Dans cette section, nous nous sommes efforcés de présenter l’ensemble des articles publiés par le quotidien depuis le mois de janvier. Une telle exhaustivité a pour but de mettre en évidence les connaissances restreintes sur cette controverse dont peut se targuer un lecteur attentif de la Libération.



Le collectif ACDC dénonce le «mensonge» concernant les chiffres «tronqués» du chômage en France • Dominique de Villepin devrait révéler les chiffres officiels ce mardi

 

Par Alexis DANJON (avec agences)

 LIBERATION.FR : mardi 30 janvier 2007

 

«L’opinion est de plus en plus sceptique face aux annonces répétées de la baisse du chômage. Elle n’a pas tort» affirme le collectif «Les autres chiffres du chômage» (ACDC). Alors que Dominique de Villepin tiens aujourd'hui son bilan pour l'emploi à Rambouillet (78) ou les chiffres du chômage devraient êtres révélés, ACDC entend dénoncer le «mensonge permanent» concernant les chiffres «tronqués» du chômage en France, selon leurs termes.

Le collectif, qui rassemble associations (Réseau d’Alerte sur les Inégalités, AC!, MNCP, etc.) et syndicats (SNU-ANPE, Sud ANPE, CGT Insee) a décidé de tenir une conférence de presse mensuelle, peu avant la publication par le gouvernement des chiffres du chômage, pour montrer quels sont, selon eux, les vrais chiffres du chômage. Ils ont publié une première note le 27 décembre 2006.

Ainsi, lors de sa conférence de ce lundi, ACDC a déclaré que sortir des listes de l’ANPE signifie de moins en moins sortir du chômage, car la hausse de ces sorties «ne s’explique que pour une faible part par des retours à l’emploi ou à la formation». Dans une note d’analyse des statistiques officielles, le collectif précise que «depuis 2005, on assiste à une envolée spectaculaire du taux de sortie des listes de l’ANPE. L’analyse des motifs de sortie montre que cette hausse ne correspond guère à des reprises d’emploi supplémentaires. Trois autres catégories de chômeurs non inscrits ont fortement augmenté, les chômeurs radiés, les chômeurs déboutés et les chômeurs dégoûtés» qui correspondent à 11.000 sorties des listes supplémentaires par mois.

Entre septembre 2004 et septembre 2006, le taux de sortie des listes de l’ANPE - qui comptabilise la proportion de chômeurs inscrits en début de mois ne l’étant plus en fin de mois- est passé de 14,5% à 16,8%, alors que la reprise des créations d’emplois a été modeste (+1% en 2006), note le collectif.

Le nombre de chômeurs sortant chaque mois des listes de l’ANPE a augmenté de plus de 6% entre 2003-2004 et 2005-2006 pour atteindre presque un demi-million de personnes. Sur les 26.000 sorties supplémentaires par mois entre les deux périodes, moins d’une sur cinq sont dues à des reprises d’emploi ou des entrées en formation, les autres résultant du «renforcement des contrôles et des sanctions» affirme-t-on du côté d’ACDC.

Parallèlement, le nombre de chômeurs «radiés» des listes de l’ANPE a bondi de 39% entre les deux périodes pour atteindre plus de 9.000 personnes par mois. De plus en plus de chômeurs renoncent aussi à leur inscription à l’ANPE, principalement après avoir perdu tout droit à l’indemnisation, précise le collectif, qui les qualifie de «chômeurs déboutés». Les sorties pour «non-renouvellement motivé» ont crû de 31% entre 2004 et 2006.

Le collectif souligne qu’un nombre grandissant de chômeurs ne se réinscrivent pas à l’ANPE car ils sont «dégoûtés» face aux «convocations à répétition et aux pressions destinées à leur faire accepter n’importe quel emploi, même très éloigné de leurs aspirations et de leurs qualifications». ACDC interprète ainsi la hausse de 31% des «non-renouvellements accidentels» d’inscriptions entre 2004 et 2006.

