toxicité de ces produits est à
remettre en
cause, notamment parce qu'elles ne prendraient pas en compte la
présence de
très faibles doses de résidus. Il appelle ainsi à une révision des
procédures
d'homologation. Pour ces apiculteurs, les nombreuses réserves de l'AFSSA
dans ses rapports sur les
pesticides systémiques montrent bien leur caractère dangereux pour les
abeilles.
Mais les apiculteurs s’expriment généralement
au travers des syndicats d’apiculteurs, mis à part
certains d’entre eux, comme Jean Fedon, Frank Aletru, ou encore Joël Schiro, qui
représentent plusieurs des positions des apiculteurs.
*
chiffres : audit de la filière miel 2005
Leurs
syndicats :
Il
existe trois syndicats nationaux dans le monde apicole
français : le Syndicat
des Producteurs de Miel Français (SPMF), qui représente les
apiculteurs
professionnels ; l’Union Nationale de l’Apiculture
Française (UNAF)
et le Syndicat National des Apiculteurs (SNA), qui
représente les
apiculteurs amateurs. Mais plusieurs sections départementales
existent
dans ces syndicats, et de nombreux syndicats régionaux
ou départementaux
se sont mis en place.
La FNSEA (Fédération Nationale des
Syndicats d’Exploitants Agricoles), syndicat majoritaire dans la
profession
agricole aujourd’hui, participe aussi au débat sur les pesticides
systémiques
et les abeilles. Cependant, la position de la fédération peut être vue
comme
ambiguë, notamment de par le fait qu’elle comprend aussi bien dans ses
différentes sections une section apicole, qui s’est
engagée contre les
pesticides systémiques, que l’AGPM (Association
Générale des Producteurs
de Maïs) qui au contraire défend l’absence de lien entre la
surmortalité des
abeilles et les pesticides. Les sections départementales de la FNSEA
sont aussi actives,
principalement la
FDSEA
de la
Vendée
(Fédération Départementale) qui défend la suspension « des
matières
actives responsables de l’intoxication des abeilles ».
Comme
pour les apiculteurs, la division des syndicats
d’apiculteurs est
marquée. Ainsi les syndicats nationaux imputent
largement la
responsabilité aux systémiques, alors que certains syndicats
régionaux se
sont tournés peu à peu vers d’autres causes, constatant des pertes
d’abeilles
hétérogènes sur le territoire français, et même dans des zones de
montagne, non
atteintes par les pesticides systémiques.
Le
syndicat le plus actif dans le débat sur la surmortalité des abeilles
et
l’utilisation des pesticides systémiques est l’UNAF.
Ce syndicat, créé
en 1946 pour être « une structure syndicale unifiée de la
profession et
constituer un interlocuteur solide auprès des pouvoirs
publics » s’est
engagé dans la bataille contre les pesticides. Pour lui, le lien entre
les deux
ne fait aucun doute, et il s’oppose fermement dans ses communiqués de
presse
aux pouvoirs industriels et dénonce une activité de
« lobby » et la
pression qu’ils font peser sur les décisions du gouvernement. Le
syndicat s’est
ainsi engagé de nombreuses fois contre les autorisations de mise sur le
marché
des pesticides Gaucho et Régent en formulant des requêtes d’annulation
pour
cause de toxicité pour les abeilles devant le Conseil d’État.
Le
syndicat agit beaucoup à travers la presse, à travers des
manifestations, qui
sont souvent suivies par d’autres syndicats et des associations
environnementales. Il a lancé en 2005 le projet
« L’abeille,
sentinelle de l’environnement », dans le but d’informer le
grand public
sur le danger de l’utilisation des pesticides.
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