Ce site a pour intention de présenter les différentes méthodes d’évaluation mais aussi de mettre en évidence que le choix fait par un acteur de l’utilisation de l’une de ces méthodes est révélateur de sa vision de l’aide au développement. En effet, il nous semble que par l’usage d’un type dévaluation, l’acteur nous révèle sa conception de l’aide au développement en tant que science produisant des résultats et de la connaissance. Ainsi, un acteur peut voir le résultat de son étude comme une fin en soit, ou bien comme un résultat exploitable par d’autres études dans le cadre de la discipline de l’aide au développement ou bien comme le début d’un processus de modification des pratiques de l’aide. Ainsi, les deux grandes méthodes d’évaluation, les évaluations décentralisées et les expériences aléatoires, portent déjà en elles des représentations assez différentes de l’aide.
Les évaluations décentralisées traduisent une volonté de contrôle de l'argent dépensé. On vérifie que l'effet de l'aide est généralement positif pour d'éviter les écueils liés aux programmes d'aide mal organisés. L'objectif premier de l'aide est ici d'améliorer globalement la situation des personnes bénéficiaires.
Les expériences aléatoires nous font au contraire appréhender l'aide comme une stratégie économique, elle doit être la plus efficace possible, l'efficacité se traduisant par des améliorations objectives et quantifiables (baisse de la prévalence d'une maladie, augmentation du taux de scolarité). Cette méthode renvoie aussi à une aide « expérience », qui permet de tester des théories économiques (effets psychologiques, externalités, etc.).
Ainsi, à l'instar de sociologues des sciences tels que Michel Callon ou Bruno Latour, nous nous proposons ici de suivre la démarche STS dans le monde de l'aide au développement, pour voir comment les instruments et outils scientifiques de l'évaluation de l'aide participent chacun à la construction d'un modèle d'aide au développement spécifique.