Thomas Coutrot, économiste et co-fondateur du Réseau d’Alerte sur les Inégalités affirme que «la baisse du chômage affichée par l’ANPE traduit surtout un changement de comportement de l’ANPE envers les chômeurs et des chômeurs envers l’ANPE».

Dans sa note du 27 décembre dernier, le collectif affirme, arguments à l’appui, que plus de la moitié des demandeurs d’emploi sont exclus du chiffre officiel du chômage. Pour exemple, en septembre 2006, le chiffre officiel du chômage décomptait 2.172.000 chômeurs tandis que le nombre de personnes recensées par l’ANPE s’élevait à près de 4.450.000, soit un différentiel de 2.276.000 demandeurs d’emploi que le collectif surnomme les «chômeurs invisibles», qui représentent 51% du total des chômeurs, contre 47% deux ans plus tôt.

Ces «chômeurs invisibles», jamais comptabilisés dans la statistique officielle, sont catalogués en plusieurs catégories: les chômeurs des DOM (220.000), les demandeurs d’emploi temporaire ou à temps partiel (871.000), les dispensés de recherche d’emploi (412.000), les chômeurs en «activité réduite» (452.000) et les demandeurs d’emploi non immédiatement disponibles (321.000).

http://www.liberation.fr/actualite/economie/231838.FR.php

 

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Villepin : «Ces chiffres ne sont pas contestables»

Le Premier ministre Dominique de Villepin tente de clore la polémique des chiffres du chômage. Il affirme que la France atteindra un taux de chômage de 8% dans les prochains mois

 

Par A.D. (avec agences)

LIBERATION.FR : mardi 30 janvier 2007

 

 «Le chômage devrait continuer à baisser début 2007 et ces chiffres ne sont pas contestables». Dominique de Villepin, Premier ministre, a tenu à clore toute polémique concernant le nombre de chômeurs en France, en réponse aux attaques du collectif «Les autres chiffres du chômage» qui accuse le gouvernement de «dissimuler» les vrais chiffres du chômage.

Lors de sa conférence de presse mensuelle à Rambouillet, Villepin a déclaré, en préambule, que le «gouvernement s’en tient strictement aux instruments de mesure existants, les mêmes qu’il y a cinq ou dix ans, les mêmes qui s’appliquent dans les autres pays européens.» Le premier ministre a mis en garde contre des «polémiques stériles et systématiques» qui «nous détournent des vrais débats, elles font le jeu des extrêmes, elles entretiennent un climat de doute et de méfiance qui nous affaiblit, même si en période électorale elles font partie du folklore politique.»

Concernant le chômage, Villepin a précisé que «dans les mois à venir, nous aurons un taux de chômage autour de 8%: cela veut dire que pour la première fois depuis un quart de siècle, nous aurons comblé une partie de notre retard par rapport à nos voisins les plus performants», en précisant que «pour le début 2007, le chômage devrait continuer à baisser.»

Les chiffres du chômage pour décembre 2006 doivent être rendus publics ce mardi 30 janvier au soir.

Le nombre de demandeurs d’emploi s’est établi à 8,7% de la population active en novembre 2006, niveau le plus bas depuis juillet 2001.

http://www.liberation.fr/actualite/economie/231853.FR.php

 

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 L'OFCE revoit à la hausse les chiffres du chômage

François Wenz-Dumas, Libération, 15 février 2007
Selon l'étude, 8,9 % de la population seraient sans emploi contre 8,6 % annoncés par
l'Etat.

