Fiches
d'acteurs :
Les
firmes productrices de pesticides :
Les trois firmes
Bayer, BASF et Syngenta sont les productrices des pesticides Gaucho,
Régent et
Cruiser.
Il est important de noter les
modalités de recherche de ces sociétés pour développer leurs produits
phytosanitaires : elles investissent en moyenne 180 millions d’euros
pour une
molécule, réalisent des recherches durant 8 à 10 ans avant la
commercialisation
de la molécule, suivant des protocoles établis par des organismes tels
que la
FAO ou l'OMS, avec 75 % des
études sur la sécurité alimentaire et environnementale. Le taux de
réussite de
ces recherches est inférieur à 1 / 300 000.
Ces
trois firmes réfutent la
place donnée à leurs produits dans la surmortalité des abeilles.
Bayer
:
Bayer est un groupe chimique
et pharmaceutique allemand, créé en 1863. Cette société représente
environ 30 %
de part de marché en France, son offre étant la plus diversifiée du
pays, lui
donnant une place prépondérante sur le marché français. La société
Bayer
commercialise notamment le pesticide Gaucho, dont la substance active
est
l’imidaclopride, et qui a été homologué d’abord sur betterave en 1991,
sur maïs
en 1992, puis sur tournesol en 1993. Ceci fait du Gaucho le premier
produit à
avoir suscité la suspicion des apiculteurs.
Son entrée dans la
controverse s’est ainsi faite en 1995, quand un groupe d’apiculteurs a
soupçonné un lien entre une surmortalité d’abeilles et l’utilisation du
Gaucho
sur tournesol.
Mais le Gaucho a ensuite été
suspendu d’autorisation à partir de 1999 pour son utilisation sur
tournesol et
à partir de 2004 pour son utilisation sur maïs, en raison notamment
d’une
crainte de l’implication du pesticide Gaucho dans les surmortalités
d’abeilles
observées à travers la France.
Bayer s’est toujours défendue
de jouer un rôle quelconque dans les phénomènes et troubles qui
atteignent les
abeilles et s’appuie sur diverses données scientifiques indépendantes
pour le
montrer. Il s’oppose en cela très franchement aux allégations de
certains
apiculteurs.
Pour la société, ces troubles
sont tout à fait indépendants des méthodes agricoles, c’est-à-dire
qu’elle
intervient aussi bien dans des zones traitées que des zones non
traitées. Bayer
avance ainsi l’argument de la multifactorialité, c’est-à-dire la
concomitance
de plusieurs causes, soulignant ainsi le rôle des acariens de type
Varroa, en
associations avec d’autres virus, qui peuvent entraîner des symptômes
semblables à ceux observés par les apiculteurs français, ou encore
l’implication d’autres pathogènes qui peuvent se développer très
facilement
dans des conditions climatiques défavorables.
La société Bayer met en avant
que le Gaucho ne présente aucun risque dans les conditions
d’utilisation :
en effet, la plupart des produits phytosanitaires à base de substance
active
imidaclopride sont classés comme non toxiques pour les abeilles
lorsqu’ils sont
utilisés selon les indications.
Ainsi, la société met en
avant une exception française dans l’interdiction du Gaucho, qui ne
connaît
aucune restriction d’emploi au niveau mondial, excepté sur tournesol et
maïs en
France. Bayer souligne donc le fait que les décisions de suspension de
produits
sont toujours provisoires, et prises dans un contexte d’incertitudes,
comme des
décisions politiques prise sous des pressions médiatiques et non
objectivement
scientifiques.
La
société Bayer s’est
particulièrement illustrée dans la judiciarisation de l’affaire des
pesticides
et des abeilles, lançant de nombreuses requêtes auprès du Conseil
d’État pour
supprimer les annulations décidées par le ministre de l’Agriculture
quant au
retrait d’AMM du Gaucho, mais aussi par plusieurs procès intentés à des
apiculteurs pour dénigrement du produit Gaucho.
