Dans cette section, nous nous sommes efforcés de présenter l’ensemble des articles publiés par le quotidien depuis le mois de janvier. Une telle exhaustivité a pour but de mettre en évidence les connaissances restreintes sur cette controverse dont peut se targuer un lecteur attentif du Canard énchaîné.
Les vrais chiffres du chômage 2006 dissimulés pour cause d’élection
Alain Guédé, Le Canard enchaîné, 24 janvier 2007
La dernière enquête de l’Insee comptait 9,2 % de
sans-emploi. Comme au début de l’année.
Avec la plus grande discrétion, l’Insee (Institut national
de la statistique et des études économiques) vient de prendre une décision
unique dans son histoire : la publication de ses chiffres du chômage est renvoyée
au lendemain de la présidentielle. Tout commence, voilà deux semaines, par une tempête
sans précédent dans les étages du siège de L’Insee, un grand immeuble en bordure
du boulevard périphérique : les ordinateurs « sortent » des résultats calamiteux
qui montrent que le chômage ne baisse pas. Contrairement aux déclarations
triomphales de Villepin et aux statistiques publiées mensuellement par Borloo,
le taux de chômage ne serait pas descendu à 8,7 % de la population active
(niveau record depuis 2002) mais se stabiliserait à 9,2 %, soit le
chiffre d'avril/mai dernier. Pas question d'avouer cet échec.
Cocoricouac !
Ce taux de chômage est calculé selon les normes édictées
par le Bureau international du travail (BIT), qui a forgé des instruments de
mesure identiques pour tous les pays. Et ce afin de permettre des comparaisons
aussi pertinentes que possible. A en croire ces satanés ordinateurs,
Hardi bricolage
La direction de l’Insee affirme qu'aucune version imprimée
n'est sortie des ordinateurs. Il devient même impossible aux statisticiens de
l’Insee et du ministère du Travail d'accéder à ces données. Mardi 16 janvier,
la nouvelle du report à six mois de leurs conclusions est annoncée aux
journalistes, au détour d'une phrase noyée dans un communiqué si alambiqué que
seul le quotidien « Les Echos » (du 18/1) remarque ce tour de passe-passe. Les
chiffres de l'emploi, comment ça marche ? Chaque mois, Borloo (ou Villepin, si les
résultats sont vraiment bons) diffuse les statistiques du chômage établies par
l’ANPE. Mais, comme le souligne au « Canard » un expert de l’Insee, ces données
mensuelles sont à prendre avec des pincettes. Et d'une, des populations
entières ne sont pas prises en compte, notamment les chômeurs prêts à accepter
un CDD ou un travail à temps partiel. Et de deux, ce chiffre n'est que le bilan
mensuel de l'activité des employés de PANPE. Ce n'est donc pas réellement un
calcul statistique. « Un demandeur d'emploi radié est exclu de la statistique...
y compris s'il reste chômeur », constate un crâne d'oeuf du ministère du Travail.
Bref, comme « Le Canard » l'a expliqué à maintes reprises,
pour que le chômage diminue, il suffit que l'ANPE multiplie les radiations.
Afin d'éviter les embrouilles de ce genre, le BIT a pondu sa définition frappée
au coin du bon sens : est considéré comme chômeur quiconque se déclare sans
travail et souhaite en trouver un. En France, une enquête est donc menée chaque
trimestre, par l'Insee, auprès d'une population de 70 000 personnes. Sur
la base de cette étude, le taux de chômage annuel est arrêté en mars (c'est ce chiffre
dont la publication vient d'être reportée de six mois). Ensuite - et ensuite
seulement -, ce taux évolue en fonction des statistiques de l'ANPE. Si celle-ci
a un peu trop forcé sur les radiations, un « calage » est effectué au mois de
mars de l'année suivante. Au printemps
Gonflette de Borloo
La direction de notre Institut national précise, dans ce
jargon qui fait le charme des vrais experts, qu'il faudra faire, avant de publier
les chiffres, « le bilan des opérations programmées pour mesurer le
comportement des non-répondants à l'enquête emploi ». Ce charabia est censé
expliquer qu'il n'y a pas eu assez de réponses lors de cette dernière enquête.
« Archifaux, s'insurge un dissident de l'Insee. Ce taux était
pratiquement le même que celui que nous connaissons depuis des années. » Et
de revenir sur la polémique lancée par Borloo à propos des nouveaux emplois
créés en
aides à la personne ont permis, à elles seules, de dégager
plus de 200 000 postes. Ce même expert de l'Insee estime que le
un doute.