Le «vrai» chiffre du chômage serait de 8,9 % de la population et non de 8,6 % : c'est ce
qui ressort d'une étude publiée hier par l'Observatoire français des conjonctures
économiques (OFCE). Selon cette analyse (1), le nombre de demandeurs d'emploi en
2006 n'aurait pas baissé de 270 000 personnes, mais seulement de 181 000. Le 29
janvier, un collectif réunissant des associations de chômeurs et des syndicats (SNUANPE,
SUD-ANPE, CGT- Insee), contestait les chiffres officiels. Baptisé «ACDC», les
Autres chiffres du chômage, ce collectif estimait que les statistiques ne prenaient pas en
compte un nombre croissant de demandeurs «radiés» ou «dégoûtés» qui ne
s'inscrivaient pas à l'ANPE.

Un soupçon conforté par le report à l'automne de l'enquête emploi de l'Insee, qui, en
mars de chaque année, corrige les premières estimations. Selon le Canard
enchaîné, l'Insee s'apprêtait à relever de 0,6 % le taux de chômage. «Polémique stérile», «aberrante», s'indignait le Premier ministre, Dominique de Villepin, alors que les chiffres de l'ANPE, rendus publics le 30 janvier, faisaient apparaître une baisse de 20
300 demandeurs en décembre. De son côté la direction de l'Insee disait dans un
communiqué embarrassé que le report de son enquête était lié à des problèmes
«techniques».

Pour en avoir le coeur net, Matthieu Lemoine, économiste à l'OFCE, s'est livré à ce qu'il
appelle un «calcul simple, à partir des créations nettes d'emploi, des sorties de
formation et des départs à la retraite». D'où il ressort qu'il y a eu, l'an dernier, 243 000
créations d'emplois et que la population active s'est accrue de 62 000 personnes.
Logiquement donc, le chômage aurait dû baisser de 181 000. Pourtant, l'ANPE a
enregistré 270 000 demandeurs de moins. D'où provient la différence ? Essentiellement
des «radiations et reclassements effectués par l'ANPE», estime Matthieu Lemoine.
Ainsi, il y aurait 7 000 radiés, 13 000 demandeurs en convention de reclassement qui ne
sont plus comptés comme chômeurs, et 61 000 personnes en contrats aidés, dont
beaucoup continuent à chercher un vrai emploi. Si l'Insee, selon cette étude, «a sans
doute fait le meilleur choix technique» en reportant son enquête, il est très probable
qu'elle redressera de 8,6 % à 8,9 % le taux de chômage de décembre 2006 à l'automne.

Après les élections.
(1) http://acdc2007/mlemoine.pdf


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Le chômage n'a pas baissé en 2006; Economiques

 

AUTEUR: DUFLO Esther.

Esther Duflo est professeur à MIT (Massachussetts Institute of Technology). (Argument d’autorité !!!)

RUBRIQUE: REBONDS; Pg. 23

LONGUEUR: 845 mots

Sarkozy, l'homme de la rupture, revendique pourtant un succès du gouvernement sortant : la baisse du chômage. D'après les statistiques officielles, le taux de chômage était de 8,4 % fin février. Impressionnant : en février 2005, le taux de chômage était de 9,5 %. Le taux de chômage moyen sur l'année serait passé de 9,8 % en 2005 à 9,1 % en 2006. Si la baisse du chômage continuait à ce rythme, l'objectif de 5 % de chômage, affiché par Sarkozy, serait (on en avait perdu l'habitude) parfaitement raisonnable. Mais cette baisse est probablement illusoire.

Depuis juin 2005, l'ANPE pratique en effet une politique agressive de "gestion de listes". Plusieurs catégories de chômeurs, en particulier ceux à qui sont offertes certaines conventions de reclassement, ainsi que ceux qui n'ont pas actualisé leur inscription en début de mois, ne sont pas comptabilisés dans les catégories des demandeurs d'emploi "sans activité réduite à la recherche active de n'importe quel type d'emploi" (chômeurs de catégories 1, 2 et 3, dans le jargon ANPE). Or le nombre de chômeurs classés dans ces catégories a fortement augmenté depuis juin 2005.