BASF
:
BASF est un groupe de chimie
allemand, le plus grand groupe de chimie au monde. Ses activités
concernent les
produits chimiques, les matières plastiques, les produits
d'ennoblissement, les
produits de protection des plantes, les produits de chimie fine, le
pétrole, le
gaz. Parmi ces activités, entre 10 et 15 % du chiffre d’affaire de la
société
provient de l’agriculture.
La société BASF commercialise
le Régent,
produit phytosanitaire à base de Fipronil, qui a reçu une autorisation
provisoire de vente (APV) pour son utilisation sur maïs en 1995, et une
autorisation de mise sur le marché (AMM) en 1997 pour son utilisation
sur maïs
et céréales, et en 1998 pour son utilisation sur tournesol.
BASF
réfute l’implication de son pesticide Régent dans la surmortalité des
abeilles.
Son argumentation se base sur diverses études indépendantes françaises
ou
étrangères (AESA, AFSSA), qui selon elles montrent que d’autres causes
sont à
mettre en avant dans la surmortalité des abeilles. Ainsi, elle
argumente que
« selon l’avis d’experts », aucune modification du
comportement des
abeilles ou de la taille des colonies qui butinent des cultures de
tournesol
obtenues par des semences protégées par Régent n’a été observée, et que
beaucoup de facteurs jouent un rôle dans les disparitions
d’abeilles :
acariens tels que Varroa ; diminution de la quantité et de la
qualité des
ressources alimentaires des abeilles qui affaiblissent les défenses
immunitaires des abeilles (hypothèse particulièrement mise en
avant par
Jean-Marc Petat, responsable du département filière et environnement de
BASF
Agro); ou encore l’importance cruciale des pratiques apicoles. La
société
insiste aussi sur le fait que ce phénomène de disparition d’abeilles a
aussi
été observé dans des pays qui n’utilisent pas le Fipronil.
Syngenta
:
Syngenta est une société
suisse spécialisée dans la chimie et l’agroalimentaire, née en 2000 de
la
fusion des divisions agrochimiques des sociétés AstraZeneca et
Novartis. La
société se présente comme un des leaders mondiaux sur le marché de la
protection des plantes, et le troisième sur la protection des semences.
Syngenta Agro SAS, une des
trois entités indépendantes du groupe dont l’activité principale est la
protection des plantes, est la propriétaire de la marque Cruiser,
produit de
protection des semences de maïs, à base de thiametoxam, et le
commercialise. Le
Cruiser a pour but de lutter contre les taupins et les oscinies, qui
détruisent
les cultures de maïs en s’attaquant à la graine ou aux jeunes pousses.
L’utilisation
du Cruiser augmente le rendement des maïsiculteurs de 6 quintaux par
hectare,
selon les résultats de 23 essais distributeurs.
La
société Syngenta s’adresse directement aux agriculteurs. Le Cruiser
répond à
une de leurs attentes, concernant la lutte contre les ravageurs pour la
culture
du maïs.
La place de la société
Syngenta vis-à-vis des abeilles est légèrement différente de celle des
autres
firmes. En effet, celle-ci précise dans les conditions d’emploi du
Cruiser que
ce produit est effectivement dangereux pour les abeilles, et qu’il ne
faut pas
introduire de plantes qui peuvent devenir attractives pours les
abeilles dans
la rotation culturale, ou qu’il est nécessaire d’appliquer des mesures
permettant de limiter l’exposition des abeilles au produit.
Syngenta a mis en place une
étude en matière de causes de mortalité des abeilles : sont
ressortis de
cette étude les causes climatiques et environnementales (31 %), les
maladies,
parasites et prédateurs (29 %, dont 16 % attribués au parasite Varroa),
les
problèmes de reproduction (26 %) et la pollution (23 %).
La
société Syngenta se
distingue aussi des autres firmes par une initiative qu’elle a prise
envers les
apiculteurs : depuis 2004, la société travaille sur un
traitement contre
le parasite Varroa, une des causes mise en avant par les acteurs
réfutant
l’exclusivité de la place des insecticides dans la surmortalité des
abeilles.
|