LE ROLE DES PESTICIDES DANS LA SURMORTALITE DES ABEILLES

 
   
  LA SURMORTALITE DES ABEILLES  
 

Enjeux économiques :

La diversité des pollinisateurs implique des enjeux écologiques aux corollaires économiques certains. Pour autant, il ne s'agit pas ici de quantifier économiquement la perte de biodiversité induite par la surmortalité des abeilles. Pour les apiculteurs, les maïsiculteurs et les firmes produisant les pesticides les enjeux économiques liés à l'abeille et aux pesticides sont considérables.

      Les apiculteurs vivent directement de la domestication de l'abeille et de ses produits (miel, pollen, gelée royale...). L'Union Nationale de l'Apiculture Française, l'UNAF souligne qu'en France, le nombre de ruches diminue inexorablement et que 2 000 à 3 000 apiculteurs cessent leur activité chaque année". Il y a en environ 80 000 apiculteurs français pour approximativement 1 345 000 ruches. Les professionnels représentent seulement 20% des apiculteurs ; les 80% restants sont constitués d’amateurs. Les syndicats regroupent les apiculteurs au niveau national ou au niveau régional. L’UNAF a été créé en 1946 dans le but de créer une « structure syndicale unifiée de la profession et de constituer un interlocuteur solide auprès des pouvoirs publics ». L'UNAF représente la diversité des apiculteurs puisqu'elle regroupe aujourd’hui plus de 100 syndicats départementaux, soit 22 000 apiculteurs qui sont soit des professionnels soit des amateurs.

      Les maïsiculteurs dans le sens où leurs intérêts économiques se concentrent sur la production de maïs défendent l'utilisation de pesticides qui permettent de protéger les graines de maïs des ravageurs. Les homologations des pesticides en Europe nuie par ailleurs à la compétitivité européenne des maïsiculteurs français privés du Régent et du Gaucho. Ainsi, le Cruiser répond à des impératifs réels puisqu'il lutte contre des ravageurs très présents en France. Les taupins et les oscinies détruisent en effet les cultures de maïs en s'attaquant à la graine ou aux jeunes pousses et assurent de la sorte, leur développement larvaire. Comme le souligne la société Syngenta Agro SAS, le Cruiser permet d'augmenter le rendement de 6 quintaux par hectare selon les résultats de 23 essais distributeurs présentés sur leur site internet.  www.syngenta.fr/

      Pour les firmes productrices de pesticides, les enjeux économiques sont de taille dans le sens où la recherche et le développement mobilisée pour la mise au point d'une nouvelle molécule représente un investissement important. Ainsi, la société Syngenta Agro SAS, propriétaire de la marque Cruiser expose les coûts associés au développement d'un produit phytopharmaceutique. Le terme phytopharmaceutique, préféré à celui de pesticide, se substitue peu à peu dans le discours des producteurs à celui de phytosanitaire.

     En moyenne, le développement d'une nouvelle molécule coûte 180 millions d'investissement dans la mesure où 8 à 10 années de travail sont nécessaires avant la commercialisation de la molécule. 75% des coûts correspondent directement au financement des études sur la sécurité alimentaire et environnementale nécessaires au Dossier d'Enregistrement. Le taux de réussite du développement d'une molécule est en fait de 1 sur 300 000.

     Au niveau mondial, les sommes budgétaires investies par le groupe Syngenta dans les activités de Recherche et Développement correspondent à presque 10% de son chiffre d'affaires annuel pour atteindre près de 800 millions de dollars.

      Pour l'ensemble des acteurs, les enjeux économiques sont latents et c'est pourquoi les maïsiculteurs organisent des groupes d'informations et de pressions pour défendre leurs intérêts auprès de pouvoirs publics (ORAMA). Les apiculteurs et les associations environnementales tentent quant à elles de mobiliser davantage l'opinion publique.

 
 
« Si les abeilles venaient à disparaître, l'humanité n'aurait plus que quatre années devant elle. »
Albert Einstein