Quoi que l'on pense de ces mesures sur le fond (radier les chômeurs qui n'honorent pas leurs rendez-vous à l'ANPE peut être jugé inique, ou nécessaire pour les encourager à chercher un emploi), elles ont la conséquence directe de faire baisser le taux de chômage mensuel "provisoire" tel que l'Insee le publie. En effet, pour calculer le taux de chômage mensuel au sens du Bureau international du travail (BIT), selon lequel un chômeur est une personne sans emploi à la recherche active d'un emploi, quel que soit son statut vis-à-vis de l'ANPE, l'Insee fait l'hypothèse que le taux de chômage évolue au même rythme que celui du nombre de chômeurs inscrits en catégorie 1, 2 ou 3 à l'ANPE.

Mais ce nombre ne correspond pas au taux de chômage réel. Une enquête réalisée auprès des ménages, l'enquête emploi, fournit annuellement une estimation du taux de chômage "réel", dont l'Insee se sert pour ajuster la moyenne annuelle ANPE et corriger les taux provisoires pour obtenir les chiffres définitifs. Cela permet aussi de "caler" le taux de chômage du mois de janvier, que l'on utilise ensuite pour calculer les taux provisoires de l'année suivante. Si l'ANPE classifie au cours de l'année de moins en moins de chômeurs dans les catégories 1, 2 et 3, le taux de chômage provisoire va donc baisser jusqu'à la réactualisation (si ces personnes se considèrent toujours comme à la recherche d'un emploi). Une note diffusée sur le site du collectif Autres chiffres du chômage (ACDC) en janvier estimait, sur la seule base du changement du mode de gestion des listes, que la révision serait sans doute de 0,8 % à la hausse en moyenne annuelle.

L'enquête emploi, dont les chiffres sont disponibles à l'Insee, a presque exactement confirmé ce pronostic. D'après elle, la moyenne annuelle 2006 serait de 9,8 %, et non 9,1 %. Le chômage n'aurait en fait pas baissé depuis 2005. Cette révision aurait été particulièrement forte pour la fin 2005 et le début 2006, puisque, par construction, en début d'année, les chiffres provisoires sont encore proches des chiffres réels. En supposant une correction de 1 %, le taux de chômage de février pourrait donc être de 9,4 %. Plus de quoi pavoiser.

En pleine campagne électorale, on aurait pu penser que le chiffre fasse manchette. Ce ne fut pas le cas puisqu'à la mi-janvier, M. Charpin, directeur général de l'Insee, avait décidé de ne pas publier l'enquête emploi en mars, comme c'est traditionnellement le cas, et d'attendre septembre pour réactualiser les chiffres mensuels. L'explication officielle invoque des doutes sur la qualité de l'enquête, qui souffre d'un taux de non-réponse relativement important, autour de 20 %, et d'un "biais de rotation" : les ménages sont interrogés quatre semestres de suite, et leurs réponses varient systématiquement d'un semestre à l'autre. Ces problèmes existent effectivement (aucune enquête n'est parfaite), mais contrairement aux pratiques de gestion de liste, ils n'ont pas changé au cours du temps. On devrait donc plutôt faire confiance à l'enquête emploi qu'aux données ANPE pour indiquer la tendance. C'est ce qu'a conclu l'organisme statistique européen Eurostat, qui a décidé d'utiliser les données de l'enquête emploi pour réactualiser ses propres séries. La définition du chômage pour Eurostat est plus stricte que la définition française, ce qui conduit à un taux en général de 0,5 % plus faible que celui (corrigé) de l'Insee. Le taux Eurostat de 8,8 % correspond donc encore à un taux autour de 9,3 %.

Que ressort-il de tout cela ? D'abord, le chômage n'a sans doute pas baissé. Ensuite, en cela comme pour l'immigration, le gouvernement est prêt à tout pour faire du chiffre. Ici, on ne vise pas les grands-pères chinois, mais l'office de la statistique, qui fut un temps l'un des meilleurs du monde et que l'on a d'abord affaibli, faute de moyens humains et matériels, pour finir par le discréditer. C'est une perte que nous n'avons pas fini de payer.



DATE-CHARGEMENT: 16 avril 2007

LANGUE: FRENCH; FRANÇAIS

TYPE-PUBLICATION: Journal

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 Les chiffres «tronqués» du chômage

Le collectif ACDC dénonce le «mensonge» concernant les chiffres «tronqués» du chômage en France • Le gouvernement annonce un taux de chômage à 8,6% en décembre 2006 •

Par Alexis DANJON (avec agences) LIBERATION.FR : lundi 26 février 2007

«L’opinion est de plus en plus sceptique face aux annonces répétées de la baisse du chômage. Elle n’a pas tort» affirme le collectif «Les autres chiffres du chômage» (ACDC). Alors que Dominique de Villepin tient aujourd'hui son bilan pour l'emploi à Rambouillet (78) ou les chiffres du chômage devraient êtres révélés, ACDC entend dénoncer le «mensonge permanent» concernant les chiffres «tronqués» du chômage en France, selon leurs termes.

Le collectif, qui rassemble associations (Réseau d’Alerte sur les Inégalités, AC!, MNCP, etc.) et syndicats (SNUANPE, Sud ANPE, CGT Insee) a décidé de tenir une conférence de presse mensuelle, peu avant la publication par le gouvernement des chiffres du chômage, pour montrer quels sont, selon eux, les vrais chiffres du chômage. Ils ont publié une première note le 27 décembre 2006. Ainsi, lors de sa conférence de ce lundi, ACDC a déclaré que sortir des listes de l’ANPE signifie de moins en moins sortir du chômage, car la hausse de ces sorties «ne s’explique que pour une faible part par des retours à l’emploi ou à la formation». Dans une note d’analyse des statistiques officielles, le collectif précise que «depuis 2005, on assiste à une envolée spectaculaire du taux de sortie des listes de l’ANPE. L’analyse des motifs de sortie montre que cette hausse ne correspond guère à des reprises d’emploi supplémentaires. Trois autres catégories de chômeurs non inscrits ont fortement augmenté, les chômeurs radiés, les chômeurs déboutés et les chômeurs dégoûtés» qui correspondent à 11.000 sorties des listes supplémentaires par mois.

Entre septembre 2004 et septembre 2006, le taux de sortie des listes de l’ANPE - qui comptabilise la proportion de chômeurs inscrits en début de mois ne l’étant plus en fin de mois- est passé de 14,5% à 16,8%, alors que la reprise des créations d’emplois a été modeste (+1% en 2006), note le collectif. Le nombre de chômeurs sortant chaque mois des listes de l’ANPE a augmenté de plus de 6% entre 2003-2004 et 2005-2006 pour atteindre presque un demi-million de personnes. Sur les 26.000 sorties supplémentaires par mois entre les deux périodes, moins d’une sur cinq sont dues à des reprises d’emploi ou des entrées en formation, les autres résultant du «renforcement des contrôles et des sanctions» affirme-t-on du côté d’ACDC.

Parallèlement, le nombre de chômeurs «radiés» des listes de l’ANPE a bondi de 39% entre les deux périodes pour atteindre plus de 9.000 personnes par mois. De plus en plus de chômeurs renoncent aussi à leur inscription à l’ANPE, principalement après avoir perdu tout droit à l’indemnisation, précise le collectif, qui les qualifie de «chômeurs déboutés». Les sorties pour «non-renouvellement motivé» ont crû de 31% entre 2004 et 2006. Le collectif souligne qu’un nombre grandissant de chômeurs ne se réinscrivent pas à l’ANPE car ils sont «dégoûtés» face aux «convocations à répétition et aux pressions destinées à leur faire accepter n’importe quel emploi, même très éloigné de leurs aspirations et de leurs qualifications». ACDC interprète ainsi la hausse de 31% des «non-renouvellements accidentels» d’inscriptions entre 2004 et 2006.

Thomas Coutrot, économiste et co-fondateur du Réseau d’Alerte sur les Inégalités affirme que «la baisse du chômage affichée par l’ANPE traduit surtout un changement de comportement de l’ANPE envers les chômeurs et des chômeurs envers l’ANPE».
Dans sa note du 27 décembre dernier, le collectif affirme, arguments à l’appui, que plus de la moitié des demandeurs d’emploi sont exclus du chiffre officiel du chômage. Pour exemple, en septembre 2006, le chiffre officiel du chômage décomptait 2.172.000 chômeurs tandis que le nombre de personnes recensées par l’ANPE s’élevait à près de 4.450.000, soit un différentiel de 2.276.000 demandeurs d’emploi que le collectif surnomme les «chômeurs invisibles», qui représentent 51% du total des chômeurs, contre 47% deux ans plus tôt.

Ces «chômeurs invisibles», jamais comptabilisés dans la statistique officielle, sont catalogués en plusieurs catégories: les chômeurs des DOM (220.000), les demandeurs d’emploi temporaire ou à temps partiel (871.000), les dispensés de recherche d’emploi (412.000), les chômeurs en «activité réduite» (452.000) et les demandeurs d’emploi non immédiatement disponibles (321.000).

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Chômage : à peine publiés, les chiffres sont contestés

AUTEUR: WENZ-DUMAS François
RUBRIQUE: ECONOMIE; Pg. 17
LONGUEUR: 357 mots

ENCART: La CGT estime "farfelue" la nouvelle baisse de 1 % en février.

Dernier chiffre avant la présidentielle : le chômage aurait enregistré une baisse de 1 % en février, ramenant le nombre de demandeurs d'emploi à 2,06 millions et le taux de chômage à 8,4 %, après 8,5 % en janvier et 8,6 % en décembre 2006. Mais à peine rendus publics hier soir, ces chiffres étaient contestés. Le ministère du Travail lui-même, tout en soulignant qu'il s'agit "du taux le plus faible enregistré depuis 24 ans, juin 1983" rappelle que le taux de chômage calculé au sens du Bureau international du travail (BIT) reste "provisoire".

Début février, la direction de l'Insee a en effet annoncé qu'elle repoussait à l'automne 2007 la révision annuelle permettant d'arrêter le chiffre définitif. Les premiers résultats de l'enquête emploi feraient apparaître à la fin du mois de décembre 2006 un taux de chômage non pas de 8,6 % mais de 9,2 %. En baisse donc par rapport à décembre 2005 (9,8 %), mais dans des proportions nettement moindres que les chiffres mis en avant par le gouvernement.

Une des explications de ce décalage viendrait de ce qu'un nombre croissant de demandeurs d'emploi ne s'inscrivent pas à l'ANPE ou ne sont pas comptabilisés comme chômeurs, par exemple lorsqu'ils choisissent une convention de reclassement personnalisée. Autre source d'erreur possible : les conditions de réalisation de l'enquête de l'Insee, dont les modalités ont été harmonisées au niveau européen en 2002.

Côté syndical, les critiques se font de plus en plus vives. Pour Bernard Thibault (CGT), les chiffres mensuels sont "de plus en plus artificiels" voire "farfelus". Il faut "revoir la méthode statistique", estime son collègue Jean-Claude Mailly (FO). Les politiques ne sont pas en reste. "La baisse du chômage n'est pas avérée durant le quinquennat", estime l'ancienne ministre socialiste de l'Emploi, Martine Aubry. François Bayrou a, lui, condamné l'existence de "graves différences entre les chiffres officiels et les chiffres réels du chômage". De l'aveu même de la dernière note de conjoncture Insee, s'il y a bien eu une "baisse du chômage en 2006", liée à une augmentation des effectifs salariés, son "ampleur exacte est incertaine".



DATE-CHARGEMENT: 31 mars 2007

LANGUE: FRENCH; FRANÇAIS

TYPE-PUBLICATION: Journal

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